MONTIGNY, FRANÇOIS DE (appelé parfois, mais à tort, François Jolliet de Montigny), prêtre, curé, grand vicaire, missionnaire, directeur du séminaire des Missions étrangères, procureur du séminaire de Québec à Paris, né à Paris en 1669 et décédé dans sa ville natale le 19 décembre 1742.
C’est à l’invitation de Mgr de Saint-Vallier [La Croix*] que François de Montigny vint au Canada. Il était entré le 15 juillet 1687 au séminaire de Saint-Sulpice de Paris et – sans être pour autant sulpicien lui-même – il y demeurait encore, apparemment, lorsque l’évêque de Québec, en 1692, le pria de se joindre à lui. Le jeune abbé, qui était simple tonsuré, débarqua à Québec le 15 août. Il reçut le sous-diaconat le 19 décembre, le diaconat le 1er février 1693, et la prêtrise le 8 mars suivant. En octobre de la même année, l’abbé de Montigny fut nommé à L’Ange-Gardien où il exerça les fonctions curiales pendant un an. En 1694, Mgr de Saint-Vallier, sur le point de passer en France, le rappela alors à Québec pour lui confier l’administration du diocèse de concert avec François Dollier* de Casson, grand vicaire à Montréal. À son retour en 1697, l’évêque, satisfait de la façon dont son protégé s’était comporté, lui octroya cette fois des lettres en forme, le nommant vicaire général pour toute la colonie.
L’année 1698 devait apporter un changement radical dans la carrière de François de Montigny. Les directeurs du séminaire de Québec ayant demandé l’autorisation d’établir des missions chez les peuplades des rives du Mississippi, Mgr de Saint-Vallier se rendit à leurs désirs et leur accorda des lettres patentes à cet effet le 30 avril. Mais le prélat voulut que le chef de l’entreprise et supérieur des futurs établissements fût nul autre que son grand vicaire. Celui-ci reçut sa nomination le 12 mai et se mit aussitôt en frais de préparer le périlleux voyage.
Le 12 juillet, François de Montigny et les deux prêtres que le séminaire de Québec avait choisis, Jean-François Buisson* de Saint-Cosme (1667–1706) et Albert Davion*, quittaient Québec pour Montréal. Le groupe partit de Lachine le 24 juillet et il comprenait, outre les 3 missionnaires, 12 hommes, voyageurs et domestiques, répartis en 4 canots d’écorce. Empruntant la route traditionnelle de l’Outaouais, les voyageurs atteignirent Michillimakinac le 8 septembre. Ils eurent la bonne fortune d’y rencontrer l’ancien lieutenant de René-Robert Cavelier* de La Salle, Henri Tonty*, qui accepta de les guider jusqu’à la rivière Arkansas. Sous la conduite de l’intrépide explorateur, l’abbé de Montigny et ses gens remontèrent la rive occidentale du lac Michigan jusqu’au portage de Chicago (Ill.), pour descendre ensuite les rivières des Plaines et des Illinois et, enfin, le Mississippi. L’expédition arriva sans encombre chez les Arkansas, le 27 décembre 1698. Après avoir poussé une pointe plus au sud et laissé l’abbé Davion chez les Tonicas au début de l’année 1699, François de Montigny remonta au portage de Chicago pour chercher des provisions qu’il y avait laissées. Il en profita pour jeter en cours de route les bases de la mission des Tamarois où se fixa, en avril, l’abbé Buisson de Saint-Cosme.
Ayant appris, vraisemblablement au fort Saint-Louis-des-Illinois (près de l’actuelle La Salle, Ill.), que Pierre Le Moyne* d’Iberville se trouvait à l’embouchure du Mississippi, l’abbé de Montigny, infatigable, décida d’aller s’enquérir auprès du célèbre marin des projets de la cour concernant l’établissement d’une colonie dans ces régions. Le missionnaire et son escorte, ainsi que Davion que l’on avait pris au passage, parvinrent au fort Maurepas (Ocean Springs, Miss.), sur la baie de Biloxi, le 2 juillet 1699. Revenu sur les rives du fleuve après son épuisante randonnée, François de Montigny s’installa chez les Taensas et chez leurs voisins, les Natchez. Mais son séjour ne dura pas un an : les distances infinies à parcourir, la « barbarie » des indigènes et leurs vagabondages incessants lui enlevèrent au bout de quelques mois l’espoir d’accomplir un travail fructueux. Le 28 mai 1700, il s’embarquait sur le navire de Le Moyne d’Iberville pour ne plus revenir.
François de Montigny, toutefois, n’avait pas renoncé à l’apostolat missionnaire. Sur sa proposition, les supérieurs des Missions étrangères acceptèrent de l’envoyer en Chine. Il se mit en route dès le mois de février 1701. M. de Montigny passa six ans en Chine et ne quitta ce pays qu’à la suite d’un décret d’expulsion émis par l’empereur K’ang-hi.
Rentré au séminaire de Paris, à la fin de 1709 ou au début de l’année suivante, l’abbé de Montigny fut élu directeur le 10 juillet 1711 et, en 1712, il devint l’assistant de Henri-Jean Tremblay. En 1714, il fut chargé de la procure générale de la Société des Missions étrangères à Rome. Il conserva ce poste jusqu’en 1726, alors qu’il fut remplacé par Pierre-Herman Dosquet*, le futur évêque de Québec. En 1728, François de Montigny succéda au procureur du séminaire de Québec, à Paris, Henri-Jean Tremblay, devenu presque aveugle. Il se fit dès lors le « soutien de tout le Canada », mais surtout du séminaire de Québec dont il servit les intérêts, avec autant d’intelligence que de dévouement, jusqu’à sa mort, survenue au séminaire de Paris le 19 décembre 1742. Ses dernières paroles, rapporte le mémorialiste de la Société des Missions étrangères, furent pour déclarer : « Je meurs comme j’ai toujours cru qu’il convenait à un prêtre de mourir : sans dette et sans biens. »
AAQ, 12 A, Registres d’insinuations A.— ANQ-M, Greffe d’Antoine Adhémar, 30 mai, 22 juill. 1698.— ASQ, Lettres, M, 22, 23, 41, 44, 52, 68, 95 ; Lettres, N, 115 ; Lettres, 0, 12, 27, 31, 34, 50 ; Lettres, R, 26–30, 143 ; Missions, 41, 61, 82, 107 ; Polygraphie, IX : 3, 4, 10, 17, 24 ; Séminaire, VIII : 15.— Correspondance de M. Louis Tronson, troisième supérieur de la Compagnie de Saint-Sulpice : Lettres choisies [16 juillet 1676–15 janvier 1700], A.-L. Bertrand, édit. (3 vol., Paris, 1904), II : 354, 377.— Les missions du séminaire de Québec dans la vallée du Mississipi, 1698–1699, Noël Baillargeon, édit., RAQ, 1965, 13–70 ; Adrien Launay, Mémorial de la Société des Missions étrangères (2 vol., Paris, 1912–1916), II : 457s.— Noël Baillargeon, The Seminary of Quebec : resources for the history of the French in the Mississippi valley, The French in the Mississippi valley, J. F. McDermott, édit. (Urbana, Ill., 1965), 197–207.— Amédée Gosselin, M. de Montigny, BRH, XXXI (1925) : 171–176.
Noël Baillargeon, « MONTIGNY, FRANÇOIS DE (François Jolliet de Montigny) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/montigny_francois_de_3F.html.
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Auteur de l'article: | Noël Baillargeon |
Titre de l'article: | MONTIGNY, FRANÇOIS DE (François Jolliet de Montigny) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |