MONTGOMERY, WILLIAM, officier, né le 25 janvier 1765 à Édimbourg, Écosse, fils de James William Montgomery et de Margaret Scott, décédé à Hounslow (Londres métropolitain), le 25 octobre 1800.
Fils aîné et héritier présomptif de la fortune familiale, William Montgomery, dès son jeune âge, fut préparé avec beaucoup de soin par son père à assumer un jour la gestion des biens des Montgomery. Procureur général d’Écosse de 1766 à 1775 et juge en chef de la Cour de l’échiquier d’Écosse de 1775 à 1801, le père, tant à cause de son mariage et de sa finesse en affaires que de son influence politique, fit l’acquisition de terres considérables dans le Peeblesshire et le Stirlingshire, en Écosse ; en 1775, il possédait également près de 100 000 acres dans l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard).
En 1769, le père de William Montgomery avait commencé à mettre sur pied deux grandes entreprises dans l’île Saint-Jean : l’une dans les domaines des pêcheries et du commerce, en société avec David Higgins, sur le lot 59, l’autre consistant en une ferme où l’on cultivait le lin, en vue d’en faire du commerce, sur le lot 34. Grâce aux mises de fonds consenties par James William Montgomery pour une période de sept ans, sur une base de partage des profits, un spécialiste de la culture du lin, David Lawson*, du Perthshire, fut envoyé à l’île Saint-Jean en 1770, avec près de 50 engagés de la même région. La Révolution américaine ayant rompu les communications, Montgomery, père, fut incapable de régler ses comptes en 1777 et dut., cette année-là, faire de Lawson son agent général, avec pleins pouvoirs de procureur, et le charger de ses intérêts dans l’île Saint-Jean, de manière à maintenir une surveillance sur ses mises de fonds pendant la guerre. Celle-ci terminée, il demanda à Lawson un état financier, relatif à son activité sur la ferme de Stanhope Cove (Covehead Bay) et à son rôle d’agent général.
Constatant que Lawson était bien plus un travailleur agricole qu’un régisseur, James William Montgomery demanda au juge en chef Peter Stewart* d’apporter son aide à la préparation de cet état, qui allait devenir encore plus compliquée à la suite de la prise en charge, par Lawson, en 1783, de l’administration des biens de Higgins. À sa grande consternation, Montgomery, père, apprit que Lawson était un fervent adepte du gouverneur Walter Patterson et un adversaire résolu du juge en chef Stewart, chef des groupes d’opposition à Patterson. L’inimitié qui existait entre les deux hommes rendit toute collaboration impossible. En outre, il devenait de plus en plus évident, d’après les lettres de Stewart et devant le silence de Lawson, que celui-ci avait conservé bien peu de documents relatifs à ses opérations financières et qu’il craignait qu’une mise à jour des comptes ne lui laissât pas une rémunération suffisante pour les nombreuses années pendant lesquelles il s’était sacrifié dans l’île. Montgomery en vint finalement à soupçonner Lawson d’être devenu incapable de faire le départ entre ce qui lui appartenait en propre et ce qui appartenait à son associé, qui avait fourni les fonds, soit quelque £1 500 en argent liquide, à titre d’avance. Montgomery, père, ne put obtenir satisfaction avant 1788, année où son fils William, lieutenant dans le 4e d’infanterie posté à Halifax depuis l’année précédente, se vit accorder un congé de quatre mois, afin de se rendre à l’île Saint-Jean pour y régler les affaires paternelles.
À son arrivée, en juillet 1788, William Montgomery reçut de Lawson un certain nombre de contre propositions, toutes fort éloignées de la mise à jour complète des comptes. Dans une lettre adressée à William, Lawson s’élevait par la suite contre le fait que rien ne pourrait contenter celui-ci, sinon l’impossible, affirmant qu’ « un état du travail de chaque jour pendant 18 ans, détaillant tout ce qui a été acheté pour la ferme et tout ce quia été vendu jusqu’à ce jour des produits de la ferme, avec le nom de l’acheteur », constituerait « le plus long rapport comptable jamais vu dans l’île ». William, qui avait reçu de son père des instructions précises, interpréta sans aucun doute les efforts de Lawson pour en arriver à un accommodement comme ceux d’un homme aux abois, finalement mis en face de quelqu’un qui, sur les lieux mêmes, lui demandait de rendre des comptes, et il soupçonna que les délais continuels de Lawson étaient une tactique inspirée par le fait qu’il savait que, tôt ou tard, le jeune officier devait retourner à son régiment. Son congé tirait à sa fin et, Lawson continuant de tergiverser, William décida d’en venir aux grands moyens. À la fin d’octobre 1788, il se présenta, sans s’être fait annoncer, à Stanhope Cove, accompagné de trois assesseurs qui procédèrent à l’inventaire de la ferme : améliorations, animaux, et récoltes. Ils découvrirent, sans surprise, que la valeur des améliorations apportées à la ferme était de loin inférieure à celle des fortes avances faites par James William Montgomery. Lawson fut chassé sans formalités et remplacé par une famille loyaliste du nom de Bovyer.
De cet échec sortit quelque chose de bon : très satisfait du travail de l’un des assesseurs, le contrôleur des douanes James Douglas*, William le recommanda à son père pour le poste d’agent des Montgomery dans l’île. Quant à Lawson, il resta convaincu que William l’avait traité injustement, même après qu’un comité d’arbitrage composé de résidants de l’île Saint-Jean lui eut donné tort, sur ce point, en 1793. Mais Lawson avait certainement raison de croire que les gestes de William seraient entièrement approuvées par son père, quel qu’en fût le mérite. Pendant que son fils était à l’île Saint-Jean, James William Montgomery s’occupait avec succès de promouvoir la candidature de William comme représentant du Peeblesshire au parlement, et c’est sans opposition qu’il fut élu en 1790, à son retour en Écosse. Au cours des années pendant lesquelles il siégea au parlement, William assuma de plus en plus la responsabilité de protéger les intérêts des Montgomery à Whitehall, alors que son père se retirait de la vie politique. Le jeune député s’occupa, en coulisses, des procédures engagées contre le gouverneur Edmund Fanning* et d’autres fonctionnaires de l’île, ensuite de plaintes formulées contre eux, en 1791 et 1792, et, à plusieurs reprises, il apporta son aide à l’agent de Fanning, Robert Gray*. Il fit, aussi, régulièrement rapport à son père des discussions gouvernementales relatives à l’île Saint-Jean et à ceux qui y possédaient des terres.
Avec un siège de tout repos au parlement et, en 1799, une commission de lieutenant-colonel dans le 43e d’infanterie, la carrière de William était manifestement sur la voie ascendante quand il mourut inopinément en 1800, à la grande douleur de son vieux père. Les biens des Montgomery et leur gestion allèrent à un frère cadet de William, James (futur beau-frère du comte de Selkirk [Douglas*]), qui n’avait pas la préparation de son aîné, et ne connaissait pas l’île Saint-Jean.
APC, MG 23, E6, pp.30–32.— BL, Add. mss 35 541, f.158.— Public Archives of P.E.I. (Charlottetown), Ira Brown papers, item 122.— Scottish Record Office (Édimbourg), Montgomery estate papers in the muniments of Messrs. Blackwood and Smith, W. S., Peebles ; Estate papers, GD293/2/21/93 ; 293/2/78/6, 17, 55–56 ; 293/2/79/10, 16, 26, 30, 31, 38 ; 293/2/81/2 ; RH4/56.— University of B.C. Library (Vancouver), Special Coll. Division, Macmillan coll., James Montgomery à Edward Fanning, 30 avril 1798.— [William Drummond], Diary of William Drummond, David Weale, édit., Island Magazine (Charlottetown), 2 (1977) :28–31.
J. M. Bumsted, « MONTGOMERY, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/montgomery_william_4F.html.
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Auteur de l'article: | J. M. Bumsted |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
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