MacDONALD, JAMES, prêtre et missionnaire, né en 1736 dans les West Highlands, Écosse, probablement à Moidart, décédé en 1785 à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard).
James MacDonald fit partie de ces brillants élèves que l’Église catholique d’Écosse aimait envoyer à l’étranger pour parfaire leur éducation. Il entra donc en 1754 au Jesuits’ Scots Collège de Rome où il fut ordonné prêtre en 1765, après des études de philosophie, de théologie et de dogmatique. À son retour en Écosse, il travailla comme missionnaire jusqu’en 1772, attaché principalement à Drummond, près de Crieff (Tayside). En mai de cette même année, il quitta le port de Glasgow à bord de l’Alexander, en compagnie de plus de 200 catholiques des Highlands, à destination de l’île Saint-Jean. Ils faisaient partie de la première grande vague d’immigration de catholiques écossais vers l’Amérique depuis le soulèvement jacobite de 1745–1746.
Le groupe avait à sa tête deux laïcs (tous deux cousins de l’abbé MacDonald), John MacDonald* of Glenaladale, surnommé Fear-a-Ghlinne, et son frère Donald, mais le projet et son financement étaient l’œuvre de deux évêques catholiques d’Écosse, John MacDonald et George Hay. Craignant que les persécutions engagées par Colin MacDonald of Boysdale dans South Uist ne se répandent, mais ne disposant d’aucun moyen légal pour s’y opposer, Mgr MacDonald pensait que l’émigration pourrait alléger les souffrances des catholiques d’ Uist en faisant peser sur les lairds des Highlands la menace de voir leurs terres se dépeupler. Mise au courant de l’existence de l’île Saint-Jean par James William Montgomery, procureur général d’Écosse, qui y possédait de vastes terres [V. William Montgomery], l’Église avait jeté son dévolu sur cette île peuplée d’Acadiens catholiques, avec l’espoir que les Écossais « étant rassemblés sur une île [...] il serait plus facile de maintenir une communauté unie, favorable à l’épanouissement de la religion ». L’Église catholique d’Écosse espérait obtenir juridiction sur l’île, mais Rome décida qu’elle continuerait à dépendre de l’évêque de Québec, Mgr Briand. On choisit, pour accompagner les émigrants, l’abbé MacDonald, qui avait toujours manifesté de l’empressement à partir avec ses compatriotes. Candidat idéal pour plusieurs raisons, il avait, entre autres, le mérite de parler gaélique, anglais, latin et français.
Contrairement aux espoirs des évêques, seulement 11 des 36 familles du domaine Boysdale décidèrent de quitter le pays, et le gros des émigrants venait des terres de MacDonald of Clanranald situées à Arisaig et Moidart, sur la terre ferme. Après cinq semaines de mer, l’Alexander remonta la rivière Hillsborough jusqu’au lot 36 concédé à Glenaladale, où l’abbé MacDonald célébra une messe – la première sur l’île sous le Régime britannique. Étant le seul, les MacDonald of Glenaladale mis à part, à posséder des qualités de chef, il devint vite le porte-parole des dissidents du groupe, composé en grande partie de ses parents et de ses vieux amis. Il eut aussi à faire face à d’autres difficultés. Les Acadiens refusaient de se mêler aux Écossais et de former avec eux une seule communauté. Mgr Briand demanda donc à MacDonald de desservir les Acadiens de Malpeque ; il y passa le premier hiver. Mais étant le seul prêtre de l’île, il ne pouvait recevoir les sacrements et se sentait extrêmement isolé.
En juin 1773, l’abbé MacDonald se rendit à Québec pour voir s’il existait une possibilité de faire sortir de l’île ses « pauvres ouailles » ; en effet, arrivés un an plus tôt avec des outils et des vivres pour une année, il ne leur restait, comme il l’écrivit dans une lettre adressée en Écosse, « ni argent, ni vêtements, ni viande, à moins de payer quatre fois le prix, et cela lui fendait le cœur de voir ses pauvres amis, qui ne vivaient pas trop mal en Écosse, proches de la misère et du dénuement le plus complet ». À Québec, il rencontra l’abbé Bernard-Sylvestre Dosque, ancien curé de Malpeque, et on lui offrit des terres à Québec pour ses paroissiens. L’Église en Écosse n’appuyait pas ses démarches qu’elle considérait comme extrêmement dangereuses car la dispersion des établissements signifierait l’échec de l’entreprise. Or il fallait absolument réussir pour faire peur aux lairds des Hébrides et mettre fin aux persécutions. Heureusement les conditions de vie sur l’île s’améliorèrent juste à temps. L’arrivée de Glenaladale quelques mois plus tard, avec des vivres, en plus d’une meilleure récolte empêchèrent l’abbé de « faire presque échouer toute l’affaire », selon les termes mêmes de Mgr MacDonald. Les quelques immigrants qui avaient suivi ses conseils connurent « définitivement » la ruine et regrettèrent amèrement de s’être installés à Québec. Rien ne démontre cependant que le rôle de l’abbé MacDonald dans cet épisode ait compromis ses relations avec les Glenaladale et ses paroissiens.
Une fois surmontée, pour lui et ses fidèles, cette première crise d’adaptation à une nouvelle terre, l’abbé MacDonald s’installa dans la routine du service pastoral auprès de ses paroissiens highlanders et acadiens. On construisit une église à Scotchfort, mais l’abbé MacDonald officiait aussi très souvent dans des maisons privées, comme il l’avait fait en Écosse. Surmontant sa crainte de l’isolement, il refusa une invitation des Acadiens de la terre ferme qui lui demandaient de devenir leur pasteur, disant que ses ouailles avaient besoin de lui sur l’île. En 1776, il semblait s’être réconcilié avec son sort, et on sait même qu’il confessait des Indiens, avec l’aide d’interprètes, comme Dosque l’avait fait avant lui. Le courrier interrompu à cause de la guerre, on connaît malheureusement peu de chose de ses activités durant cette période. Ces années de ministère itinérant, avec, à l’occasion, des voyages en Nouvelle-Écosse, dans une région où les moyens de communication et de transport demeuraient très rudimentaires, firent payer un lourd tribut à sa santé et, en 1785, la grande crainte de l’abbé MacDonald se réalisa lorsque, en l’absence d’un autre prêtre, la fièvre l’emporta sans qu’il eût reçu les derniers sacrements. Il repose à Scotchfort, dans une tombe ne comportant aucune inscription. Après sa mort, l’île resta sans prêtre résidant, jusqu’à l’arrivée d’Angus Bernard MacEachern*, en 1790.
Scottish Catholic Archives (Édimbourg), Blairs letters, 11 nov. 1770, l’évêque George Hay à John Geddes ; 25 nov. 1771, Hay à Peter Grant ; 14 févr. 1772, l’évêque John MacDonald à Hay ; 23 avril 1772, l’évêque John MacDonald à Charles Cruickshank ; 19 janv. 1773, John MacDonald of Glenaladale à Hay ; 9 juin 1773, l’abbé James MacDonald à John Grant ; 25 oct. 1773, l’évêque John MacDonald à Hay ; 4 nov. 1776, l’abbé James MacDonald à Hay.— J. C. MacMillan, The early history of the Catholic Church in Prince Edward Island (Québec, 1905), 41–50.— J. M. Bumsted, Highland emigration to the Island of St. John and the Scottish Catholic Church, 1769–1774, Dal. Rev., LVIII (1978–1979) :511–527.— Ada MacLeod, The Glenaladale pioneers, Dal. Rev., XI (1931–1932) ; 311–324.
J. M. Bumsted, « MacDONALD, JAMES (1736-1785) (Seumas MacDhomõaill) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/macdonald_james_1736_1785_4F.html.
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Auteur de l'article: | J. M. Bumsted |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |