LAWSON, DAVID, fermier, agent foncier et homme politique, né vers 1720, probablement près de Muthill, Ecosse ; il épousa une prénommée Ellen, et ils eurent cinq enfants ; décédé vers 1803 à l’Île-du-Prince-Édouard.
David Lawson, fermier du Perthshire qui cultivait le lin, fut recommandé au procureur général d’Écosse, James William Mo ntgomery, en 1769, pour fonder et administrer un établissement agricole à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard). On conclut une entente selon laquelle Lawson, qui recevrait des capitaux du procureur général, devait exploiter et gérer une ferme linière sur le lot no 34, propriété de Montgomery, contre la moitié des bénéfices après sept ans. Après avoir recruté quelque 50 engagés dans le Perthshire, Lawson s’embarqua avec sa famille sur le Falmouth qui quitta Greenock le 8 avril 1770. Après un long et pénible voyage, au cours duquel Lawson fut très malade, le Falmouth arriva dans l’île au début de juin et jeta d’abord l’ancre dans la baie de Richmond (baie Malpeque) puis, le 8 juin, à l’anse Stanhope (baie Covehead), où Lawson et son groupe débarquèrent. Presque totalement démunis de nourriture et d’eau fraîche, ils se retrouvèrent au beau milieu d’une contrée sauvage. Ayant espéré obtenir des « provisions plus substantielles que des flocons d’avoine et de l’eau salée » et exaspérés des conditions rudimentaires, les engagés devinrent indociles et prêts à se mutiner. Pendant presque tout l’été, Lawson s’employa à apaiser leur mécontentement tout en essayant de défricher le terrain, d’obtenir du bétail et de fabriquer de l’équipement de ferme.
Le défrichement se fit lentement. Avant 1772, Lawson ne réussit même pas à mettre suffisamment de terre en valeur pour subvenir aux besoins de ses gens et encore moins pour entreprendre la culture du lin (entre-temps, ils avaient reçu des ravitaillements du mandataire de Montgomery, David Higgins*). Les malheurs ne cessaient de fondre sur la petite colonie. Au cours du premier été, un engagé fut tué par un arbre qu’il abattait ; deux autres se noyèrent en ramenant une cargaison de rhum ; et, avant 1777, un incendie ravagea un barrage et un moulin à deux reprises. De plus, au moment même où la ferme (baptisée Stanhope du même nom que la propriété écossaise de Montgomery) parvenait à se suffire à elle-même, la période d’engagement des employés, d’une durée de quatre ans, arrivait à terme. La plupart quittèrent l’île, mais quelques-uns s’établirent dans des fermes sur le lot no 34 et diminuèrent les troupeaux d’élevage de Lawson, en réclamant le bétail qu’on leur avait promis lors de la signature de leurs ententes en Écosse.
Cependant, moins de cinq ans après son arrivée, Lawson exploitait une importante ferme, selon les normes acceptées dans l’île. Il s’était familiarisé avec les conditions agricoles locales, avait réussi à récolter du lin et envoyé des échantillons de sol à Montgomery. Cependant, il ne pouvait prouver que les résultats de ses progrès égalaient les capitaux investis par Montgomery et encore moins qu’il retirait des bénéfices. Avant l’échéance du délai de l’entente avec Montgomery, la Révolution américaine avait interrompu les communications, ce qui signifiait qu’il n’avait pas à fournir de rapport. Pendant la guerre, Montgomery n’essaya qu’une seule fois de le contacter, en 1777, en lui envoyant une procuration pour gérer tous ses biens et intérêts dans l’île. En 1783, Lawson devint également mandataire des propriétaires du lot no 56, le général Henry Wood et le marquis George Townshend. Cette année-là, il devint administrateur des biens en faillite de Higgins. Pendant les années 1770, Lawson avait commencé à participer activement à la vie politique de l’île. Élu à quatre reprises à la chambre d’Assemblée entre 1773 et 1785, il constitua avec ses gendres Cornelius Higgins et James Curtis un petit groupe de gens de la baie Covehead qui apporta fidèlement son appui au gouverneur Walter Patterson* dans ses luttes avec les propriétaires et le gouvernement britannique.
À la fin de la guerre, Montgomery tenta vainement pendant plusieurs années de régler ses comptes avec Lawson et fut finalement contraint d’envoyer son fils William* dans l’île, en 1788, pour obtenir un bilan complet. Lawson temporisait et, à la fin, William Montgomery se présenta sans préavis à la ferme, à la tête d’un groupe d’évaluateurs. Lawson fut sommairement renvoyé de Stanhope puis remplacé comme mandataire. Ses problèmes prenaient racine dans l’entente initiale fort peu réaliste qu’il avait conclue avec Montgomery. On avait été bien téméraire de croire qu’une nouvelle ferme établie dans une contrée sauvage eût pu rapporter des bénéfices en moins de sept ans. Toutefois, Montgomery exigeait un relevé rigoureux de la comptabilité, une évaluation totale des valeurs et un rapport complet des dépenses. Les années de privations qu’avait vécues Lawson dans l’île l’avaient persuadé que son travail et celui des membres de sa famille avaient été pour l’établissement de Stanhope un apport bien supérieur à celui des investissements en capitaux du propriétaire, et il était convaincu que le bilan que Montgomery réclamait ne saurait faire état de tous les efforts qu’ils avaient fournis. De plus, il n’avait tenu aucune comptabilité ni aucun registre et, pendant les longues périodes où lui et les siens avaient été coupés du monde extérieur, il avait été forcé de se débrouiller avec des moyens de fortune. Il y a lieu de croire qu’il était devenu incapable de distinguer ce qui devait à juste titre revenir à Montgomery. De son côté, Montgomery en conclut que Lawson essayait simplement de conserver son nouveau statut de gentilhomme campagnard et qu’il négligeait pour cela ses obligations envers son employeur.
Montgomery, qui avait engagé de nouveaux mandataires, le lieutenant-gouverneur Edmund Fanning et James Douglas, continuait de réclamer un bilan à Lawson. En 1789, il s’adressa aux tribunaux et poursuivit Lawson à titre d’administrateur de la succession de David Higgins ; qui était mort criblé de dettes envers Montgomery et dont Lawson avait refusé de remettre les livres de comptes. On accorda £3 813 plus les frais à Montgomery, Lawson n’ayant pas porté l’affaire devant les tribunaux. À la suite de cette décision, Montgomery acquit l’île de Rustico que Lawson avait auparavant obtenue comme concession du gouvernement, puis il la fit vendre aux enchères. En 1793, Lawson et Douglas s’entendirent sur le choix d’arbitres à leur satisfaction mutuelle : Fanning, Charles Lyons et Joseph Robinson. La question des comptes de Lawson fut enfin réglée. Pour rendre leur décision, les arbitres n’étudièrent pas seulement la gestion de Stanhope, mais entreprirent une nouvelle étude des obligations de Higgins envers Montgomery. Ils accordèrent £9 219 12 shillings 2 1/2 pence à Montgomery, somme dont plus de la moitié en vérité représentait la dette de Higgins endossée par Lawson à titre d’administrateur de la succession.
Après avoir établi le principe que même les habitants de l’île devaient être fidèles à leurs contrats, Montgomery oublia la dette et ordonna qu’une allocation régulière fût versée à David Lawson maintenant âgé, qui continua à vivre à la baie Covehead avec ses enfants. Son nom disparaît des documents après 1803.
PAPEI, Acc. 2702, Smith-Alley coll., lettre du marquis Townshend, 1783.— SRO, GD293/2/78/9 ; 293/2/79/5, 27, 33, 38, 46 ; 293/2/80/21 ; 293/2/81/2.— Univ. of B.C. Library (Vancouver), Special Coll. Division, Macmillan coll., James Montgomery à Edmund Fanning, 30 avril 1798.— William Drummond, « Diary of William Drummond », David Weale, édit., Island Magazine, no 2 (printemps-été 1977) : 29.— Royal Gazette and Miscellany of the Island of Saint John (Charlottetown), 29 juill. 1791.— G. H. Kielly, History of Montgomery settlers and others at Stanhope-Covehead-Brackley Pt., 1770–1970 (Stanhope, Î.-P.-É., 1970), 90s.— Bumsted, « Sir James Montgomery and P.E.I. », Acadiensis (Fredericton), 7, no 2 : 76–102.
J. M. Bumsted, « LAWSON, DAVID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lawson_david_5F.html.
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Auteur de l'article: | J. M. Bumsted |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
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