CRYSLER, JOHN, homme d’affaires, homme politique, juge de paix, officier de milice et fonctionnaire, né le 24 juillet 1770 à Schoharie, New York, fils de John Crysler (Johannes Krausler) et de Dorothy Meyers ; en juin 1791, il épousa dans le canton de Williamsburgh (Ontario) Dorothea Adams (décédée en 1803), et ils eurent trois fils et quatre filles, puis le 20 novembre 1803 Nancy Loucks, et de ce mariage naquirent deux fils, et finalement le 19 avril 1808 Nancy Finkle, et le couple eut six fils et quatre filles ; décédé le 18 janvier 1852 dans le canton de Finch, Haut-Canada.
Avant la Révolution américaine, John Crysler vivait à New Dorlach (Sharon Springs, New York). En 1777, son père s’enrôla dans l’armée britannique au fort Stanwix (Rome) et servit sous les ordres de sir John Johnson*. Crysler lui-même servit comme tambour avec les rangers du lieutenant-colonel John Butler* et arriva dans la province de Québec en 1779. Il fut licencié en 1784, à l’âge de 14 ans, et s’installa avec son père dans le canton n° 4 (canton de Williamsburgh). En 1801, le jeune Crysler obtint l’autorisation d’exploiter une taverne et un magasin dans le district d’Eastern, au Haut-Canada ; il faisait venir de l’alcool, du tabac et du sel du Bas-Canada. Entre 1806 et 1810, il acheta, dans les cantons de Finch et de Mountain, plus de 4 600 acres de terre bien boisée et, au mois de septembre 1810, en vendit 2 500 acres à John Richardson*, de la firme montréalaise Forsyth, Richardson and Company. En 1808, il avait reçu un permis de coupe et, en vertu d’un contrat, devait fournir des mâts à la marine royale. Durant sa jeunesse, Crysler aurait « acquis de grands biens fonciers » et bâti plusieurs moulins et scieries.
Crysler était entré dans la vie publique en 1804 ; il avait alors été élu député de Dundas à la chambre d’Assemblée. Durant les sessions qui eurent lieu de 1805 à 1808, il se fit partisan du gouvernement ; en 1807, il se joignit cependant à Robert Thorpe* et à David McGregor Rogers* pour s’opposer au projet de loi « visant à établir des écoles publiques dans chaque district » de la province. L’année suivante, Crysler revint s’occuper de ses entreprises commerciales à Williamsburgh. De plus, il avait été nommé juge de paix du district d’Eastern en 1806 ; jusqu’au début de la guerre de 1812 et pendant plus de 30 ans après celle-ci, il assista régulièrement aux séances de la Cour des sessions trimestrielles du district.
En 1812, Crysler était lieutenant dans le 1er régiment de milice de Dundas. Il fut promu capitaine l’année suivante et servit durant toute la guerre. Le 11 novembre 1813, il se trouvait à la bataille de Crysler’s Farm. Cet engagement, qui arrêta une avance américaine vers Montréal, eut lieu sur sa terre du canton de Williamsburgh, et le commandant britannique, le lieutenant-colonel Joseph Wanton Morrison*, utilisa la ferme de Crysler comme quartier général. Crysler lui-même porta à Montréal les dépêches annonçant la nouvelle de la victoire. Sa propriété avait subi de lourds dommages pendant la bataille et, par la suite, on utilisa sa maison et les bâtiments de service comme hôpital et caserne, ce qui amena d’autres détériorations. Au début de 1816, Crysler avait reçu £400 en compensation.
De 1812 à 1820, Crysler siégea aussi à l’Assemblée, continuant de voter du côté de la majorité sur la plupart des questions. Réélu en 1824 comme député de Dundas, il appuya au cours de son dernier mandat le porte-parole du gouvernement, le procureur général John Beverley Robinson*. Après 1825, cependant, sa présence en chambre diminua graduellement, probablement à cause du nombre croissant de ses engagements dans le district d’Eastern. Il occupait le poste de receveur des douanes de Cornwall depuis 1818 au moins, et, en 1826, le gouvernement lui octroya un contrat par lequel il devait faire arpenter les rangs 7, 8 et 9 du canton d’Osnabruck. On avait promis à Crysler un pourcentage des terres arpentées, mais, une fois le travail exécuté, le gouvernement s’aperçut que la majeure partie du terrain avait été concédée et qu’il ne pouvait donc respecter ses engagements.
D’autres indications révèlent que les années 1820 furent difficiles pour Crysler. On trouva son receveur adjoint des douanes coupable de « mauvaise administration et [de] négligence », et, en 1822, le Parlement adopta une loi spéciale « pour venir en aide à John Crysler » et lui permettre de continuer à percevoir son pourcentage des revenus qui devaient être remboursés au gouvernement en tant qu’arrérages. En février 1825, le shérif John Stuart, du district de Johnstown, mit les ouvriers de Crysler en prison et les condamna à une amende pour avoir coupé du bois dans les réserves du clergé. En mai de la même année, Stuart saisit aussi un chargement de bois qui appartenait à Crysler et devait être expédié à Montréal aux termes d’un contrat pour la construction d’une nouvelle église catholique dans cette ville ; on avait fait une réclamation selon laquelle ce bois convenait à la fabrication de mâts pour la marine royale. Il se peut même que Crysler ait connu des problèmes financiers dès 1820. Cette année-là, Allan Napier MacNab* obtint jugement contre lui pour une dette de £3 000. Crysler acquitta cette créance en 1824, mais deux autres dettes confirmées par jugement en 1834, dues à différents créanciers et s’élevant à un peu plus de £3 000, restèrent impayées. En tout, 28 jugements représentant plus de £12 000 furent enregistrés contre lui à la Cour du banc du roi, entre 1820 et 1835. Les méthodes commerciales de Crysler furent peut-être l’une des causes de ces difficultés. En 1830, par exemple, John Strachan* écrivit une lettre fulminante au sujet d’un terrain que Crysler lui avait vendu en 1819. Strachan avait découvert que 1 200 des 1 400 acres vendues se trouvaient « sous l’eau ou [étaient] de la roche stérile », ce qui le « surprit et [le] déçut, [...] puisqu’[il] n’a[vait] acheté ni eau ni roche ». Beaucoup étaient d’avis que l’hospitalité et la générosité très larges de Crysler contribuaient aussi à ses revers de fortune.
En dépit de l’état de ses affaires, John Crysler demeura un homme important dans le comté de Dundas. Appuyant sa demande de terres pour services rendus durant la guerre de 1812, le juge Archibald McLean* le décrivit en 1837 comme « l’un des plus anciens et des plus loyaux habitants de la province ». Le 1 er novembre 1838, Crysler fut nommé lieutenant-colonel du 1er régiment de milice de Dundas et, plus tard le même mois, à l’âge de 68 ans, il conduisit son régiment contre les patriotes à la bataille du Moulin à vent, près de Prescott [V. Plomer Young*]. En 1843, il alla habiter le canton de Finch, dans la partie nord du comté de Stormont. Le village de Crysler, situé à l’endroit où il exploitait une scierie et un moulin le long de la rivière South Nation, a été nommé en son honneur. Il y mourut en 1852. Le plus âgé de ses fils survivants, John Pliny Crysler, fut député de la circonscription de Dundas à l’Assemblée législative, de 1848 à 1851 et de 1854 à 1857, puis occupa le poste de registrateur du comté de 1867 à 1881.
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C. J. Shepard, « CRYSLER, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/crysler_john_8F.html.
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Auteur de l'article: | C. J. Shepard |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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