MAREST, JOSEPH-JACQUES, prêtre, jésuite, missionnaire, frère de Pierre-Gabriel, né en France dans le diocèse de Chartres le 19 mars 1653, décédé à Montréal en octobre 1725.

Il entra au noviciat des Jésuites le 25 septembre 1671 et enseigna à Vannes, à La Flèche et au collège Louis-le-Grand à Paris avant de s’embarquer pour le Canada vers 1686. Le père Marest passa les deux premières années à Sillery à étudier les dialectes indiens et, en 1688, il partait pour Michillimakinac. Membre de l’expédition de Nicolas Perrot au pays des Sioux, il était présent lorsque le 8 mai 1689 Perrot prit possession, au nom de Sa Majesté le roi de France, de toute la région du haut Mississipi. La première signature qui figure sur le document attestant cette prise de possession est celle de Joseph-Jacques Marest « missionnaire de la Compagnie de Jésus chez les Nadouesioux [Sioux] ».

C’est à Michillimakinac que le père Marest s’est acquis la réputation de prêtre-diplomate. Ce poste jouait un triple rôle : mission dirigée par les Jésuites, poste de garnison et centre de traite des fourrures. Les Outaouais avaient leur propre village dans les environs ainsi que les Hurons ; le père Marest était supérieur de la mission outaouaise et le père Étienne de Carheil, de la mission huronne. De 1694 à 1697, le commandement militaire du poste fut confié à Antoine Laumet, dit de Lamothe Cadillac, avec qui le père Marest eut des disputes acerbes concernant le trafic de l’eau-de-vie avec les Indiens.

Cadillac accordait sa préférence à Détroit plutôt qu’à Michillimakinac comme centre du lucratif commerce des pelleteries et, avec l’appui du ministre de la Marine, Jérôme Phélypeaux, comte de Pontchartrain, il y fonda un poste en 1700. Cadillac entendait amener les Indiens de Michillimakinac à s’établir à Détroit et, au début, le père Marest appuyait ce projet en y apportant, disait-il, « le foible secours de mes prières ». Toutefois, un changement d’attitude de la part du missionnaire amena une véritable guerre ouverte, marquée d’intrigues et de rivalités, et qui ne se termina qu’avec la nomination de Cadillac au poste de gouverneur de la Louisiane en 1710.

Dès 1703, le père Marest avait reçu de son supérieur l’ordre de partir pour Détroit. Il avait alors demandé à ses Indiens de faire connaître leur intention « précise et asseurée », concernant leur propre déplacement. Ils demandèrent trois jours pour réfléchir et, à sa grande surprise, déclarèrent qu’ils ne quitteraient pas Michillimakinac, qu’ils préféraient y mourir. Fort d’une « telle détermination », le père Marest partit pour Québec où il se fit un solide allié en la personne du nouveau gouverneur, Philippe de Rigaud de Vaudreuil.

Cependant, en 1704, le hasard semble vouloir favoriser Cadillac ; les Hurons et bon nombre d’Outaouais sont déjà installés à Détroit. Le père de Carheil a quitté la mission du détroit de Makinac en 1706, mais le père Marest y est demeuré et il y déploie autant d’activité dans les questions politiques que dans son ministère sacerdotal. Par l’entremise d’émissaires, dont les chefs Koutaoiliboe et Miscouaky et un certain M. Boudor, marchand de Montréal, il tient le gouverneur au courant de tous les événements survenus à la mission.

En 1719, un missionnaire était nommé pour seconder le père Marest qui, âgé de 66 ans, voyait sa santé décliner. Un peu plus tard, soit en 1721, son nom figurait dans les écrits du célèbre historien, Pierre-François-Xavier de Charlevoix*, jésuite, à qui Marest avait parlé des Sioux et de leur contrée.

Joseph-Jacques Marest atteignit l’âge vénérable de 72 ans et mourut à Montréal en octobre 1725.

Maud M. Hutcheson

Charlevoix, History (Shea), III : 35 ; V : 180. — JR (Thwaites), LXVI : passim ; LXXI : 156, 228. — Michigan Pioneer Coll., XXXIII. — NYCD (O’Callaghan et Fernow), IX : 418. — Wis. State Hist. Soc. Coll., XVI. — Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIe siècle, III : 480.

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Maud M. Hutcheson, « MAREST, JOSEPH-JACQUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/marest_joseph_jacques_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    28 novembre 2024