SAINT-PÉ, JEAN-BAPTISTE DE, prêtre, jésuite, missionnaire, supérieur des missions jésuites de la Nouvelle-France, né à Pau, France, le 10 octobre 1686, décédé à Québec le 8 juillet 1770.

Jean-Baptiste de Saint-Pé fut admis au noviciat des jésuites de la province d’Aquitaine, à Bordeaux, le 13 octobre 1703. Son noviciat terminé, il fit deux ans de philosophie à Limoges (1705–1707), après quoi il enseigna la grammaire pendant un an, à La Rochelle. Durant l’année académique de 1708–1709, il retourna aux études, à Poitiers, puis il enseigna la grammaire et les humanités à Périgueux, de 1709 à 1712, et la rhétorique à Agen, jusqu’en 1714. Il entreprit alors ses quatre années de théologie à Bordeaux et il compléta sa dernière année de formation spirituelle à Marennes.

Le père de Saint-Pé s’embarqua pour le Canada où on le retrouve en 1720. Son supérieur, Pierre de La Chasse, l’envoya, dès son arrivée, à la mission des Outaouais. Demeura-t-il au début à Michillimakinac ? C’est possible, car il y fit ses derniers vœux, entre les mains du père Joseph-Jacques Marest*, le 2 février 1721. En octobre suivant, il était à la mission Saint-Joseph (probablement Niles, Mich.), et, le 23 août 1724, il prit part, à Baie-des-Puants (Green Bay, Wisc.), à un conseil en vue de rétablir la paix entre les Renards et les tribus alliées des Français. C’est lui qui avait été désigné pour accompagner Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye dans son voyage d’exploration vers l’Ouest, mais il fut remplacé par Charles-Michel Mésaiger. Le 10 octobre 1733, il était à Michillimakinac où il certifia un état de compte de Nicolas Rose, et l’année suivante, en septembre, il séjourna de nouveau à la mission Saint-Joseph, sans qu’on sache bien précisément où il avait sa demeure habituelle. En 1737, il était de retour à Québec. À l’été de 1739, il desservit les missions montagnaises de Tadoussac et de La Malbaie ; le 21 septembre, il succéda à Pierre de Lauzon, comme supérieur des missions jésuites de la Nouvelle-France, assumant de ce fait la charge de recteur du collège de Québec.

Pendant son supériorat, l’affaire la plus déplaisante dont il eut à s’occuper fut sans doute l’accusation de complicité dans la contrebande avec les colonies anglaises, lancée contre les missionnaires jésuites du Sault-Saint-Louis (Caughnawaga) [V. Pierre de Lauzon] et soutenue par l’intendant Hocquart*. À l’automne de 1742, Saint-Pé s’embarqua pour la France, laissant au père Mésaiger le soin du collège et de la mission. L’année suivante, il revint à bord du Rubis qui mit 96 jours à faire la traversée.

Au mois d’octobre 1748, Saint-Pé fut remplacé comme supérieur par Gabriel Marcol et il devint, peu de temps après, supérieur de la résidence de Montréal, où les jésuites, qui avaient déjà espéré y ouvrir un collège en 1727 et en 1731, entretenaient une église et donnaient l’hospitalité à leurs missionnaires de passage. Son séjour à Montréal dura jusqu’en octobre 1754 ; il retourna alors à Québec, après avoir été de nouveau nommé supérieur des missions. En plus de ses occupations administratives, il remplit la fonction de confesseur extraordinaire à l’Hôtel-Dieu de Québec.

Le 30 mars 1759, Saint-Pé signa avec le procureur, le père Augustin-Louis de Glapion*, la commission nommant Mathieu Hianveu notaire des seigneuries de Notre-Dame-des-Anges, de Saint-Gabriel, de Sillery et de Bélair. Ce fut probablement le dernier acte seigneurial des jésuites sous la domination française. Peu après, le supérieur, à l’instar de Mgr de Pontbriand [Dubreil], se réfugia à Montréal, pour rester en communication avec les missions. Il avait déjà 73 ans et le supériorat lui pesait beaucoup. Mais son remplacement était difficile, à cause de la résolution du gouvernement anglais de faire disparaître les jésuites de l’ancienne colonie française. En 1762, Saint-Pé demanda, par l’entremise d’Alain de Launay, procureur des missions jésuites de la Nouvelle-France à Paris, au général de la compagnie, Lorenzo Ricci, la nomination d’un nouveau supérieur ; l’année suivante, il fut remplacé par le père de Glapion. Jean-Baptiste de Saint-Pé demeura à Québec où il mourut le 8 juillet 1770, âgé de presque 84 ans.

Lucien Campeau

ASJCF, 525 ; 575 ; 586 ; 653 ; 705 ; Fonds Rochemonteix, 4 018, 66, 223, 268, 275, 461 ; 4 021, 18.— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIIe siècle, II : 181.

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Lucien Campeau, « SAINT-PÉ, JEAN-BAPTISTE DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/saint_pe_jean_baptiste_de_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    28 novembre 2024