MIKINAK (Meckinac, Mequinac, « La Tortue »), chef outaouais, décédé à Détroit en 1755.

Mikinak est mentionné pour la première fois en 1695 ou 1696 comme chef d’une expédition composée d’Outaouais et de Potéouatamis qui partit de Michillimakinac pour aller attaquer les Iroquois. Les Iroquois recherchaient activement une alliance avec les tribus des pays d’en haut. S’ils avaient atteint leur but, les conséquences auraient été désastreuses pour les Français car les Anglais auraient alors drainé le commerce, les Iroquois leur servant d’intermédiaires. Mikinak et sa bande, à l’instigation de Cadillac [Laumet*], commandant de Michillimakinac, attaquèrent des Iroquois qui chassaient autour de Détroit et anéantirent ainsi les chances de paix entre leurs nations respectives.

À la suite de la fondation du poste de Détroit par Cadillac en 1701, Mikinak se fit souvent le porteur de messages entre Cadillac et Joseph-Jacques Marest*, missionnaire jésuite auprès des Outaouais de Michillimakinac. Il y eut des disputes assez âpres entre le commandant et le missionnaire au sujet de l’endroit où devraient s’établir les Indiens et, en 1702, Mikinak ne voulait toujours pas déménager à Détroit. Mais en 1737 il y vivait certainement, et on le désignait sous le nom de « Mekinac le grand chef outaouais ».

Il fit plusieurs voyages à Montréal ; lors d’un de ces voyages, en 1742, il présenta son fils au gouverneur Charles de Beauharnois. Même si à cette occasion, et presque certainement en d’autres circonstances, Mikinak donna l’assurance courtoise de son appui et promit de décourager tout commerce avec les Anglais, il n’entretenait pas moins, apparemment, des vues toutes personnelles sur les intérêts des Outaouais. Lorsque Orontony et un groupe de Hurons de Sandoské (Sandusky), sur la rive sud-ouest du lac Érié, se rebellèrent contre les Français, au cours de l’été de 1747, Mikinak, selon les dires, aurait été en faveur des Hurons. Quelques années plus tard, Pondiac rapporta aux Français que Mikinak aurait déclaré qu’il « voullait emporté a Son village La teste [du] commandant, Et mangé Son Cœur et Boire Son sang ». Quoi qu’il en soit de ces accusations, lorsque de nouvelles troupes vinrent s’ajouter à celles de Détroit, à l’automne de 1747, Mikinak se montra plus amical avec les Français. Il leur proposa d’user de son influence afin de convaincre les Hurons dissidents de quitter Sandusky pour venir se fixer à Détroit et suggéra que les Français amènent des renforts au cas où ces Hurons se montreraient récalcitrants. En retour, il demanda qu’on rétablisse son prestige en lui accordant la même considération qu’à Kinousaki, chef outaouais qui s’était opposé à la révolte et à qui on avait envoyé une redingote écarlate ornée de galons d’argent. Paul-Joseph Le Moyne* de Longueuil, commandant à Détroit, prévint les autorités que Mikinak pourrait susciter de graves ennuis si on ne se rendait pas à sa requête.

On offrit une redingote à Mikinak mais il n’en continua pas moins à suivre sa ligne de conduite quelque peu indépendante. En 1751, Kakouenthiony rapporta au gouverneur La Jonquière [Taffanel] que Mikinak s’était rendu au poste anglais de Chouaguen (Oswego) et il laissa entendre que le chef outaouais avait également traité avec les Anglais dans la région de l’Ohio.

Lorsque Gaspard-Joseph Chaussegros* de Léry se rendit à Détroit, au cours de l’hiver 1754–1755, il nota que Mikinak était mécontent à l’idée de devoir céder aux Français le territoire autour de la Presqu’île pour la construction d’un fort (fort de la Presqu’île ; aujourd’hui Erie, Penn.) et qu’il se proposait de se rendre à Montréal au printemps. Mais le vieux chef mourut le 26 février.

Les documents de l’époque et des comptes rendus ultérieurs mentionnent généralement Mikinak comme un hésitant dont « la loyauté envers les Français s’était affaiblie ». Cette interprétation des faits ne rend pas justice au chef outaouais dont le territoire était occupé par une puissance européenne et menacé par une autre. Son habileté de guerrier et ses qualités de chef n’ont jamais été mises en doute et ce n’est qu’après sa mort que Pondiac réussit à prendre un certain ascendant sur les Outaouais de Détroit.

Donald Chaput

AN, Col., C11A, 67, f.139v. ; 75, f.91 ; 77, f.199.— Cadillac papers, Michigan Pioneer Coll., XXXIII : 113s., 121s., 126–129 ; XXXIV (1903) : 288.— Charlevoix, History (Shea), IV : 278.— French regime in Wis., 1727–1748 (Thwaites), 262–264, 456–468, 478–492.— French regime in Wis., 1743–1760 (Thwaites), 104–108.— Journal de Joseph-Gaspard Chaussegros de Léry, lieutenant des troupes, 1754–1755, RAPQ, 1927–1928, 411, 413, 414, 418.— NYCD (O’Callaghan et Fernow).— The siege of Detroit in 1763 : the journal of Pontiac’s conspiracy, and John Rutherford’s narrative of a captivity, M. M. Quaife, édit. (Chicago, 1958), 99s.

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Donald Chaput, « MIKINAK (Meckinac, Mequinac) (La Tortue) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mikinak_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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