MALHIOT, FRANÇOIS, commerçant, spéculateur foncier, homme politique, fonctionnaire et officier de milice, né le 20 octobre 1733 à Montréal, fils de Jean-François Malhiot*, marchand, et de Charlotte Gamelin ; décédé le 28 janvier 1808 à Verchères, Bas-Canada.
La famille Malhiot est originaire de l’évêché de Limoges, en France. Jean Malhiot, le premier de la lignée, arrive au pays avant 1683. Le 1er mars 1688, il épouse, en secondes noces, Madeleine Marchand ; issu de ce mariage, Jean-François Malhiot fera fortune dans la traite des fourrures et dans le commerce d’import-export avec la France. Le 18 décembre 1724, il épousera, à Montréal, Charlotte Gamelin, fille du négociant Ignace Gamelin* père, et ils auront plusieurs enfants, dont François Malhiot.
On ne sait rien de la jeunesse de Malhiot. La première mention de sa carrière apparaît dans son contrat de mariage, où il est alors décrit comme « négociant » à Montréal. On peut ainsi supposer que son père l’a initié au monde des affaires et qu’à la mort de ce dernier, le 28 janvier 1756, Malhiot a tout simplement pris la relève de l’entreprise familiale.
Quoi qu’il en soit, le 11 janvier 1768, Malhiot épouse sa cousine germaine, Elisabeth Gamelin, fille du marchand montréalais Ignace Gamelin* fils. C’est un mariage brillant auquel assistent plusieurs membres de l’élite montréalaise. Daté du 9 janvier, le contrat de mariage assure l’épouse d’un douaire de 6 000# et d’un préciput de 3 000#. De cette union, naîtront 11 enfants.
À la fin de 1768 ou au début de 1769, Malhiot s’installe à Verchères. Un acte notarié en date du 26 avril 1769 le désigne comme « négociant » demeurant à Verchères. Il vend des marchandises sèches, prête sur hypothèque et spécule sur le blé. Pendant la seule année de 1774, il achète au moins 4 683 minots de blé. Son commerce semble prospère, puisqu’en 1779 il possède une goélette, la Coquette, manœuvrée par un capitaine et deux matelots. Il habite une maison de pierre située au centre du village sur un emplacement de 120 pieds sur 180, où il a également construit une écurie, un hangar de pierre et deux autres de bois.
Durant les années 1780, les liquidités de Malhiot s’accroissent, de sorte qu’il peut s’adonner à la spéculation foncière qu’il avait jusqu’alors peu pratiquée. En 1784, il vend un emplacement situé à Varennes puis, en 1788, un lopin de terre à Verchères. L’année suivante, il acquiert quatre terrains à Verchères et deux terrains adjacents au chemin du Roy, puis il en vend quatre situés à Verchères et un dans la seigneurie de Varennes. En 1793, il achète la moitié de l’île Baladeau « en prairie et bois debout », pour la somme de 360#. L’année suivante, il se porte acquéreur d’une terre de près de 44 arpents carrés, avec une grange et une maison, dans le fief de Cap-Saint-Michel, en plus d’une autre dans la seigneurie de Verchères. Ses acquisitions s’avèrent de bons placements. En 1794, il revend, au prix de 800#, trois emplacements qu’il avait payés 700# cinq ans auparavant.
À partir de 1795, Malhiot semble se retirer graduellement des affaires, faisant sans doute de plus en plus confiance à ses fils. En 1799, les actes notariés ne le disent plus négociant mais écuyer. En 1804, il fait don de ses biens à ses trois fils : Pierre-Ignace, François-Victor et François-Xavier*. Son avoir s’élève alors à 125 101# dont 34 612# en marchandises sèches et liquides, 29 347# en propriétés, 7 187# en équipement et bétail, 33 869# en bonnes créances et 20 086# en créances douteuses. L’une de ces dernières consiste en une avance de 13 000# qu’il avait consentie à Jean-Marie Coursolle, le 20 avril 1790, avant son départ pour les « Pays d’en Haut ». Pierre-Ignace et François-Xavier continueront en société l’entreprise paternelle, tandis que François-Victor deviendra commis de la North West Company.
Commerçant avisé et prospère, allié à l’élite montréalaise par son mariage, François Malhiot fait partie des notables de Verchères. L’intérêt qu’il porte à la vie communautaire de son village lui attire le respect de ses concitoyens. Il est à plus d’une reprise exécuteur testamentaire et fondé de pouvoir. Le 28 décembre 1788, les marguilliers de la paroisse Saint-François-Xavier, à Verchères, lui offrent un banc d’église comme témoignage de gratitude pour le rôle qu’il a joué dans la construction d’une nouvelle église. Tout naturellement, il en vient à rayonner en dehors de son patelin. Sa première apparition dans la vie publique avait été accidentelle. Pendant l’invasion américaine de 1775–1776, il avait affiché son loyalisme face aux troupes de Richard Montgomery* ; ses propriétés avaient été pillées et on l’avait gardé prisonnier. Le 12 novembre 1775, il figurait parmi les 12 notables qui avaient signé la capitulation de Montréal.
La création de la chambre d’Assemblée du Bas-Canada lance à nouveau Malhiot sur la scène publique. Ayant accepté de représenter les électeurs de la circonscription de Surrey. il est élu député à l’été de 1792. Homme pondéré, son loyalisme est toujours vivace. En janvier 1793, il participe, sur la demande de ses collègues, à la rédaction d’une adresse à la couronne britannique exprimant le loyalisme et la gratitude des sujets du Bas-Canada. En juillet 1794, il signe la déclaration de loyauté envers la constitution et le gouvernement, qu’un groupe de citoyens montréalais fait circuler pour contrer le courant favorable aux idées de la Révolution française dans la colonie. Ses collègues de la chambre d’Assemblée mettent aussi à profit son expérience des affaires. Le 7 mai 1793, ils le désignent, avec James McGill, John Richardson*, Joseph Papineau* et James Walker, membre d’un comité mandaté pour discuter avec les commissaires du Haut-Canada le partage des recettes de la douane entre les deux provinces. Selon l’historien Francis-Joseph Audet*, c’est la mission la plus importante que l’Assemblée puisse confier à un de ses membres.
Comme la plupart des députés élus en 1792, François Malhiot ne remplit qu’un seul mandat. Son retrait de la vie publique s’effectue lentement. 11 est nommé juge de paix le 8 mai 1799. On ignore quand il devient colonel de milice, mais tout porte à croire que c’est vers la fin de sa vie. Ces deux fonctions, plutôt honorifiques, occupent ses loisirs durant sa retraite. Il meurt à Verchères le 28 janvier 1808. La Gazette de Québec, qui annonce sa mort le 4 février suivant, lui rend hommage : « François Malhiot, écuyer, négociant, universellement regretté dans le district de Montréal où ses relations de commerce et surtout ses vertus l’avoient plus particulièrement fait connoître [...] mérita toujours également la confiance du gouvernement et celle de ses compatriotes [...] II était fort instruit, très aimable et intéressant dans la société de ses amis, et faisoit le bonheur d’une famille qu’il éleva dans les sentiments d’honneur et de vertu, et qui le regrettera longtemps comme un des plus affectionnés et tendres pères. »
François Béland et Hélène Pars
ANQ-M, CE1-26, 30 janv. 1808 ; CE1-51, 20 oct. 1733, 11 janv. 1768 ; CN1-74, 6 juill. 1789 ; CN1-150, 26 avril 1769, 26 mars, 5 avril, 1er, 6, 11 juill. 1774, 14 juin 1777, 30, 31 mars 1779, 15 févr. 1782, 22 mai 1784, 7 août, 27, 28 sept. 1788, 24, 29 août, 22 sept., 30 nov. 1789, 20 avril 1790, 17 sept. 1793, 5 juill., 19 sept., 22 déc. 1794, 11 févr. 1799 ; CN1-295, 14 janv. 1804 ; CN1-313* 10 fëvr. 1802.— La Gazette de Québec. 4 févr. 1808.— F.-J. Audet, Les députés de Montréal, 131.— F.-J. Audet et Édouard Fabre Surveyer, « Les députés au premier parlement du Bas-Canada : François Malhiot », La Presse, 30 juill. 1927 : 41, 50.
François Béland et Hélène Pars, « MALHIOT, FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/malhiot_francois_5F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |