MALHIOT, FRANÇOIS-XAVIER (il signait aussi Xavier Malhiot), officier dans l’armée et dans la milices marchand, seigneur et homme politique, né le 4 décembre 1781 à Verchères, Québec, fils de François Malhiot* et d’Élisabeth Gamelin ; décédé le 12 juin 1854 à Boucherville, Bas-Canada.

Fils d’un commerçant prospère de Verchères, François-Xavier Malhiot reçut en 1804 une partie des biens de son père. La donation faite par ce dernier profitait également à deux autres de ses enfants, François-Victor et Pierre-Ignace. Celui-ci s’associa à François-Xavier en vue de continuer l’entreprise paternelle. Par ailleurs, quelques années auparavant, François-Xavier s’était engagé comme beaucoup de ses compatriotes dans le Royal Canadian Volunteer Regiment, spécialement formé à l’intention des Canadiens français par lord Dorchester [Carleton*] en 1796. Le 28 octobre 1800, le lieutenant Malhiot fut chargé de ramener de Kingston, dans le Haut-Canada, à Montréal un agitateur français du nom de Le Couteulx, soupçonné d’espionnage. Après avoir joint les rangs de la milice, Malhiot fut fait capitaine dans le bataillon de Saint-Ours, en 1802. Promu major en 1812, il obtint le grade de lieutenant-colonel de ce même bataillon en 1813. Il assuma ce commandement jusqu’à ce qu’il soit destitué par lord Dalhousie [Ramsay*] en 1828.

L’affaire entourant la destitution de Malhiot fit, à l’époque, beaucoup de bruit. Nommé président de l’assemblée des électeurs de la circonscription de Surrey, tenue le 27 décembre 1827 afin de « prendre en considération la nécessité d’exposer au Roi et aux deux Chambres du Parlement Impérial l’état de la Province », Malhiot n’avait pas hésité à appuyer plusieurs résolutions condamnant l’arbitraire du gouverneur. Il s’était même retrouvé président du comité formé « pour communiquer avec les comités généraux des villes de Montréal, de Québec et des Trois-Rivières, pour convenir de la nomination des agents » qui auraient le mandat d’aller porter les pétitions en Angleterre. Puis, quelques mois plus tard, sommé de venir rendre compte de sa conduite au gouverneur, il avait accepté d’avoir une audience privée, le 14 juin 1828, avec Dalhousie et le colonel George Heriot*. Il avait toutefois refusé de se rendre à Varennes, le 20 juin suivant, pour justifier sa conduite envers le lieutenant-colonel Jacques Le Moyne de Martigny. Ce dernier avait été expulsé d’une assemblée tenue à Verchères et présidée par Malhiot, après avoir voulu défendre la position du chef de l’exécutif. Le refus de Malhiot s’expliquait d’autant plus que la rencontre devait avoir lieu à la résidence même de son principal accusateur. La réponse de Dalhousie ne tarda pas : il ordonna au bureau de l’adjudant général de la milice de rayer la commission de Malhiot dans la milice, en même temps que celle de six autres officiers des bataillons des comtés de Surrey et de Richelieu. Daté du 25 juin 1828, l’avis parut dans la Minerve du 30 juin, soit une semaine après la publication dans ce même journal d’un long compte rendu de l’affaire de Varennes qualifiée par l’auteur de l’article de farce grotesque. Il n’en fallait pas plus pour alimenter le débat : dès le 4 juillet, Malhiot fit parvenir à l’imprimeur de la Minerve, Ludger Duvernay, la copie de deux lettres qui démontraient la mauvaise foi de Martigny et les circonstances dans lesquelles Malhiot avait appris de Heriot qu’une plainte avait été portée contre lui. Ces lettres parurent le 7 juillet, et, dix jours plus tard, le colonel Charles de Saint-Ours*, sous les ordres duquel Malhiot avait servi, émit publiquement un jugement favorable à son endroit. La querelle ne devait se régler qu’avec le départ de Dalhousie, nommé commandant de l’armée des Indes en 1829, ce qui n’empêcha pas cependant Malhiot de publier, l’année suivante, un mémoire sur sa destitution.

En plus de s’être illustré dans la carrière des armes, Malhiot se passionna pour la politique. Élu une première fois député à l’âge de 33 ans, il représenta la circonscription de Richelieu du 8 mars 1815 au 29 février 1816. De nouveau sur les rangs au lendemain de la crise Dalhousie, il fut élu, en remplacement d’Aignan-Aimé Massue, dans la circonscription de Surrey qu’il représenta du 30 décembre 1828 au 2 septembre 1830. Il fut élu une troisième fois, au moment où la circonscription de Verchères remplaça celle de Surrey, et il siégea avec Pierre Amiot du 26 octobre 1830 jusqu’au moment où il quitta ses fonctions, le 13 juin 1832. Il accéda alors au Conseil législatif et il en fit partie jusqu’à la suspension de la constitution, le 27 mars 1838.

Pendant les troubles de 1837–1838, Malhiot adopta une attitude semblable à celle de la plupart des membres du conseil, se montrant réfractaire à toute forme de bouleversement social et de violence armée. Le 23 octobre 1837, il participa à titre de délégué de Verchères à l’assemblée des six comtés qui eut lieu à Saint-Charles-sur-Richelieu. Il était en compagnie de Siméon Marchesseault lorsque l’affaire tourna mal. Ce dernier fut brutalisé, tandis que Malhiot était expulsé de la tribune pour avoir tenté de s’opposer aux résolutions des délégués. Dans sa déposition du 15 novembre suivant, celui-ci déclara s’être retiré de lui-même de la tribune après avoir entendu l’appel aux armes du docteur Cyrille-Hector-Octave Côté* qui avait soutenu « que c’était s’avilir de faire des assemblées et d’y passer des résolutions ; qu’il fallait faire usage de balles ou avoir recours à l’usage des balles ».

Malhiot n’était pas de ceux qui prisaient le changement social. Fils de marchand, il avait réussi par une alliance matrimoniale heureuse à s’introduire dans l’une des grandes familles seigneuriales de son époque. Il était devenu titulaire d’une partie du fief Saint-Jean dans la seigneurie de Saint-Ours en 1814, puis seigneur principal de Contrecœur en 1816, du chef de sa femme, Julie Laperière, fille de François Laperière (Boucher de La Perrière) et de Marie-Charlotte Pécaudy de Contrecœur. Ce mariage avait été célébré à Boucherville le 27 mai 1805. Deux ans plus tard, au décès de son beau-père, Malhiot était devenu l’un des héritiers de la seigneurie de Contrecœur. On conçoit dès lors son souci de maintenir les rapports sociaux existants. Cela s’imposa d’autant plus qu’il épousa en secondes noces à Boucherville, le 16 octobre 1821, Sophie Labruère, fille de Charles Labruère (Boucher de La Bruère) et de Josephte Labroquerie (Boucher de La Broquerie), issus tous deux de grandes familles seigneuriales. Plusieurs enfants naquirent de cette deuxième union, dont trois seulement survécurent.

En 1846, de concert avec ses fils, François-Xavier Malhiot vendit la seigneurie de Contrecœur à John Fraser, notaire et marchand de Terrebonne, et se retira à Boucherville. Il y vécut jusqu’à sa mort survenue le 12 juin 1854, quelques mois seulement avant l’abolition du régime seigneurial au Bas-Canada.

Serge Courville

François-Xavier Malhiot est l’auteur de : Mémoire de Xavier Malhiot, écuyer, membre de l’Assemblée du Bas-Canada, sur sa destitution par lord Dalhousie, en juin 1828, de la place de lieutenant-colonel dans la milice du comté de Surrey, paru à Montréal en 1830.

ANQ-M, CE1-22, 27 mai 1805, 16 oct. 1821 ; CN1-295, 14 janv. 1804. La Minerve, 10 janv., 16, 23, 26, 30 juin, 7, 17 juin., 27 oct. 1828, 30 avril, 18 juin 1832, 30 oct. 1837.— Almanach de Québec, 1800–1830.— Fauteux, Patriotes, 30.— Officers of British forces in Canada (Irving).— P.-G. Roy, Inv. concessions, 2 : 154, 159, 175.— Turcotte, le Conseil législatif.— F.-J. Audet, Contrecœur ; famille, seigneurie, paroisse, village (Montréal, 1940).— Michel Bibaud, Histoire du Canada et des Canadiens, sous la domination anglaise [1760–1830] (Montréal, 1844 ; réimpr., East Ardsley, Angl., et New York, 1968).— Azarie Couillard-Després, Histoire de la seigneurie de Saint-Ours (2 vol., Montréal, 1915–1917), 2.— Wolfred Nelson, Wolfred Nelson et son temps (Montréal, 1946).— J.-J. Lefebvre, « Études généalogiques : la famille Malhiot, de Montréal et de Verchères », SGCF Mémoires, 12 (1961) : 149–154.

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Serge Courville, « MALHIOT, FRANÇOIS-XAVIER (Xavier) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/malhiot_francois_xavier_8F.html.

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Auteur de l'article:    Serge Courville
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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