LE COMTE DUPRÉ, GEORGES-HIPPOLYTE, dit Saint-Georges Dupré, marchand, officier de milice, grand voyer substitut et homme politique, né à Montréal le 23 mars 1738, fils de Jean-Baptiste Le Comte* Dupré et de Marie-Anne Hervieux, décédé à Montréal le 26 novembre 1797.

Fils et petit-fils de commerçants prospères, Georges-Hippolyte Le Comte Dupré fit du commerce jusqu’en 1770 au moins. Toutefois, à l’instar de son frère aîné Jean-Baptiste*, ses goûts le portaient vers une carrière de militaire et de fonctionnaire ; les deux frères étaient de loyaux sujets de la couronne. Major de la milice canadienne à Montréal au début de l’invasion américaine en 1775, Georges-Hippolyte devint par la suite colonel, comme le devint son frère à Québec. Il fut l’un des six Canadiens parmi les 12 notables qui signèrent la capitulation de Montréal le 12 novembre 1775, et aussi l’un des dix Montréalais « reconn[us] pour de bons royalistes » qui furent désarmés par ordre du général américain, David Wooster. Le 6 février 1776, avec trois autres officiers de milice, dont Edward William Gray*, il fut emprisonné au fort Chambly pour avoir refusé de remettre sa commission. Le 25 juin 1776, après le départ des Américains, Le Comte Dupré fut avec Gray l’un des trois officiers chargés de recueillir, dans le district de Montréal, les armes et les commissions américaines aux mains des milices désaffectées, d’arrêter et de juger les espions et les sympathisants – expérience sans doute précieuse pour le rôle d’inspecteur de police qu’il assuma en temps de paix à Montréal, de 1788 à 1797.

De 1775 à sa mort, Le Comte Dupré fut commissaire de la milice pour les corvées et le transport des vivres et approvisionnements militaires dans le district de Montréal ; son fils, Pierre-Hippolyte, lui succéda à ce poste. Pendant la guerre, le transport vers les postes de l’Ouest – un arrière-pays étendu et difficile où la logistique était essentielle à la maîtrise militaire – avait été en grande partie sous sa responsabilité. L’arrière-pays constituait un rempart indispensable pour le Canada, et l’administration des transports dans cette région fut probablement sa réalisation la plus marquante. Pendant la campagne de 1777, il servit sur la « frontière », probablement en qualité de commissaire aux transports, sous les ordres de Burgoyne et de William Phillips. On ne peut le blâmer pour l’ « inactivité et la désertion des Canadiens de corvée », que déplorait Burgoyne, puisque Le Comte Dupré fut précisément empêché de les accompagner par le gouverneur sir Guy Carleton* qui jugea, qu’à titre de responsable, il ne pouvait « être dispensé du devoir de [les] recruter et de [les] envoyer » où ils étaient attendus. Le gouverneur Haldimand reconnut la compétence de Le Comte Dupré en le nommant, en 1783, grand voyer substitut du district de Montréal, sous les ordres du grand voyer de la province, François-Marie Picoté de Belestre, qui considérait son poste comme une sinécure.

À l’instar de la plupart des gentilshommes canadiens des années 1780, Le Comte Dupré était opposé à l’idée d’une assemblée élective et à l’extension des lois anglaises. Toutefois, quand survinrent les changements, il s’assura, comme beaucoup d’autres, une place à l’Assemblée comme représentant du comté bas-canadien de Huntingdon, situé à l’ouest de la rivière Richelieu sur la rive sud du Saint-Laurent, de 1792 à 1796. Sans doute gagna-t-il l’ « affection » des électeurs grâce à la largeur de vue qu’il avait manifestée en dirigeant les corvées avec un esprit de justice et en traitant humainement les personnes soupçonnées de sympathies américaines pendant la guerre.

Les deux épouses de Le Comte Dupré moururent jeunes. Le 9 janvier 1764, il avait épousé à Montréal Marie-Charlotte, fille de Daniel-Hyacinthe-Marie Liénard* de Beaujeu, qui mourut en 1769 après la naissance de leur deuxième fils. Il se remaria le 22 mars 1770, à Saint-Vincent-de-Paul (Laval), sur l’île Jésus, avec Marie-Louise-Charlotte de La Corne. La jeune fille quitta le domicile familial avant le mariage, et son père, Luc de La Corne, fit « grand bruit » avant de se résigner à donner son consentement. Marie-Louise-Charlotte mourut en janvier de l’année suivante, à l’âge de 20 ans.

A. J. H. Richardson

Un portrait à l’huile, conservé au château de Ramezay à Montréal, représenterait Le Comte Dupré. Il a été exécuté avant ou en 1799, après la mort de ce dernier, par Louis-Chrétien de Heer*. (a. j. h. r.)

ANQ-M, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 24 mars 1738, 9 janv. 1764 ; Saint-Vincent-de-Paul (Laval), 22 mars 1770.— APC, MG 24, L3, pp.116–122, 2 684–2 692, 2 952–2 954, 2 980s., 3 150s., 3 166, 3 180s., 3 200s., 3 215, 3 379–3 381, 3 790s., 3 832s., 3 871 s., 3 898, 3 968, 4 139s., 4 187, 4 223–4 226, 4 233s., 4 245–4 247, 4 300s., 4 357–4 359, 4 432–4 434, 4 468–4 470, 4 533s., 4 571–4 574, 4 585–4 594, 4 648s., 4 656–4 658, 4 750–4 753, 4 762–4 764, 4 802–4 804, 4 841s., 4 878–4 880, 4 924s., 4 975–4 977, 4 994s., 5 008–5 010, 5 017s., 5 025s., 5 042s., 5 065–5 067, 5 083, 5 332–5 334, 5 371s., 5 381–5 383, 5 391s., 5 403–5 405, 5 440–5 448, 5 467s., 5 474s., 5 480, 5 484–5 486, 5 490s., 5 533–5 535, 5 566–5 568, 5 577–5 582, 5 585–5 591, 5 595–5 597, 5 675s., 5 737s., 5 760, 5 779–5 82, 5 795s., 5 903s., 5 923s., 6 477s., 6 537s., 6 746, 6 863, 6 893 s., 7 100s., 7 141, 7 178–7 180, 7 191, 7 210s., 32 753s., 33 247–33 252 ; RG 8, I (C series), 201, p.118.— BL, Add. mss 21 733, f.3 ; 21 789, ff.203, 204 (copies aux APC).— American archives (Clarke et Force), 4e sér., IV : 991, 1 004s.— APC Rapport, 1887, 332, 336.— Invasion du Canada (Verreau), 34, 37, 93, 96–98, 319.— Inventaire des biens de Luc Lacorne de Saint-Luc, J.-J. Lefebvre, édit., ANQ Rapport, 1947–1948, 33, 35, 88s.— La Gazette de Montréal, 10 juill. 1792.— La Gazette de Québec, 22 janv. 1789, 20 déc. 1792, 7 déc. 1797.— Almanach de Québec, 1788, 1795.— Caron, Inv. de la corr. de Mgr Briand, ANQ Rapport, 1929–1930, 83.— Burt, Old prov. of Que. (1933), 286s., 412.— E. B. De Fonblanque, Political and military episodes [...] derived from the life and correspondance of the Right Hon. John Burgoyne [...] (Londres, 1876), 239, 248.— Neatby, Quebec, 149, 164, 201–203, 251s.— P.-G. Roy, La famille Le Compte Dupré (Lévis, Québec, 1941).

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A. J. H. Richardson, « LE COMTE DUPRÉ, GEORGES-HIPPOLYTE, dit Saint-Georges Dupré », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/le_comte_dupre_georges_hippolyte_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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