LANNELONGUE, JEAN-BAPTISTE (baptisé Jean mais on le désignait sous le prénom de Jean-Baptiste : il signait Lannelongue ou Lannelongue aîné), entrepreneur en pêcheries, marchand, corsaire, né en 1712 à Bayonne, France, apparemment le fils aîné d’Armand Lannelongue, marchand, bourgeois, et de Marie Barrière, décédé en 1768 à Bayonne.

La première mention possible de Jean-Baptiste Lannelongue en Amérique du Nord remonte à 1735 ; le nom d’un sieur Lannelongue, fournisseur du roi en matériaux de bas prix, figure dans les documents. Nous savons pertinemment qu’à compter de 1743 Jean-Baptiste résidait à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton) ; il commença alors à approvisionner le magasin du roi en marchandises variées. Ces transactions, pour la plupart, représentaient des sommes infimes, mais en 1743, un certain sieur Lannelongue remplit une importante commande de farine et de pois secs d’une valeur de 55 893#. Quelque temps plus tard, Lannelongue disparaît de Louisbourg ; il se peut fort bien qu’il soit retourné en France, avant ou au moment de l’occupation de l’île par les troupes de William Pepperrell, en 1745. Il réapparut lorsque la forteresse fut rendue à la France : il continua de commercer avec le gouvernement, mais les sommes impliquées étaient négligeables et ses activités les plus importantes étaient ailleurs.

En 1750 ou avant, Lannelongue avait formé une société avec Bertrand Imbert, un autre marchand de Louisbourg, et ils tentèrent de se lancer dans le commerce du poisson. Nous ignorons l’importance de leurs opérations ; toutefois, nous savons qu’iis embauchèrent des pêcheurs et des ouvriers en 1749 et en 1750 et qu’ils s’occupaient toujours activement de ce commerce en 1757. Ils firent l’acquisition de quatre goélettes avant la guerre de Sept Ans et semblent avoir expédié des marchandises, vraisemblablement de la morue, en Martinique et à Bayonne en 1756.

Après le début des hostilités, les deux associés armèrent une série d’expéditions pour la guerre de course. La première eut lieu en juillet 1756 avec la goélette Tourterelle sous le commandement de Maurice Simonin. On s’empara de deux vaisseaux anglais : néanmoins des dépenses s’élevant à 4 870#, auxquelles venait s’ajouter la part du profit brut qui revenait à l’équipage (1 350#), entraînèrent un déficit d’environ 3 400#. Plus tard, au cours de la même année, le Victory captura un schooner de la Nouvelle-Angleterre de 50 tonneaux, mais les documents n’indiquent pas si l’expédition accusa un profit ou une perte. L’expédition suivante, celle de la goélette la Capricieuse, en 1757–1758, occasionna de lourdes pertes, soit 14 711#, après le règlement de la part qui revenait à l’équipage. Un quatrième bateau, le Junon, captura un vaisseau de la Virginie qui jaugeait 50 tonneaux.

Lannelongue était de retour à Bayonne à la fin de 1759 et il poursuivit les mêmes activités, toujours avec Imbert. Lorsque la guerre prit fin, les deux hommes avaient déjà armé au moins six corsaires, dont quelques-uns étaient des prises et les autres avaient été construits pour la circonstance. Ces bateaux firent au moins une douzaine de captures. Lorsque la paix fut rétablie, les deux associés retournèrent à leur entreprise de pêche ; ils équipèrent quelque trois vaisseaux par année, qu’ils expédiaient avec une cargaison d’articles de traite destinés aux pêcheurs des îles Saint-Pierre et Miquelon ou à ceux de Grand Banks, ou encore ils envoyaient ces bateaux en expéditions de pêche. Il se peut fort bien que ces bateaux se soient également livrés au commerce côtier. En 1767 et 1768, Lannelongue et son associé expédièrent du grain en Espagne.

Lannelongue avait épousé Anne Richard à Louisbourg en 1743 ; celle-ci était veuve de Jean-Baptiste Lascoret (probablement l’ancien commis de Michel Daccarrette, père). Ils eurent au moins six enfants à Louisbourg et cinq autres après avoir quitté la forteresse en 1758 ; le dernier naquit en 1765. Pierre, frère cadet de Jean-Baptiste, était lui aussi à Louisbourg où il remplissait la charge de greffier commis et de greffier du bailliage.

T. J. A. Le Goff

AD, Charente-Maritime (La Rochelle), B, 6 119 ; 6 122, nos 1–13 ; 6 124.— AN, Col., C11A, 11–13 ; Section Outre-Mer, G1, 407–409, 431, 459 ; G3, 2 044–2 045, 2 047.— Archives communales, Bayonne, EE, 65, 69, 71–73 ; FF, 329–331, 361 ; GG, 56, 102, 104–105, 127.— Archives de la Chambre de Commerce de Bayonne, Registres, 32–33, 39–48.— Musée basque de Bayonne, Notes manuscrites de René Godinot concernant les corsaires de Bayonne.

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T. J. A. Le Goff, « LANNELONGUE, JEAN-BAPTISTE (baptisé Jean) (Lannelongue aîné) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lannelongue_jean_baptiste_3F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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