Titre original :  Le peintre Louis-Crestien de Heer

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HEER, LOUIS-CHRÉTIEN DE, peintre et doreur, né le 3 novembre 1760 à Bouxwiller, France, fils de Jean-Tobie Heer, commissaire à la cour de Bouxwiller, et de Frédérique-Louise Ouvrier ; décédé avant 1808.

Louis-Chrétien de Heer fut baptisé dans la religion protestante luthérienne et eut trois parrains et deux marraines, tous au service de la petite noblesse de Bouxwiller et des environs. De Heer arrive en Amérique en 1776 comme porte-enseigne dans le régiment de Specht des troupes de Brunswick, venues comme mercenaires pour servir de renfort aux troupes britanniques engagées dans la Révolution américaine.

Après la guerre, de Heer s’installe à Montréal et y épouse le 25 juillet 1784, à l’église anglicane Christ Church, Marie-Angélique Badel, fille d’Antoine Badel, tailleur d’habits. Le couple, de 1785 à 1790, aura quatre filles qui seront baptisées soit à Montréal, soit à Québec, les deux villes où de Heer pratiqua son métier.

En 1787, de Heer, demeurant rue des Pauvres (côte du Palais) à Québec, fait paraître une annonce dans la Gazette de Québec, où « il s’offre à tirer des Portraits en Huile et Pastel, des Paysages, Tapisseries de toutes Especes [...] et se fait fort d’instruire en peu de tems toutes les personnes qui desireront, d’apprendre le dessein ». Mais cette activité ne suffisant pas à ses besoins, il signe, deux ans plus tard, un contrat d’envergure avec le curé de Saint-Charles, près de Québec, en dépit du fait qu’il était protestant, par lequel il s’engage à effectuer les travaux de dorure du dais de l’église et à exécuter sept tableaux pour le chœur, représentant le Christ et six apôtres, de même qu’un Saint-Esprit pour le sanctuaire et un saint Jean-Baptiste pour les fonts baptismaux.

Mais en septembre 1789, toujours à la recherche de contrats plus lucratifs, de Heer se retrouve à Montréal, rue Saint-Paul. Sa publicité, dans la Gazette de Montréal cette fois, annonce du « bon ouvrage à un prix médiocre ». De Heer « se flatte en outre de savoir dorer à l’huile, à la colle & au vernis copale, & offre de plus, de donner toutes instructions possibles [...] dans l’art du dessein ».

De Heer désire s’attirer de la clientèle et ses pérégrinations supposent qu’il ne peut obtenir assez d’appuis dans une ville ou dans l’autre. Il retourne à Québec et, en juillet 1790, il annonce ses services habituels, peinture et enseignement, en plus d’informer les lecteurs « qu’il a reçu par les derniers bâtiments d’Europe un assortiment de peintures superfines, cahiers de différentes sortes de fleurs, paisages &c ». Cependant, il doit pour survivre séduire sa clientèle en réduisant substantiellement ses prix pour « les portraits à moitié personne ». Cette même année, il travaille à la dorure du retable de l’église Notre-Dame-de-Bon-Secours, à L’Islet.

La clientèle catholique de de Heer ainsi que la famille de son épouse l’ont sans doute influencé car, en septembre 1792, dans la salle des malades de l’Hôtel-Dieu de Québec, il abjure la foi protestante pour la foi catholique. En 1800, il signe une pétition avec d’anciens compagnons d’armes pour l’obtention d’une terre, qui leur sera refusée. À partir de cette date, il ne subsiste aucun renseignement sur l’artiste jusqu’au 25 janvier 1808, date du mariage de sa fille Marie-Louise avec Pierre-Guillaume De Lisle. Dans le contrat de mariage de ces derniers, de Heer est dit absent du pays tandis que dans l’acte de mariage on le dit décédé.

Quantité de tableaux religieux et de portraits de civils, de militaires et d’ecclésiastiques sont attribués à Louis-Chrétien de Heer. Cependant, aucune de ces œuvres ne porte une signature et aucun document ne confirme ces attributions, à l’exception d’un saint Louis dans l’église Saint-Michel, à Vaudreuil, qui porte le nom de de Heer inscrit en lettres moulées. De Heer a sans doute connu de nombreuses difficultés à vivre des revenus de sa peinture. À côté des œuvres de contemporains, tels François Malepart* de Beaucourt, Louis Dulongpré* et William Berczy, les portraits qu’on attribue à de Heer affichent une technique rigide et naïve. Ses sujets, soldats ou ecclésiastiques, sont vus de face avec très peu de profondeur. Son utilisation de la couleur et du découpage en fait toutefois un des meilleurs portraitistes primitifs du Bas-Canada. Comme les autres peintres peu connus, il était un itinérant. Par la force des circonstances, de Heer était versatile ; par malchance, il était en compétition avec plusieurs peintres plus accomplis.

Suzanne Lacasse-Gales et Peter N. Moogk

AD, Bas-Rhin (Strasbourg), État civil, Bouxwiller, 3 nov. 1760.— ANQ-M, CE1-51, 13 mai 1785, 30 nov. 1790, 25 janv. 1808, 6 janv. 1825 ; CN1-158, 25 juill. 1784 ; CN1-269, 23 janv. 1808.— AP, Notre-Dame-de-Bon-Secours (L’Islet), Livres de comptes, 2 : 81 ; Notre-Dame de Québec, Abjurations, 8 sept. 1792.— APC, RG 1, L3L : 94214.— ASSM, 19, tiroir 66A.— MAC-CD, Fonds Morisset, 2, H459/L888.4.— La Gazette de Montréal, 17, 24 sept. 1789.— La Gazette de Québec, 16 août 1787, 29 juill. 1790.— J. R. Harper, Early painters and engravers in Canada ([Toronto], 1970), 153s. ; Painting in Canada, a history (Toronto et Québec, 1966), 73, 75, 78, 424.— Gérard Morisset, La peinture traditionnelle au Canada français (Ottawa, 1960), 63–66.

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Suzanne Lacasse-Gales et Peter N. Moogk, « HEER, LOUIS-CHRÉTIEN DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/heer_louis_chretien_de_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    28 novembre 2024