Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 2837871
LAMBERT, JOHN, voyageur, auteur et aquarelliste, né vers 1775 en Angleterre ; circa 1806–1816.
John Lambert vint dans le Bas-Canada en 1806. Il accompagnait son oncle, James Campbell, envoyé par le comité de commerce du Conseil privé de Londres pour promouvoir la culture du chanvre dans la colonie. Il ne semble pas cependant que Lambert ait été engagé d’une quelconque façon dans ce projet qui tournera à l’échec vers 1810. D’ailleurs, bien avant ce dénouement, soit en 1806, il entreprit de parcourir la colonie et certains états américains. Avait-il dès ce moment conçu le projet d’écrire un compte rendu de son voyage ? Une chose est certaine : c’est en observateur perspicace, doté d’un œil critique et extrêmement précis, qu’il effectua son périple, accumulant les données et les anecdotes de tous genres.
Lambert demeura dans le Bas-Canada en 1806 et 1807, visitant Québec, Montréal et les agglomérations situées entre ces deux points. À chaque endroit, il semble avoir fréquenté les personnages influents et avoir reçu, autant chez les Britanniques que chez les Canadiens, chez les catholiques que chez les protestants, un accueil ouvert et chaleureux. Par la suite et dans les mêmes conditions, il visita les États-Unis, de l’état de New York jusqu’à la Caroline du Sud.
Lambert revint à Québec en 1809 et repartit presque immédiatement pour Londres. L’année suivante, il fit paraître en trois volumes ses Travels through Lower Canada, and the United States of North America, in the years 1806, 1807, and 1808 [...], dont le vif succès l’amena à préparer une deuxième édition en deux volumes en 1813, une troisième l’année suivante et une quatrième en 1816. Il illustra lui-même son ouvrage avec des aquarelles plutôt sobres et naïves représentant des endroits visités, des objets d’utilité courante et les vêtements portés par les femmes, les prêtres, les soldats, les étudiants du séminaire et les Indiens. En 1811, Lambert fit aussi paraître, avec une longue introduction laudative sur la vie américaine, une édition anglaise de ce qu’il considérait comme un spécimen de la littérature américaine, soit les essais de Washington Irving, Salmagundi ; or, the whimwhams and opinions of Launcelot Langstaff, esq., and others [...].
Lambert publia ses Travels, qui se voulaient une description de la situation sociale et économique du Bas-Canada, parce que, affirmait-il, les progrès rapides de la colonie avaient rendu caducs les anciens récits de voyage – le dernier, celui d’Isaac Weld*, Travels through the states of North America, and the provinces of Upper and Lower Canada, during the years 1795, 1796 and 1797, ayant paru à Londres en 1799.
Dans son livre, Lambert ne manifesta aucun intérêt de parti ou de classe. Il tenta, dans la mesure du possible, de brosser un tableau juste et réaliste même s’il ne put, à l’occasion, cacher son aversion pour les manifestations encore visibles de l’influence du Régime français et pour le clergé qu’il trouvait certes utile à cause de sa vocation sociale, mais aussi source de sclérose et de retard pour la population catholique.
Loin de présenter un récit chronologique de son voyage, Lambert agença ses notes de façon à montrer à l’intérieur de chacun de ses chapitres un aspect différent du Bas-Canada : la géographie, le climat, la géologie, la botanique et la zoologie. Il étudia les villes et les campagnes, évalua la population et compila de nombreuses données, appuyées par des tableaux, sur des aspects de l’économie comme l’agriculture, l’industrie, le commerce au détail, la traite des fourrures, les exportations, les importations, la monnaie et bien d’autres éléments.
Lambert s’attacha également à l’aspect social. Il décrivit les mœurs et la déchéance des Indiens, divisa la population des villes et des campagnes en classes sociales, raconta, à l’aide de nombreuses anecdotes, les us et coutumes des habitants et des citadins. Il dépeignit, parfois avec ironie, mais sans manifester de mauvaise foi agressive, différents groupes, tels les prêtres, les religieuses et les femmes qui étaient, selon lui, plus instruites et qui jouissaient d’une grande influence sur leur mari. Il tenta, en outre, de déchiffrer le système judiciaire et les lois françaises, d’expliquer la tenure seigneuriale et de cerner l’emprise de l’Église sur les Canadiens.
Lambert se montra tout aussi minutieux dans sa description de la société américaine. Il la compara avantageusement à la société canadienne dans quasiment tous les domaines : routes, fermes, villes, commerce, éducation, art, richesse et... scandales. Cette analyse démontra la différence flagrante qui existait déjà entre les Anglais et les Américains, une génération après l’indépendance.
Les renseignements biographiques concernant John Lambert sont des plus parcellaires. Pourtant, son bref séjour au Canada s’avère d’une importance certaine parce que les écrits qui en résultèrent ont été beaucoup lus et utilisés par les historiens, les raconteurs et les romanciers. Le désir d’objectivité de l’auteur transparaît tellement tout au long de l’ouvrage que plus d’un s’est laissé convaincre de la qualité du récit et de la justesse des arguments. Il ne fait nul doute cependant que Lambert était avant tout fidèle à son époque et à sa nationalité.
Le récit de John Lambert, Travels through Lower Canada, and the United States of North America, in the years 1806, 1807, and 1808, to which are added, biographical notices and anecdotes of some of the leading characters in the United States ; and of those who have, at various periods, borne a conspicuous part in the politics of that country, parut en trois volumes à Londres en 1810 ; il fut réédité sous des titres légèrement différents en deux volumes en 1813, 1814 et 1816. Malgré le succès de cet ouvrage et bien que des historiens francophones y aient largement puisé, les Travels de Lambert ne furent jamais traduits. Cependant, des extraits en français sont parus dans différents articles, notamment « Du voyage de J. Lambert en Canada (1810) », la Bibliothèque canadienne (Montréal), 3 (1826) : 130–132 ; « État de la littérature canadienne en 1809 », 7 (1828) : 57–60 ; Ægidius Fauteux, « La romanesque mais peu véridique histoire de Mlle d’Artigny », BRH, 41 (1935) : 167–171.
C. P. De Volpi, Québec, recueil iconographique [...] 1608–1875, Jules Bazin, trad. (s.l., 1971).— DNB.— Hare et Wallot, Les imprimés dans le B.-C., 259–262.— J. R. Harper, Early painters and engravers in Canada ([Toronto], 1970).— Norah Story, The Oxford companion to Canadian history and literature (Toronto et Londres, 1967).— Tremaine, Biblio. of Canadian imprints.— Histoire littéraire du Canada, littérature canadienne de langue anglaise, C. F. Klinck et al., édit., Maurice Lebel, trad. (Québec, 1970), 122, 163, 222.— Sulte, Mélanges hist. (Malchelosse), 7 : 116–118.
Jacqueline Roy, « LAMBERT, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lambert_john_5F.html.
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Auteur de l'article: | Jacqueline Roy |
Titre de l'article: | LAMBERT, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |