LAJUS, FRANÇOIS (baptisé Louis-François et appelé aussi François-Xavier), chirurgien-major, né à Québec le 28 août 1721, fils de Jordain Lajus*, chirurgien, et de Louise-Élisabeth Moreau, dit Lataupine, décédé à Québec le 6 octobre 1799.
François Lajus s’initia à la chirurgie auprès de son père. Il devint ensuite chirurgien militaire et, le 11 janvier 1745, l’intendant Hocquart lui octroyait une commission de chirurgien-major pour accompagner en Acadie un détachement commandé par Paul Marin* de La Malgue. Lajus devait retourner en Acadie quelques années plus tard, puisqu’il se trouvait à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), lors de la prise de la place par les Anglais en 1758 [V. Augustin de Boschenry* de Drucour]. En compagnie d’un guide indien, il revint immédiatement à Québec, apportant la nouvelle de la chute de la forteresse.
Durant le siège de Québec, au cours de l’été de 1759, Lajus soigna les nombreux blessés transportés à l’Hôpital Général. Après la Conquête, il pratiqua la chirurgie dans la ville et, bien qu’il ne fût attaché à aucun hôpital en particulier, il fut souvent appelé en consultation à l’Hôtel-Dieu. Comme son père, il fut chirurgien des récollets et marguillier de la paroisse Notre-Dame de Québec. Grand ami du seigneur de Lauson, Étienne Charest, il entretint une correspondance avec lui après le départ de Charest pour la France en 1765.
Une note, parue dans la Gazette de Québec du 29 mars 1770, montre que les chirurgiens n’étaient pas à l’abri des critiques ou des calomnies. L’auteur, William Laing, fait une mise au point sur les rumeurs voulant que le docteur François Lajus ait eu une « conduite blâmable » lors de l’accouchement de Mme Laing. Non seulement, écrit-il, ces rumeurs sont fausses, mais, selon son épouse, Lajus « a été l’Instrument qui lui a conservé la vie, par sa grande expérience et ses bons soins ; et qu’elle souhaite de lui en faire, par ce présent, ses Remerciements ; et qu’elle le préfereroit, dans une telle occasion, à qui que ce soit dans la ville ».
Il semble en effet que la réputation du docteur Lajus fut fort bonne et sa clientèle nombreuse. Ce n’était pas le cas de tous ceux qui se mêlaient de pratiquer la médecine ou la chirurgie. La profession n’était pas organisée à l’époque. Sous le Régime français il y avait bien eu, en 1750, une ordonnance de l’intendant Bigot, qui obligeait tout étranger à passer un examen devant le médecin du roi avant de pouvoir pratiquer, mais elle était tombée en désuétude, et rien n’était venu la remplacer depuis la Conquête. Aussi, le nombre de charlatans se faisant passer pour médecins et causant de graves préjudices à la santé des habitants était beaucoup plus élevé que celui des médecins et chirurgiens qualifiés. Pour mettre fin à ces abus, le gouverneur lord Dorchester [Carleton*] promulgua, en 1788, une ordonnance qui défendait à quiconque, sous peine d’amende sévère, de pratiquer la médecine, la chirurgie et l’obstétrique sans d’abord se présenter devant le Bureau des examinateurs en médecine, soit à Québec, soit à Montréal. À cause de ses connaissances et de sa vaste expérience, Lajus fut choisi par le gouverneur pour faire partie de ce premier bureau à Québec.
Le chirurgien avait épousé à Québec, le 14 novembre 1747, Marguerite Audet de Piercotte de Bailleul, et ils eurent plusieurs enfants, tous morts en bas âge. Le 11 août 1776, il épousa en secondes noces Angélique-Jeanne Hubert, sœur du supérieur du séminaire et futur évêque de Québec, Jean-François Hubert. L’aîné de leurs enfants, François-Marie-Olivier-Hubert, devait mourir tragiquement en 1795, à l’âge de 17 ans, d’une balle dans la tête. Le présumé assassin, Abel Willard, se suicida en prison et l’enquête conclut à un cas de « Phrénésie ». Les deux autres fils de Lajus, Jean-Baptiste-Isidore-Hospice et René-Flavien, furent ordonnés prêtres tandis que sa fille, Jeanne-Françoise-Louise-Luce, épousait, en 1796, Pierre-Stanislas Bédard*.
ANQ-Q, AP-P-1 106 ; État civil, Catholiques, Notre-Dame de Québec, 28 août 1721, 14 nov. 1747, 11 août 1776, 8 oct. 1799.— La Gazette de Québec, 29 mars 1770, 7 mai 1795.— P.-G. Roy, Fils de Québec, II : 16–18 ; Inv. concessions, V : 3 ; Inv. contrats de mariage, IV : 25 ; Inv. jug. et délib., 1717–1760, V : 245 ; VI : 26 ; Inv. ord. int., III : 66, 150.— Tanguay, Dictionnaire, I : 339 ; V : 97.— Abbott, History of medicine.— M.-J. et G. Ahern, Notes pour l’hist. de la médecine, 325–331.— Heagerty, Four centuries of medical history in Canada, I : 226.— J.-E. Roy, Histoire de la seigneurie de Lauzon (5 vol., Lévis, Québec, 1897–1904), II.— P.-G. Roy, À travers l’histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec (Lévis, 1939), 181 ; La famille Lajus, BRH, XL (1934) : 243–247.
Thérèse P. Lemay, « LAJUS, FRANÇOIS (baptisé Louis-François) (François-Xavier) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lajus_francois_4F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |