Titre original :  Photograph Honourable George Irvine, Montreal, QC, 1891 Wm. Notman & Son 1891, 19th century Silver salts on paper mounted on paper 13.6 x 9.8 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. II-95082.1 © McCord Museum Keywords:  male (26812) , Photograph (77678) , portrait (53878)

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IRVINE, GEORGE, avocat, professeur, homme politique et juge, né le 16 novembre 1826 à Québec, fils de John George Irvine, marchand, et d’Ann Bell ; le 19 août 1856, il épousa au même endroit Annie Routh LeMesurier, fille du marchand Henry LeMesurier*, et ils eurent au moins huit enfants ; décédé le 24 février 1897 dans sa ville natale.

Petit-fils de Mathew Bell* et de James Irvine*, George Irvine appartient à de grandes familles influentes dans la vie politique et économique du Bas-Canada au début du xixe siècle. On ne sait rien de son enfance ni de sa jeunesse, si ce n’est qu’il fait des études classiques à Québec avec le révérend Francis James Lundy. Il reçoit une commission d’avocat le 7 janvier 1848 et pratique d’abord le droit en société avec Charles Gates Holt, puis avec Edward H. Pemberton. Il se spécialise ensuite en droit commercial, qu’il enseigne d’ailleurs au Morrin College, inauguré en 1862. Ses contacts familiaux et professionnels sont un atout qu’il exploite. Devenu rapidement une sommité dans sa profession, il est l’un des avocats préférés des commerçants de bois et des financiers. Fait conseiller de la reine le 28 mars 1868, il sera bâtonnier du barreau de Québec en 1872–1873 et en 1884–1885. Le Bishop’s College le nommera chancelier le 23 juin 1875 – Irvine quittera ce poste le 11 avril 1878 – et lui conférera le lendemain un doctorat honoris causa en droit civil.

Au printemps de 1863, Irvine brigue avec succès les suffrages dans Mégantic sous la bannière libérale-conservatrice. Il est difficile de comprendre ce qui l’a poussé à faire de la politique, d’autant plus qu’à l’Assemblée législative de la province du Canada il parle peu et s’absente souvent. En 1865, il n’intervient pas notamment dans les débats sur la Confédération et ne vote qu’une seule fois sur les amendements. C’est d’ailleurs sa renommée de juriste et son appartenance à la minorité anglophone – plus que ses états de service en politique – qui lui valent d’être nommé par le premier ministre Pierre-Joseph-Olivier Chauveau* au poste de solliciteur général dans le premier cabinet de la province de Québec, en juillet 1867.

Irvine se révèle très averti en droit constitutionnel. Au sein du cabinet et à l’Assemblée, il suit de près les négociations qui entourent le partage de la dette de la province du Canada entre le Québec et l’Ontario. Il veille à l’application intégrale de la constitution, aux intérêts de la région de Québec et à ceux de sa circonscription, ainsi qu’à l’organisation de la justice. Il s’intéresse aussi aux questions ferroviaires à titre de membre du comité des chemins de fer entre 1867 et 1876. Esprit cultivé, froid et méthodique, Irvine est un débatteur redoutable dont l’éloquence repose sur la cohérence, la précision et la clarté de l’argumentation. De religion anglicane, en sympathie avec la largeur d’esprit du clergé catholique de Québec, il ne prise guère la montée de l’aile ultramontaine au sein du parti conservateur. Après les élections provinciales de 1871, il s’oppose à la fondation d’une université jésuite à Montréal et à la modification de la tenue des registres d’état civil, deux projets que patronnait Mgr Louis-François Laflèche. Très engagé dans la politique provinciale – la minorité anglophone le reconnaît comme son porte-parole au sein du gouvernement depuis le départ de Christopher Dunkin* le 25 octobre 1871 –, il ne brigue pas les suffrages aux élections fédérales de 1872.

La démission de Chauveau en 1873 engendre un remaniement ministériel. Gédéon Ouimet* devient alors premier ministre et Irvine procureur général. À ce titre, il favorise l’entrepreneur Thomas McGreevy au moment de l’octroi, en janvier 1874, du contrat de construction du chemin de fer de la rive nord. À l’été de 1874, le scandale des Tanneries [V. Louis Archambeault*] le place au centre de l’actualité politique. La vente d’un terrain à un spéculateur, effectuée avec le consentement du cabinet à qui, cependant, on a caché des informations, choque profondément Irvine. Sa démission le 30 juillet, suivie de celles de deux autres ministres, Joseph Gibb Robertson et John Jones Ross*, occasionne la chute du cabinet Ouimet et amorce une inimitié durable entre Irvine et Joseph-Adolphe Chapleau, solliciteur général. Irvine siège dès lors à titre de conservateur indépendant jusqu’aux élections provinciales de 1875 où il est élu sous la bannière libérale dans Mégantic.

En décembre 1875, au cours du débat sur la construction du Québec, Montréal, Ottawa et Occidental, Irvine plaide la cause des chemins de fer de la rive sud. Plutôt que de le voir passer dans le camp libéral, le premier ministre Charles-Eugène Boucher* de Boucherville le nomme commissaire du Québec, Montréal, Ottawa et Occidental, avec mandat d’examiner les états de compte et les réclamations des entrepreneurs qui reçoivent des subventions du gouvernement. Irvine abandonne donc son siège le 28 janvier 1876, mais il consacre plus de temps à la pratique de sa profession qu’à la surveillance des entrepreneurs. À titre de procureur des actionnaires du chemin à lisses de Lévis à Kennebec, alors en faillite, il entreprend en 1877 une série de procès contre l’entrepreneur Louis-Adélard Senécal*, ce qui accroît son inimitié avec Chapleau, devenu secrétaire de la province. Au moment du coup d’État du lieutenant-gouverneur Luc Letellier* de Saint-Just, Irvine se range du côté des libéraux. Réélu dans Mégantic le 1er mai 1878, il poursuit à l’Assemblée législative sa lutte contre le tandem Senécal-Chapleau. En 1880, il attaque Clément-Arthur Dansereau*, publiciste du parti conservateur – qui avait manigancé l’affaire des Tanneries – et Senécal devant le comité des comptes publics. En mai 1881, le parti ministériel tente d’impliquer Irvine dans une manœuvre frauduleuse reliée à la vente du chemin à lisses de Lévis à Kennebec, mais l’Assemblée exonère le député de Mégantic. En octobre et novembre suivants, avec Honoré Mercier, Irvine défend l’Électeur et Wilfrid Laurier* que Senécal poursuit à la suite de la publication, le 20 avril 1881, d’un article intitulé « la Caverne des 40 voleurs ». Au printemps de 1882, Irvine s’oppose vainement à la vente du Québec, Montréal, Ottawa et Occidental au syndicat mis sur pied par Senécal, en arguant que sir Hugh Allan* avait fait une offre plus élevée.

Quand le premier ministre Chapleau quitte la scène provinciale à l’été de 1882, Irvine favorise une coalition entre Mercier et Joseph-Alfred Mousseau*, c’est-à-dire entre les modérés des deux partis, mais l’entente échoue. Conservateurs modérés et ultramontains acceptent alors une trêve et se rallient autour de John Jones Ross qui forme un gouvernement de transition. Mercier, le chef de l’opposition, fait flèche de tout bois et donne libre cours à ses sentiments autonomistes au printemps de 1884. Irvine, pour qui le Parlement fédéral est l’autorité suprême et pour qui les provinces ne possèdent que des pouvoirs délégués, se trouve dans une situation inconfortable au sein du parti libéral. Il ne saurait s’entendre ni avec les mercieristes ni avec les libéraux radicaux de la Patrie. Il use donc de son influence politique pour accéder à la magistrature. Le 7 juin 1884, on le nomme juge à la Cour de vice-amirauté pour le district de Québec puis, le 2 octobre 1891, juge de l’amirauté à la Cour de l’échiquier pour le même district. Il poursuit sa brillante carrière d’avocat devant d’autres tribunaux, et plaide même devant le Conseil privé.

Au moment de résigner ses fonctions de député de Mégantic le 6 juin 1884, George Irvine s’était vu accorder un « avantage assez rare, celui d’être nommé juge par ses adversaires politiques ». Ses collègues de l’Assemblée reconnaissent en lui le spécialiste des « questions de droit constitutionnel » et lui portent « le témoignage qu’on rend aux hommes loyaux, aux esprits droits ». À l’occasion de ce départ, Mercier résume toute la carrière de l’homme public : « la Chambre perd une de ses lumières ; l’opposition, une de ses forces ; la politique(,] un de ses ornements », mais « la judicature du pays va en bénéficier ». Irvine se montre à la hauteur de ce témoignage jusqu’à sa mort, le 24 février 1897.

Jean Hamelin et Michel Paquin

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Jean Hamelin et Michel Paquin, « IRVINE, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/irvine_george_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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