LYNCH, WILLIAM WARREN, avocat, homme politique et juge, né le 30 septembre 1845 à Bedford, Bas-Canada, fils de Thomas Lynch, fermier, et de Charlotte Williams ; le 25 mai 1874, il épousa à Knowlton, Québec, Ellen Florence Pettes, et ils eurent deux fils ; décédé le 23 novembre 1916 au même endroit.

Le père de William Warren Lynch, originaire du comté de Cavan (république d’Irlande), était arrivé au Canada vers 1830, et sa mère descendait de loyalistes établis dans le canton de Stukely, au Bas-Canada. Le jeune Lynch fréquenta la Stanbridge Academy puis l’University of Vermont à Burlington. Boursier du McGill College en 1862, il dut abandonner ses études après quelques mois pour raisons de santé et passa les années suivantes dans la ferme paternelle tout en enseignant dans les environs. En 1865, il fut admis à l’étude du droit et, après un stage de clerc, il obtint sa licence en droit du McGill College en mai 1868, remportant la médaille d’or Elizabeth Torrance pour excellence en droit romain.

Admis au barreau en juin, Lynch s’établit à Knowlton, qu’il ne quitta que quelques années pour Sweetsburg, chef-lieu du district de Bedford. Au moment de la menace fénienne en 1866, il avait participé à la formation du corps de milice de Brome, le Home Guard, avec lequel il prit part à l’escarmouche de Eccles Hill, le 25 mai 1870 [V. John O’Neill*].

Imbu d’esprit civique, Lynch contribua à la fondation à Cowansville du journal Observer en 1870 et en assuma la rédaction pendant quelques années. Sans avoir fait campagne au moment des élections provinciales de 1871, il se trouva élu sans opposition le 12 juin dans la circonscription de Brome. Au milieu de la vingtaine, il devenait l’un des plus jeunes députés de l’Assemblée et il parvint à se faire réélire cinq fois consécutives pour les conservateurs dans cette circonscription protégée des Cantons-de-l’Est.

Dès son arrivée au pouvoir, Joseph-Adolphe Chapleau* nomma Lynch solliciteur général le 31 octobre 1879 puis, à l’abolition de ce poste, commissaire des Chemins de fer du 30 juin au 31 juillet 1882. Lynch occupa le poste de commissaire des Terres de la couronne dans le gouvernement de Joseph-Alfred Mousseau*, qui succéda à celui de Chapleau, et conserva cette responsabilité dans les cabinets de John Jones Ross* et de Louis-Olivier Taillon* jusqu’à sa démission provoquée par la chute du gouvernement Taillon, le 29 janvier 1887. Il devait abandonner sa circonscription de Brome le 5 juillet 1889, au moment de sa nomination à titre de juge de la Cour supérieure pour le district de Bedford.

La carrière parlementaire de Lynch se révéla assez mouvementée et, bien qu’il ne remît jamais en question son allégeance conservatrice malgré l’idéologie des ultramontains de son parti, on le vit appuyer plusieurs propositions des libéraux. Par exemple, le 10 décembre 1874, il appuya l’amendement qui condamnait l’incurie de son gouvernement dans l’affaire du scandale des Tanneries [V Louis Archambeault*]. En 1881, quand Joseph-Israël Tarte* et Honoré Mercier* se portèrent à la défense de leur collègue George Irvine*, accusé de manoœuvres frauduleuses liées à la vente du chemin à lisses de Lévis à Kennebec, il se rangea de leur côté par solidarité avec les autres députés anglophones. Toutefois, le 9 mars 1878, il avait tenté, sans succès, de contrer le coup d’État de Luc Letellier* de Saint-Just qui venait de donner le pouvoir au libéral Henri-Gustave Joly*. Le 29 octobre 1879, c’est lui qui, avec Edmund James Flynn*, devait provoquer la chute de ce gouvernement.

Le représentant de Brome s’intéressa activement à plusieurs dossiers importants : il défendit efficacement les chemins de fer, dont l’importance était vitale pour sa région, et, en 1888, il devint vice-président de l’Orford Mountain Railway Company. Le comité parlementaire responsable de la création des programmes des écoles protestantes l’appela à titre d’associé en 1876 ; à deux reprises, Lynch avait été président de la Provincial Association of Protestant Teachers et il serait membre du comité protestant du Conseil de l’instruction publique de 1897 à 1900. On lui doit aussi l’organisation du premier service des pêcheries lorsque ce champ de compétence passa à la province de Québec en 1882 et devint la responsabilité du commissaire des Terres de la couronne.

Sur le plan local, Lynch fut maire et préfet du canton de Brome en 1879, président de la commission scolaire et président de la Bedford Good Roads Association. Membre de l’Église d’Angleterre, il fut souvent délégué aux synodes. À partir de 1869, il fut l’un des principaux officiers de la Brome Lodge. Cofondateur et premier président de la Brome County Historical Society en 1897, il favorisa également la création de la Knowlton Conférence, un organisme culturel, en 1902.

Très estimé dans sa profession d’avocat, Lynch avait été créé conseiller de la reine par la province de Québec le 10 septembre 1879, puis par le gouvernement fédéral, le 11 octobre 1880. Des doctorats honorifiques lui furent conférés par le Bishop’s College en 1883 et la McGill University en 1904. Plusieurs de ses jugements furent reproduits dans les publications juridiques.

Le juge William Warren Lynch remit sa démission le 3 décembre 1915 après une carrière de 26 ans et il décéda l’année suivante. On lui rendit le témoignage d’avoir bien servi son pays et ses concitoyens.

Marie-Paule R. Labrèque

ANQ-E, CE2-101, 25 mai 1874.— Brome County Hist. Soc. Arch. (Knowlton, Québec), Personal file, W. W. Lynch— Gazette (Montréal), 24, 26 nov. 1916.— Sherbrooke Daily Record (Sherbrooke, Québec), 24–25, 27 nov. 1916.— La Tribune (Sherbrooke), 24 nov. 1916.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 3.— I.-J. Deslauriers, la Cour supérieure du Québec et ses juges, 1849–1er, janvier 1980 (Québec, 1980), 205.— DPQ.— M. Hamelin, Premières Années du parlementarisme québécois.— Québec, Assemblée législative, Débats.— P.-G. Roy, les Juges de la prov. de Québec, 327.— Rumilly, Hist. de la prov. de Québec, 1–5.

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Marie-Paule R. Labrèque, « LYNCH, WILLIAM WARREN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lynch_william_warren_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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