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HARRISON, SAMUEL BEALEY, avocat, meunier, homme politique et juge, né le 4 mars 1802 à Manchester, Angleterre, fils de John et de Mary Harrison, décédé le 23 juillet 1867 à Toronto, Ontario.
Samuel Bealey Harrison fut élevé à Foxley Grove, dans le Berkshire, et il s’orienta rapidement vers le droit. À l’âge de 17 ans, il fut admis au Middle Temple en qualité de clerc consultant. Reçu au barreau en 1832, il ouvrit alors un cabinet à Londres et il composa sous le titre de Harrison’s digests un répertoire analytique en quatre volumes de toutes les causes importantes réglées à la chambre des Lords, devant les tribunaux de droit coutumier siégeant avec pleins pouvoirs, devant les tribunaux civils et à la Cour des faillites entre 1756 et 1834. En outre, il accomplit un travail important en révisant l’édition courante de l’ouvrage de William Woodfall, The law of landlord and tenant [...] (publié probablement en 1837).
Affligé d’une mauvaise santé, Harrison dut abandonner la carrière d’avocat qui s’annonçait prometteuse en Angleterre, et, en 1837, il adopta une voie totalement différente. Il émigra dans le Haut-Canada et il acheta une partie de l’ancienne réserve indienne de Mississauga, près de Bronte (Oakville), où il construisit un moulin à blé et une scierie, se préparant à mener une existence de gentleman-farmer et de meunier.
Cependant, ses ouvrages de droit étaient bien connus, et les hommes de sa compétence étaient extrêmement rares dans la colonie. En juin 1839, « à son grand étonnement », on lui demanda de remplir la fonction de secrétaire civil de sir George Arthur*, le lieutenant-gouverneur du Haut-Canada. Durant les quatre années qui suivirent, Harrison se mêla également de politique et reprit ses activités juridiques. Admis au Barreau du Haut-Canada en septembre 1839, il fut nommé juge de paix de la province en 1840.
La brève carrière politique de Harrison fut certainement la période la plus remarquable de sa vie publique, bien qu’il soit singulièrement difficile d’évaluer l’importance de son intervention dans ce domaine. De 1841 à 1844, il fut le leader du gouvernement à l’Assemblée de la province du Canada ; il disputa à Robert Baldwin* la direction des réformistes du Haut-Canada et il joua un rôle décisif dans la lutte pour l’obtention du gouvernement responsable. Cependant, comme il agit surtout dans les coulisses, il mystifia ses contemporains et laissa derrière lui si peu de traces qu’il fut longtemps ignoré par les historiens. Il ne s’adressait jamais à la population, évitait de prendre position dans des écrits, hésitait à le faire dans les conversations et se montrait ambigu quand il parlait. L’historien John William Kaye dit à son sujet : « modeste et sans affectation, il ne faisait pas montre de son talent, mais il accomplissait sa tâche de telle manière qu’on devait bien croire qu’il en avait ».
En sa qualité de secrétaire civil, Harrison mena des enquêtes sérieuses et rédigea plusieurs rapports à l’intention du lieutenant-gouverneur et des conseils exécutif et législatif sur les problèmes économiques et sociaux auxquels la colonie eut à faire face durant la période de confusion qui suivit les événements de 1837–1838. Ce don qu’il avait d’analyser les situations avec sang-froid et lucidité fut probablement ce qui attira sur lui l’attention du nouveau gouverneur général, Charles Poulett Thomson*, qui reçut le titre de lord Sydenham en août 1840. Après avoir quitté le service de sir Arthur, Harrison tint un rôle de première importance dans la mise en œuvre des projets de Sydenham.
Lorsqu’il eut réalisé l’union du Haut et du Bas-Canada en février 1841, Sydenham s’efforça d’assurer la bonne marche du nouveau régime. Il n’avait pas la tâche facile, car il était détesté par les Canadiens français, qui réprouvaient ses vues assimilatrices et, presque au même point, par les tories du Haut-Canada qui n’acceptaient pas d’être unis aux Canadiens français. Par ailleurs, les réformistes dirigés par Baldwin considéraient l’Union comme une étape vers l’obtention du gouvernement responsable, régime que le ministre des Colonies avait recommandé au gouverneur de ne pas accorder. Optimiste malgré tout, Sydenham affirmait, en parlant des tories et des réformistes de Baldwin : « Je peux former, j’en suis certain, un parti de réformistes modérés qui saura les vaincre tous deux. » Harrison – « mon meilleur homme », disait Sydenham – allait prendre la tête de ce futur parti.
Le 13 février 1841, Harrison fut nommé au Conseil exécutif à titre de secrétaire provincial du Haut-Canada. Le conseil, habilement formé par Sydenham, groupait des représentants de toutes les factions politiques du Canada, à l’exception des Canadiens français. Néanmoins, les tories du Haut-Canada et les réformistes ne tardèrent pas à se faire la lutte. À l’élection qui fut tenue au printemps, le gouverneur, grâce au truquage électoral, au favoritisme et à l’utilisation des troupes, obtint une majorité de réformistes et de conservateurs modérés qui s’étaient engagés à l’appuyer, mais Harrison fut battu dans la circonscription de Hamilton par le chef tory, sir Allan Napier MacNab. Après avoir subi une autre défaite dans Kent, il fut enfin élu comme représentant de Kingston le 1er juillet 1841.
Dès qu’il fut à l’Assemblée, Harrison prit la tête de la faction la plus nombreuse, les « réformistes modérés » et il dirigea le gouvernement de concert avec William Henry Draper*, chef du petit groupe des « conservateurs modérés ». En fait, il en arriva bientôt à établir toutes les politiques gouvernementales à l’Assemblée car Sydenham n’aimait pas Draper et ne faisait appel à lui qu’au moment où il avait besoin de son talent d’orateur. En 1842, le plan conçu par le gouverneur pour réorganiser la colonie, à l’aide d’un prêt du gouvernement impérial de £1 500 000, amorça une brève période de remarquable prospérité. Pour ce faire, on confia, selon les paroles mêmes de Sydenham, « la totalité de la gestion interne de la province » à Harrison, dont le gouverneur admirait beaucoup les dons d’administrateur, et à Dominick Daly, le secrétaire provincial du Bas-Canada. La plus grande partie du prêt impérial devait être consacrée à la construction et à l’amélioration des canaux, et Harrison contribua largement à l’organisation des travaux. Il était l’un des cinq membres du nouveau bureau des Travaux publics dont Hamilton Hartley Killaly* avait été nommé président.
Harrison et ses collègues présentèrent à l’Assemblée un projet de loi sur les écoles publiques qui visait à établir dans la province du Canada un réseau d’écoles primaires entretenues par des fonds publics. En août 1841, ils proposèrent également un projet de loi sur les conseils de district qui avait pour but d’instaurer un système de gouvernement municipal électif au Haut-Canada. Ces deux projets de loi, semble-t-il, furent principalement rédigés par Harrison. Le second ne fut adopté qu’au prix de nombreuses difficultés qui eurent sans doute pour effet de confirmer Harrison dans son attitude d’homme politique modéré : le projet fut combattu par les tories pour son « libéralisme sans précédent » qui allait « frayer la voie à l’avènement des institutions républicaines » et par certains réformistes qui y voyaient « un système complet de despotisme » en vertu duquel le pouvoir, à cause de la nomination des préfets de district que prévoyait le projet de loi, était centralisé à un point « jamais atteint dans tout le monde civilisé ».
La principale crise politique de la session survint le 3 septembre 1841, lorsque Robert Baldwin présenta cinq résolutions qui demandaient explicitement le gouvernement responsable. Le gouvernement se trouvait en danger parce qu’un grand nombre de ses partisans modérés étaient en faveur de ce principe, mais Harrison et Sydenham étaient prêts. À chacune des résolutions de Baldwin, Harrison opposa une contre-résolution qui, en apparence, était similaire et fut acceptée par les députés favorables au gouvernement responsable, y compris Baldwin. Même si elles furent accueillies à l’époque comme « la Grande Charte du gouvernement responsable », les résolutions de Harrison ne stipulaient pas que le gouverneur était obligé d’agir sur l’avis du Conseil exécutif : elles indiquaient seulement qu’il était tenu d’écouter cet avis et que le conseil devait se composer de personnes ayant la confiance de l’Assemblée ; ces concessions étaient en tous points conformes aux instructions que Sydenham avaient reçues du ministre des Colonies.
Dès lors, il importait qu’un grand nombre de Canadiens considère l’obtention du gouvernement responsable comme un fait accompli. Harrison, même s’il s’était prêté aux manœuvres de Sydenham, était d’accord, dans ses rapports avec sir Charles Bagot*, le nouveau gouverneur, pour tirer le meilleur parti possible des principes sur lesquels reposaient les résolutions qui avaient été votées. En réalité, Harrison s’était montré doublement rusé : il avait contribué au rejet des résolutions de Baldwin et, du même coup, il avait fait un pas vers un véritable gouvernement responsable. Et sa réputation de « bon libéral » était intacte. Baldwin, ne comptant que cinq à sept partisans, ne pouvait se permettre d’offusquer les 19 à 21 modérés du Haut-Canada qui appuyaient régulièrement Harrison et il dut renouveler sa confiance à celui-ci, mais non pas au ministère tout entier. Hors de la chambre, les réformistes radicaux se montraient déroutés et ennuyés par l’attitude de Harrison. Francis Hincks* le décrivit comme « un espion et un traître » et affirma un peu plus tard qu’il était « au fond, un libéral ».
Au cours du mandat de Bagot, l’importance politique de Harrison commença de diminuer parce que Draper, avec qui le gouverneur s’entendait mieux, devint le leader du gouvernement. Baldwin vit se rallier à son parti un grand nombre de réformistes modérés qui avaient appuyé Harrison et Sydenham en raison du prestige dont jouissait l’ancien gouverneur. Harrison n’en parut ni irrité ni inquiet, ce qui était bien de lui. Il attachait peut-être plus d’importance à l’exercice de ses fonctions gouvernementales qu’à l’appui sur lequel il pouvait compter à l’Assemblée. En février 1842, il fut nommé membre du comité, composé de trois administrateurs, du canal de Welland dont le gouvernement avait pris en main la gestion et, en mars, il fut désigné comme l’un des trois commissaires chargés de surveiller les travaux du canal de Lachine. Cependant, la défection des partisans de Harrison précipita la crise qui allait éclater sous l’administration de Bagot.
Conscient de la gravité des événements, le gouverneur tenta de compenser les pertes subies par son ministère au centre en gagnant de nouveaux appuis à l’aile gauche et à l’aile droite. Hincks, impressionné par les réalisations de l’administration Sydenham, abandonna le groupe de Baldwin et entra au Conseil exécutif en juin 1842 ; son geste fut imité, en juillet, par un tory convaincu, Henry Sherwood*, maire de Toronto. Mais ce coup de maître plus apparent que réel en vue d’assurer au gouvernement un plus large soutien ne donna pas les résultats escomptés. Dans une lettre adressée à Bagot le 11 juillet 1842, Harrison analysait avec son impartialité coutumière la position de chaque membre de l’Assemblée et démontrait de façon concluante que le gouvernement allait tomber lors de la session de septembre, si aucun remaniement n’était effectué, et que l’addition de Sherwood et de Hincks ne pouvait empêcher ce dénouement. Harrison ajoutait qu’il s’estimerait tenu de démissionner du Conseil exécutif conformément aux résolutions qu’il avait présentées à la session de septembre et que d’autres conseillers agiraient sans aucun doute de la même façon. Bagot pourrait alors ou exercer lui-même le gouvernement ou dissoudre l’Assemblée, ou charger Baldwin et Louis-Hippolyte La Fontaine de former un nouveau ministère. Il croyait que la seule ligne de conduite raisonnable était la troisième et que si Bagot l’adoptait sans tarder et de son propre chef, il éviterait l’humiliation d’être contraint de le faire plus tard.
Draper prit une attitude similaire. Il était convaincu, comme Harrison, qu’il fallait abandonner les objectifs assimilateurs de l’Union et inviter le groupe réformiste de La Fontaine à faire partie du gouvernement. Il consentait à démissionner pour arriver à cette solution. Le consensus de ces deux hommes, qu’un historien a appelés fort justement « la paire de valets » du ministère, emporta la décision du gouverneur. Le 28 juillet 1842, ce dernier écrivit à Stanley pour lui demander l’autorisation d’admettre les députés francophones. L’importante dépêche de Bagot était, dans une large mesure, une paraphrase de la lettre de Harrison à laquelle il empruntait de longs passages sans en indiquer la source.
Le gouvernement britannique rejeta la demande de Bagot. Cependant, le parlement se réunit le 8 septembre, avant l’arrivée au Canada de la réponse de Stanley, et il devint évident que le gouvernement était sur le point de tomber. Bagot invita La Fontaine à entrer au ministère mais le leader canadien-français voulait obtenir quatre sièges au Conseil exécutif ainsi que l’admission de Baldwin, ce que le gouverneur hésitait à accepter. Le 12 septembre, Harrison et Draper convoquèrent une réunion d’urgence du Conseil exécutif en l’absence du gouverneur et le conseil menaça de démissionner en bloc si les exigences de La Fontaine n’étaient pas satisfaites. Bagot céda ; les conseillers tories se retirèrent et le nouveau conseil fut constitué de réformistes modérés et du groupe dirigé par Baldwin et La Fontaine. Harrison, toujours secrétaire provincial, fut nommé leader du gouvernement à l’Assemblée.
Bien que Harrison fût reconnu comme le dirigeant du nouveau ministère par Bagot, le conseil se rallia à Baldwin et La Fontaine de manière à constituer un gouvernement ne comprenant que des réformistes. Seuls Harrison et Dominick Daly, « qui n’était pas un homme de parti », échappaient à la domination de Baldwin. En 1843, le siège du gouvernement fut transféré de Kingston à Montréal, et Harrison, qui était député de Kingston, démissionna du Conseil exécutif le 30 septembre, en signe de protestation. Comme il fallait s’y attendre, il posa ce geste après avoir déclaré publiquement qu’il n’était aucunement tenu d’agir ainsi. Et, de même, lorsque Baldwin et Hincks voulurent l’amener à renoncer à son projet, ils ne purent trouver quelqu’un qui fût assez étroitement lié avec lui pour faire cette démarche. Sous l’administration de Bagot, Harrison connut la période la plus productive de sa carrière politique, mais il montra également qu’il n’avait pas le talent ou la volonté nécessaires pour devenir soit un véritable leader de parti, soit un bon partisan.
Le gouverneur sir Charles Metcalfe*, qui succéda à Bagot en mars 1843, avait reçu du ministère des Colonies des instructions lui enjoignant de ne plus faire de concessions aux réformistes et de garder la haute main sur le « patronage ». Lorsque Baldwin et La Fontaine contestèrent son autorité à l’égard du « patronage », Metcalfe décida de s’en tenir aux directives et, à la fin de novembre 1843, les membres du Conseil exécutif, à l’exception de Daly, donnèrent leur démission. Le 1er décembre, devant l’Assemblée, ils donnèrent lecture des propositions présentées par Harrison en septembre 1841, affirmant que Metcalfe ne les avait pas respectées ; l’Assemblée adopta des résolutions appuyant Baldwin et La Fontaine. Le gouverneur opposa un démenti à ces affirmations et décréta la prorogation de l’Assemblée.
Puisqu’il était l’auteur des propositions et qu’il jouissait d’un grand prestige en tant que réformiste indépendant, Harrison était en mesure de jouer un rôle de premier plan, mais il s’empressa encore une fois d’adopter une attitude volontairement ambiguë. Au cours du débat du 1er décembre, il « sembla en partie approuver, en partie condamner les anciens membres du ministère » : sur certains points, il vota en faveur des démissionnaires et sur d’autres, il décida de- s’abstenir. Lorsque Metcalfe l’invita à faire partie d’un gouvernement intérimaire avec Daly, Draper et Denis-Benjamin Viger*, il commença par accepter, puis il refusa sous le prétexte qu’il lui fallait mettre de l’ordre dans ses finances personnelles. En janvier 1844, Hincks tenta par deux fois d’amener Harrison à prendre l’engagement de ne pas s’opposer aux ex-membres du ministère, mais il ne parvint pas à lui arracher cette promesse. Puis, vers la fin du mois, Harrison sonda les simples députés réformistes pour savoir combien d’entre eux étaient disposés à l’appuyer s’il décidait de former un gouvernement, initiative qu’Egerton Ryerson* l’exhortait à prendre depuis longtemps. Ayant échoué dans cette tentative, Harrison exprima le désir de quitter la politique et pria Metcalfe de le nommer au premier poste vacant dans la magistrature. C’est de mauvaise grâce que le gouverneur acquiesça à cette demande, même si Harrison lui causait presque autant d’ennuis qu’il pouvait en causer à Hincks et à Baldwin.
Pour obscur et déroutant que fût le comportement de Harrison au milieu de cette crise, il n’en était pas moins révélateur : en envisageant de faire partie d’un ministère sous l’administration de Metcalfe, Harrison montrait nettement qu’il ne partageait pas les vues de Baldwin. Ce désaccord amena certains modérés à prendre position et bientôt l’opinion se répandit que le gouvernement réformiste, après la démission de Harrison, était allé trop loin et trop vite et qu’il ne traduisait plus les aspirations de la majorité des gens du Haut-Canada ; cette affirmation fut souvent reprise durant la campagne électorale tenue à l’automne de 1844, à l’issue de laquelle les partisans de Baldwin furent nettement battus dans le Haut-Canada. L’une des causes de cette défaite était peut-être l’attitude ambiguë de Harrison. Élu dans Kent, celui-ci obtint un poste de magistrat en janvier 1845. À l’annonce de sa démission de l’Assemblée, « il y eut un véritable concert de « très bien ! très bien ! » de tous les côtés » de la chambre soulignant le caractère énigmatique de sa conduite.
Harrison fut nommé conseiller de la reine et juge du tribunal des successions et tutelles dans le district de Home, où il demeura jusqu’à sa mort, survenue 22 ans plus tard. Il devint également, dans Home, juge de la Cour de district en 1848. On croyait dans certains milieux qu’il allait être nommé juge à la Cour du banc de la reine, mais personne ne lui devait aucune faveur politique et, d’ailleurs, ses scrupules au sujet de la peine de mort furent un obstacle à son avancement. D’après des contemporains, néanmoins, sa longue carrière de magistrat à York contribua largement à relever le prestige des cours de comté.
Parmi les nombreux champs d’activité dans lesquels il avait œuvré en tant que secrétaire provincial, c’est à l’éducation que Harrison continua de s’intéresser le plus activement. Nommé au conseil de l’Éducation du Haut-Canada lors de la création de cet organisme en 1846, il en fut élu président, à l’unanimité, quand l’évêque Michael Power* décéda en 1848. Il remplaça Henry Sherwood au « sénat » de l’University of Toronto en juillet 1851.
En Angleterre, en 1831, Harrison avait épousé Mary Harman ; celle-ci mourut au Canada et, en 1852, il épousa en secondes noces Ellen Humphreys, la veuve du colonel Colley Lyons Lucas Foster*. Ils s’installèrent à Toronto, rue Dundas, dans une demeure que Harrison appela nostalgiquement « Foxley Grove » en souvenir de la maison paternelle en Angleterre. Il consacra ses loisirs à l’horticulture, s’occupant d’un jardin et d’une serre qui comptaient quelques spécimens uniques en Amérique du Nord. Il mourut à Toronto le 23 juillet 1867, ne laissant aucun enfant ; sa femme ne décéda que 38 ans plus tard.
En dépit de sa longue carrière dans la magistrature, Harrison joua un rôle plus important sur la scène politique. S’il demeura en poste sous les gouvernements qui se succédèrent au cours des mandats de Sydenham, de Bagot et de Metcalfe, son départ brusque et volontaire du Conseil exécutif, puis son abandon de la politique montrèrent nettement qu’il n’était pas un arriviste. Son attitude peut s’expliquer, semble-t-il, par le fait que, tout en jugeant salutaire et inévitable l’évolution vers le gouvernement responsable, il estimait que l’établissement de ce régime pouvait être gravement compromis par un conflit prématuré avec le ministère des Colonies. Si l’on admet qu’il préconisait un changement graduel de la constitution, on doit reconnaître qu’il contribua largement à atteindre cet objectif. En présentant les propositions de 1841 et en provoquant la venue de Baldwin et de La Fontaine au ministère en 1842, il hâta certainement l’instauration du gouvernement responsable ; les efforts qu’il fit pour déjouer Baldwin en ces deux occasions et sa contribution à la défaite de celui-ci aux élections de 1844 permirent, dans une large mesure, d’éviter un affrontement avec le gouvernement impérial jusqu’à ce que le ministère des Colonies, en 1847, fût disposé à accorder l’autonomie gouvernementale aux deux Canadas.
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George Metcalf, « HARRISON, SAMUEL BEALEY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/harrison_samuel_bealey_9F.html.
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Auteur de l'article: | George Metcalf |
Titre de l'article: | HARRISON, SAMUEL BEALEY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |