LAGARDE (Delagarde), PIERRE-PAUL-FRANÇOIS DE, prêtre, sulpicien, missionnaire, né le 19 juillet 1729 à Séguret (dép. de Vaucluse, France), décédé le 3 avril 1784 à Montréal.
Entré comme clerc au séminaire Saint-Charles d’Avignon le 1er novembre 1743, Pierre-Paul-François de Lagarde poursuit ses études à Paris le 21 octobre 1746. Agrégé au séminaire de Saint-Sulpice à Paris le 22 mars 1754, il part pour le Canada, le 25 mai suivant, après avoir été ordonné diacre, et voyage en compagnie du sulpicien François Picquet et de sa délégation d’Indiens qui reviennent au pays sur la frégate la Gloire. Le voyage de Rochefort à Québec dure jusqu’au 15 septembre.
Ordonné prêtre à Québec le 24 mai 1755, Lagarde rejoint Picquet à la mission de La Présentation (Oswegatchie ; aujourd’hui Ogdensburg, New York). Il s’y occupera tout spécialement des Iroquois, ce qui permettra à Picquet de réaliser des projets moins apostoliques durant la guerre de Sept Ans. Pendant cinq ans, secondé tantôt par François-Auguste Magon de Terlaye tantôt par Jean-Claude Mathevet, et souvent en l’absence de Picquet, Lagarde vaque au ministère de la mission auprès des Indiens et des Français. Il se familiarise aussi avec les problèmes de la langue indigène. Dans ses moments de loisir, il s’adonne à la botanique ; il aurait transformé, rapporte-t-on, le registre paroissial en herbier. Lagarde étudie, entre autres, le gingembre (Asarum Canadense L.), le nard sauvage (Nardus Stricta L.), la marguerite (Chrysanthemum Leucanthemum L.), l’œil de bœuf (Anthemis Tinctoria L.) et la pâquerette (Bellis Perennis L.).
Lorsque l’armée anglaise envahit la Nouvelle-France par l’ouest en 1760, Lagarde reste sur place pour prodiguer les soins spirituels aux défenseurs. Le 23 juillet, il signe son dernier acte à La Présentation, et, un mois plus tard, Amherst le fait prisonnier au fort Lévis (à l’est de Prescott, Ontario). Libéré sur parole, Lagarde regagne Montréal et y fait du ministère de novembre 1760 à mai 1761. Après un séjour d’un an et demi à la mission du Lac-des-Deux-Montagnes (Oka, Québec), il est nommé, en janvier 1763, desservant de la paroisse rurale de Lachine. Jusqu’au 1er juin 1777, il fera chaque année une cinquantaine de baptêmes, autant de sépultures et une dizaine de mariages. En 1769, le feu détruit le presbytère qu’il fait reconstruire immédiatement. Après ce désastre, on suit dans un nouveau registre l’administration de la paroisse, les bilans de 1769 à 1776 montrant des surplus multipliés six fois dans ce laps de temps.
À la mort de Magon de Terlaye en 1777, Lagarde est rappelé à la mission du Lac-des-Deux-Montagnes comme économe et, après le départ de Mathevet en 1778, il devient supérieur. Ce poste comportait une double responsabilité. Représentant du séminaire de Saint-Sulpice, seigneur et propriétaire, le supérieur dispensait les emplacements dont les Indiens pouvaient jouir sans redevance mais sans en acquérir la propriété ; de plus, il était souvent appelé à distribuer des secours. De 1778 à 1783, Lagarde fait des règlements approuvés par les anciens des tribus, cherche à mettre de l’ordre dans la vie des Indiens et résiste à la prétention des Iroquois à la possession des terres. Son rôle de pasteur d’âmes se révèle par les écrits qu’il a laissés, catéchisme et sermons en français, et surtout par ses travaux en iroquois, grammaire iroquoise et sermons, malgré que ses connaissances de l’iroquois aient été éloignées du génie de cette langue.
Malade déjà en 1782, il reste à son poste jusqu’en février 1784. Il meurt à Montréal le 3 avril suivant et est inhumé sous le chœur de l’église Notre-Dame.
ANQ-M, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal ; Saints-Anges (Lachine).— ASSM, 8, A ; 24, Dossier 2 ; Dossier 6.— Allaire, Dictionnaire.— Gauthier, Sulpitiana.— Louis Bertrand, Bibliothèque sulpicienne, ou histoire littéraire de la Compagnie de Saint-Sulpice (3 vol., Paris, 1900).— André Chagny, Un défenseur de la « Nouvelle-France », François Picquet, « le Canadien » (1708–1781) (Montréal et Paris, 1913).— J.-A. Cuoq, Anotc kekon, SRC Mémoires, 1re sér., XI (1893), sect. i : 137–179.
J.-Bruno Harel, « LAGARDE (Delagarde), PIERRE-PAUL-FRANÇOIS DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lagarde_pierre_paul_francois_de_4F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
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