FENETY, GEORGE EDWARD, journaliste, éditeur, imprimeur, fonctionnaire, auteur et homme politique, né le 10 mars 1812 à Halifax, quatrième fils de William Fenerty, dessinateur et architecte, et de Mary Hall ; il épousa une dénommée Wallace, qui mourut en couches, puis le 30 septembre 1847, à New York, Eliza Ann Arthur, et ils eurent sept fils et quatre filles ; décédé le 30 septembre 1899 à Fredericton.
À 17 ans, après avoir étudié plusieurs années dans des écoles de Halifax, George Edward Fenety commença son apprentissage au Novascotian, or Colonial Herald, auprès de Joseph Howe*. Il y apprit plus que le métier de journaliste ; pendant cinq ou six ans, comme en témoigne la suite de sa carrière, Howe lui communiqua ses opinions politiques et son zèle réformiste.
En novembre 1835, Fenety partit pour New York. Un an plus tard, à Donaldsonville, en Louisiane, le Planters’ Advocate l’embaucha ; il en devint bientôt l’un des propriétaires et l’adjoint au rédacteur en chef. Il vendit sa part du journal en 1839, et s’installa à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. L’expérience acquise aux États-Unis lui servit : le 16 septembre 1839, avec l’aide de son frère William, il lança le Commercial News and General Advertiser, premier journal à deux sous des Maritimes, qui paraissait trois fois la semaine. Ce genre de journal, écrivait Fenety, était « l’ami du pauvre » ; il se faisait l’écho de la lutte que les gens du commun menaient contre la répression. Fenety lui-même considérait qu’il appartenait à cette catégorie : non seulement il dirigeait son journal, il en était aussi le typographe et l’imprimeur. Malgré la concurrence des hebdomadaires en place, il tint le coup. Moins de quatre mois après le lancement, il changeait de caractères d’imprimerie ; le 3 avril 1840, il augmentait le nombre de pages du journal et le rebaptisait Morning News. Sa publication contenait des rubriques d’intérêt local, des nouvelles internationales et un peu de fiction.
Fenety n’était ni un grand prosateur ni un grand rédacteur en chef ; son journal était fait à la va-vite, sans raffinement. Pour lui, c’étaient les idées qui comptaient. Il cherchait en vain, au Nouveau-Brunswick, les réformistes et les partis politiques qui caractérisaient la Nouvelle-Écosse et les États-Unis. Dans la colonie sœur, écrivit-il plus tard, la presse, « détenue par des hommes compétents, s’employait constamment à éduquer le pays ». Il décida donc de combler ce vide. Son journal prit pour devise Réforme et gouvernement responsable, ce qui représentait pour Fenety une indépendance quasi totale par rapport à l’Angleterre et la fin de l’oligarchie dans la colonie. En politique, il voulait l’extension du suffrage, le scrutin secret, des institutions municipales et la présentation des projets de loi de finances par l’exécutif plutôt que par des députés. En matière sociale, il se portait à la défense des opprimés. Selon lui, les écoles publiques et l’instruction des enfants noirs (exclus des écoles de la ville) étaient essentielles. Il prônait l’amélioration des conditions de travail des ouvriers, ainsi que la tempérance, mesure de réforme très populaire parmi les anglicans de la Basse Église de Saint-Jean, dont il était.
Fenety devint un ardent défenseur des intérêts de Saint-Jean. Il invectivait le conseil municipal, qui n’arrivait pas à améliorer les conditions de vie, par exemple à régler les problèmes posés par le dépotoir de King Square ou le système d’approvisionnement en eau. Il entra au Mechanics’ Institute, qui réunissait presque tous les hommes influents de la ville. En 1849, il fit partie de la Rail-Way League, qui réclama la construction d’une ligne de chemin de fer d’abord entre Saint-Jean et Shediac, puis entre Saint-Jean et le Maine. Pendant un temps, son journal s’appela le Morning News and New Brunswick Railway Advocate.
Dès le début, Fenety s’intéressa surtout aux travaux de la chambre d’Assemblée de Fredericton ; si elle siégeait, il rapportait les débats trois fois la semaine, en les commentant. Bientôt, le Morning News fut le journal le plus lu de la province, même s’il n’était diffusé que dans les comtés du Sud. Homme d’affaires et journaliste averti, Fenety maintint l’avance du Morning News sur ses concurrents jusque dans les années 1860 grâce à un réseau de reporters dynamiques et à la modernisation continue de ses installations. Ainsi, en 1847, il fit installer une ligne télégraphique entre son journal et Fredericton. Le tirage hebdomadaire du Morning News, de 500 qu’il était à l’origine, atteignit près de 8 000 exemplaires en 1857.
Fenety conserva son indépendance durant toute sa carrière de journaliste, mais il avait des affinités avec les réformistes qui obtinrent finalement le gouvernement responsable en 1854. « Quoi ? Enfin mort ? » s’exclama-t-il d’un ton faussement incrédule quand l’ancien régime tomba. « Merveilleux ! » Le nouveau gouvernement de Charles Fisher* était « libéral jusqu’à la moelle ». Dans l’ensemble, les réformes de ce gouvernement satisfaisaient Fenety, même s’il n’aimait guère Fisher. Il lui préférait deux de ses amis, William Johnston Ritchie et Samuel Leonard Tilley, avec qui il avait travaillé, tout au long des années 1840, dans des organisations comme le Mechanics’ Institute, la Rail-Way League et l’Église d’Angleterre. Néanmoins, Fenety combattit Tilley en plusieurs occasions, et surtout au sujet du Prohibition Act de 1855 qui, prédisait-il avec raison, aurait « des effets néfastes – ferait plus de mal que de bien ».
En 1857, grâce à Tilley, Fenety fit partie d’une commission qui recommanda la réforme administrative de l’asile, du pénitencier, de l’hôpital maritime et des phares de la province. Lorsque Tilley devint premier ministre, en 1861, on considéra le Morning News comme son porte-parole. En février 1863, Tilley fit nommer Fenety imprimeur de la reine, poste qu’il allait occuper avec ténacité jusqu’en 1895. Installé à Fredericton pour exercer cette fonction, il vendit le Morning News en 1865 à Edward Willis et à deux autres personnes. Cependant, il ne devint jamais un fonctionnaire silencieux. Il fit campagne pour la Confédération au milieu des années 1860 et, dans les années 1880, il s’opposa avec la même fermeté à la fédération impériale, notamment en publiant à Fredericton en 1888 un opuscule sur le manque de réalisme du projet.
Il semble que Fenety ait fini par se plaire à Fredericton, quoique peu après son déménagement il eût connu plusieurs malheurs, dont la mort de trois de ses enfants et de sa mère. Avec sa femme, Eliza Ann Arthur, et ses autres enfants, il s’établit dans une vaste propriété qu’il appela Linden Hall. Située juste en face de la cathédrale anglicane, elle devint un point de repère local, surtout après l’entrée de Fenety dans l’administration de Fredericton. Élu maire en 1877, année où les fonctionnaires municipaux s’installèrent dans le nouvel hôtel de ville, il fit don de son salaire annuel de 200 $ pour contribuer à l’installation, sur l’édifice, d’une horloge et d’une cloche d’une valeur de 2 320,62 $. À sa défaite, en janvier 1878, par trois voix, un groupe de citoyens reconnaissants lui firent remettre, par le professeur George Eulas Foster* de la University of New Brunswick, un surtout de table plaqué argent d’une valeur de 250 $. La même année, Fenety publia à Fredericton une brochure adressée à ses concitoyens, The city hall clock [...]. Réélu à la mairie en janvier 1884, il n’eut pas d’adversaires aux trois élections suivantes, mais ne se représenta pas en 1888. Embellir Fredericton était sa préoccupation première, et il contribua personnellement au financement de divers travaux publics comme la plantation d’arbres et l’installation d’une fontaine devant l’hôtel de ville.
Outre ses divers opuscules, Fenety écrivit plusieurs livres. En 1842, il publia à Halifax The lady and the dress-maker ; or, a peep at fashionable folly [...], roman banal sur un événement survenu à Saint-Jean. Son œuvre majeure, encore consultée de nos jours, parut à Fredericton en 1867 ; il s’agit de Political notes and observations ; or, a glance at the leading measures that have been introduced and discussed in the House of Assembly of New Brunswick [...]. Comme, à l’époque, les débats provinciaux n’étaient pas publiés, Fenety les avait reconstitués à partir des dossiers du Morning News. Ce livre, qui traite des années 1842 à 1854, est un collage d’articles entre lesquels Fenety expose ses vues sur la réforme et la responsabilité ministérielle. La suite, qui va jusqu’en 1860, parut en feuilleton dans le Progress de Saint-Jean en 1894. Une fois à la retraite, Fenety composa un médiocre portrait de son ancien mentor, Life and times of the Hon. Joseph Howe [...], qui parut à Saint-Jean en 1896.
George Edward Fenety mourut en 1899 après une brève maladie. Le St. John Daily Sun déclara alors que Fredericton perdait « l’un de ses citoyens les mieux connus et les plus estimés ». Il avait servi la collectivité dans plusieurs organismes, dont le conseil scolaire, la société historique, le bureau de santé et la Fredericton Society for the Prevention of Cruelty to Animals. Par le biais du Morning News, non seulement avait-il modifié les règles de la presse néo-brunswickoise, mais il avait contribué à la victoire d’un mouvement de réforme politique. Dans sa province, aucun journaliste de son époque n’est plus connu que lui.
La deuxième partie de l’ouvrage de George Edward Fenety, Political notes and observations, a paru dans le Progress (Saint-Jean, N.-B.), 6 janv–7 juill. 1894, sous le titre de « Political notes : a glance at the leading measures carried in the House of Assembly of New Brunswick, from the year 1854 ». Ces articles ont été réunis dans un album (Fredericton, 1894), dont des copies se trouvent au Musée du N.-B. et à la bibliothèque des AN ; l’album est aussi disponible sur microfiches (ICHM, Reg., no 06725).
En plus des brochures, des livres et des articles de journaux que George Edward Fenety a écrit, les sources énumérées ci-après ont été utiles dans la préparation de cet article.
AN, MG 24, B29 ; MG 27, I, D15.— Musée du N.-B., Tilley family papers.— St. John Daily Sun, 9 janv. 1885, 12 janv. 1886, 11 janv. 1887, 4 janv. 1888, 2 oct. 1899.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 2.— C. M. Wallace, « Saint John boosters and the railroads in mid-nineteenth century », Acadiensis (Fredericton), 6 (1976–1977), no 1 : 71–91.
Carl M. Wallace, « FENETY, GEORGE EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fenety_george_edward_12F.html.
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Auteur de l'article: | Carl M. Wallace |
Titre de l'article: | FENETY, GEORGE EDWARD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |