FAIRWEATHER, CHARLES HENRY, homme d’affaires, né le 4 mai 1826 à Norton, Nouveau-Brunswick, fils de James Fairweather et de Martha Humbert ; le 15 août 1849, il épousa à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, Margaret R. Robertson, puis à une date indéterminée Lucille H. Hall ; il eut 11 enfants ; décédé le 12 juin 1894 au même endroit.

À l’âge de 13 ans, Charles Henry Fairweather alla s’établir à Saint-Jean pour devenir commis chez le grossiste Stephen Wiggins and Son. En 1854, avec Stephen Sneden Hall, il fonda la Hall and Fairweather, une épicerie de gros dont il ne se départit jamais. Propriétaire d’un grand entrepôt au bord de l’eau, la Hall and Fairweather fut l’une des entreprises d’un noyau qui, dans la deuxième moitié du xixe siècle, contribua à faire de Saint-Jean le centre du commerce en gros des Maritimes. À la fin des années 1880, elle importait du thé de Chine et de grandes quantités de farine de l’Ontario. Première maison de commerce de Saint-Jean à s’inscrire à la bourse des denrées de New York, ce qu’elle fit en 1863, elle inaugurait ainsi, d’après un rapport ultérieur, « le système qui permettait de traiter avec les négociants primaires et d’éviter les profits des intermédiaires ».

Fairweather devint, en 1867, membre du conseil du Board of Trade de Saint-Jean – organisme dont le président, Lauchlan Donaldson, se faisait vieux et qui, disait-on, donnait des signes de lassitude. Dès décembre 1870, il avait participé à la restructuration de l’organisme pour attirer de nouveaux membres, et ainsi lui permettre de jouer un rôle plus actif dans les affaires commerciales de la ville. Président de 1871 à 1874 et membre du conseil de 1875 à 1877 puis en 1885, Fairweather y exerça une vigoureuse influence, sans doute à cause de la grande estime dans laquelle on le tenait.

Durant la présidence de Fairweather toutefois, l’économie de Saint-Jean, fondée sur « le vent, le bois et la voile », commença à péricliter. Ce déclin pouvait se mesurer par l’agitation qui régnait chez les travailleurs du port qui, entre 1873 et 1875, donnèrent libre cours à leur mécontentement par l’intermédiaire de leurs syndicats, de plus en plus puissants. Dès le début du printemps de 1873, les constructeurs de navires disaient tout haut qu’ils craignaient d’embaucher des ouvriers parce que les salaires risquaient d’augmenter de manière exorbitante. Fairweather blâma les syndicats, ou combinaisons comme on les appelait à l’époque, en les accusant de « faire fuir les navires au détriment de la population ». D’après lui, il y avait « un surplus de main-d’œuvre en maints [...] endroits [...] mais les [syndicats] impos[aient] des salaires anormalement élevés ».

À la même époque, le milieu des affaires de Saint-Jean fut saisi d’une autre question importante, soit la rédaction, en 1874, d’un traité de réciprocité avec les États-Unis [V. George Brown*]. Dès le mois d’août de cette année-là, le Board of Trade avait formé deux comités pour étudier la proposition. Les manufacturiers et les marchands reconnurent que la réciprocité allait permettre aux États-Unis de « submerger [leurs] industries naissantes » et, à la fin de décembre, l’organisme approuva la proposition de Fairweather de demander au Parlement de ne pas donner son assentiment au traité. Le mois suivant, la Chambre de commerce de la Puissance vota également contre le traité au cours d’une réunion où l’on élut Fairweather président. Son mandat dura apparemment moins de deux ans.

Les questions de réciprocité et de protection et les affrontements patronaux-syndicaux illustrent bien la situation nouvelle dans laquelle se trouvait Saint-Jean après la Confédération. Toutefois, malgré leur importance, elles furent reléguées dans l’ombre par la nécessité primordiale et immédiate de déterminer le rôle que jouerait le port de Saint-Jean au sein de la nouvelle nation et de son réseau de transport. Tout au long des années 1880, Fairweather et certains de ses concitoyens cherchèrent par tous les moyens à faire en sorte que leur ville devienne le terminus de l’Est du chemin de fer canadien du Pacifique. La Confédération, croyaient-ils, profiterait à Saint-Jean si le port disposait des installations nécessaires à l’exportation du grain en provenance des autres régions du Canada. Fairweather fut donc l’un des premiers à préconiser la construction d’élévateurs à grain, ce qui allait contribuer à faire de Saint-Jean le port d’hiver du Canada à la fin du xixe siècle et au début du xxe. Pour Fairweather, l’union avec les autres provinces était une occasion de favoriser le commerce est-ouest. Dans une communication qu’il fit au Board of Trade en 1885, il demandait : « Qu’avons-nous fait toute notre vie avant de prendre la farine de l’Ontario ? Seulement envoyer de l’or à New York pour elle. Ma propre entreprise a envoyé un tiers de million de dollars par an en or pour des céréales panifiables importées de là. »

Fairweather prit une part active aux affaires politiques de son époque. Avant la Confédération, il avait adhéré au parti libéral, peut-être à cause du Morning News de George Edward Fenety, qui dirigeait les attaques journalistiques des libéraux, peut-être aussi parce que c’était là un moyen pour un jeune homme sans fortune de se tailler une place dans la société. Il appuya le mouvement en faveur de la Confédération et devint plus tard un membre dévoué du parti conservateur du Canada.

On croit que c’est Fairweather qui suggéra le nom de Daily Sun pour le quotidien conservateur que les tenants de ce parti souhaitaient fonder à Saint-Jean en prévision des élections fédérales de 1878. Par après, il fit partie du premier comité de direction de ce journal et contribua sans aucun doute à définir sa politique éditoriale. Cependant, quoiqu’il se soit toujours intéressé à la politique, jamais il ne se porta candidat à un poste électif. Cette surprenante distance à l’égard de la vie publique, chez un homme que tous estimaient « de matières affables et de tempérament jovial », tient peut-être au fait que, comme on le souligna dans sa notice nécrologique du Daily Sun, il « n’était pas enclin à parler en public ».

Charles Henry Fairweather fit également la preuve de son sens civique dans un grand nombre d’activités à caractère communautaire. Ainsi fut-il, à divers moments, membre du conseil de la congrégation St John (Stone), membre de la Church of England’s Young Men’s Society et membre du conseil des commissaires d’école de la ville. Trésorier de la Saint John Relief and Aid Society – constituée après l’incendie de 1877 [V. Sylvester Zobieski Earle*] dans lequel, comme tant d’autres, il avait beaucoup perdu –, il fut aussi durant plusieurs années l’un des administrateurs de la Bank of New Brunswick. Comme plusieurs marchands de Saint-Jean, il s’occupa de la construction des chemins de fer de la province. Sa maison, l’une des élégantes demeures construites après l’incendie, s’élevait comme un témoignage visible de ce que lui et d’autres avaient fait pour conserver à la ville de Saint-Jean son importance.

Elizabeth W. McGahan

City of Saint John, N.-B., City Clerk’s Office, Common Council, minutes, 23 juin 1892 (mfm aux APNB).— Musée du N.-B., Fairweather family, cb doc ; Hazen family papers, box 10, F9, no 7.— Saint John Regional Library, « Biographical data relating to New Brunswick families, especially of loyalist descent », D. R. Jack, compil. (4 vol., copie dactylographiée), 2 : 43.— Stewart, Story of the great fire.Daily Telegraph (Saint-Jean), 13 juin 1894.— St. John Daily Sun, 13 juin 1894.— Saint John Globe, 13 juin 1894.— The city of Saint John (Saint-Jean, 1908 ; copie au Musée du N.-B.), 84.— E. W. McGahan, « The port in the city : Saint John, N.B. (1867–1911) and the process of integration » (thèse de ph.d., Univ. of N.B., Fredericton, 1979), 191–193, 329, 761, 764, 769 ; The port of Saint John [...] (1 vol. paru, Saint-Jean, 1982–  ).— MacNutt, New Brunswick, 291–293, 394–402.

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Elizabeth W. McGahan, « FAIRWEATHER, CHARLES HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fairweather_charles_henry_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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