DE LISLE (Delisle), AUGUSTIN (connu aussi sous le prénom d’Augustin-Stanislas), notaire et botaniste, né à Montréal et baptisé le 4 novembre 1802, dernier enfant de Jean De Lisle* de La Cailleterie et de Suzanne Lacroix-Mézières, décédé à Varennes, Bas-Canada, le 8 janvier 1865.

Augustin De Lisle fit ses études classiques au collège de Montréal de 1813 à 1822. Il épousa en premières noces, à Boucherville, le 18 mai 1825, Henriette, fille de Pascal Trudel et de Marie Charbonneau et, en secondes noces, à Varennes, le 15 mai 1844, Charlotte-Henriette, fille de Joseph Ainsse, fils, seigneur de l’île Sainte-Thérèse, et de Charlotte Vigneau. Il reçut sa commission de notaire le 17 décembre 1827 et exerça sa profession pendant près de 17 ans à Boucherville, puis à Montréal (1845–1847), à Saint-Henri-de-Mas couche (1847–1854) et de nouveau à Montréal jusqu’en 1858. Nommé conservateur de la bibliothèque du Barreau de Montréal en 1854, il occupa ce poste jusqu’à son décès.

Dès 1825, De Lisle, qui tenait de son père le goût des sciences, se mit à l’étude de la botanique et commença un herbier. La plupart de ses manuscrits sont toutefois postérieurs à 1852, alors qu’il habitait Saint-Henri-de-Mas couche et fréquentait chez le curé de la paroisse l’abbé Louis Gagné, lui aussi amateur de sciences. Ainsi, il dédia à l’abbé Gagné, pour son anniversaire de naissance, en 1852, son « Hortus Eremi [...] » où étaient décrits les arbres et les plantes de son jardin, de la paroisse et des environs. Jean-Baptiste Meilleur*, qui connut De Lisle au collège et correspondit avec lui, mentionne en 1859 un ouvrage sur les plantes du Canada que De Lisle cherchait à faire imprimer. Il s’agit sans doute de l’« Essai, arbres arbrisseaux et arbustes du Canada dont le bois de service, les gommes, ont été présentés à l’Exposition de Paris, 1855 », cahier de 142 pages illustrées de quelques dessins. Un seul autre cahier, plus volumineux, semblait aussi prêt pour la publication. Ce manuscrit, intitulé « Petite pharmacie végétale [...] » et daté de 1857, comprend 271 pages dans lesquelles sont énumérées et décrites les plantes dont les propriétés et les vertus médicinales peuvent servir dans une famille. L’auteur y mentionne ses autorités, telles Charlevoix* et Asa Gray, preuve de sa grande érudition. La lecture de ses manuscrits et des notes qu’il a laissés démontre de solides connaissances acquises par la fréquentation des œuvres des grands botanistes de l’époque, par ses herborisations et par la pratique de l’horticulture. Elles sont manifestes dans les nombreuses annotations au bas des pages d’un exemplaire de la Flore canadienne [...] que l’abbé Léon Provancher* lui avait offert, de même que dans un manuscrit préparé en 1856 et intitulé « Phytographie et taxonomie, catalogue de plantes du Canada, cueillies et classées par la comtesse Dalhousie, présentées en 1827 à la Société historique de Québec, avec remarques et notes par A.D. [...] ». Un dernier manuscrit, inachevé, datant de 1863, est intitulé « Entretiens de deux jeunes botanistes canadiens dans l’isle de Montréal et quelques paroisses environnantes ».

Méticuleux et méthodique, De Lisle devait aussi être très modeste. Tous ses manuscrits ne portent que ses initiales, ou un pseudonyme, tels « Un amateur de botanique montréalais », ou « Un amateur de botanique canadien ». C’est de cette dernière façon qu’est signé le seul de ses écrits qui ait vu le jour, une lettre parue dans la Minerve du 10 mars 1859. Il s’agit d’une contribution érudite et objective à la polémique entre Meilleur et Pierre-Joseph-Olivier Chauveau* sur le nom qu’il faut donner à la Sarracenia purpurea, plante décrite pour la première fois par Michel Sarrazin* et que Chauveau appelait improprement la Sarrazine.

Sans avoir accompli une œuvre marquante dans le domaine de la botanique, ses manuscrits étant demeurés inédits, De Lisle a toutefois apporté une aide précieuse à l’abbé Provancher dans la rédaction de sa Flore canadienne. Ce dernier devait d’ailleurs le mentionner de façon particulière dans le Naturaliste canadien : « Nous avons pu nous prévaloir de l’obligeance de ce Monsieur dans la rédaction de notre Flore pour une foule de renseignements sur la distribution géographique de nos plantes. » Des quelques amateurs qui ont aidé Provancher, tels le juge Louis-David Roy*, Mgr Edward John Horan* et Jean-Baptiste-Antoine Ferland, De Lisle fut assurément le plus érudit et le plus assidu à la tâche.

Léon Lortie

Institut botanique de Montréal, Papiers Augustin De Lisle.— Correspondance, Le Naturaliste canadien (Québec), 2 (18691870) : 150152.— La Minerve, 10 mars 1859.— Allaire, Dictionnaire.— J.-E. Roy, Hist. du notariat, III : 95.— Léon Lortie, Deux notaires amateurs de science : Jean De Lisle et son fils Augustin-Stanislas De Lisle, SRC Mémoires, 3e sér., LV (1961), sect. : 39–47 ; Notes sur le « Cours abrégé de leçons de chymie » de Jean-Baptiste Meilleur, ACFAS Annales (Montréal), 3 (1937) : 261.— É.-Z. Massicotte, La famille de Jean De Lisle de La Cailleterie, BRH, XXV (1919) : 175186.— Le Naturaliste canadien (Québec), 5 (18721873) : 230.

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Léon Lortie, « DE LISLE (Delisle), AUGUSTIN (Augustin-Stanislas) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/de_lisle_augustin_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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