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HORAN, EDWARD JOHN, prêtre et évêque catholique, homme de science et éducateur, né le 26 octobre 1817, à Québec, fils de Gordian Horan et d’Eleanore Cannon, décédé à Kingston le 15 février 1875.
Edward John Horan, qui appartenait à une famille de langue anglaise, fit ses premières études en français. En septembre 1830, il entra au petit séminaire de Québec où il obtint d’excellents résultats. Quand il eut terminé ses études au séminaire de Québec, en 1839, il entra dans le corps enseignant de cette institution comme professeur d’anglais, poste qu’il conserva jusqu’en 1848. Il était toutefois intéressé par l’étude des sciences qu’on appelait alors l’histoire naturelle, une matière nouvelle pour laquelle il avait montré beaucoup d’aptitude. Il était spécialement attiré par les sciences appliquées à l’agriculture et comptait sur les progrès techniques pour trouver une solution à la crise agricole des années 30 dans la vallée du Saint-Laurent. En 1843, il fut nommé professeur d’histoire naturelle au séminaire.
Ses supérieurs l’encouragèrent dans son travail et, en février 1848, ils consentirent à l’envoyer se perfectionner à Harvard University aux États-Unis. Horan avait espéré suivre les cours du naturaliste Louis Agassiz. Malheureusement le savant n’y donnait que de rares conférences. Toutefois, Horan était fasciné par la vie de Boston ; ses lettres indiquent qu’il avait de nombreuses relations, parmi lesquelles le philosophe Orestes Augustus Brownson, qui était alors catholique et traversait sa période conservatrice. Il semble qu’il ait eu une forte influence sur le jeune prêtre. À la fin de mars 1848, Horan décida d’aller à Yale suivre les cours du célèbre savant Benjamin Silliman et ceux de son fils Benjamin. Ce milieu universitaire lui était sympathique, mais la population de New Haven qui, à cette époque où commençait à se manifester le chauvinisme américain, devenait de plus en plus hostile au catholicisme, ne lui plut guère. Dans ses lettres à son supérieur à Québec, il se montrait impatient, écrivant qu’il « serait heureux quand viendrait pour lui le moment de quitter les États-Unis et de troquer leur liberté tant vantée pour la servitude au Canada, où du moins on peut servir Dieu selon sa conscience, sans craindre le brandon d’un incendiaire ».
De retour à Québec à l’automne de 1848, Horan reprit son poste de professeur de sciences au séminaire et dirigea des excursions géologiques dans le bas Saint-Laurent ; il travailla en collaboration avec Louis-Ovide Brunet et Elkanah Billings. De plus en plus, il se trouva mêlé aux affaires de la future université. If devint directeur du petit séminaire et secrétaire du conseil de l’université Laval en 1855 et, premier supérieur de l’école normale Laval en 1856. Il dut résigner toutes ces fonctions en 1858 quand il fut nommé quatrième évêque de Kingston, devant succéder à Mgr Patrick Phelan*. Il fut sacré le 1er mai à l’église St Patrick de Québec et partit immédiatement pour aller occuper son siège épiscopal. En reconnaissance de l’intérêt qu’il portait à l’université, on le nomma au conseil d’administration de cet établissement en 1867.
Dans son diocèse, Mgr Horan fut un administrateur ferme et efficace, comme il l’avait été à Québec. Au cours des 17 années de son épiscopat, la vie religieuse du diocèse connut peu de bouleversements. Les témoignages qui nous restent sur ses conceptions sociales montrent que sa pensée était conservatrice, même si sa correspondance avec l’archevêque de Baltimore révèle une attitude sympathique vis-à-vis du mouvement syndicaliste. En 1861, il fit venir les Sœurs de la Providence de Saint-Vincent-de-Paul, qui fondèrent leur premier établissement dans le Canada-Ouest.
En sa qualité d’évêque de Kingston, son principal souci était d’assurer l’enseignement catholique dans le Canada-Ouest et il éprouva une grande satisfaction lorsque le projet de loi présenté par Richard William Scott*, qui prévoyait une augmentation des subventions publiques aux écoles catholiques, fut adopté en 1863 ; Mgr Horan avait beaucoup travaillé à faire adopter cette loi mais il avait préféré, pour des raisons bien évidentes, agir dans l’ombre, laissant aux laïcs le soin de défendre en public la cause de l’éducation catholique.
Mgr Horan fut presque inévitablement pris dans l’enchevêtrement du favoritisme et de la politique qui caractérisait la vie publique au Canada, vers la fin du xixe siècle. Il établit d’excellentes relations avec John A. Macdonald* ainsi qu’avec d’autres conservateurs éminents. Mentionnons la correspondance curieuse qu’il eut avec Edmund Bailey O’Callaghan, l’ancien patriote du Bas-Canada qui fut ensuite archiviste de l’état de New York. Dans une lettre jointe à un exemplaire d’une nouvelle édition des Relations des Jésuites que l’évêque envoya à O’Callaghan, on trouve la preuve qu’une longue et chaude amitié unissait les deux hommes. La fidélité à Macdonald et une largeur de vue sur la question des écoles étaient les principaux critères sur lesquels l’évêque se fondait pour accorder son appui politique. En 1861, pour ne prendre que cette année-là, il écrivit à Macdonald, à George-Étienne Cartier et à Joseph-Édouard Cauchon* (ce dernier avait été son condisciple au petit séminaire), leur demandant des emplois pour différentes personnes, entre autres, pour son beau-frère. En retour, Mgr Horan recommandait aux curés de son diocèse de soutenir les conservateurs et écrivait, par exemple, à l’un de ses correspondants : « J’espère que vous userez de votre influence dans ce domaine et inciterez les catholiques à voter pour la bonne cause. » Dans sa région, il paya lui-même de sa personne dans la circonscription où se présentait Macdonald. À Kingston, il fallait cultiver soigneusement l’électorat catholique et, sur ce point, Macdonald s’en remit régulièrement à l’évêque.
Mgr Horan prit sa retraite en 1874 et fut remplacé par John O’Brien. Sa mort, qui survint l’année suivante, fut l’occasion de nombreux éloges. La réalisation la plus importante qu’on lui attribua fut peut-être la façon dont il encouragea les catholiques à s’intégrer à la vie publique de la province.
Archdiocese of Kingston, Archives, E. J. Horan papers.— P.-G. Roy, Le vieux Québec (2 vol., Québec, 1923–1931).-Arthur Maheux, L’abbé Edward John Horan (1817–1875), Le Naturaliste canadien (Québec), LXXXVI (1959) : 77–92.
J. E. Rea, « HORAN, EDWARD JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/horan_edward_john_10F.html.
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Auteur de l'article: | J. E. Rea |
Titre de l'article: | HORAN, EDWARD JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |