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DAWSON, GEORGE MERCER, géologue, auteur, professeur, fonctionnaire, géographe, anthropologue et paléontologue, né le 1er août 1849 à Pictou, Nouvelle-Écosse, fils de John William Dawson* et de Margaret Ann Young Mercer ; décédé célibataire le 2 mars 1901 à Ottawa.
George Mercer Dawson vécut en Nouvelle-Écosse jusqu’à la nomination de son père, éminent géologue, à la direction du McGill College de Montréal en 1855. L’exemple paternel lui inspirait une passion pour l’étude de la nature qui s’intensifia au fil de ses excursions dans les recoins sauvages que présentaient encore les terrains du collège. Le jeune George Mercer recueillait des spécimens d’histoire naturelle sur le mont Royal et travaillait avec son père au muséum de McGill. En 1858, il excellait dans ses études à la High School of Montreal, mais l’apparition d’une grave maladie – apparemment, la tuberculose des corps vertébraux (mal de Pott) – le força à les abandonner. Physiologiquement, cette maladie eut de terribles conséquences. Dawson en garda une déviation de la colonne vertébrale qui déforma la partie supérieure de son corps, retarda sa croissance et lui causa des maux de tête chroniques. Quand on connaît ces handicaps, on admire d’autant plus les exploits qu’il réaliserait par la suite en tant qu’explorateur. Jusqu’à l’âge de 18 ans, il eut des précepteurs qui surent nourrir son esprit systématique, son insatiable curiosité intellectuelle, sa vaste intelligence, sa belle personnalité et ses qualités marquées de leader – attributs qui s’exprimeraient à la fois dans les sciences et les arts. En 1868–1869, il étudia à McGill. Puis il passa l’été de 1869 à Gaspé, recueillant des foraminifères à la drague afin d’étudier la répartition géographique de ces coquillages minuscules. Son article à ce sujet parut en 1870 dans des revues scientifiques du Canada, des États-Unis et de la Grande-Bretagne.
À l’automne de 1869, grâce à son éducation scientifique raffinée, à ses dons naturels et à son ambition, Dawson put entrer dans un des hauts lieux de la formation professionnelle en sciences : la Royal School of Mines de Londres. Passer outre-Atlantique lui fut d’autant plus facile que son père y avait des relations professionnelles. Fondée dans l’enthousiasme qui avait suivi l’Exposition universelle de 1851, l’école avait été organisée et dotée en personnel par la Geological Survey of Great Britain dans le but de promouvoir l’exploitation scientifique des richesses minières de la Grande-Bretagne et des colonies. Dawson reçut à cet endroit, de certaines des plus grandes autorités en ces matières, une formation intensive en géologie (notamment en faisant des travaux sur le terrain avec la commission dans la région des Lacs), en histoire naturelle, en paléontologie, en chimie, en exploitation minière et en métallurgie, de même qu’en mécanique appliquée. Même si son père demeurait farouchement antidarwinien, il étudia en particulier l’histoire naturelle avec Thomas Henry Huxley, « le bouledogue de Darwin ». Huxley mettait l’accent sur les relations entre l’histoire naturelle et la géologie, sur l’accumulation des données scientifiques et sur l’importance des régions géographiques dans les schémas de répartition des espèces (question approfondie dans le cours de paléontologie de Robert Etheridge) – d’où la perspective évolutionniste moderne des travaux que Dawson réaliserait par la suite. En 1872, Dawson obtint son diplôme avec distinction et le titre de membre associé de la Royal School of Mines. En outre, il remporta la bourse Duke of Cornwall, la médaille et le prix Forbes d’histoire naturelle et de paléontologie ainsi que la médaille Murchison de géologie. Il avait adoré travailler sur le terrain, et son remarquable dossier scolaire lui garantissait presque à coup sûr une place dans une expédition gouvernementale de topographie ou d’exploration.
Au lieu d’aller poursuivre ses études en Allemagne, Dawson choisit de rentrer au pays à l’été de 1872. À titre de contractuel, il analysa du minerai de charbon et de fer pour quelques hommes d’affaires de la Nouvelle-Écosse. Il enseigna aussi la chimie au Morrin College de Québec. Toujours en 1872, un poste se libéra à la Commission géologique du Canada, et le directeur, Alfred Richard Cecil Selwyn, décida de le garder pour Dawson afin qu’il puisse d’abord participer, en tant que naturaliste et géologue, à la commission internationale qui allait délimiter la portion de la frontière canado-américaine allant du lac des Bois aux Rocheuses [V. Samuel Anderson*].
Dawson voyagea durant deux ans avec la commission de la frontière. Son rapport, paru en 1875 et intitulé Report on the geology and resources of the region in the vicinity of the forty-ninth parallel, suscita beaucoup d’éloges, en raison de ses qualités sur les plans théorique et pratique. Par la suite, le minéralogiste Bernard James Harrington le rangerait au nombre des « classiques de la géologie canadienne ». Bien que le but principal de l’expédition ait été de délimiter le 49e degré de latitude pour qu’il serve de base à des investigations futures, Dawson avait procédé, en plus, à une remarquable analyse multidimensionnelle qui reflétait sa vaste formation scientifique et annonçait ses travaux futurs – ceux d’un chef de file de la deuxième génération des géologues canadiens de profession. Son rapport apportait une contribution originale à la connaissance de la géologie, de l’histoire naturelle et de la géographie d’un territoire mesurant plus de 800 milles de longueur sur 60 milles de largeur et situé au centre de l’Amérique du Nord. En géologie, Dawson aida à mieux comprendre le rôle du métamorphisme et de la glaciation dans la genèse des formations qui, dans les Prairies, remontent au pléistocène. Les preuves nouvelles qu’il fournit à ce propos allaient alimenter les débats durant des décennies en Amérique du Nord. De plus, il mit en évidence des formations du crétacé qui étaient riches en fossiles et plus récentes que les formations précambriennes du Bouclier canadien auxquelles s’était intéressé sir William Edmond Logan*, directeur de la Commission géologique du Canada avant 1869. Il dressa la carte des lits de lignite du tertiaire et analysa cette source extrêmement importante de combustible dans une région sans arbres. Dans le domaine de l’histoire naturelle, Dawson ajouta plus de 300 spécimens de mammifères et d’oiseaux aux collections du British Museum et évalua, données à l’appui, le danger que les invasions de sauterelles présentaient pour l’agriculture. Son apport à la géographie consista à dresser des cartes détaillées d’une région que l’on n’avait guère explorée depuis les expéditions de John Palliser* et de Henry Youle Hind dans les années 1850 et à en analyser, à l’aide d’arguments serrés, les possibilités de peuplement. Pendant longtemps, on puiserait principalement dans son rapport les données géologiques nécessaires à la construction ferroviaire dans les Prairies. En outre, le botaniste John Macoun* et d’autres se serviraient du document pour convaincre l’opinion canadienne que le potentiel agricole des Prairies était plus riche que Dawson ne l’avait cru. Il est donc reconnu que les travaux accomplis par Dawson pour la commission de la frontière stimulèrent grandement la colonisation de l’Ouest canadien. Tout le premier tirage de son rapport se vendit presque immédiatement ; le document resta en demande même aux États-Unis. Ce succès favorisa la publication d’autres textes dans les divers champs d’intérêt de Dawson.
Dawson entra à la Commission géologique du Canada à l’été de 1875 et passa en Colombie-Britannique les deux saisons suivantes de travaux. En 1876, ce fut non pas lui mais Joseph Frederick Whiteaves que la commission choisit pour succéder à Elkanah Billings* au poste de paléontologue officiel. Durant bien des années donc, il allait travailler dans des régions lointaines plutôt que dans les bureaux de la commission à Montréal, ce qui attristait fort son père. Néanmoins, il apporta une très précieuse contribution à l’exécution du triple mandat de la commission dans les territoires de l’Ouest : définir les structures géologiques, évaluer les richesses minières et le potentiel agricole, donner des avis sur la construction d’un chemin de fer allant jusqu’au Pacifique. Par la grande qualité de ses explorations, il inaugura une ère nouvelle dans l’histoire de la Commission géologique, une ère de travaux systématiques de reconnaissance, et s’imposa plus encore comme expert en géologie, géographie et ethnologie théoriques et pratiques.
En tant que géologue et géographe, Dawson fit œuvre extrêmement utile en s’attaquant à cette tâche fondamentale qui consistait à dessiner sur des cartes les caractéristiques de la surface d’un territoire complexe et à nommer ces caractéristiques. En abordant l’épineuse question de leur origine, il enrichit de considérations supplémentaires le débat sur la glaciation. Grâce à des indices recueillis péniblement au cours de ses investigations dans l’ouest du Canada (en Colombie-Britannique de 1875 à 1877, dans la région des rivières Rouge, Assiniboine et Souris en 1878–1879, dans les vallées de la rivière Skeena et de la rivière de la Paix en 1879–1880), il put rattacher les formations du crétacé dans les îles Britanniques à celles du laramien en Amérique du Nord. Peu à peu, il commença à accepter la théorie générale selon laquelle des nappes glaciaires s’étaient étendues au continent à partir de la calotte polaire et avaient sculpté le paysage. Pourtant, il n’abandonna jamais complètement l’autre théorie selon laquelle la géologie de surface de l’Ouest canadien, y compris les formations du pléistocène dans les Prairies, avait été façonnée par des icebergs dérivants, « expressions locales » des phénomènes polaires survenus à l’époque où la terre avait été submergée. Dawson fils et Dawson père demeurèrent parmi les derniers scientifiques éminents à résister à la théorie de la calotte glaciaire continentale, quoique, à compter de 1879, George Mercer ait admis la probabilité qu’une nappe glaciaire plus étendue s’était formée dans la Cordillère, du moins en Colombie-Britannique.
De temps à autre, des questions complexes et encore irrésolues échappaient aux conceptualisations de Dawson, mais ses rapports révèlent une capacité exceptionnelle d’observer de vastes étendues de terrain et de faire des extrapolations exactes à partir de ses observations. Grâce à son indépendance d’esprit, il put démontrer par exemple que certaines configurations géologiques pouvaient résulter uniquement d’un déplacement de masses glaciaires vers le nord, et non d’un mouvement à partir de la calotte polaire vers le sud. En outre, il parvint à relier des indices de métamorphisme relevés au Canada à de l’activité volcanique au Chili et ailleurs. À ces réussites théoriques, il ajouta des documents pratiques d’une valeur inestimable : des inventaires et analyses de richesses naturelles et du milieu environnant, notamment General note on the mines and minerals of economic value of British Columbia [...] en 1877 et Note on the distribution of some of the more important trees of British Columbia en 1880. Durant des années, constructeurs de chemin de fer, prospecteurs miniers et candidats à la colonisation consulteraient ces documents.
Dawson est réputé avoir été « l’un des Canadiens qui ont le plus apporté à l’ethnologie » et un « père de l’anthropologie canadienne ». Ce fut par ses travaux en Colombie-Britannique qu’il gagna ces titres. Il inclut des inventaires ethnologiques systématiques dans ses études géologiques, car il souhaitait que ses rapports sur les peuples autochtones aident le gouvernement à définir une politique. Comme il lui semblait inévitable que les Canadiens d’origine européenne étendent leur puissance politique dans l’Ouest, il établit en 1879, dans Sketches of the past and present conditions of the Indians of Canada, la répartition des populations aborigènes et leur nombre décroissant. Sa façon de concevoir la politique qui devait s’appliquer aux Amérindiens de l’Ouest s’appuyait sur l’ethnologie. Pour lui comme pour d’autres ethnologues, l’évolution sociale annonçait l’extinction inévitable des peuples « socialement inférieurs ». Il suivait l’exemple de John Wesley Powell et d’autres ethnologues américains préoccupés de la « question indienne » et pris dans le dilemme moral qu’engendrait l’invasion systématique du territoire autochtone dans la dernière partie du xixe siècle. À l’instar de ces Américains qui se souciaient du sort des tribus en déclin et désiraient promouvoir leur évolution sociale, Dawson déconseillait au gouvernement d’opter pour la mise sous tutelle des Amérindiens et leur ségrégation dans des réserves. Il encourageait plutôt un programme d’éducation et d’assimilation à la société blanche.
En explorant l’archipel de la Reine-Charlotte, en 1878, Dawson rendit visite aux Haïdas, ce qui le confirma dans ses convictions. En tant qu’artiste et poète, il fut captivé par la beauté de leurs mâts totémiques, et par l’intelligence et les talents que reflétait la construction de leurs villages. En tant que scientifique darwinien, il perçut une culture très évoluée. À la fois admiratif devant ces réalisations et frappé par la dure réalité – des villages désertés, des populations en déclin rapide –, il ajouta de riches appendices, dont un lexique haïda, à son étude géologique des îles (1878–1879), qui fut très louangée. Il préconisait d’encourager les arts et métiers haïdas au moyen de l’instruction. Il établissait des liens entre les aptitudes dont ces arts et métiers témoignaient et les industries qui, il le savait, accompagneraient la colonisation canadienne. En outre, il prévenait les hommes politiques que la culture haïda comportait des notions de propriété « pleinement développées » dont il faudrait tenir compte au cours des négociations concernant le chemin de fer.
Cette visite chez les Haïdas stimula en Dawson un intérêt professionnel pour l’ethnologie et le poussa à préserver d’autres témoins de leur culture. Il photographia et dessina leurs mâts totémiques, et fit parvenir des artefacts au McGill College. Jamais plus il n’aurait une aussi belle occasion de faire de la recherche anthropologique, mais il écrivit des rapports sur les Kwakiutls en 1887 et sur les Shuswaps en 1891, distinguant avec fierté les collections britanno-colombiennes d’ethnologie et les collections ontariennes d’archéologie de la Commission géologique du Canada. De plus, il collabora avec William Fraser Tolmie* à un ouvrage qui parut en 1884 et comportait une carte linguistique, Comparative vocabularies of the Indian tribes of British Columbia [...]. Le zèle de Dawson et ses travaux de pionnier en matière de recherche attirèrent l’attention de l’étranger sur le riche patrimoine ethnologique du Canada et lui firent obtenir deux nominations de la British Association for the Advancement of Science : en 1884, le poste de directeur local du comité d’étude des tribus du Nord-Ouest du Canada et, en 1897, la présidence du comité pour une étude ethnologique du Canada. Mettant à contribution les talents de l’anthropologue américain Franz Boas*, il fit en sorte que la British Association for the Advancement of Science et la Société royale du Canada fassent toutes deux progresser le dossier de la création d’un dépôt national, afin de conserver les artefacts au Canada en cette époque où les musées étrangers se les arrachaient. La prédilection de Dawson pour la constitution de collections influença profondément l’anthropologie au Canada, tant sur le plan théorique qu’institutionnel. S’il avait privilégié plutôt d’autres formes de travaux anthropologiques sur le terrain, le département d’ethnologie de l’actuel Musée canadien des civilisations, par exemple, ne serait pas ce qu’il est.
Dawson fut également à l’origine de collections nationales de zoologie constituées principalement de vestiges de dinosaures. À l’époque où il étudiait à la Royal School of Mines, ces reptiles préhistoriques faisaient l’objet d’une controverse. Il découvrit des fossiles de dinosaure pour la première fois en 1874, près du lac des Bois, puis il en trouva au bord de la rivière Red Deer (Alberta). Les restes de ces animaux gigantesques gisaient dans des formations du crétacé que Dawson associa aux dépôts houillers dont on lui avait demandé de trouver l’emplacement. Les remarquables collections de dinosaures dont il fut l’initiateur allaient former la base du département de la paléontologie des vertébrés à l’actuel Musée national des sciences naturelles.
Entre-temps, ses travaux géologiques et ses rapports annuels pour la Commission géologique du Canada progressaient rapidement. Dans les années 1880, certaines structures géologiques de l’ouest et du nord du pays le préoccupaient encore beaucoup. Bien que réfutée par la suite, sa théorie selon laquelle les Rocheuses s’étaient formées en ayant le Bouclier canadien comme axe central démontrait son esprit imaginatif et fut, à l’époque, une source d’inspiration. Les études qu’il fit à partir de 1880 dans la région des rivières Bow et Belly lui permirent d’identifier d’importants sous-groupes du crétacé et constituèrent la dernière phase de ses travaux de reconnaissance sur les formations houillères situées à l’est des Rocheuses. Son expertise en matière d’utilisation du lignite comme combustible (expertise qui s’accrut au cours d’une tournée européenne en 1882) fut mise à contribution en 1883 par le comité permanent des Communes sur l’immigration et la colonisation. Elle se manifesta dans un rapport qui fut publié conjointement par la Commission géologique du Canada et la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique en 1889 et qui fit autorité : Mineral wealth of British Columbia [...]. En 1883, Dawson explora le versant occidental des Rocheuses, assisté de Joseph Burr Tyrrell* dans la passe du Nid-du-Corbeau. L’année suivante, il poussa plus loin vers le nord son exploration de la région des monts Selkirk. En 1887, il publia une carte qui constituait un bilan de ses travaux, « Geological map of the northern portion of the dominion of Canada east of the Rocky Mountains ». En 1890, il y ajouta un vibrant plaidoyer pour la poursuite des travaux d’exploration et de cartographie, On some of the larger unexplored regions of Canada. L’optimisme prudent qui caractérisait ses rapports influa beaucoup sur l’exploitation des gisements en filon, laquelle allait faire de la Cordillère la région du pays où la production d’or et d’autres métaux serait la plus forte. Pourtant, même lui ne pouvait guère contenir son enthousiasme dans ses rapports sur les dépôts houillers ; parlant de ceux qui se trouvaient dans le district de l’Alberta, il les déclarait « pratiquement inépuisables ». En fait, ce furent ces dépôts qui incitèrent des entrepreneurs comme sir Alexander Tilloch Galt* à multiplier leurs activités commerciales.
En 1887, Dawson dirigea une expédition d’exploration dans le territoire du Yukon. On savait depuis longtemps qu’il y avait là des dépôts alluviaux d’or. Remontant le fleuve Stikine, puis regagnant le littoral par la source du fleuve Yukon, non seulement marqua-t-il un repère pour la frontière de l’Alaska (qui faisait l’objet de vives controverses), mais il décrivit des graviers aurifères et se servit des schémas glaciaires pour prévoir en quels points du Yukon on pouvait espérer trouver des dépôts exploitables. Deux éditions de son rapport, qui contenait d’utiles cartes géologiques et indiquait des routes d’accès, se vendirent en totalité. De l’avis général de ses contemporains, ce rapport laissait présager la ruée vers l’or du Klondike à compter de 1898, époque où l’on baptisa Dawson City en son honneur, même s’il ne s’était pas rendu jusqu’au Klondike au cours de son expédition.
Au terme de ses dix premières années de travaux sur le terrain, qui avaient été fertiles en succès scientifiques, Dawson récolta des honneurs et des responsabilités administratives. En 1883, soit deux ans après que la Commission géologique du Canada eut installé son siège social à Ottawa, il devint directeur adjoint. Pendant que Selwyn exerçait la fonction de commissaire du Canada à l’Exposition universelle d’Anvers et à la Colonial and Indian Exhibition de Londres, en 1885–1886, il fut directeur intérimaire. En 1891, Dawson devint membre de la Royal Society of London et reçut la médaille Bigsby de la Geological Society of London. La même année, il servit la cause de la Grande-Bretagne dans le différend qui opposait celle-ci aux États-Unis au sujet de la chasse au phoque dans la mer de Béring [V. Clarence Nelson Cox] en présentant un témoignage déterminant sur l’histoire naturelle de la région. On lui décerna pour cette raison, en 1892, le titre de compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges. L’année suivante, il aida à défendre la cause britannique devant un tribunal d’arbitrage à Paris. Par ailleurs, Dawson reçut plusieurs doctorats honorifiques : de Princeton en 1887, de la Queen’s University en 1890, de McGill en 1891 et de la University of Toronto en 1897. Président de l’Ottawa Field-Naturalists’ Club de 1891 à 1894, il fut aussi corédacteur du Journal of Geology de Chicago. Membre de la Société royale du Canada depuis 1882, il en fut élu président à l’unanimité en 1893. Dans son discours de l’année suivante, il réclama, avec des arguments puissants, le financement public de « tout ce champ d’étude scientifique qui se rapport[ait] [au] vaste territoire [canadien] ». Lorsque Selwyn prit sa retraite en 1895, Dawson fut nommé directeur de la Commission géologique du Canada.
Cette nomination comblait une ambition que Dawson nourrissait depuis au moins les années 1880. Le défi qui se présentait à lui consistait à rehausser le moral du personnel et à améliorer l’image de marque de la commission, qui s’étaient gravement détériorés par suite de la transition administrative et des restrictions budgétaires. En outre, dans l’esprit de Dawson, il était temps pour la commission de passer du travail d’ébauche au travail de finition, c’est-à-dire de délaisser les travaux généraux de reconnaissance pour se mettre à établir systématiquement des cartes illustrant des régions précises. Cependant, à cause des circonstances – la ruée vers l’or du Klondike, par exemple, ou le déploiement d’énergies qui suivit l’élection du gouvernement libéral de Wilfrid Laurier* en 1896 –, la commission dut s’aventurer de plus en plus loin, jusque dans la toundra et au Labrador, pour y chercher des richesses minières. Comme son prédécesseur, Dawson veilla à ce que la commission s’acquitte à la fois de sa mission scientifique et de son travail pratique. Comme Selwyn toujours, il fut critiqué parce qu’il ne réussissait pas à obtenir davantage de fonds. Peut-être la plus grande différence entre la période de Dawson et celle de Selwyn se situait-elle dans l’image que le public avait des deux hommes. On pouvait raisonnablement voir en Dawson celui qui avait le plus contribué à l’évaluation et à la mise en valeur des richesses naturelles du pays, alors que l’on tenait Selwyn pour un scientifique fort peu soucieux de l’intérêt public.
Les honneurs qui continuaient d’échoir à Dawson ne nuisaient certainement pas à sa réputation. Lorsque la British Association for the Advancement of Science se réunit à Toronto, en 1897, Dawson présida la section de géologie et fit avec des dignitaires scientifiques une excursion géologique qui les mena en train d’un bout à l’autre du continent. Il reçut la médaille d’or de la Royal Geographical Society la même année et fut en 1898 vice-président de l’Institut canadien des mines, fondé depuis peu. En 1900, il devint président de la Geological Society of America ; c’est à ce titre qu’il livra un important bilan intitulé « Geological record of the Rocky Mountain region in Canada ».
George Mercer Dawson succomba à une bronchite en 1901, à peine 15 mois après le décès de son père. Cette mort subite consterna ceux, nombreux, qui avaient fini par tenir pour acquis ses exploits physiques et intellectuels. L’héritage qu’il laissait à la Commission géologique du Canada était à la fois positif et négatif. Dawson l’administrateur n’avait pas réussi à apaiser les rivalités internes ni à résoudre les problèmes structurels qui caractérisaient la commission dans la génération postérieure à celle de sir William Logan. Par contre, Dawson le scientifique avait établi de nouvelles normes pour les travaux sur le terrain et les rapports. C’est pourquoi on voyait en lui, pour reprendre les termes du journaliste Robert Walker Shannon, un « esprit rare et beau », une intelligence qui « faisait rayonner et transfusait la masse [de son savoir], la faisant briller d’une énergie vivante ». Cet hommage seyait au scientifique qui avait contribué à combler le fossé entre connaissances scientifiques et résultats concrets et qui, ce faisant, avait généré au Canada une richesse et une activité économique sans précédent.
On trouve la liste des publications de George Mercer Dawson dans Science and technology biblio. (Richardson et MacDonald). Sa carte géologique du nord du Canada a été publiée, accompagnée de Notes[...] (Montréal. 1887) ; cette carte et ces notes ont aussi été publiées dans l’Annual report de la Commission géologique du Canada (Montréal), nouv. sér, 2 (1886), rapport R.
Des extraits de ses lettres et de ses écrits forment l’essentiel de The life of George Mercer Dawson [...] 1849–1901, et ont été compilés par sa nièce Lois Sybil [Harrington] Winslow-Spragge ([Montréal], 1962) ; ses notes personnelles sur la Colombie-Britannique ont été publiées sous le titre The journals of George M. Dawson : British Columbia, 1875–1878, Douglas Cole et Bradley Lockner, édit. (2 vol., Vancouver, 1989).
Commission géologique du Canada (Ottawa), Directors’ letter-books.— MUA, MG 1022.
Commission géologique du Canada, Report of progress (Montréal), 1876–1877 à 1882–1884, publié par la suite sous le titre Annual report (Montréal ; Ottawa), nouv. sér., 1 (1885)–15 (1902–1903).— P. R. Eakins, « George Mercer Dawson (1849–1901) – citizen and scientist », Geological Assoc. of Canada, Proc. (Toronto), 24 (1971–1972), no 2 : 5–8.— A. H. Lang, « Contributions of W. E. Logan and G. M. Dawson to the Canadian mineral industry », Geological Assoc. of Canada, Proc., 23 (1971) : 19–23 ; « G. M. Dawson and the economic development of western Canada », Administration publique du Canada (Toronto), 14 (1971) : 236–255.— R. W. Shannon, « The late Dr. Dawson », Commonwealth (Ottawa), mars 1901 : 50.— J. J. Van West, « George Mercer Dawson : an early Canadian anthropologist », Journal anthropologique du Canada (Ottawa), 14 (1976), no 4 : 8–12.— The western interior of Canada : a record of geographical discovery, 1612–1917, John Warkentin, édit. (Toronto, 1964).— Zaslow, Reading the rocks.
Suzanne Zeller et Gale Avrith-Wakeam, « DAWSON, GEORGE MERCER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dawson_george_mercer_13F.html.
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Auteur de l'article: | Suzanne Zeller et Gale Avrith-Wakeam |
Titre de l'article: | DAWSON, GEORGE MERCER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |