WHITE, JAMES, géographe et fonctionnaire, né le 3 février 1863 à Ingersoll, Haut-Canada, fils aîné de David White, marchand, et de Christina Hendry ; le 12 octobre 1888, il épousa à Ottawa Rachel Waddell, et ils eurent deux filles ; décédé le 26 février 1928 dans cette ville.
James White étudia d’abord à Ingersoll et obtint en 1883 son diplôme du Royal Military College of Canada à Kingston. Engagé comme topographe en 1884 par la Commission géologique du Canada, il entreprit des travaux dans les Rocheuses, en Ontario et dans la province de Québec. George Mercer Dawson*, le directeur adjoint de la commission, sise à Ottawa, nomma le mont White (Alberta) en son honneur. En juin 1894, White devint le géographe et le dessinateur en chef de la commission ; il succédait à Scott Barlow, fils de Robert Barlow*, qui avait été cartographe de la commission.
En juin 1899, White fut promu géographe en chef du département de l’Intérieur, qui, depuis 1891, dressait systématiquement des cartes illustrant des régions précises du Canada. À ce titre, il amassa et diffusa une profusion de renseignements. Il continua la production de cartes détaillées – en 1902, sa tentative de regrouper les activités cartographiques du gouvernement rencontra de la résistance de la part de la Commission géologique – et il écrivit ou édita des livres fort utiles sur les altitudes, la cartographie, les frontières et les toponymes. Selon lui, son principal apport technique était l’Atlas of Canada, paru probablement à Ottawa en 1906 ; préparé sous sa direction, c’était l’un des premiers atlas nationaux au monde. En outre, White contribua en 1903 aux travaux du tribunal d’arbitrage sur la frontière de l’Alaska [V. sir Wilfrid Laurier*] et, en 1906–1907, à des études sur la possibilité d’établir une liaison rapide par vapeurs entre la Grande-Bretagne et ses possessions du Pacifique en passant par le Canada.
Pendant les années 1900, on vit émerger en Amérique du Nord le mouvement de préservation de la nature, dont White devint l’un des principaux protagonistes au Canada. En 1909, le gouvernement libéral de Laurier le nomma secrétaire de la nouvelle Commission de la conservation, placée sous la présidence de Clifford Sifton, ex-ministre de l’Intérieur. Les membres recrutés par Sifton étaient d’influents hommes d’affaires, hommes politiques et universitaires, mais c’est à White, nommé vice-président en 1913, que revient le mérite d’avoir administré cet organisme. La tâche était impressionnante, car la commission produirait et diffuserait largement plus de 200 rapports rédigés par ses 7 comités (forêts, eau et énergie hydraulique, minéraux, terres, santé publique, pêches, gibier et animaux à fourrure, presse et organisations associées). Elle verrait son influence grandir à mesure que les législateurs, les universitaires et les industriels de tout le pays suivraient ses recommandations et que nombre de journaux feraient état de ses conférences populaires. En tant qu’administrateur, White avait son franc-parler : ainsi, en 1910, il critiqua avec virulence l’exploitation de l’énergie hydroélectrique par l’entreprise privée sur les voies navigables du Saint-Laurent.
Pendant le premier conflit mondial, l’opinion publique se désintéressa de la préservation des richesses naturelles, car l’effort de guerre exigeait une augmentation de la production. L’engagement de Sifton envers la cause faiblit et White dut affronter des critiques qui accusaient la commission de faire des dépenses excessives et d’empiéter sur les attributions d’autres ministères. Malgré la détérioration de ses relations avec ses collègues et les principaux ministres du cabinet, il intensifia les activités de la commission, qui joua un rôle déterminant dans la négociation du traité de 1916 sur les oiseaux migrateurs. La même année, il devint le président fondateur du conseil consultatif du Canada sur la protection de la faune. En cette qualité, il créa des sanctuaires d’oiseaux au rocher Percé et à l’île Bonaventure, dans la province de Québec, et travailla en faveur de l’affirmation de la souveraineté du Canada dans l’Arctique.
Au printemps de 1921, soit en pleine crise économique, le premier ministre conservateur Arthur Meighen* abolit la commission, pour le motif qu’elle faisait double emploi. Radié de la liste de paie de l’administration fédérale, White fut réengagé l’année suivante à titre de conseiller technique auprès de sir Lomer Gouin, ministre de la Justice dans le nouveau gouvernement libéral. Il contribua à des dossiers importants, entre autres l’arbitrage des revendications des Goyogouins et le différend sur la frontière du Labrador, mais il ne parvint pas à relancer la commission.
Durant sa carrière, White appartint à une foule d’organisations scientifiques et professionnelles. Membre de la Royal Geographical Society et membre de la Société royale du Canada, il fut vice-président de section à la British Association for the Advancement of Science, président de la section de géologie à la Société royale du Canada et président du Bureau de géographie du Canada en 1927–1928. De plus, il fut membre de la National Geographic Society, de la Société canadienne des ingénieurs civils et de l’American Academy of Political and Social Science.
Autant de l’avis de ses détracteurs que de ses partisans, James White était un homme brillant, ambitieux et résolu qui tenait à ce que le Canada administre ses richesses naturelles en songeant à l’avenir. Il avait aussi la réputation d’être un travailleur et un chercheur « infatigable » qui connaissait mieux que personne la géographie du pays. Il était de confession anglicane et aimait voyager, bien qu’une fracture à la jambe subie dans sa jeunesse ait restreint sa mobilité. Il mourut subitement dans sa demeure d’Ottawa à l’âge de 65 ans.
James White a supervisé la préparation d’un grand nombre de cartes sur le Canada, dont beaucoup sont répertoriées dans le Catalogue de la collection nationale de cartes et de plans, Archives publiques du Canada, Ottawa, Ontario (16 vol., Boston, 1976). White a notamment rédigé ou compilé les ouvrages suivants : The topographical work of the Geological Survey of Canada ([Londres, 1897]) ; Altitudes in the Dominion of Canada, with a relief map of North America (Ottawa, 1901) ; Dictionary of altitudes in the Dominion of Canada : with a relief map of Canada (Ottawa, 1903) ; Place names in Quebec, Thousand Islands, and northern Canada ([Ottawa, 1910]) ; The North Atlantic fisheries dispute (Ottawa, 1911) ; Place-names in northern Canada (Ottawa, 1911) ; Place-names in Georgian Bay (including the North Channel) ([Toronto, 1913]) ; Boundary disputes and treaties (Toronto, 1914) ; Treaty of 1825 : correspondence respecting the boundary between Russian America (Alaska) and British North America (Ottawa, 1915) ; Place-names in the Rocky Mountains between the 49th parallel and the Athabaska River ([Ottawa], 1916) ; Fuels of western Canada and their efficient utilization (Ottawa, 1918) ; Conservation in 1918 (Ottawa, 1919) ; et Power in Alberta : water, coal and natural gas (Ottawa, 1919).
AO, RG 80-5-0-157, nº 2434.— Christopher Armstrong, The politics of federalism : Ontario’s relations with the federal government, 1867–1942 (Toronto, 1981).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— R. P. Gillis et T. R. Roach, Lost initiatives : Canada’s forest industries, forest policy and forest conservation (Westport, Conn., 1986).— M. F. Girard, l’Écologisme retrouvé : essor et déclin de la Commission de la conservation du Canada (1909–1921) (Ottawa, 1994 ; contient une bibliographie détaillée sur White, le mouvement de conservation et les publications de la Commission de la conservation).— H. S. Spence, « James White, 1863–1928 : a biographical sketch », OH, 27 (1931) : 543s.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell).
Michel F. Girard, « WHITE, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/white_james_15F.html.
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Auteur de l'article: | Michel F. Girard |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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