Titre original :  Acte notarié par Louis Chambalon

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CHAMBALON, LOUIS, marchand et notaire royal, né vers 1663, originaire de Notre-Dame de Mirebeau, évêché de Poitiers, fils de Louis Chambalon, médecin, et de Marie Prieur, inhumé dans l’église paroissiale de Québec le 15 juin 1716.

Arrivé dans la colonie en 1688 ou peu avant, Chambalon fut d’abord commis chez les sieurs Hazeur, marchands à Québec. Le 2 octobre 1689, contre un salaire annuel de 1 000# et la faculté de traiter un peu à son propre compte, il promettait à Nicolas Perrot de le suivre aux pays des Outaouais à titre de commis-procureur. Il partit pour les pays d’en haut en mars 1690, et en revint vraisemblablement au printemps de 1691. Le 12 juin de cette année-là, il épousait à Québec Marie-Anne Pinguet, la veuve de son ancien patron, Léonard Hazeur Des Ormeaux. Dès lors, Chambalon apparaît comme marchand, important de France les produits les plus divers et approvisionnant les « voyageurs » engagés dans la traite. Peut-être sollicita-t-il en vue de son commerce la concession d’un arrière-fief de trois lieues sur six, dans la seigneurie de Ristigouche (sur la baie des Chaleurs), que lui accordait Pierre Rey Gaillard le 17 juin 1698.

Après le décès de Gilles Rageot* survenu au début de 1692, le commerçant Chambalon avait reçu de Champigny [Bochart] une commission de notaire royal, confirmée par Louis XIV le 10 avril 1694. Chambalon exerça jusqu’à sa mort, et fut le notaire le plus occupé de son temps. Son greffe compte près de 4 000 minutes. Allié par sa première femme à la bourgeoisie du pays, il eut la clientèle de l’élite québécoise, et ses services furent souvent requis par les gouverneurs et les intendants. Il ne chercha pas à cumuler les offices, et n’apparut jamais comme praticien devant le conseil.

En apparence, Chambalon était moins besogneux que ses confrères. Mais il n’est pas sûr que dans la réalité ce fût vrai. Il était, par exemple, l’un des actionnaires de la Compagnie de la Colonie, y ayant souscrit 4 000# ; or une note contemporaine affirme qu’il n’avait rien et devait beaucoup. C’était à vrai dire le triste lot de presque tous les commerçants de la Nouvelle-France, qui retenaient une bien faible part des profits de la traite, empochés quasi en entier par les fournisseurs et les armateurs de la métropole. La situation de Chambalon allait encore s’aggraver. Souffrant terriblement de la goutte et de violents maux de côté, au point d’être impotent deux mois sur trois, il dut abandonner, probablement vers 1706, son activité commerciale. En 1707, par suite du ralentissement de Chambalon, l’intendant nommait Jean-Étienne Dubreuil notaire à Québec. Deux ans plus tard, Chambalon sollicitait du roi une pension, qu’il ne semble pas avoir touchée. Dans un effort pour conserver sa clientèle, encore imposante, il prit en 1710 un clerc, René-Claude Barolet*, qui serait appointé notaire en 1728.

Veuf de sa première femme en avril 1694, Chambalon s’était remarié, le 9 août de la même année, avec Geneviève Roussel. Du premier lit, il eut deux enfants qui ne vécurent pas, et aucun du second. Il s’occupa, cependant, du fils de sa première femme, Charles Hazeur, qui fut ordonné prêtre en 1706, et de Catherine-Madeleine Renaud d’Avène de Des Méloizes, qui vécut chez lui et se fit plus tard ursuline. En 1699, il hébergeait en outre un cousin, François Aubert, qui lui valut quelques désagréments. Aubert « abusa » en effet, au propre domicile de Chambalon, d’une servante de ce dernier, qui se retrouva enceinte. L’affaire fut portée devant les tribunaux, et Chambalon condamné, pour sa part, à avancer 50# à Aubert pour les besoins les plus urgents de l’enfant. Ce fut certes une humiliation pour le brave notaire, dont « la piété, dit-on, faisait l’édification de toute la ville de Québec », et qui était au surplus, vers cette époque, l’un des directeurs de l’Hôpital Général. Mais, à vrai dire, Chambalon n’était pour rien dans ce scandale, ainsi du reste que dans l’affaire Mareuil* et dans celle du prie-Dieu, auxquelles il avait été mêlé bien malgré lui, comme notaire, en 1694.

Geneviève Roussel survécut à son mari jusqu’en octobre 1738.

André Vachon

AJQ, Greffe de Gilles Rageot, 11 juin 1691 ; Greffe de Guillaume Roger, 8 août 1694.— AQ, NF, Ins. de la Prév. de Québec, I : 760 ; III : 121 ; IV : 333.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1942–43 : 424 ; 1946–47 : 445.— Jug. et délib., passim.— Lettre de M. de Lamothe Cadillac, RAPQ, 1923–24 : 81, 84.— Ord. comm. (P.-G. Roy), III : 235s.— P.-G. Roy, Inv. concessions, IV : 54.— Liste générale des intéressés en la compagnie de la colonie..., BRH, XL (1934) : 498.— Tanguay, Dictionnaire, I : 112.— Les Ursulines de Québec (Québec, 1863–1866),11 : 216.— J.-E. Roy, Histoire du notariat, I : passim.— P.-G. Roy, La ville de Québec, II : 498.

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André Vachon, « CHAMBALON, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/chambalon_louis_2F.html.

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Auteur de l'article:    André Vachon
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    28 novembre 2024