LEPALLIEUR DE LAFERTÉ, MICHEL, praticien, huissier, concierge des prisons, greffier intérimaire, notaire royal, juge sénéchal, substitut du procureur du roi, lieutenant général civil et criminel intérimaire, né vers 1656, fils de Jean Lepallieur et de Marie de Lamotte, originaire de Saint-Eustache, Paris, inhumé à Montréal le 10 avril 1733.

Peu d’officiers de justice du régime français auront rempli autant de tâches diverses, au sein de la judicature, que Michel Lepallieur. Pourtant, il n’entreprit sa carrière qu’à l’âge de 44 ans environ. Il avait épousé à Batiscan, le 3 novembre 1688, Catherine Jérémie* veuve de Jacques Aubuchon. Il s’était ensuite établi à Québec, où il se trouvait en 1690. Il y possédait une maison, rue de la Fontaine Champlain, voisine de celle de Louis Jolliet*, qu’il loua pour cinq ans le 15 juin 1693.

Lepallieur était considéré : Champigny [Bochart], en 1698, le disait « sage et intelligent ». En 1695, le 25 avril, les marguilliers de Québec lui avaient donné procuration pour la poursuite, même devant les tribunaux, des débiteurs de la fabrique. Lorsqu’on songea, en 1698, à établir à Québec une cour de l’amirauté, c’est à lui que l’intendant donna une commission de greffier en cette juridiction, mais le projet n’aboutit point. En 1700, Lepallieur était huissier au Conseil souverain ; l’année suivante il commença de siéger comme juge sénéchal de la seigneurie de Lauson ; en 1702, enfin, il exerçait le notariat dans la région de Québec. Lepallieur préféra toutefois aller vivre à Montréal. Il quitta la capitale à l’automne de 1702, laissant à Louis Chambalon les minutes des 70 actes qu’il avait reçus cette année-là.

Montréal offrait à cette époque beaucoup plus de possibilités que Québec, où les officiers de justice et les candidats à la judicature étaient nombreux. Lepallieur arrivait à Montréal avec une commission de notaire royal datée du 20 octo bre 1702 ; il restait en outre huissier du Conseil supérieur. En 1703, puis en 1705 et en 1717, il agit comme greffier intérimaire. Dès 1703, Lepallieur fut de surcroît concierge (geôlier) des prisons. Responsabilité importante, sur laquelle les autorités ne badinaient pas. Lepallieur s’en rendit compte une première fois, en 1709, quand un prisonnier « de consequence » réussit à s’évader. Le 22 mars, il était blâmé et destitué ; mais, son successeur ayant été encore plus malchanceux que lui, Lepallieur fut rétabli le 9 juillet suivant. Une autre fois, en 1731, trois prisonniers, condamnés à mort, prirent la fuite. Lepallieur fut lui-même mis au cachot pendant quelque temps. L’intendant Hocquart* finit cependant par le gracier, le 30 décembre 1732 ; mais c’en était fait de la carrière de geôlier de Lepallieur, du reste âgé de 76 ans.

Le 7 décembre 1706, Raudot avait nommé Lepallieur huissier audiencier à Montréal, charge qu’il détint jusqu’en juillet 1722. Bégon*, le 24 avril 1715, lui avait de plus donné une commission de substitut du procureur du roi. Raudot, le 13 juillet 1722, lui avait bien offert l’office de procureur du roi, mais à condition qu’il s’abstînt d’exercer comme notaire, ce que Lepallieur refusa, se contentant d’agir comme substitut jusqu’en 1730. En 1715, 1720 et 1726, il siégea aussi comme lieutenant général intérimaire. Longue et féconde carrière, si l’on considère que son minutier compte 4 776 actes notariés.

Le notaire Lepallieur démissionna en faveur de son fils François-Michel, le 12 janvier 1733. Il mourut trois mois plus tard. En 1740, Hocquart écrivait de la veuve Lepallieur qu’elle s’était « attachée depuis longtemps à connaître les secrets de la médecine des sauvages ».

André Vachon

AJQ, Greffe de Louis Chambalon, 15 juin 1693, 25 avril 1695, 26 oct. 1700 ; Greffe de Gilles Rageot, 5 mai et 18 juill. 1690.— AQ, NF, Coll. de pièces jud. et not., 2 036 ; NF, Ins. Cons. sup., III : 9s. ; NF, Ord. des int., I : 64v.s., 83v.s. ; III : 29v.s., 66v.s. ; VI : 167 ; VIII 172 ; 12b : 1s.— L.-G. Verrier, Les registres de l’Amirauté de Québec, RAPQ, 1920–21 : 107s.— Massicotte, Les tribunaux et les officiers de justice, BRH, XXXVII (1931) : 188s., 191, 302–304, 307.— Tanguay, Dictionnaire, I : 383.— J.-E. Roy, Histoire du notariat, I : passim. É.-Z. Massicotte : Une lettre du juge Raimbault en 1731, BRH, XXII (1916) : 242s.

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André Vachon, « LEPALLIEUR DE LAFERTÉ, Michel », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lepallieur_de_laferte_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    28 novembre 2024