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BUCHANAN, ALEXANDER, avocat, juge et juge de paix, né le 23 avril 1798 à Gosport, Angleterre, fils de John Buchanan et de Lucy Richardson ; décédé le 5 novembre 1851 à Montréal.
Issu d’une vieille famille écossaise établie en Irlande, John Buchanan immigre au Canada avec sa femme et ses enfants en 1802 lorsque le 49e d’infanterie, auquel il est attaché en qualité de chirurgien, y est envoyé. Après la mort de son épouse l’année suivante, il s’installe à Québec où il devient chirurgien de l’état-major de la garnison. C’est donc là que le jeune Alexander, l’aîné de trois enfants, fréquentera, comme d’autres jeunes de son milieu, l’école du révérend Daniel Wilkie.
En 1814, un an avant sa mort, John Buchanan place Alexander en apprentissage auprès de son ami, l’avocat Andrew Stuart*, qui s’engage par contrat à veiller pendant cinq ans à son éducation et à faciliter son entrée au barreau. Après le décès de son père, Alexander demeurera auprès de son maître devenu son tuteur, tandis que les autres membres de la famille seront confiés à Joseph-François Perrault*, protonotaire bien connu du district de Québec.
Ayant atteint sa majorité en avril 1819 et étant admis au barreau depuis le mois de mai, Buchanan n’hésite pas à utiliser sa part d’héritage pour faire un long voyage qui le mène en Angleterre, en Irlande, en Écosse et en France. Rentré au Bas-Canada à l’automne de 1820, il peut désormais se consacrer entièrement à sa carrière. C’est à Montréal, où il habitera par la suite, qu’il défend en 1821 sa première cause à la Cour du banc du roi. L’année suivante, il s’associe à un avocat renommé, James Stuart, ex-solliciteur général et frère de son ancien maître. Le départ de Stuart pour Québec, en raison de sa nomination en 1825 comme procureur général, amène Buchanan à se joindre à un avocat non moins connu de la province, Charles Richard Ogden*, fils du juge Isaac Ogden et solliciteur général à ce moment. Au printemps de 1824, Buchanan avait épousé Mary Ann Buchanan, fille de James Buchanan, consul britannique à New York, et sœur d’Alexander Carlisle Buchanan*. Malgré les exigences de sa profession, Buchanan trouve le temps de mener une vie sociale active. Membre de la St Paul’s Lodge et de la Société Saint-Patrice de Montréal, il collabore à la fondation de l’ Advocates’ Library and Law Institute of Montreal en 1828. Dans un rapport remis à cet organisme, il suggère à ses membres de jouer un rôle actif dans le perfectionnement des candidats au barreau par des cours et des conférences sur les lois et la jurisprudence. Ce rôle, il l’assumera lui-même en tant que conférencier, tout en assurant la présidence à maintes reprises entre 1836 et 1843.
La nomination de Buchanan à titre de conseiller du roi, le 17 juin 1835, marque un moment important de sa carrière. Quelques mois plus tard, il sera appelé à remplacer un des membres de la commission chargée d’établir, avec sa contrepartie du Haut-Canada, les limites entre les deux provinces. Le 30 novembre 1838, après l’écrasement militaire de la rébellion, on lui confiera la présidence d’une commission d’enquête sur le cas des prisonniers confinés à la prison de Montréal.
En 1839, à la fin des procès, le gouverneur général sir John Colborne* récompense Buchanan de ses services en le nommant juge du district de Montréal à la nouvelle Cour des requêtes (cour itinérante limitée aux petites causes) et juge de paix à la Cour des sessions trimestrielles. Considérant cette double charge trop lourde et peu rémunérée, Buchanan démissionne en 1841, acceptant néanmoins d’exercer par la suite les fonctions de juge de paix à la Cour de district. Poursuivant la pratique du droit, il s’associe successivement avec plusieurs avocats de renom, tels Henry Ogden Andrews, neveu de son deuxième associé, et Francis Godschall Johnson*, futur juge en chef, puis enfin John Bleakley.
À ces nombreuses occupations vient s’ajouter en 1842 la présidence de deux importantes commissions d’enquête. La première a pour tâche de réviser les lois et les ordonnances du Bas-Canada. Le rapport de Buchanan, déposé en trois tranches de 1843 à 1845, rassemble en un seul volume des lois jusque-là dispersées et recommande la codification et la traduction des lois anglaises et françaises afin d’en faciliter la diffusion. La seconde commission a pour but d’enquêter sur le système de tenure seigneuriale du Bas-Canada. En cette période de changement économique et politique, plusieurs en réclament l’abolition ou du moins la réforme. Le rapport, remis à l’Assemblée législative de la province du Canada le 4 octobre 1843, fait état des opinions divergentes de plusieurs représentants des milieux canadien et britannique. Il donne néanmoins raison aux opposants de la tenure, dont il reprend les idées : néfaste à l’agriculture et au développement industriel, ne répondant plus aux besoins de la population, ce système de sujétion, véritable reliquat de « siècles de barbarie », doit être aboli. La tenure libre, qui favorise l’émulation, saura par contre mener la population à un stade plus avancé de civilisation et faire progresser tout le pays. Ce rapport prépare déjà la loi de 1854 sur l’abolition du système seigneurial [V. Lewis Thomas Drummond*].
Mais Alexander Buchanan ne sera plus là pour en voir le résultat. Peu après sa nomination au conseil du barreau montréalais (reconnu juridiquement en 1849) et au conseil de l’association qui administre le Montréal Général Hospital, il meurt le 5 novembre 1851 à sa nouvelle résidence, Cornwall Terrace, rue Saint-Denis à Montréal. Son fils, George Carlo Vidua, suivra ses traces et deviendra juge à son tour.
Les rapports des deux dernières commissions d’enquête présidées par Alexander Buchanan sont reproduits dans Canada, prov. du, Assemblée législative, App. des journaux, 1843, app. FF, app. 00.
ANQ-M, CE1-63, 5 nov. 1851.— ANQ-Q, E17/18, n° 1119 ; E 17/29, n° 2189 ; E 17/31, n° 2423 ; E 17/35, n° 2772 ; E 17/40, n° 3191.— La Minerve, 6 nov. 1851.— P.-G. Roy, les Avocats de la région de Québec ; les Juges de la prov. de Québec.— Buchanan, Bench and bar of L.C. ; The Buchanan book ; the life of Alexander Buchanan, Q.C., of Montreal, followed by an account of the family of Buchanan (Montréal, 1911) ; Later leaves of the Buchanan book (Montréal, 1929).— « Le Docteur John Buchanan », BRH, 17 (1911) : 100–103.
Jacques Boucher, « BUCHANAN, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/buchanan_alexander_8F.html.
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Auteur de l'article: | Jacques Boucher |
Titre de l'article: | BUCHANAN, ALEXANDER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |