HENEY, HUGUES, avocat, officier de milice, juge de paix, homme politique et fonctionnaire, né le 9 septembre 1789 à Montréal, fils d’Hugue Heney, marchand, et de Thérèse Fortier ; le 14 octobre 1817, il épousa à Montréal Marie-Léocadie Foucher, fille du juge Louis-Charles Foucher, et ils eurent sept enfants ; décédé le 13 janvier 1844 à Trois-Rivières, Bas-Canada.
Hugues Heney fit ses études classiques au collège Saint-Raphaël, à Montréal, de 1798 à 1806. À la fin de son cours, il entra dans le bureau de Joseph Bédard, avocat de la même ville, où il travailla en qualité de clerc pendant cinq ans. Admis au barreau le 19 décembre 1811, il exerça alors le droit à Montréal et ne tarda pas à se faire une belle clientèle. Durant la guerre de 1812, il détenait le grade de lieutenant dans le 2e bataillon de milice de la ville de Montréal. Le 16 octobre 1813, on le muta au 3e bataillon de milice du même endroit dont il fut fait adjudant. Il servit en cette qualité pendant le reste de la guerre.
Le 8 juillet 1815, Heney fut nommé juge de paix du district de Trois-Rivières et, le 21 mai 1818, juge de paix du district de Montréal. Élu député de Montréal-Est deux ans plus tard à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada, il représenta cette circonscription jusqu’en 1832. Ami de Louis-Joseph Papineau*, il appartenait au parti canadien et prit part aux luttes que mena ce parti contre le gouvernement provincial. À l’assemblée de protestation tenue à Montréal le 7 octobre 1822, on le nomma membre du comité des 18 notables de la ville et de la région de Montréal formé pour lutter contre le projet d’union du Bas et du Haut-Canada [V. Denis-Benjamin Viger*].
En 1827, Heney signa avec Papineau et six autres députés une déclaration qui condamnait la décision du gouverneur en chef, lord Dalhousie [Ramsay], de proroger la chambre d’Assemblée et rejetait les accusations portées contre elle par ce dernier. La même année, Dalhousie avait enlevé à Heney ainsi qu’à d’autres miliciens amis de Papineau leurs commissions d’officiers. Son successeur, sir James Kempt*, allait toutefois redonner sa commission à Heney qui obtiendrait plus tard le grade de lieutenant-colonel. En février 1828, celui-ci signa avec Papineau et 15 autres personnes les instructions que le comité de Montréal donna à Denis-Benjamin Viger, John Neilson et Austin Cuvillier, agents chargés d’aller exposer aux autorités britanniques les griefs des Canadiens relativement à la situation politique au Bas-Canada. Le 20 juillet 1830, on le nomma commissaire chargé de la construction et de la réparation des églises et, le 18 juin 1831, visiteur des écoles des comtés de Champlain et de Saint-Maurice.
En décembre 1831, Heney différa d’opinion avec Papineau et la majorité des députés du parti patriote quant au célèbre projet de loi sur les fabriques [V. Louis Bourdages*]. Il vota contre ce projet de loi en deuxième lecture et s’abstint de voter en troisième. Il démissionna de ses fonctions de député le 28 février 1832 et, le 1er mars, devint greffier de la chambre d’Assemblée. Nommé le 26 juillet commissaire chargé de l’érection de nouvelles paroisses et, le 27 octobre, commissaire responsable de la subdivision des anciennes paroisses, Heney devint, le 7 décembre de cette année-là, grand voyer du district de Trois-Rivières. En novembre 1832, le gouverneur en chef, lord Aylmer [Whitworth-Aylmer], lui offrit la charge de conseiller exécutif. Papineau avait déjà refusé ce poste et avait demandé aux patriotes de décliner toute offre semblable. Malgré cette directive, Dominique Mondelet* avait accepté la nomination le même mois et, de ce fait, il passait pour un traître aux yeux des membres du parti patriote. Heney n’en accepta pas moins à son tour l’offre d’Aylmer qui, le 28 janvier 1833, le nomma au Conseil exécutif.
En 1835, Heney écrivit à John Neilson, ancien patriote envoyé en Angleterre par les adversaires du parti de Papineau afin d’aller y porter les doléances des marchands britanniques et des députés modérés de la chambre d’Assemblée de la province, qu’il était entièrement favorable à cette mission. Il ajouta : « il existe des abus [...] dans toutes les institutions humaines [...] il est licite de les corriger et de les faire disparaître par tous les moyens décents et loyaux, sans en appeler à la sédition et à la révolte [...] il faut réparer la maison et non pas la renverser [...] le principe électif, quoique bon en lui-même, devient très vicieux lorsqu’il est exploité dans des vues de haines nationales, de discussions religieuses ou autres motifs intéressés ». Ces mots, qui se voulaient des allusions défavorables au parti patriote, montrent jusqu’à quel point Heney était alors éloigné de son ancien parti. Le 5 novembre 1836, on lui confia le poste de commissaire chargé de la décision sommaire des petites causes à Saint-François-du-Lac.
À l’époque de la rébellion de 1837, Heney participa à la préparation des recommandations que fit le Conseil exécutif relativement à l’insurrection. Le 21 décembre 1837, c’est lui qu’on nomma commissaire chargé de faire prêter le serment d’allégeance. En raison de sa collaboration avec les autorités, les chefs patriotes le jugèrent très sévèrement et l’accusèrent d’avoir renié tous ses anciens principes.
À l’entrée en vigueur de l’Acte d’Union le 10 février 1841, Hugues Heney fut démis de sa charge de conseiller exécutif. Il ne fit pas partie du nouveau Conseil exécutif que forma trois jours plus tard le gouverneur en chef du Canada, lord Sydenham [Thomson]. La même année, il perdit ses fonctions de grand voyer, après l’abolition de cette charge. Toutefois, en 1842, on le nomma avec Alexander Buchanan* et Gustavus William Wicksteed commissaire chargé de réviser les lois et les ordonnances du Bas-Canada. Il ne s’était pas encore acquitté de cette tâche lorsqu’il mourut à Trois-Rivières le 13 janvier 1844, à l’âge de 54 ans.
Hugues Heney est l’auteur de : Commentaire ou Observations sur l’acte de la 31e année du règne de George III, chap. 31, communément appelé Acte constitutionnel du Haut et du Bas-Canada (Montréal, 1832). Les procès-verbaux d’Heney ont été consignés dans P.-G. Roy, Inventaire des procès-verbaux des grands voyers conservés aux Archives de la province de Québec (6 vol., Beauceville, Québec, 1923–1932), 3 : 224–238.
ANQ-M, CE1-51, 9 sept. 1789, 14 oct. 1817.— ANQ-MBF, CE1-48, 17 janv. 1844.— APC, MG 24, B1, 6 : 53 ; 8 : 344 ; B2 : 1339, 1538, 1586, 2857 ; MG 30, D1, 15 : 409–423 ; RG 4, B8 : 6753–6761, 10445 ; RG 7, G I, 24 : 644 ; 26 : 19 ; 35 : 279 ; RG 68, General index, 1651–1841 ; 1841–1867.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1830–1832.— Doc. relatifs à l’hist. constitutionnelle, 1819–1828 (Doughty et Story).— L’Aurore des Canadas, 16 janv. 1844.— Le Canadien, 19 janv. 1844.— La Gazette de Québec, 9 janv. 1812, 28 mai 1818, 7 juin 1819, 20 mars, 20, 24 avril, 3 juill., 21 août, 11 déc. 1820, 26 juill. 1821, 5 déc. 1822, 2 avril 1827.— Almanach de Québec, 1810–1823.— F.-J. Audet, les Députés de Montréal, 17, 92–94, 153 ; « les Législateurs du B.-C. ».— F.-M. Bibaud, le Panthéon canadien (A. et V. Bibaud ; 1891), 116–117.— Desjardins, Guide parl.— H. J. Morgan, Bibliotheca Canadensis.— Officers of British forces in Canada (Irving).— Tanguay, Dictionnaire, 4 : 80.— Wallace, Macmillan dict.— Michel Bibaud, Histoire du Canada et des Canadiens, sous la domination anglaise [1760–1830] (Montréal, 1844 ; réimpr., East Ardsley, Angl., et New York, 1968), 235, 282.— Chapais, Cours d’hist. du Canada, 3 : 122–123 ; 4 : 113–114.— Maurault, le Collège de Montréal (Dansereau ; 1967).— Ouellet, Bas-Canada, 317, 321, 344, 404, 413.— J.-É. Roy, l’Ancien Barreau au Canada (Montréal, 1897), 77.— Rumilly, Papineau et son temps, 1 : 103, 113, 242, 244, 261.— Les Ursulines des Trois-Rivières depuis leur établissement jusqu’à nos jours (4 vol., Trois-Rivières, Québec, 1888–1911), 4 : 73.-F.-J. Audet, « En marge d’un centenaire : citoyen distingué, il rendit à son pays d’éminents services ; c’est le souvenir qu’a laissé à ses concitoyens l’honorable Hugues Heney, jurisconsulte distingué », la Presse, 16 sept. 1933 : 30 ; « Grands-Voyers du district de Trois-Rivières », BRH, 10 (1904) : 228.— Gérard Malchelosse, « la Famille Heney », BRH, 49 (1943) : 361–363.— P.-G. Roy, « les Grands Voyers de 1667 à 1842 », BRH, 37 (1931) : 456 ; « les Grands Voyers de la Nouvelle-France et leurs successeurs », Cahiers des Dix, 8 (1943) : 232–233.
Jacques L’Heureux, « HENEY, HUGUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/heney_hugues_7F.html.
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Auteur de l'article: | Jacques L’Heureux |
Titre de l'article: | HENEY, HUGUES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
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