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Photo de W. Notman, avec l’aimable autorisation des familles Billingsley et Ward

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WRIGHT, ALONZO, entrepreneur forestier et homme politique, né le 28 avril 1821 à Hull, Bas-Canada, fils aîné de Tiberius Wright et de Lois Ricker, et petit-fils de Philemon Wright* ; le 1er avril 1848, il épousa Mary Sparks, fille de Nicholas Sparks*, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 7 janvier 1894 à Ironside, Québec.

La mort du patriarche, Philemon Wright père, en 1839, suivie de celles du père d’Alonzo, Tiberius, en 1841 et de son frère Christopher Columbus en 1843 laissait la direction des affaires de la famille Wright entre les mains du seul fils survivant, Ruggles. Le partage à parts égales d’une importante partie de l’héritage de Philemon Wright père entre ses fils Ruggles et Tiberius allait se transformer en véritable panier de crabes. Les héritiers de Tiberius, méfiants, accusèrent Ruggles de détournements à son profit et lancèrent de nombreuses poursuites judiciaires contre lui. Et c’est Alonzo Wright qui prit la direction de cette offensive contre son oncle.

Alonzo Wright devient entrepreneur forestier en 1846, au moment où William Farmer, locataire de la Gatineau Falls Farm depuis le 29 septembre 1834, décide d’abandonner la propriété qui comprend les scieries, les glissoires, les barrages et les concessions forestières ; celle-ci est alors rétrocédée à la famille de Tiberius. Alonzo se voit donc dans l’obligation d’en assumer l’administration. On sait peu de chose de cette période relativement obscure de sa vie, mais on peut affirmer qu’il est alors entrepreneur forestier et qu’il travaille en forêt même après son mariage avec Mary Sparks. Deux lettres adressées à cette dernière au cours de l’hiver de 1851 en témoignent. Même si sa femme lui a apporté une dot « considérable » selon certains, il doit continuer son genre de vie, qu’il n’apprécie guère d’ailleurs. Son beau-père, un ancien employé de Philemon Wright père, avait fait sa fortune en se portant acquéreur de ce qui allait devenir le centre névralgique de Bytown (Ottawa). Il avait épousé la veuve de Philemon Wright fils, Sarah Olmstead. C’est dire l’étroitesse des liens qui unissent Alonzo Wright à son oncle et à sa tante par alliance, devenus tous deux ses beaux-parents.

Ce n’est que plus tard que Wright pourra s’adonner au genre de vie qu’il affectionne le plus, celui de « gentleman farmer ». Ses rentes lui permettront alors de se consacrer à l’élevage d’ovins, de bovins et de chevaux de race, aux activités de la Société d’agriculture du comté d’Ottawa (dont il deviendra président) et de la Société d’agriculture d’Ottawa (il en sera l’un des administrateurs), à ses fonctions de lieutenant-colonel au sein de la milice de réserve du comté d’Ottawa, à la politique et surtout à ses lectures. Dans ce rude « pays de l’Outaouais » il sera, pour ses contemporains, un « seigneur » que la résidence et le mode de vie princier consacreront « Roi de la Gatineau ». Ses « sujets » du comté d’Ottawa ainsi que ses amis du monde politique lui reconnaîtront ce titre. Des lettres adressées par sir John Alexander Macdonald à Wright s’ouvrent par les mots : « Mon cher roi ».

La carrière politique de Wright s’étale de 1863 à 1891. Élu pour la première fois député de la circonscription d’Ottawa sous l’Union, il la représente du 30 juin 1863 jusqu’au 1er juillet 1867. Sous le régime confédératif, il conservera son siège de 1867 à 1891. Au cours de cette période, il est réélu en 1872, 1874, 1878, 1882 et 1887 toujours sous la bannière libérale-conservatrice. Même si le nom de Wright est associé de près à celui de John Alexander Macdonald et aux fortunes du parti conservateur, ce n’est que vers 1863 qu’il devient un de leurs partisans. En effet, dans sa jeunesse, il avait été un admirateur des réformistes Robert Baldwin* et Louis-Hippolyte La Fontaine*.

Wright ne se révèle pas un député flamboyant. Ses interventions en chambre, peu nombreuses, retiennent par contre l’attention. Il y fait montre d’une parfaite maîtrise de ses dossiers, d’un sens de l’humour et d’une éloquence remarquables. Il connaît très bien les besoins de la région de l’Outaouais et s’en fait le défenseur. Il bataille ferme pour le développement de l’agriculture et l’encouragement de la colonisation, tout en appuyant l’amélioration des moyens de transport par la construction de canaux sur l’Outaouais et de chemins de fer comme le Québec, Montréal, Ottawa et Occidental.

Wright présente, le 21 mars 1870, un projet de loi « relatif aux marques apposées sur les bois de construction ». Ce projet est applaudi par tous les principaux entrepreneurs forestiers de l’Outaouais, notamment Ezra Butler Eddy*, George Bryson, John Maclaren et John Mather*, parce qu’il règle le problème de l’établissement du droit de propriété sur les billots. Peu de temps avant d’abandonner la vie politique, Wright pourfend en chambre les menées de D’Alton McCarthy et des disciples de l’Equal Rights Association qui veulent, entre autres choses, abolir le réseau d’écoles publiques catholiques et protestantes au Manitoba. Homme cultivé, il respectait la culture française et se faisait le défenseur de l’égalité des deux peuples fondateurs. Pour lui, la grandeur du Canada passait par le respect de ces vertus typiquement britanniques que sont le « fair-play », la justice et la vérité. Wright avait toujours détesté le fanatisme et les coteries. À une autre époque, il s’était porté à la défense des irvingiens de l’Outaouais, qu’animait le pasteur Adam Hood Burwell*. Ces disciples d’Edward Irving, propagandistes de la deuxième venue du Christ, furent en effet persécutés pour leurs croyances. Wright, fort libéral en matière de religion, s’attaqua alors à la populace hulloise qui s’en prenait aux membres de cette secte.

Sa grande ouverture d’esprit, sa générosité, ainsi que son hospitalité proverbiale firent d’Alonzo Wright l’un des hommes politiques les plus respectés de sa génération. Ses collègues des deux côtés de la chambre le fêtèrent à plusieurs reprises, notamment en 1876, en 1877, en 1881 et en avril 1890. Ami intime de son chef John Alexander Macdonald, il n’en demeurait pas moins un ami personnel de figures aussi importantes que Wilfrid Laurier*, Peter Mitchell, Edward Blake*, Honoré Mercier et autres. L’indice le plus sûr de l’estime qu’on lui portait : le nombre et la qualité de ceux qui se déplacèrent pour l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure. Ce jour-là, on mit en berne les drapeaux qui flottaient sur les édifices de la région de Hull-Ottawa.

Pierre-Louis Lapointe

AN, MG 24, D8 ; MG 26, A ; MG 27, I, D5 : 8–10 ; 178 ; MG 30, D1, 31.— ANQ-O, CN1-7, nos 786, 1006, 1144–1145, 1152, 1174, 1248, 1748, 1985, 2632, 2970, 3173, 3178, 3187, 3192, 3230, 3298, 3302–3306, 3536, 3538, 3578.— BE, Hull, reg. B, 5 : 16–17, n° 4084 ; 8 : 858–862, n° 7888.— Québec, Parl., Doc. de la session, 1872, n° 4 :140–141.— Ottawa Citizen, 22 sept. 1871, 11, 22–23 janv., 3, 22 avril, 21 mai, 14 juin, 5, 11, 18 juill., 4 oct., 6 déc. 1872, 4 juill., 3, 8–9 oct. 1873, 7, 9, 14, 22–23 janv., 2, 4, 7 févr., 20 avril 1874, 14 sept., 22 oct., 11 déc. 1875, 17 févr., 4 avril 1876, 18 janv., 21, 26 mars, 9 avril, 15, 30 juin, 14 août 1877, 8–10 janv. 1894.— Ottawa Evening Journal, 23 avril 1890, 8, 10 janv. 1894.— Canadian directory of parl. (Johnson).— CPC, 1880.— Encyclopædia of religion and religions, E. R. Pike, compil. (New York, [1958]).— Statistiques électorales fédérales du Québec, 1867–1980, Pierre Drouilly, compil. (Montréal, 1983).— S. D. Clark, Church and sect in Canada (Toronto, 1948), 307–312.— J. L. Gourlay, History of the Ottawa valley : a collection of facts, events and reminiscences for over half a century (Ottawa, 1896), 169, 186–187, 214–219.— Les Marques des bois de construction enregistrées dans l’est du Canada de 1870 à 1984, Diane Alfred, compil. ([Ottawa], 1985).— Léo Rossignol, « Histoire documentaire de Hull, 1792–1900 » (thèse de ph.d., univ. d’Ottawa, 1941), 119–120.— Henri Lestage, Restauration du salon Alonzo Wright (Touraine, Québec, 1980).— L.-P. Turcotte, le Canada sous l’Union, 1841–1867 (2 vol., Québec, 1871–1872), 2 : 424, 454, 477, 494, 511, 552.— Maurice Gobeil, « le « Roi de la Gatineau » et le Collège Saint-Alexandre », l’Enseignement secondaire au Canada (Québec), 40 (1961–1962). Up the Gatineau ! (Chelsea, Québec), n° 4 (1978) ; n° 6 (1980).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Pierre-Louis Lapointe, « WRIGHT, ALONZO », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wright_alonzo_12F.html.

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Auteur de l'article:    Pierre-Louis Lapointe
Titre de l'article:    WRIGHT, ALONZO
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    1 décembre 2024