BETHUNE, JAMES GRAY, homme d’affaires, fonctionnaire, juge de paix et officier de milice, né le 1er avril 1793 à Williamstown, Haut-Canada, fils de John Bethune* et de Véronique Waddens ; le 4 février 1830, il épousa Martha Covert, et ils eurent une fille qui mourut en bas âge ; décédé le 13 octobre 1841 à Rochester, New York, et inhumé à Cobourg, Haut-Canada.
Quatrième fils du révérend John Bethune, éminent loyaliste, James Gray Bethune fréquenta l’école de John Strachan* à Cornwall puis, vers 1812, élut domicile dans le hameau de pionniers de Hamilton (Cobourg), sur la rive nord du lac Ontario. Dès 1817 il y avait ouvert un magasin et construit une scierie. Il exploitait aussi une distillerie et avait été nommé maître de poste de Hamilton ; c’est dans son magasin qu’il exerça jusqu’en 1834 cette fonction, dont il fut le premier titulaire. Comme marchand et propriétaire de magasin, Bethune réussit à survivre là où d’autres échouèrent, parce qu’il put établir de solides relations commerciales avec des marchands de Montréal, par l’entremise de son frère Norman, important marchand et transitaire de cette ville. Mais il n’y a aucun doute que Bethune était un homme d’affaires entreprenant et innovateur, qui se fit le champion du développement économique du district de Newcastle et qui tenta, en particulier, de faire en sorte que le commerce vers l’intérieur du district passe par Cobourg.
Bethune mit en œuvre plusieurs moyens pour améliorer l’économie de son district. En 1826, il ouvrit une succursale de son magasin à Peterborough dans le but de barrer la route aux marchands rivaux de Port Hope ; plus tard, il entreprit de vendre en gros aux commerçants de l’arrière-pays. Il s’intéressa activement à l’immobilier et, en 1819, il fit partie du premier conseil des terres du district de Newcastle. Au cours des années 1820, il acheta à titre personnel des terres dans différents coins du district en vue de faire de la spéculation ; il acquit, entre autres, une vaste étendue de terre avantageusement située tout près du port, à Cobourg. En 1831, il devint représentant régional de la Canada Company et, deux ans plus tard, il rédigea à l’intention des immigrants éventuels une brochure publicitaire intitulée A schedule of real estate in the Newcastle District [...]. Bethune était déterminé à améliorer les moyens de transport entre Cobourg et l’arrière-pays, et son activité dans ce domaine fut particulièrement importante. En 1827, avec John Covert, il joua un rôle de premier plan dans la mise sur pied du comité du port de Cobourg (constitué juridiquement sous le nom de Cobourg Harbour Company en 1829), et il en fut le trésorier. En 1832, il établit le premier service de bateau à vapeur sur le lac Rice et la rivière Otonabee. Un an plus tard, il ouvrit de vastes entrepôts à Peterborough et à Cobourg, procéda au lancement d’un bateau à vapeur sur le lac Chemung (au nord de Peterborough) et travailla activement à faire construire un pont sur la rivière Trent, probablement à l’endroit où se trouve aujourd’hui le village de Hastings. De plus, il fut à la tête du groupe d’investisseurs, dont faisaient partie Zacheus Burnham* et John Gilchrist*, qui construisit en 1833 le vapeur Cobourg, destiné au transport sur le lac Ontario, et il joua un rôle actif dans la Cobourg Rail Road Company, qui reçut sa charte en 1834 pour construire une ligne de chemin de fer entre Cobourg et le lac Rice. Il était donc tout à fait normal qu’on le nomme, en 1833, membre de la commission provinciale chargée d’améliorer la navigation dans le district de Newcastle.
Le dynamisme de Bethune en matière de commerce et son goût marqué pour les projets de mise en valeur de la région en firent un personnage important et estimé dans le district. En tant que frère d’Alexander Neil Bethune*, pasteur anglican respecté de Cobourg, et à titre de juge de paix et commissaire à la Cour des requêtes du district, il était aussi considéré comme un homme de confiance. En 1831, il fut nommé lieutenant-colonel du 2nd Regiment of Northumberland militia. Il fit aussi partie d’un certain nombre d’organisations qui desservaient la collectivité, dont la Northumberland Agricultural Society et la Newcastle District Emigrant Relief Society. Cette dernière avait été mise sur pied pendant l’épidémie de choléra de 1832. Comme Bethune entretenait de solides relations, à la fois personnelles et d’affaires, avec des membres très importants du monde commercial et politique de la province, tels John Strachan et John Macaulay*, il n’est pas étonnant qu’il ait été nommé représentant, à Cobourg, de la Bank of Upper Canada en août 1830, puis caissier (directeur général) de la succursale en septembre 1832. Cependant, ses activités de banquier entraînèrent sa ruine.
L’argent était rare dans le Haut-Canada, et Bethune mit à la disposition des clients de la banque, ainsi qu’à la sienne, de généreux crédits par le biais de pratiques aussi risquées que les endossements réciproques de billets (auxquels furent souvent mêlés ses frères Norman et Donald*) et l’émission de traites de complaisance sans garantie suffisante, toutes pratiques qui enfreignaient les règles de la banque centrale. En spéculant sur les bateaux à vapeur, Bethune avait pris des engagements qui dépassaient ses moyens ; de plus, il était coincé par des débiteurs qui tardaient à le rembourser ou ne le remboursaient pas du tout, si bien qu’à l’été de 1833 il était sur le chemin de la ruine. En juin, il y eut un mystérieux vol de £3 000 à sa banque ; selon John Langton*, certains crurent que c’était Bethune qui avait pris l’argent. Après qu’une enquête entreprise par le président de la banque, William Allan*, eut révélé que Bethune avait toléré le non-remboursement de prêts qui totalisaient presque £8 000, il fut forcé de démissionner en novembre 1833. En dépit de ses avoirs, il se vit dans l’impossibilité de couvrir ses pertes et, en 1834, il fut mis en faillite. Furent aussi durement touchés par son retrait des affaires ceux qui s’étaient portés garants pour lui (son beau-père, John Covert, et George Strange Boulton*) ainsi que les habitants du district qui lui avaient confié leurs épargnes.
Sans se laisser décourager, James Gray Bethune se présenta comme candidat tory aux élections générales d’octobre 1834, mais il fut battu par John Gilchrist et Alexander McDonell*. À partir de ce moment-là, ses problèmes financiers ne lui laissèrent plus de répit ; en 1836, pendant un bref séjour à la prison d’Amherst (Cobourg), où il avait été incarcéré pour dettes, il continua à mettre de l’ordre dans ses comptes. Ayant perdu la considération dont il avait joui à titre de « grand homme » du district de Newcastle, il alla s’installer à Rochester. C’est là qu’il mourut, en 1841, après une longue maladie.
James Gray Bethune est l’auteur de : A schedule of real estate in the Newcastle District to be disposed of at public sale ; on the first day of August 1833 [...] (Cobourg, Ontario, 1833). Sur la copie qui se trouve à la MTRL, la date a été corrigée à la main, on y lit « 29e jour ».
AO, ms 78, William Allan à Macaulay, 31 août, 2 sept. 1833 ; John Strachan à Macaulay, 11 sept. 1833 ; ms 107, reg. of baptisms and marriages, 16 ; ms 524, J. G. Bethune à Peter Robinson, 6 mars 1827, 19 mai 1836 ; MU 502, Zacheus Burnham à J. G. Bethune, 25 avril 1829 ; MU 2883 ; RG 1, A-I-6, 12–13 ; RG 22, Newcastle District, clerk of the peace, reg. of tax payments, 1821–1830.— APC, RG 68, General index, 1651–1841 : 443, 451, 466, 490.— EEC, Diocese of Toronto Arch., Church of St Peter (Cobourg), reg. of baptisms, burials, and marriages, 1819–1837 ; vestry minute-books, 1827–1893 (mfm aux AO).— MTRL, William Allan papers, John Macaulay à Allan, 5 juill. 1832, 2 juill. 1834.— Northumberland West Land Registry Office (Cobourg), Abstract index to deeds, Cobourg, vol. 1, lot 16, concession A ; lot 18, concessions A et B (mfm aux AO).— H.-C., House of Assembly, Journal, app., 1828, « Report on Cobourg harbour » ; 1829 : 28†–29† ; 1831 : 97 ; 1833–1834 : 111.— John Langton, Early days in Upper Canada : letters of John Langton from the backwoods of Upper Canada and the Audit Office of the Province of Canada, W. A. Langton, édit. (Toronto, 1926).— Cobourg Star, 8 févr. 1831–20 oct. 1841.— P. [A.] Baskerville, « The entrepreneur and the metropolitan impulse : James Gray Bethune and Cobourg, 1825–1836 », Victorian Cobourg : a nineteenth century profile, Jaroslav Petryshyn et al., édit. (Belleville, Ontario, 1976), 56–70.— E. C. Guillet, Cobourg, 1798–1948 (Oshawa, Ontario, 1948), 13.— D. E. Wattie, « Cobourg, 1784–1867 » (2 vol., thèse de m.a., Univ. of Toronto, 1949).— P. [A.] Baskerville, « Donald Bethune’s steamboat business ; a study of Upper Canadian commercial and financial practice », OH, 67 (1975) : 135–149.— A. H. Young, « The Bethunes », OH, 27 (1931) : 560.
Peter Ennals, « BETHUNE, JAMES GRAY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bethune_james_gray_7F.html.
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Auteur de l'article: | Peter Ennals |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
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