BURNHAM, ZACHEUS, fermier, spéculateur foncier, officier de milice, fonctionnaire, juge de paix, homme politique et juge, né le 20 février 1777 à Dunbarton, New Hampshire, fils d’Asa Burnham et d’Elizabeth Cutler ; le 1er février 1801, il épousa Elizabeth Choate, et ils eurent un fils et cinq filles ; décédé le 25 février 1857 à Cobourg, Haut-Canada.
Élevé au New Hampshire, Zacheus Burnham arriva en 1797 dans le centre du Haut-Canada. Son cousin Aaron Greeley, qui avait été nommé agent de colonisation du district de Newcastle conformément au plan de concession des terres cantonales du lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe*, facilita son installation. Après avoir d’abord séjourné dans le canton de Haldimand, Burnham ne tarda pas à se fixer dans le canton voisin de Hamilton, où plusieurs de ses frères s’établirent par la suite. Comme de nombreux immigrants originaires de la Nouvelle-Angleterre qui affluèrent dans le Haut-Canada au cours des années 1790, il désirait avant tout acquérir des terres. Cependant, une bonne partie des plus belles terres situées dans les cantons longeant le lac Ontario avaient déjà été concédées lorsqu’il ramena sa fiancée du New Hampshire en 1801. L’année suivante, il loua avec son frère Asa le lot 21 de la concession 1 dans le canton de Hamilton, mais ce n’est qu’en 1805 que Zacheus devint propriétaire en achetant le lot voisin ; il y fonda Amherst House, ferme située près de l’emplacement de l’actuel Cobourg, qu’il habita jusqu’à sa mort.
Burnham commença ainsi à acquérir une série de terres qui allaient faire de lui un des plus gros propriétaires fonciers de la région, et cela grâce à l’attitude favorable des autorités provinciales responsables des terres, de même qu’à la perspicacité et au dynamisme dont il fit preuve. En 1819, le révérend John Strachan* le citait comme un exemple de réussite pour le Haut-Canada : « M. Zaccheus Burnham possédait peut-être cent dollars ou £25 quand il débuta, il y a environ vingt ans, [...] et il a accumulé des terres d’une valeur de 20 000 dollars ou £5 000. » En 1821, il possédait 1 780 acres dans le canton de Hamilton. Il fit l’acquisition de vastes propriétés à l’intérieur du district de Newcastle après avoir obtenu, en 1818, le contrat d’arpentage des cantons d’Alnwick, d’Otonabee, d’Asphodel, de Douro, de Dummer et de certaines parties des cantons de Smith et de Percy. Sa rémunération pour ces travaux, qui furent exécutés par son futur gendre Richard Birdsall, consistait en un certain pourcentage de terre dans chaque canton, ce qui lui permit d’obtenir un peu moins de 13 000 acres. Burnham acquit d’autres propriétés pendant les années 1830, soit à l’occasion de ventes pour arrérages de taxes, soit en faisant lui-même l’achat de terrains ou encore en louant et en achetant des terres de la couronne. Il constitua ainsi un vaste ensemble de terres dispersées qui lui assura des profits considérables, grâce à la vente de terrains aux immigrants qui affluèrent dans la région au cours des décennies 1830 et 1840.
En tant que spéculateur habitant la région et la connaissant bien, Burnham reconnut rapidement l’avantage stratégique d’emplacements où pourraient s’élever des moulins et des villes. Le village d’Ashburnham, situé juste en face de Peterborough sur l’autre rive de la rivière Otonabee, se trouvait sur un terrain appartenant à Burnham, tout comme certains secteurs du village d’Amherst, lequel fait aujourd’hui partie de Cobourg. Afin de défendre les intérêts qu’il possédait à Amherst, Burnham joua en 1829 un rôle crucial en empêchant le transfert du palais de justice dans la ville voisine de Cobourg. Il encouragea aussi la construction de scieries et de moulins à l’intérieur des terres, comme ceux de Keene, de Lakefield et de Warsaw. Au contraire d’autres spéculateurs, Burnham participa à l’essor économique du district de Newcastle. En 1829, il présenta avec James Gray Béthune* et Charles Rubidge* une pétition pour que Cobourg devienne un port d’entrée et appuya la création de liaisons par route et par traversier avec l’arrière-pays de Peterborough, durant les premières années de sa colonisation. Plus tard, il figura au nombre des souscripteurs de la Cobourg Rail Road Company, laquelle obtint sa charte en 1834 pour la construction d’une voie ferrée reliant Cobourg et Peterborough, et il fut nommé au sein d’une commission chargée de mettre en œuvre le creusement d’un canal entre les lacs Rice et Simcoe, dont le tracé avait été proposé par Nicol Hugh Baird*. Avec Henry Ruttan* et d’autres personnes, il chercha à constituer la Newcastle Banking Company, banque par actions fondée en 1835 et dotée d’une charte en 1837 sous le nom de Bank of the Newcastle District.
En plus de ses nombreuses autres activités, Burnham s’occupait d’une ferme dont la taille et la production dépassaient de beaucoup les normes du Haut-Canada à ses débuts. À une époque où la plupart des colons déployaient de grands efforts pour acquérir et défricher assez de terre afin de subvenir aux besoins de leurs familles, Burnham faisait de la culture commerciale et approvisionnait la région en denrées alimentaires et en bétail. Dès 1810, il avait défriché 100 acres de terre et faisait l’élevage d’une douzaine de têtes de bétail ; en 1831, il possédait 20 vaches laitières, 100 bovins, 150 moutons, 70 porcs et 10 chevaux, qu’il élevait dans une ferme d’une superficie de 1 000 acres. Celle-ci fut l’une des plus vastes, des plus productives et des plus prospères de la région avant 1850. Incapable d’en assumer lui-même la direction à cause de ses autres occupations, il employait un fermier et une nombreuse main-d’œuvre. Cependant, Burnham s’intéressait vivement à sa ferme et participait activement aux affaires agricoles locales, comme il convenait à un squire. Il joua également un rôle décisif dans l’établissement de foires à Port Hope et à Cobourg en 1821. Membre du conseil d’administration de la Northumberland Agricultural Society à sa fondation en 1828, il occupa par la suite les fonctions de juge aux concours agricoles et de président de la société.
Homme instruit, ambitieux et propriétaire foncier solidement établi, Burnham ne tarda pas à prendre de l’importance dans la milice locale et les affaires politiques. Entré dans la milice comme simple soldat en 1801, il s’était élevé au grade de capitaine au début de la guerre de 1812 ; durant celle-ci, il guida le mouvement des approvisionnements du gouvernement le long du lac Ontario. Il resta en activité dans le 1er régiment de milice de Northumberland et, en tant que colonel, il conduisit un fort détachement à Toronto, après avoir appris le déclenchement de la rébellion en décembre 1837. Burnham devint commissaire de la voirie du district de Newcastle en 1811 et reçut, deux ans plus tard, sa première commission de juge de paix, qui allait être suivie de plusieurs autres. Il fut nommé trésorier de district en 1815, poste qu’il conserva jusqu’en 1851. De 1817 à 1820, Burnham représenta la circonscription de Northumberland and Durham à la chambre d’Assemblée, laquelle s’acharnait à remettre la province en marche après les perturbations de la guerre. Il contribua, par son travail consciencieux et honnête, au règlement de certaines questions comme l’amélioration des routes, la création d’écoles et l’adaptation des lois sur l’évaluation de la propriété. Quand Burnham fut réélu en 1825, il se retrouva dans une arène politique où les députés ne tardèrent pas à se diviser et à se quereller tandis que la question controversée des non-naturalisés dominait les affaires de la chambre. D’origine américaine, sans pourtant être loyaliste, Burnham se rangea néanmoins du côté des tories et vota en faveur du Naturalization Bill de 1827 [V. sir John Beverley Robinson*]. En 1831, le lieutenant-gouverneur sir John Colborne* le nomma membre du Conseil législatif où il siégea jusqu’en 1841. En juillet 1839, il devint juge de la Cour du district de Newcastle.
Comme beaucoup d’hommes qui marquèrent les débuts du Haut-Canada, Burnham s’engagea dans diverses associations philanthropiques et religieuses. Durant les décennies 1830 et 1840, au cours desquelles Cobourg compta parmi les villes de la province qui accueillirent le plus grand nombre d’immigrants, il joua un rôle de premier plan dans la Newcastle District Emigrant Relief Society et dans la Children’s Friend Society. Il fut aussi actif au sein du comité de Newcastle de la Society for Promotion Christian Knowledge.
À sa mort en 1857, Burnham était l’un des plus anciens habitants du district ; c’était aussi un homme qui avait réussi par ses propres moyens dans une société d’immigrants. Durant les 60 années qu’il vécut dans la province, une région sauvage aux paysages grandioses avait fait place à une société prospère et complexe, et il avait contribué largement à cette transformation. « Homme puissamment bâti et mesurant plus de six pieds, au beau visage viril et à l’esprit clair », il illustrait pour ses contemporains la réalisation humaine de la nouvelle société, comme en témoignent dans un style ampoulé certains extraits de l’oraison funèbre de l’archidiacre Alexander Neil Béthune* et la notice biographique de son gendre Edward Ermatinger*.
Zacheus Burnham laissa une succession qui se composait encore principalement de vastes biens fonciers. Comme il en avait déjà cédé de grandes parties à ses filles, il est difficile de l’évaluer pleinement ; l’estimation d’un million de dollars qu’on fit à l’époque dépasse probablement sa valeur réelle. Néanmoins, Burnham, qui était arrivé dans le Haut-Canada jeune et sans fortune, mourut riche et respecté. Son fils Mark fréquenta la Home District Grammar School de John Strachan et étudia au Queen’s College, à Oxford ; après son ordination comme ministre anglican, il devint rector à St Thomas et, par la suite, à Peterborough. D’autres parents de Burnham peuplèrent le district de Newcastle et occupèrent jusqu’à la fin du siècle une place importante dans les affaires commerciales et juridiques.
Un portrait remarquable de Zacheus Burnham est reproduit dans Kawartha heritage : proceedings of the Kawartha conférence, 1981, A. O. Cole et Jean Murray Cole, édit. (Peterborough, Ontario, 1981), 56.
AO, MS 393, C-1 ; MU 2388 ; RG 1, A-II-6, 20–21 ; B-II, 7–17 ; C-I-8, 6 ; RG 21, Newcastle District, Hamilton Township, census and assessment rolls, 1804, 1810, 1821, 1831, 1842, 1856 ; RG 22, Newcastle District, Clerk of the Peace, reg. of lands sold for taxes, 1820–1860 ; sér. 7, 96–96G ; sér. 155, testament de Zacheus Burnham ; sér. 187, 1–3.— APC, RG 1, E3, 26 : 62, 100, 122, 151 ; 35 : 138 ; L3, 85 : B leases, 1802–1818/35 ; 222 : G misc., 1794–1830/252 1/2 ; RG 5, A1 : 9739, 51236–51238 ; RG 8, I (C sér.), 688A : 138 ; RG 31, A1, 1842, 1848, Hamilton Township.— N.H. Hist. Soc. (Concord), Dunbarton cemetery records, 17.— N.H. State Library (Concord), « Genealogy of Dunbarton, N.H., descendants, A-J », 183 (mfm ; GS n° 1003057) ; « Town records of Dunbarton, N.H. », 1 : 184 (mfm ; GS n° 15124).— St Peter’s Anglican Church (Cobourg, Ontario), Reg. of baptisms, marriages, and burials, 1817–1837 (mfm aux AO).— Edward Ermatinger, Life of Colonel Talbot, and the Talbot settlement [...] (St Thomas, Ontario, 1859 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).— « Journals of Legislative Assembly of U.C. », AO Report, 1913.— James Strachan [John Strachan], A visit to the province of Upper Canada, in 1819 (Aberdeen, Écosse, 1820 ; réimpr., Toronto, 1968), 93.— « Upper Canada land book C, 11th April, 1797, to 30th June, 1797 », AO Report, 1930 : 159.— « Upper Canada land book C, 29th June, 1796, to 4th July, 1796 ; 1st July, 1797, to 20th December, 1797 », AO Report, 1931 : 62.— Valley of the Trent (Guillet).— Cobourg Star, 31 mai 1831, 18 avril, 10 oct. 1832, 18 nov., 22 déc. 1835, 8 sept. 1841, 4 mars 1857.— P. M. Ennals, « Land and society in Hamilton Township, Upper Canada, 1797–1861 » (thèse de
Peter Ennals, « BURNHAM, ZACHEUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/burnham_zacheus_8F.html.
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Auteur de l'article: | Peter Ennals |
Titre de l'article: | BURNHAM, ZACHEUS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |