BETHUNE, ANGUS, trafiquant de fourrures et homme politique, né le 9 septembre 1783 dans l’île Carleton (New York), fils du révérend John Bethune* et de Véronique Waddens, fille de Jean-Étienne Waddens* ; il épousa Louisa McKenzie, fille sang-mêlé de Roderick McKenzie*, et ils eurent six enfants ; il eut au moins deux autres enfants avec des Indiennes ; décédé le 13 novembre 1858 à Toronto.
Angus Bethune était l’aîné d’une famille illustre qui comptait également Alexander Neil*, Donald*, James Gray* et John*. Pendant son enfance, sa famille quitta l’île Carleton pour aller s’installer à Montréal, puis à Williamstown (Ontario) en 1787. Il était encore jeune lorsqu’il entra au service de la North West Company. En 1804–1805, il travaillait au poste de la rivière Whitemud, près de l’extrémité sud du lac Manitoba, et, l’année suivante, il apparaît dans les documents à titre de commis au lac Winnipeg. En septembre 1810, il se joignit au convoi d’Alexander Henry* le jeune et accompagna celui-ci à Rocky Mountain House (Alberta). À la fin de l’automne de la même année, David Thompson arriva à ce poste, et Bethune l’aida à préparer le voyage qui devait le conduire de l’autre côté des Rocheuses. Dans le cadre d’un plan élaboré par la North West Company en vue d’établir un commerce transpacifique à partir de la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord, Thompson avait reçu instructions de se rendre à l’embouchure du fleuve Columbia avant l’arrivée du groupe que la Pacific Fur Company avait envoyé par bateau de New York. Bethune avait un rôle important à jouer dans les projets de la North West Company et, en 1812 ou 1813, il fut désigné « comme la personne [qui devait] aller en Chine pour se renseigner sur le commerce et agir à titre de subrécargue ».
À l’automne de 1813, Bethune arriva au fort Astoria (Astoria, Oregon) en compagnie de John George McTavish* et servit de témoin lorsque la Pacific Fur Company vendit le poste à la North West Company. Il devint associé au sein de la North West Company en juillet 1814 et, au cours de ce mois-là, il s’embarqua à destination de Canton (Chine), avec un chargement de fourrures provenant de la région du fleuve Columbia, sur un navire de la compagnie, l’Isaac Todd. Une fois rendu en Chine, le vaisseau fit voile vers l’Angleterre avec une cargaison de the destinée à l’East India Company, tandis que Bethune demeurait à Canton pour attendre l’arrivée d’un deuxième navire de la compagnie. En mars 1815, comme subrécargue, il monta à bord du Columbia, navire de la North West Company, et retourna au fort Astoria, rebaptisé fort George par la compagnie. Il fit des voyages de traite à Monterey (Californie) et à Sitka (Alaska), de même qu’une autre expédition aller et retour en Chine, puis il quitta le navire au fort George en août 1816. Ces entreprises s’avérant décevantes et coûteuses, la North West Company renonça à utiliser ses propres navires et son personnel dans le commerce avec la Chine, et elle décida de retenir les services d’une firme de Boston, la J. and T. H. Perkins, pour ce domaine de ses activités commerciales.
En avril 1817, Bethune et un groupe de voyageurs, parmi lesquels se trouvaient Duncan McDougall*, Joseph McGillivray, Alexander McTavish et Ross Cox, quittèrent le fort George pour se rendre à Montréal par voie de terre en passant par le fort William (Thunder Bay, Ontario). L’expédition, dont Cox fit plus tard le récit, s’avéra pleine d’embûches, périlleuse et parfois même fatale pour les voyageurs. Bethune abandonna le groupe en juin 1817 à la rivière aux Anglais (fleuve Churchill) ; on ignore ensuite ses allées et venues jusqu’en novembre 1818. Ce mois-là, selon James Keith, il réapparut soudain au fort George avec une « suite étrange de gentlemen de toutes sortes ». Il demeura vraisemblablement au fort George jusqu’au printemps suivant.
Bethune passa l’hiver de 1819–1820 au poste d’Île-à-la-Crosse (Saskatchewan) où il accueillit, en février, les membres de l’expédition du capitaine John Franklin* en route par voie de terre pour la côte septentrionale de l’Amérique du Nord. À ce poste, il dut faire face à une vive concurrence de la part de John Clarke, de la Hudson’s Bay Company, et il devint évident à la fin de la saison de traite qu’il avait perdu beaucoup de terrain aux mains de cet adversaire résolu.
Au fort William, en juillet 1820, Béthune et le docteur John McLoughlin furent choisis par un groupe de 18 associés hivernants pour négocier une entente avec la Hudson’s Bay Company, au mépris des représentants de la North West Company à Montréal, qui étaient dirigés par William McGillivray*. C’est dans ce but que les deux hommes partirent pour l’Angleterre à l’automne de 1820. Il est difficile d’évaluer l’influence qu’ils exercèrent sur les conditions de la fusion, dont le contrat fut signé le 26 mars 1821 par William et Simon* McGillivray et par Edward Ellice*, pour la North West Company, et par William Smith, pour la Hudson’s Bay Company. Quoi qu’il en soit, ils furent tous deux nommés agents principaux de la nouvelle Hudson’s Bay Company, conformément aux conditions prévues dans l’acte unilatéral qui découlait de l’entente. Bethune prit la mer pour New York avec Nicholas Garry, membre du comité de Londres de la Hudson’s Bay Company, puis il se rendit au fort William afin de participer à la réunion des agents principaux et des trafiquants qui devait se tenir en juillet et permettait de distribuer les postes pour l’hiver suivant. Au cours de cette rencontre des anciens associés de la North West Company et des employés de la Hudson’s Bay Company, il fut insulté et tenu à l’écart du groupe.
En sa qualité d’agent principal, Bethune fut d’abord affecté à Moose Factory, dans le département du Sud. À l’été de 1822, il devint surintendant au fort Albany (Fort Albany) et, en 1824, on lui confia la responsabilité du dépôt de provisions de Sault-Sainte-Marie (Sault Ste Marie). À chacun des endroits où il exerça ses fonctions, Bethune ne cessa de se disputer par correspondance avec le gouverneur du département du Sud, William Williams*, et contribua à susciter l’indiscipline au sein du conseil du département, ce qui entraîna la fusion, sous le gouverneur George Simpson, des départements du Nord et du Sud. Simpson se montra plus habile à diriger Bethune, mais il ne fut pas plus impressionné par lui que Williams ne l’avait été ; il le dépeignit en 1832 dans son « Character book » comme « un piètre individu, vain, suffisant et insignifiant ».
À l’été de 1832, Bethune fut nommé à Michipicoten (Michipicoten River), où il assuma la direction du district du lac Supérieur, poste devenu vacant à la suite de la maladie de l’agent principal George Keith. Non sans maugréer, il retourna à Sault-Sainte-Marie en juin 1833 et, plus tard cette année-là, il eut également la responsabilité du district du lac Huron pendant que l’agent principal John McBean était en congé. Durant cette saison, une violente querelle l’opposa au missionnaire de l’Église d’Angleterre à Sault-Sainte-Marie, William McMurray*. Après avoir pris congé en 1834, Bethune fut nommé une nouvelle fois à Michipicoten et, en 1836, il obtint un congé d’une année en raison d’une « grave indisposition ». En 1837, il assuma de nouveau la direction du district du lac Huron et fut nommé au fort La Cloche, où il demeura jusqu’à ce qu’il abandonne ses activités en 1839. Il quitta officiellement la compagnie en 1841.
En 1839 ou 1840, Bethune s’établit à Toronto, où il devint membre du conseil d’administration de la Bank of Upper Canada. Il s’intéressa également à la politique locale et, lors des élections au conseil municipal de Toronto en 1845, il infligea une défaite à l’échevin du quartier St David, le docteur Alexander Burnside. Pendant les deux années où il siégea au conseil, Bethune se querella avec son collègue du quartier St David, l’échevin Henry Sherwood. Selon un document, il rencontra le peintre Paul Kane* en 1845 et, lui ayant fait une description peu rassurante de l’inhospitalité des fonctionnaires de la Hudson’s Bay Company, il faillit le faire renoncer à son voyage sur la côte nord-ouest.
Devenu sénile vers la fin de sa vie, Angus Bethune avait 75 ans lorsqu’il mourut à Toronto. Ses biens, qui furent évalués à plus de 56 000 $, comprenaient feux maisons, des actions, des hypothèques et 1 500 acres de terrain que son père lui avait laissées. Son fils, le docteur Norman Bethune*, fut désigné comme exécuteur testamentaire. Même si Bethune avait occupé des postes éminents au cours des nombreuses années passées dans le commerce des fourrures, sa longue carrière, remplie d’aventures, d’agitation et de controverses, ne fut pas couronnée de grands succès.
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Hilary Russell, « BETHUNE, ANGUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bethune_angus_8F.html.
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Auteur de l'article: | Hilary Russell |
Titre de l'article: | BETHUNE, ANGUS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |