Provenance : Avec la permission de Wikimedia Commons
AKINS, THOMAS BEAMISH, avocat, historien, fonctionnaire et bibliophile, né le 1er février 1809 à Liverpool, Nouvelle-Écosse, seul enfant de Thomas Akins (Akin), marchand, et de Margaret Ott Beamish ; décédé célibataire le 6 mai 1891 à Halifax.
Orphelin de mère dès l’âge de dix jours, Thomas Beamish Akins fut élevé à Halifax par sa famille maternelle, aux côtés de son cousin germain Beamish Murdoch*, de neuf ans son aîné, qui fut pour lui un frère. On est presque assuré qu’il suivit Murdoch à la Halifax Grammar School, où il aurait reçu une solide formation classique. Après avoir étudié le droit au cabinet de son cousin, il fut admis au barreau de la province le 3 mai 1831. Selon la plupart des sources, Akins avait une pratique lucrative, surtout à titre de solicitor (son nom figure rarement dans les archives judiciaires de l’époque). Grâce au revenu qu’il en retirait, et fort probablement à un héritage assez substantiel, il fut bientôt indépendant de fortune, ce qui lui permit de prendre une retraite précoce et de se consacrer aux archives et aux livres rares.
À l’époque où il faisait son stage de clerc au cabinet de Murdoch, Akins, avec son cousin, avait aidé Thomas Chandler Haliburton* à faire des recherches pour An historical and statistical account of Nova-Scotia, publié à Halifax en 1829. En outre, peut-être en qualité de membre fondateur, il appartenait à un cercle appelé The Club qui, à la fin des années 1820, se réunissait régulièrement au bureau de Joseph Howe* pour discuter littérature en mangeant des gâteaux ou en buvant de la bière. Du côté maternel, Akins avait des ancêtres parmi les premiers colons de Halifax, et il fut cofondateur et président de l’Old Nova Scotia Society, formée un peu avant 1838. Tous les membres de cet organisme affirmaient descendre des premiers Haligoniens et s’étaient donné pour mission de veiller à ce que jamais l’on n’oublie l’anniversaire de la fondation de la ville. Lorsque le Halifax Mechanics’ Institute offrit une médaille d’argent à l’auteur du meilleur essai sur les premiers temps de Halifax, Akins posa donc sa candidature. Le seul ouvrage en lice était le sien, « Essay on the early history of Halifax », qui reçut la médaille d’argent en 1839 et parut pour la première fois huit ans plus tard. Tout au long de sa vie, Akins fit des corrections et des ajouts à cet ouvrage ; en 1895, la Nova Scotia Historical Society publia, comme huitième volume de ses Collections, la version qu’il avait laissée à sa mort.
Les recherches qu’Akins avait effectuées dans sa jeunesse pour le livre d’histoire de Haliburton l’avaient convaincu de la nécessité de conserver et de cataloguer les archives publiques de la Nouvelle-Écosse. En 1841, dans une lettre au Halifax Mechanics’ Institute, il proposa « la fondation d’[un] dépôt d’archives coloniales ». Sa proposition n’eut pas de suite, non plus qu’une autre semblable présentée quatre ans plus tard par un comité de l’institut dont il faisait partie et que présidait Joseph Howe. On n’entendit plus parler des archives publiques jusqu’en 1857, lorsque Akins comparut devant un comité de la chambre d’Assemblée pour plaider en faveur de leur conservation. Il abandonna alors son calme habituel et parla avec une telle énergie et une telle émotion que, selon le témoignage d’Adams George Archibald, il communiqua son enthousiasme aux « hommes politiques pragmatiques de l’époque ». En avril de cette année-là, Howe présenta en chambre une proposition qui déboucha le 29 mai sur la nomination d’Akins au poste de commissaire des archives publiques. La création des archives néo-écossaises précéda donc de 15 ans celle des archives du dominion, et il n’y eut pas d’autre archiviste provincial avant 1903, date de la nomination d’Alexander Fraser* en Ontario.
Akins allait occuper ce poste jusqu’à sa mort, 34 ans plus tard. Par l’intermédiaire du secrétaire de la province, il rendait compte de son travail à l’Assemblée, qui formait des comités pour étudier ses rapports et faire des recommandations. Il soumit 13 rapports et reçut en tout quelque 18 800 $ de crédits, dont 10 938 $ pour son salaire. Le système de catalogage qu’il adopta était celui de la collection harléienne du British Museum. On classait les documents par date et par sujet (les dépêches des gouverneurs par exemple) pour les relier ensuite en volumes. En 1859, Akins publia Descriptive catalogue of books in the iron safe of the Provincial Secretary’s Office, Nova Scotia, réimpression du catalogue paru cette année-là dans les journaux de la chambre d’Assemblée.
Akins ne tarda pas à constater qu’une partie de la correspondance officielle manquait et qu’elle se trouvait à Londres, au State Paper Department du Public Record Office. À la suite de nombreuses pressions d’Akins, le lieutenant-gouverneur, lord Mulgrave [Phipps*], veilla à ce que l’on transcrive la correspondance officielle du Board of Trade, des secrétaires d’État et des gouverneurs. Cependant un grave problème, qui n’allait cesser de préoccuper Akins, surgit dès l’amorce de ce travail : ses copistes ne transcrivaient que les dépêches, et non les pièces jointes, qui avaient souvent plus d’importance et dont un bon nombre ne se trouvaient plus avec la dépêche correspondante. Aussi devait-il commander séparément une transcription des pièces jointes après avoir lu les dépêches qui y renvoyaient. La publication du Catalogue of the Library of Parliament [...] par la province du Canada en 1857–1858 attira son attention sur l’existence, à Paris, de documents sur l’Acadie, qu’il fit copier de 1860 à 1862. Par la suite, il reçut presque constamment des transcriptions du British Museum, du Public Record Office et de la Royal Institution of Great Britain de Londres, ainsi que de la bibliothèque. du séminaire de Québec, des nouvelles archives du dominion et de la Massachusetts Historical Society. En même temps, dans la mesure où son budget le lui permettait, il continua d’amasser et de cataloguer les documents néo-écossais qu’il trouvait dans les divers bureaux gouvernementaux. En 1886, le nombre de volumes reliés s’élevait à 473, et le contenu de nombreuses boîtes de documents était trié. Un catalogue parut cette année-là, qui énumérait toutes ces pièces et qui servit jusqu’en 1976. Grâce au travail d’Akins, la plus grande partie des archives publiques du gouvernement néo-écossais fut conservée, cataloguée et consultable bien avant qu’aucune autre province n’ait entrepris un travail semblable et au moment même où il débutait à peine aux archives du dominion.
Dans ses rapports, Akins prônait sans cesse la publication de morceaux choisis, pratique courante dans plusieurs États américains. En 1865, l’Assemblée autorisa enfin l’impression de 1 000 exemplaires d’une compilation en un volume. Selections from the public documents of the province of Nova Scotia, préparé par Akins, fut publié en 1869. Le volume connut une large diffusion : on expédia des exemplaires à des bibliothèques du Canada, des États-Unis et de Grande-Bretagne. Il contenait des documents sur les Acadiens, la guerre de Sept Ans, la naissance de Halifax et la création de l’Assemblée représentative. Akins, qui avait d’abord demandé de publier trois volumes, avait dû se montrer très sélectif pour des motifs d’espace et de coût : il n’avait donc pas reproduit tous les documents en entier et avait omis, en général, les instructions verbeuses. (Sur les originaux conservés aux Public Archives of Nova Scotia, on peut encore voir les directives qu’il inscrivait au crayon à l’intention de ses copistes.)
Comme nombre de ses contemporains, Akins était sensible aux critiques de plus en plus vives que suscitait la déportation des Acadiens de la Nouvelle-Écosse survenue en 1755 [V. Charles Lawrence*]. En publiant Selections, l’un de ses objectifs était de dissiper les malentendus qui entouraient cet événement. Dans sa préface, il déclarait avoir retenu parmi les documents que le gouvernement possédait alors tous ceux qui « pouvaient jeter quelque lumière sur l’histoire et la conduite des habitants français de la Nouvelle-Écosse ». En 1880–1881, la Massachusetts Historical Society lui envoya une transcription du journal tenu par le lieutenant-colonel John Winslow*, et le British Museum, une copie des documents dans lesquels le révérend Andrew Brown* parlait des Acadiens. Toutes ces pièces parurent dans les Collections de la Nova Scotia Historical Society dans les années 1880. Leur publication rehaussa encore l’intérêt que suscitait le débat international, déjà très animé, sur la déportation. Les Néo-Écossais se sentirent tenus de défendre aussi bien la nécessité de la déportation que l’intégrité d’Akins, que l’on accusait d’avoir supprimé des indices et d’avoir fait preuve de partialité dans le choix des documents sur les Acadiens à reproduire dans Selections.
L’événement qui donna vraiment une dimension internationale au débat fut la publication à Boston en 1884, par Francis Parkman, de Montcalm and Wolfe, qui contenait un chapitre intitulé « Removal of the Acadians ». Pour rédiger ce chapitre, où il affirmait que la Déportation avait été nécessaire, Parkman s’était abondamment inspiré de Selections d’Akins, « publication gouvernementale d’une grande valeur » selon lui. En 1887, à Québec, Henri-Raymond Casgrain* répliqua à Parkman dans Un pèlerinage au pays d’Évangéline, mais ce dernier lui reprocha sévèrement de ne pas avoir fait assez de recherches. Casgrain passa l’hiver de 1887–1888 à fouiller les archives à Londres et à Paris. En 1888, dans une conférence prononcée devant la Société royale du Canada, il accusa Akins d’avoir « éliminé systématiquement et laissé dans l’ombre les pièces les plus compromettantes, celles qui pouvaient le mieux établir les droits des Acadiens ». Casgrain citait des documents favorables aux Acadiens, qu’il avait trouvés à Londres mais qui ne figuraient pas dans Selections.
Tout comme d’autres qui avaient contesté la thèse de Parkman aux États-Unis, Casgrain croyait qu’à l’époque de la Déportation, et par la suite, il y avait eu complot pour éliminer les indices favorables aux Acadiens. Cette théorie venait de Haliburton, qui avait déclaré dans son ouvrage d’histoire n’avoir pu trouver aucun document sur la Déportation dans les archives publiques de Halifax, et qui laissait entendre que la honte avait poussé à les dissimuler. D’après Casgrain, Selections d’Akins constituait une nouvelle preuve de l’existence de ce complot ; Il proposa même au gouvernement de la Nouvelle-Écosse d’instituer une enquête judiciaire sur cette publication.
Le débat autour de Selections fut le plus pénible épisode de la vie d’Akins, que son tempérament disposait à refuser de s’engager dans la polémique. Il ne manqua toutefois pas de défenseurs : Parkman, Henry Youle Hind* et Adams George Archibald, par exemple, furent de son côté. Lui-même n’intervint que deux fois, toujours pour réfuter les accusations en ne s’appuyant que sur des faits. En 1885, dans le cadre d’un échange publié par le Boston Evening Transcript, auquel participa notamment Parkman et dont le principal objet était l’accusation de complot lancée par Haliburton, Akins rédigea une longue lettre sur « les documents relatifs à l’expulsion des Acadiens ». Il y démontrait clairement que les pièces, cachées selon Haliburton, avaient en fait été disponibles. Haliburton avait même eu la permission d’en emporter quelques-unes chez lui afin de pouvoir les consulter plus facilement. Comme Akins le notait dans une lettre à Parkman, que ce dernier avait citée dans un article publié le 22 janvier 1885 par un journal de New York, le Nation, Haliburton n’avait pas mené « ses recherches avec assez de diligence », fait aujourd’hui reconnu par les spécialistes.
Akins reprit part au débat en 1890 en faisant paraître une lettre dans le Morning Herald de Halifax. Sa première réaction, en lisant les accusations de Casgrain, disait-il, avait été de chercher, à Halifax, les documents qu’on lui reprochait de ne pas avoir publiés. Bientôt, il avait compris que la plupart de ces documents étaient les pièces jointes des dépêches qu’on n’avait pas envoyées d’Annapolis Royal à Halifax au moment du transfert du gouvernement en 1749. Il n’en avait tout simplement pas soupçonné l’existence jusqu’à ce que Casgrain les retrouve à Londres. Quant à ce dernier, il croyait – peut-être parce qu’il avait à dessein mal interprété la préface de Selections – qu’Akins s’était rendu à Londres et avait vu les documents en question. Or Akins n’était jamais allé à Londres (dans toute son existence, il ne quitta la Nouvelle-Écosse qu’une seule fois, pour un voyage à l’Île-du-Prince-Édouard). Il avait donc été à la merci de ses copistes et pouvait montrer que les accusations de Casgrain étaient tout à fait dénuées de fondement. De plus, il pouvait faire valoir que c’était lui qui avait remis à la Nova Scotia Historical Society les copies des papiers d’Andrew Brown que celle-ci avait publiés. Brown y disait notamment qu’à sa connaissance on ne pouvait « imputer à la nation française aucun acte aussi répréhensible que la déportation des Acadiens, sauf le massacre de la Saint-Barthélemy ». Si Akins avait voulu supprimer cette remarque, il l’aurait pu, mais il s’était au contraire assuré de sa publication, comme de celle d’autres documents favorables à la cause acadienne.
Cette explication aurait dû clore le débat, et pourtant, encore aujourd’hui, certains historiens accusent Akins, non pas de suppression pure et simple d’indices, mais à tout le moins de partialité dans le choix des documents. Toutefois, un seul d’entre eux, John Bartlet Brebner*, a été en mesure de citer un cas où Akins a omis un extrait qu’on pouvait juger important, et même cette omission a probablement été involontaire. À l’instar de la plupart de ses compatriotes néo-écossais, Akins estimait que la déportation des Acadiens avait été « une terrible nécessité – combien cruelle, mais combien inévitable ». Il croyait fermement que « les documents publics d’un pays constituent, à eux seuls, sa véritable histoire », qu’ils parlent par eux-mêmes.
Le penchant d’Akins pour les choses anciennes ne se limitait pas à collectionner les documents publics. Quand on le nomma commissaire des archives, il accepta aussi, à titre gracieux, le mandat de bibliothécaire de la province. Toutefois, il ne put s’acquitter de cette responsabilité, car le gouvernement n’avait pas encore fusionné les bibliothèques de l’Assemblée et du conseil en une seule bibliothèque législative. Il veilla donc plutôt à rassembler les nombreux livres et opuscules disséminés dans Province House et à se procurer des ouvrages pour une future bibliothèque, soit par donation, échange ou achat. En deux ans, il fit l’acquisition de 1 750 volumes ; de ce nombre, il en acheta seulement 138, pour la somme de £17. Ainsi Akins prépara le terrain au premier bibliothécaire rémunéré de la province, John Thomas Bulmer*, qui dès les années 1880 put faire de la bibliothèque de l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse l’une des meilleures du Canada.
Grâce aux bibliographies et aux catalogues de libraire qu’il se procurait à titre de bibliothécaire provincial, Akins connaissait l’existence de nombreux livres et brochures sur l’histoire de la Nouvelle-Écosse et de l’Amérique du Nord britannique. Il fit valoir au gouvernement l’« importance capitale » d’obtenir ces ouvrages pour la future bibliothèque législative. Mais l’indifférence des autorités l’amena à constituer sa propre collection. Au moment de son décès, il possédait quelque 4 000 volumes sur l’histoire de l’Amérique coloniale et de l’Amérique du Nord britannique. Connue aujourd’hui sous le nom d’Akins Library et conservée aux Public Archives of Nova Scotia, cette collection était, à la mort d’Akins, la plus considérable bibliothèque privée du genre et, vu la rareté de certains de ses volumes, la plus belle du dominion.
La raison pour laquelle Akins collectionnait les ouvrages sur l’Amérique du Nord britannique était évidente. Par contre, sa fascination pour les livres des xve et xvie siècles, et surtout pour les incunables allemands et italiens, les aldes et les elzévirs, demeure quelque peu mystérieuse. Archibald McKellar MacMechan*, professeur à la Dalhousie University qui eut un entretien avec lui avant sa mort, fit observer en 1932 qu’Akins s’intéressait aux débuts de l’imprimerie. Quoi qu’il en soit, dans les années 1860 et 1870, Akins assembla l’une des plus belles collections d’incunables en Amérique du Nord ; avant 1880, il existait probablement moins d’une douzaine de collectionneurs de livres du xve siècle sur tout le continent. En 1877, à l’occasion de l’exposition tenue à Montréal en l’honneur de l’imprimeur anglais William Caxton, on avait présenté seulement 26 incunables ; en 1888, Akins en possédait 28. Parmi ses volumes les plus rares figuraient la première bible (1475) imprimée par Anton Koberger (alors la plus ancienne bible latine au Canada et peut-être en Amérique du Nord) ainsi qu’un exemplaire de Speculum vitae humanae (1471), de Rodrigo Sanchez de Arévalo, imprimé chez Gunther Zainer à Augsbourg (République fédérale d’Allemagne). En 1872, Akins avait donné 152 volumes de sa collection de livres rares au King’s College, alors situé à Windsor, en Nouvelle-Écosse, et à sa mort 250 autres allèrent au même établissement. Dans les années 1950, on découvrit dans le grenier de sa maison d’été à Falmouth plus de 100 livres des xvie, xviie et xviiie siècles ; ils se trouvent maintenant à la Dalhousie University Library.
Akins entretenait d’étroites relations avec le King’s College, qui lui conféra en 1865, à titre honorifique, un doctorat en droit civil. L’année précédente, il avait créé au collège l’Akins Historical Prize, qui devait récompenser chaque année le meilleur ouvrage d’histoire écrit sur un ou plusieurs comtés néo-écossais [V. Mather Byles DesBrisay ; Peter Stevens Hamilton ; George Patterson]. Son but était d’encourager l’historiographie locale avant que ne disparaissent « les traditions populaires sur les débuts et l’évolution des villages ». Avant sa mort, des prix couronnèrent les histoires de 14 comtés ; plusieurs des ouvrages primés demeurent des sources de première importance sur les débuts de la colonisation de la province.
Par tempérament, Akins était plus amateur d’antiquités qu’historien, ce dont témoigne la perspective strictement factuelle et chronologique des quelques ouvrages qu’il publia. Outre son histoire de Halifax, il fit paraître A sketch of the rise and progress of the Church of England in the British North American provinces (Halifax, 1849), A brief account of the origin, endowment and progress of the University of King’s College, Windsor, Nova Scotia (Halifax, 1865) de même qu’un article, « The first Council », dans les Collections de la Nova Scotia Historical Society pour 1879–1880. Président de cette société en 1882–1883, il en était l’un des vice-présidents au moment de sa mort. Il fut en outre membre honoraire ou correspondant de la Société littéraire et historique de Québec, de l’American Historical Association et des sociétés historiques du Massachusetts, du Maryland et du Texas.
Selon Archibald MacMechan, Thomas Beamish Akins était « un gentleman de la vieille école ». D’un naturel courtois et discret, il se vêtit jusqu’à la fin de sa vie à la mode des années 1830 – hauts cols empesés et cravates de drap fin – et ne porta jamais la barbe. Il avait bon goût en matière de peinture et, dans sa jeunesse, il présenta ses œuvres dans des expositions provinciales. L’hiver, il vivait dans sa maison de la rue Brunswick (classée monument historique et propriété de la municipalité de Halifax). L’été, il demeurait à Falmouth, où ses ancêtres paternels, planters de la Nouvelle-Angleterre, s’étaient fixés et où, passionné d’horticulture, il fit pousser de nombreuses variétés d’arbustes et d’arbres rares. Il appartint toute sa vie à la Basse Église ; de tendance évangélique à la fin des années 1880, il assista dès lors régulièrement à des réunions de prière et à des classes bibliques, dont celles des méthodistes et de l’Armée du Salut. Sa sensibilité et sa générosité ne se démentirent jamais. Dans son testament, il légua non seulement des sommes à de nombreuses œuvres de charité et à des organisations religieuses, mais aussi 7 000 $ à la Halifax City Mission. Le reste de sa succession, estimée à 54 000 $, fut légué à de nombreux parents. On trouve sur son acte d’inhumation en l’église St George de Halifax cette phrase d’Horace : Multis bonis flebilis occidit (Bien des hommes bons ont pleuré sa mort).
L’ouvrage intitulé Prize essay on the history of the settlement of Halifax, at the Mechanics’ Institute, on 18th April, 1839 de Thomas Beamish Akins a été édité en brochure dans cette ville en 1847. La version considérablement augmentée et révisée qu’il a laissée à sa mort a été publiée en 1895 sous le titre de « History of Halifax City », N.S. Hist. Soc., Coll., 8 (1892–1894) ; elle a été réimprimée à Belleville, Ontario, en 1973.
On trouve des renseignements d’ordre généalogique sur les familles Akins et Beamish aux PANS, MG 1, 5, et sur la famille Beamish aux PANS, MG 100, 109, nos 18–19. L’inscription d’Akins au barreau, le 3 mai 1831, est enregistrée dans PANS, First barristers’ roll for Nova Scotia. Son testament daté du 6 déc. 1890 se trouve à la Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, no 4109 (mfm aux PANS). Des notices nécrologiques ont paru dans l’Acadian Recorder et l’Evening Mail, de Halifax, le 6 mai 1891, et dans le Morning Chronicle, du 7 mai, ainsi qu’un avis « In memoriam » dans N.S. Hist. Soc., Coll., 7 (1889–1891) : 157–158. Les souvenirs d’Archibald McKellar MacMechan ont été publiés sous le titre de « A gentleman of the old school » dans le Halifax Herald, 31 déc. 1932.
La principale source de documentation en ce qui a trait au travail d’Akins comme commissaire des archives publiques de 1857 à 1885 est constituée par ses rapports dans N.-É., House of Assembly, Journals and proc., app., 1858–1886, et par ceux de la commission des registres de l’Assemblée publiés également dans les annexes du journal, en particulier ceux des années 1860 et 1864. La correspondance concernant les transcriptions du PRO se trouve aux PANS, RG 1, 103–104, 106, 125. AN, RG 37, B, 106, renferme la correspondance entre Akins and Douglas Brymner*, archiviste du dominion. Les T. B. Akins papers conservés aux PANS (MG 1, 5–8) comprennent son registre de commission (MG 1, 8), dans lequel sont notés ses rapports à l’Assemblée, le travail accompli, ainsi que des copies de quelques lettres relatives à la commission. L’article de B. C. Cuthbertson, « Thomas Beamish Akins : British North America’s pioneer archivist », Acadiensis (Fredericton), 7 (1977–1978), no 1 : 86–102, constitue l’étude la plus importante du travail d’Akins comme archiviste. Le compte rendu d’Adams George Archibald de l’apparition d’Akins devant le comité de la chambre d’Assemblée en 1857 se trouve dans son discours inaugural, N. S. Hist. Soc., Coll., 1 (1878) : 29.
Des lettres de divers protagonistes au Boston Evening Transcript en 1885 et au Morning Herald de Halifax en 1889 et 1890 constituent la principale source de renseignements sur le débat suscité par la parution de Selections from the public documents of the province of Nova Scotia (Halifax, 1869). Les lettres d’Akins ont paru dans le Boston Evening Transcript, 19 mars 1885, et dans le Morning Herald, 4 avril 1890. Sa lettre à Francis Parkman a été publiée dans le Nation de New York du 22 janv. 1885. Le texte de H.-R. Casgrain a été publié sous le titre de « Éclaircissements sur la question acadienne », SRC Mémoires, 1re sér., 6 (1888), sect. i : 23–75. Les transcriptions des Andrew Brown papers sur « The Acadian French » ont été diffusées dans les N. S. Hist. Soc., Coll., 2 (1879–1880) : 129–160 ; le commentaire de Brown sur la déportation apparaît à la page 150. La thèse de M. Brook Taylor, « The writing of English-Canadian history in the nineteenth century » (thèse de ph.d., 2 vol., Univ. of Toronto, 1984), constitue la meilleure source de l’historiographie de la déportation des Acadiens de la Nouvelle-Écosse.
Les activités de bibliophile d’Akins sont traitées dans l’article de B. C. Cuthbertson, « Thomas Beamish Akins », Atlantic Provinces Library Assoc., APLA Bull. (Fredericton), 44 (1980–1981) : 49, 51. D’autres sources sont : Harry Piers, « Historical introduction », Catalogue of the library of King’s College, Windsor, Nova Scotia, with occasional annotations by Harry Piers (Halifax, 1893) ; A catalogue of the Akins collection of books and pamphlets, S. I. Stewart, compil. (Halifax, 1933) ; et D. C. Harvey, « The Akins Library in the Public Archives of Nova Scotia », Journal of Education (Halifax), 4e sér., 5 (1934) 57–60. [b. c. c.]
Brian C. Cuthbertson, « AKINS, THOMAS BEAMISH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/akins_thomas_beamish_12F.html.
Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:
Permalien: | http://www.biographi.ca/fr/bio/akins_thomas_beamish_12F.html |
Auteur de l'article: | Brian C. Cuthbertson |
Titre de l'article: | AKINS, THOMAS BEAMISH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 2 décembre 2024 |