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WINSLOW, JOHN, officier et fonctionnaire, né le 10 mai 1703 à Marshfield, Massachusetts, fils d’Isaac Winslow et de Sarah Wensley ; en 1725, il épousa Mary Little (ils eurent deux fils) et, en secondes noces, Bethiah Johnson, née Barker ; décédé le 17 avril 1774 à Hingham, Massachusetts.
John Winslow appartenait à l’une des familles les plus en vue de la Nouvelle-Angleterre. Son arrière-grand-père et son grand-père avaient tous deux été gouverneurs de la colonie de Plymouth Bay. Après avoir eu quelques positions de peu d’importance à Plymouth, Winslow reçut une commission de capitaine d’une compagnie de provinciaux lors de l’expédition ratée contre Cuba, organisée en 1740. Grâce, apparemment, à l’influence du gouverneur du Massachusetts, William Shirley, Winslow passa peu après dans l’armée britannique ; il servit comme capitaine dans le régiment (401 d’infanterie) de Richard Philipps* à Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse, et à St John’s, Terre-Neuve. En 1751, à la suite d’une permutation avec un capitaine à la demi-solde de l’ancien régiment de Shirley, il retourna au Massachusetts où il s’occupa de sa propriété et représenta Marshfield à la General Court of Massachusetts en 1752–1753. En 1754, promu par Shirley major général de la milice, on le choisit pour commander une troupe de 800 hommes qu’on envoyait à la rivière Kennebec (Maine) pour consolider les positions britanniques dans cette région et y empêcher les empiétements des Français. Winslow y conçut et construisit les forts Western (Augusta, Maine) et Halifax (Winslow, Maine). Cette expédition accrut beaucoup sa popularité, si bien qu’il était un candidat tout désigné au grade de lieutenant-colonel du régiment des provinciaux levé par Shirley en 1755 pour aider le lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse, Charles Lawrence*, dans ses tentatives de soustraire cette province de l’influence française.
Winslow joua un rôle marquant lors de la prise du fort Beauséjour (près de Sackville, Nouveau-Brunswick) en juin 1755 et lorsqu’on mit fin aux ambitions françaises dans la région de Chignectou au cours de l’été ; ses journaux donnent un important compte rendu de ces événements. Tout au long de l’expédition, des incompatibilités de caractère lui amenèrent des conflits avec le lieutenant-colonel Monckton, l’officier britannique des troupes régulières qui commanda l’expédition contre le fort Beauséjour ; des problèmes relatifs à la solde et aux approvisionnements accrurent les tensions. Monckton semble avoir usé de peu de tact dans ses relations avec son ombrageux second, ordonnant, à un moment donné, que les drapeaux du régiment de Winslow fussent saisis par la force. Furieux, Winslow consigna dans son journal que « cette conduite causa un grand malaise tant chez les officiers que chez les soldats et souleva quelque peu [sa] colère ». Cependant, il est probable que, froissé de n’avoir pas reçu le commandement de l’expédition, Winslow ait été également à blâmer pour ces frictions.
Après la réduction des forts français des environs de Chignectou, Winslow reçut l’ordre de marcher sur Grand-Pré (Nouvelle-Écosse), le plus grand centre acadien de la région des Mines, où il procéda au déplacement de la population. Bien qu’on l’ait souvent cru l’unique responsable de la mise en œuvre de la déportation, Winslow n’avait la direction que d’une partie d’une opération beaucoup plus considérable. Le 5 septembre 1755, les Acadiens mâles de la région de Grand-Pré étant assemblés, il les informa qu’eux-mêmes, leurs familles et leurs biens mobiliers allaient être déménagés hors de la province. Winslow qualifia l’affaire de « très désagréable à [sa] nature et à [son] caractère », mais il exécuta les ordres avec soin et avec une précision toute militaire, faisant preuve d’autant de compassion que les circonstances le permettaient. À cause des délais occasionnés par la difficulté de se procurer des navires de transport, la déportation prit beaucoup plus de temps que prévu ; en novembre, toutefois, Winslow avait dirigé quelque 1510 Acadiens vers la Pennsylvanie, le Maryland et d’autres colonies britanniques du sud. On avait antérieurement fait des plans pour qu’il servît comme agent en vue de l’occupation des terres agricoles maintenant vacantes, mais on n’y donna pas suite.
Winslow retourna au Massachusetts en novembre 1755. L’année suivante, il atteignit le sommet de sa carrière militaire, alors que Shirley le nomma commandant des troupes provinciales lors de l’expédition contre le fort Saint-Frédéric (près de Crown Point, New York). Cependant, il s’opposa âprement à lord Loudoun, le commandant en chef, qui proposait l’incorporation des troupes provinciales aux troupes régulières. Les provinciaux s’étaient enrôlés pour servir seulement sous leurs propres officiers ; d’autre part, ces derniers craignaient, advenant l’intégration, de perdre les grades qu’ils tenaient uniquement en vertu d’une commission coloniale. La question faillit prendre les proportions d’une mutinerie des provinciaux et d’une révolte de leurs officiers, mais Winslow finalement accepta l’intégration sous les menaces de Loudoun et sur les instances de Shirley. Toutefois, sur le plan militaire, rien de bien important ne fut réalisé pendant la campagne.
Cette expédition semble avoir marqué la fin de la carrière militaire de Winslow. Il rentra au Massachusetts en 1757 et représenta Marshfield à la General Court en 1757–1758 et de 1761 à 1765. En 1762, il fut membre de la commission pour la frontière de la rivière Sainte-Croix et, vers 1766, il déménagea à Hingham où il passa le reste de sa vie.
Les journaux personnels de John Winslow ont été publiés : « Journal of Colonel John Winslow of the provincial troops, while engaged in removing the Acadian French inhabitants from Grand Pre [...] », et « Journal of Colonel John Winslow of the provincial troops, while engaged in the siege of Fort Beausejour, in the summer and autumn of 1755 [...] », N.S. Hist. Soc., Coll., III (1883) : 71–196, et IV (1885) : 113–246.
APC, MG 11, [CO 217] Nova Scotia A, 30, pp.55–57.— Mass. Hist. Soc., Gay coll., Mascarene papers, II : 4 ; III : 133, 135s. ; Winslow papers, 61. E1.31–33, 36, 38, 42, 60.— PANS, RG 1, 21, f.148.— Correspondence of William Shirley (Lincoln), II : 492s., 495–498, 525–527.— Military affairs in North America, 1748–65 (Pargellis), 54.— N.S. Archives, I, 396.— DAB.— Sabine, Biographical sketches of loyalists, II : 439–444.— H. E. Dunnack, Maine forts (Augusta, Maine, 1924), 234.— Murdoch, History of N. S., II.— Pargellis, Lord Loudoun, 88–91.— G. A. Rawlyk, Nova Scotia’s Massachusetts : a study of Massachusetts-Nova Scotia relations, 1630 to 1784 (Montréal et Londres, 1973), 209–211.— J. A. Schutz, William Shirley, king’s governor of Massachusetts (Chapel Hill, N.C., 1961), 175s., 178s., 187–189, 228, 234s.— G. A. Wood, William Shirley, governor of Massachusetts, 1741–1756 ; a history (New York, 1920), 96, 98.
Barry M. Moody, « WINSLOW, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/winslow_john_4F.html.
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Auteur de l'article: | Barry M. Moody |
Titre de l'article: | WINSLOW, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |