WOOD, JOHN FISHER, instituteur, avocat et homme politique, né le 12 octobre 1850 ou 1852 à Addison, Haut-Canada, fils de John Wood et de Mary Ann Wadden ; décédé célibataire le 14 mars 1899 à Toronto et inhumé à Brockville.

Originaire du Banffshire, en Écosse, le père de John Fisher Wood avait immigré dans la province du Canada dès son jeune âge et était devenu entrepreneur ferroviaire. John Fisher fit ses études dans la région d’Addison puis à la grammar school de Farmersville (Athens). Après avoir enseigné quelque temps, il étudia le droit au cabinet de Christopher Finlay Fraser à Brockville, et y exerça après son admission au barreau en 1876. Deux ans plus tard, il s’associa à William H. Ferguson. Nommé conseiller de la reine en 1890, il fut solicitor des comtés unis de Leeds et de Grenville ainsi que de la Brockville Building and Savings Society. En outre, il fut vice-président de la Brockville, Westport and Sault Ste Marie Railway Company, qui obtint sa charte en 1884. Il continua de pratiquer le droit à Brockville jusqu’à sa mort ; son associé était alors Hugh Alexander Stewart.

En 1882, Wood devint député de la circonscription fédérale de Brockville en recueillant cinq voix de plus que le fabricant de produits pharmaceutiques William Henry Comstock ; il allait occuper ce siège jusqu’à sa mort. Il fut vice-président de la chambre des Communes en 1890–1891 et président du comité des chemins de fer et canaux en 1892. Quand sir John Sparrow David Thompson devint premier ministre, cette année-là, Wood remplaça le ministre du Revenu de l’intérieur (John Costigan*) et le ministre des Douanes (Joseph-Adolphe Chapleau) par des contrôleurs qui seraient membres du gouvernement mais non du cabinet. Ils seraient comptables au ministre du Commerce, poste nouvellement créé et occupé alors par le sénateur Mackenzie Bowell*. Sauf durant une courte interruption, Wood fut contrôleur du revenu intérieur du 5 décembre 1892 au 16 décembre 1895. Ce jour-là, à la démission de Nathaniel Clarke Wallace*, il devint contrôleur des douanes. Il exerça cette fonction jusqu’à la démission du gouvernement de sir Charles Tupper*, le 8 juillet 1896.

À la mort de Thompson, en 1894, Bowell était devenu premier ministre. Wood fut l’un des sept membres du « nid de traîtres » (les autres étaient William Bullock Ives, George Eulas Foster*, John Graham Haggart*, Walter Humphries Montague, sir Charles Hibbert Tupper* et Arthur Rupert Dickey) qui démissionnèrent de son gouvernement le 4 janvier 1896, immédiatement après que le Parlement se fut de nouveau réuni pour adopter une loi qui restaurerait les droits scolaires de la minorité catholique du Manitoba. À l’époque, bien des gens pensaient que les « déserteurs » voulaient retirer le projet de loi ; c’était sans doute le cas pour certains d’entre eux, mais non pour le groupe dans son ensemble. L’unique objectif était d’obliger Bowell, dont l’incompétence était notoire, à faire place à un meilleur chef. Apparemment, lorsque tous les membres du groupe, à l’exception de Charles Hibbert Tupper, réintégrèrent le cabinet le 15 janvier, ils avaient obtenu l’assurance de son départ. Bowell démissionna du poste de premier ministre à la fin de la session parlementaire, en avril, et c’est Charles Tupper qui le remplaça.

Wood ne participait pas souvent aux débats parlementaires ; ses interventions, généralement brèves, visaient souvent à préciser des points de droit. Il se plaignait des longs discours de ses collègues sur des questions qui, selon lui, auraient pu être réglées bien vite et affirmait que la publication du hansard les encourageait à être prolixes. Il proposa donc en 1885 de mettre fin à la publication ; si sa motion avait recueilli 40 voix de plus, elle aurait été adoptée. Il récidiva en 1892, au moins en ce qui concernait les délibérations des comités, mais il n’eut pas davantage de succès. Par deux fois, en 1885 et en 1895, il prononça de solides discours à l’appui de la Politique nationale, étayés de faits et de chiffres qui en montraient les résultats bénéfiques. En 1886, à l’aide d’arguments réfléchis, il justifia le gouvernement d’avoir permis l’exécution de Louis Riel*. Douze ans plus tard, il s’opposa à ce que le gouvernement de sir Wilfrid Laurier* abroge la loi électorale par laquelle sir John Alexander Macdonald, en 1885, avait mis en œuvre la confection des listes d’électeurs en prévision des scrutins fédéraux.

John Fisher Wood mourut des suites d’une insuffisance cardiaque le 14 mars 1899 durant une visite à Toronto. À la réouverture du Parlement, le 16, Laurier, appuyé par sir Charles Tupper, proposa d’ajourner les séances jusqu’au 20 en signe de respect pour Wood et pour un autre député, Pierre-Malcolm Guay, mort le mois précédent. Laurier exprima à propos de Wood des sentiments qui furent repris dans nombre d’éditoriaux : « Il était très respecté de ses adversaires et très aimé, je le sais, de ses amis. Son jugement, son tempérament, sa personnalité étaient tels que sa disparition nous afflige tous. » Comme le nota le Globe, on parla aussi de la courtoisie qu’il manifestait même dans les débats acerbes, et de son équité envers ses opposants. Nombre de ses amis et quelque 40 députés des deux côtés de la chambre, dont sir Henri-Gustave Joly* de Lotbinère, sir Charles Hibbert Tupper et William Bullock Ives, assistèrent à ses obsèques, à Brockville. Wood, qui était de confession presbytérienne, laissait des biens d’une valeur de 24 789,80 $ à deux de ses sœurs, en leur demandant de « subvenir aux besoins » d’une troisième, Margaret, comme il l’avait fait de son vivant.

Lovell C. Clark

AO, RG 22, sér. 176, reg. 8 (1895–1901), n° 2921 ; sér. 179, n° 2921.— Canada, Chambre des Communes, Débats, 1885–1899.— Brockville Evening Recorder, 17 mars 1899.— Daily Mail and Empire, 15 mars 1899.— Globe, 18 mars 1899.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1 : 252.— Dominion annual reg., 1882 : 403.— T. W. H. Leavitt, History of Leeds and Grenville, Ontario, from 1749 to 1879 [...] (Brockville, Ontario, 1879 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972), 182.

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Lovell C. Clark, « WOOD, JOHN FISHER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wood_john_fisher_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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