Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3333415
WOOD, EDMUND BURKE, avocat, homme politique et juge, né probablement le 13 février 1820 au fort Erie (Fort Erie, Ontario) ou tout près, quatrième fils de Samuel et Charlotte Wood ; en avril 1855, il épousa Jane Augusta Marter, de Brantford, Haut-Canada ; décédé le 7 octobre 1882 à Winnipeg.
Edmund Burke Wood était le fils d’un fermier américain d’origine irlandaise qui avait immigré dans le district de Niagara peu après la guerre de 1812. Il fréquenta les écoles du fort Erie. Par suite de la perte d’un bras, et ayant été, semble-t-il, empêché de rester à la ferme, il devint professeur dans le comté de Wentworth. L’enseignement lui parut, cependant, une tâche ingrate et sans avenir, et il entra à l’Oberlin College, Ohio, où il obtint un baccalauréat ès arts en 1848. L’année suivante, il entreprit des études de droit sous l’égide de la Law Society of Upper Canada, faisant son apprentissage dans le cabinet de Samuel Black Freeman et de Stephen James Jones à Hamilton, puis chez Archibald Gilkison, de Brantford. Grâce à l’influence de Jones, il fut nommé greffier de la cour du comté et greffier adjoint de la couronne dans le comté de Brant en 1853, ce qui lui valut d’être largement connu dans les cercles juridiques locaux. Il abandonna ces deux fonctions lorsqu’il fut reçu au barreau en 1854 et, par la suite, il ouvrit à Brantford, en association avec Peter Ball Long, un cabinet qui devint prospère. Diligent, consciencieux et bien informé, Wood ne tarda pas à devenir l’un des plus remarquables avocats de Brantford, et, durant les 20 années de sa carrière dans les cours de comté, il plaida des causes célèbres en droit criminel, en common law et en equity. Il était un partenaire désobligeant et peu commode et, lorsque son association fut dissoute en 1860, il exerça son métier individuellement.
Wood mena, en affaires et en politique, des carrières indissolublement liées l’une à l’autre. Au milieu des années 1850, il devint le conseiller juridique et l’un des principaux promoteurs de la Buffalo and Lake Huron Railway Company, projet dont la réalisation allait donner aux habitants de Brantford l’occasion de faire de bonnes affaires avec l’état de New York. En 1863, autant pour accroître son prestige que pour faire avancer le projet de chemin de fer, il posa sa candidature pour la première fois à une fonction publique et fut élu député de West Brant à l’Assemblée législative en qualité de réformiste modéré. L’année suivante, le projet de la Buffalo and Lake Huron Railway Company fut pris en charge par la société ferroviaire du Grand Tronc, et Wood fut, dès lors, influencé de plus en plus par Charles John Brydges, qui appartenait à cette société, et par les amis conservateurs de celui-ci. En 1864, Brydges nota dans une lettre à John Alexander Macdonald* que Wood était « tout à fait disposé à s’engager pour un paiement si [Macdonald était] en mesure de lui [en] offrir [l’occasion] ». Bien que libéral de nom durant toute sa carrière, Wood refusa d’obéir à la demande faite en 1866 par George Brown* de quitter la Grande Coalition, étant influencé, bien sûr, par la société du Grand Tronc. En 1867, au désappointement des partisans de Brown, il accepta le poste de trésorier de l’Ontario dans le gouvernement de coalition – la « Patent Combination » – dirigé par John Sandfield Macdonald*. Important réformiste au sein du cabinet ontarien, il se fit élire, en sa qualité de membre de la coalition, à la législature provinciale et à la chambre des Communes en 1867, bien qu’il eût été répudié par l’association libérale de la circonscription de South Brant.
Wood demeura trésorier de l’Ontario durant plus de quatre ans, malgré de fréquentes querelles avec Sandfield Macdonald et des conflits déclarés avec l’aile fédérale de la coalition. Prenant la tête d’un groupe de ministres récalcitrants, à Ottawa, il s’opposa au projet d’accorder de « meilleures conditions » à la Nouvelle-Écosse, et il refusa de se joindre à Sandfield Macdonald pour appuyer le gouvernement fédéral en 1869. À titre de trésorier, il veilla jalousement sur les intérêts financiers de l’Ontario. Reprenant à son compte les propos régionalistes qui avaient été tenus par les réformistes avant la confédération, il garda une attitude ferme durant l’arbitrage des questions financières opposant l’Ontario et le Québec. Il se servit également de son influence pour défendre ses propres intérêts. Qualifié un jour dans le Globe de Toronto d’ « agent actif à la solde du Grand Tronc », Wood, contrairement à la plupart des gens de son parti, s’opposait fortement à la construction de chemins de fer à faible écartement dans la province.
En 1871, à la suite d’élections provinciales qui laissèrent en suspens le contrôle de la législature et qui montrèrent l’impuissance du trésorier à rallier les libéraux à la coalition, Wood abandonna son poste de façon dramatique au moment où la « Patent Combination » s’efforçait en vain de survivre. Après la chute du ministère, il rejoignit le parti libéral et appuya le nouveau gouvernement réformiste d’Edward Blake*. Mais sa carrière en politique provinciale avait été compromise à cause de son association avec les conservateurs, et ni Blake ni Oliver Mowat* ne l’invitèrent à faire partie du cabinet. Il se mit alors à s’intéresser de plus en plus à la politique fédérale. Sans briguer les suffrages aux élections fédérales de 1872, il quitta la législature de l’Ontario lorsque fut votée la loi abolissant le double mandat et, en 1873, il retourna à la chambre des Communes après avoir remporté une élection partielle dans West Durham, une circonscription d’allégeance nettement libérale que Blake avait laissée vacante en décidant de se présenter dans South Bruce. La voix tonitruante de Wood, qui lui avait valu le sobriquet de « gros tonnerre », s’avéra une arme efficace contre les conservateurs lorsque le scandale du Pacifique éclata en 1873. Cependant, malgré son expérience et sa compétence, Wood ne fut pas invité à se joindre au cabinet libéral d’Alexander Mackenzie* formé en novembre 1873.
Éprouvant des difficultés financières, résultat de sa vie fastueuse et quelquefois dissolue, Wood accepta, en mars 1874, le poste de juge en chef du Manitoba avec des appointements annuels qui atteignaient presque $5 000. Durant les huit années qui suivirent, il fut un personnage controversé au sein de la magistrature du Manitoba. Dès son premier procès, celui d’Ambroise-Dydime Lépine*, lieutenant de Louis Riel au cours de la résistance de 1869–1870, il tenta de raffermir l’autorité de la magistrature et la souveraineté des institutions britanniques dans la province. Après des débuts impressionnants, toutefois, son prestige diminua rapidement lorsqu’il fut impliqué dans des querelles politiques locales, dans des controverses fédérales-provinciales sur des questions ferroviaires et dans ce qui risquait d’être un conflit d’intérêts avec John Christian Schultz*, auquel il avait emprunté de l’argent pour construire sa somptueuse résidence de Winnipeg. « Il y a certes en lui l’étoffe d’un excellent juge, écrivait le lieutenant-gouverneur Alexander Morris, s’il voulait seulement revêtir la dignité et l’impartialité d’un juge et se limiter à son domaine. » Wood, cependant, n’adopta jamais l’attitude impartiale propre à un magistrat. Même s’il prononça des jugements savants, nuancés et logiques dans plusieurs causes importantes, il ne put refaire une réputation ternie par des mouvements d’humeur et un usage parfois excessif de l’alcool.
En mars 1881, les ennemis que Wood comptait parmi les avocats et les hommes politiques de l’endroit, notamment Joseph Royal* et Henry Joseph Clarke, demandèrent au gouvernement fédéral de le destituer pour des raisons de partialité, de malhonnêteté et de manque de sobriété. Il suscitait alors la pitié : il était partiellement paralysé à la suite d’une série d’attaques ; il entendait mal et pouvait à peine s’exprimer d’une manière cohérente. Avant que les accusations portées contre lui n’aient été l’objet d’une enquête complète, Wood s’affaissa tandis qu’il siégeait, le 7 octobre 1882, et il mourut au cours de la soirée. Il laissait derrière lui sa femme, quatre fils et deux filles, qui se trouvèrent aussi démunis, sur le plan financier, qu’il l’avait été lui-même durant la plus grande partie de sa vie.
Wood était un homme très intelligent et instruit et ses talents furent rarement mis en doute. Dans sa province natale, il était devenu conseiller de la reine et membre du conseil d’administration de la Law Society of Upper Canada, et, au Manitoba, il avait été nommé président de la Société historique et scientifique de Manitoba. Cependant, il était obstiné et impatient, et il s’était fait la réputation d’être opportuniste et vénal, ce qui n’était pas compatible avec le christianisme évangélique auquel il adhérait en tant que membre de la Low Church de l’Église d’Angleterre. Peu de ses réalisations furent véritablement durables, et les éloges qu’on lui fit après sa mort furent rares et circonspects. « Ceux qui furent portés à critiquer la carrière judiciaire du juge en chef Wood, disait une notice nécrologique, fer[aient] bien de se rappeler qu’il lui échut en partage d’accomplir les travaux d’abattage, d’émondage et de défrichage, pour ainsi dire, dans un pays neuf. Et si l’œuvre ne fut pas soignée ni artistique, elle fut au moins utile. »
Edmund Burke Wood est l’auteur de : Arguments of Hon. E. B. Wood, before the arbitrators, under the British North America Act of 1867 [...] (Toronto, 1870) ; Mr. Wood’s argument before the provincial arbitrators on the modes proposed for the apportionment of the excess of debt and division of assets between Ontario and Quebec (Toronto, 1870) ; Petitions and reply to the charges preferred against the Hon. E. B. Wood, C.J., Province of Manitoba (Ottawa, 1882) ; Speech [...] delivered on the 15th December, 1868, in the Legislative Assembly of Ontario [...] (Toronto, 1869) ; et de Speech [...] delivered on the 10th December, 1869, in the Legislative Assembly of Ontario [...] (Toronto, 1869). Quelques-unes de ses décisions à titre de juge en chef du Manitoba se trouvent dans Judgments in the Queen’s Bench, Manitoba, Daniel Carey, compil. (Winnipeg, 1875 ; réimpr., Calgary, Alberta, et New York, 1918), et dans Reports of cases argued and determined in the Court of Queen’s Bench in Manitoba both at law and in equity [...] during the time of Chief Justice Wood, from 1875 to 1883 [...], E. D. Armour, édit. (Toronto et Édimbourg, 1884).
AO, MU 136–273.— APC, MG 24, B40 ; MG 26, A.— PAM, MG 12, B ; E.— QUA, Alexander Mackenzie papers.— The Canadian legal directory : a guide to the bench and bar of the dominion of Canada, H. J. Morgan, édit. (Toronto, 1878).— Dent, Canadian portrait gallery, I.— [R.] D. et Lee Gibson, Substantial justice : law and lawyers in Manitoba, 1670–1970 (Winnipeg, 1972).— « [Obituary of Edmund Burke Wood] », Canadian Law Times (Toronto), 2 (1882) : 529s.— R. St G. Stubbs, « Hon. Edmund Burke Wood », HSSM Papers, 3e sér., no 13 (1958) : 27–47.
J. Daniel Livermore, « WOOD, EDMUND BURKE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wood_edmund_burke_11F.html.
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Auteur de l'article: | J. Daniel Livermore |
Titre de l'article: | WOOD, EDMUND BURKE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |