WOOD, EDMUND MARTER, avocat, homme politique et fonctionnaire, né le 20 avril 1858 à Brantford, Haut-Canada, fils d’Edmund Burke Wood*, avocat, et de Jane Augusta Marter ; le 4 août 1880, il épousa à St Andrews, Nouveau-Brunswick, Georgianna Gove (décédée le 31 mai 1921), et ils eurent trois fils, dont deux vécurent au delà de la petite enfance, puis le 10 novembre 1923, à Winnipeg, Nina Emmaline (Emily) Macdonald, avec qui il n’eut pas d’enfants ; décédé dans cette ville le 26 janvier 1936.

Edmund Marter Wood fit sa scolarité à Brantford et à l’Upper Canada College de Toronto avant d’aller vivre au Manitoba, quand son père y fut nommé juge en chef, en mars 1874. Wood commença probablement son apprentissage dans le cabinet d’avocats de John Farquhar Bain et Sedley Blanchard peu après son arrivée à Winnipeg. Pendant ces années d’études, il fut membre du Prairie City Baseball Club en 1877–1878 ; il fit office de secrétaire pour la Winnipeg Amateur Literary and Dramatic Association et participa à un certain nombre de représentations en 1877. L’un des fondateurs de la Law Students’ Society, il fut également son trésorier en 1877–1878. Il fut admis au Barreau du Manitoba le 6 septembre 1879.

Presque aussitôt, Wood s’associa avec son cousin Samuel Clarke Biggs. En plus des services juridiques, leur société s’occupait de titres de placement immobilier au Manitoba. Biggs et Wood conseillaient en matière juridique le Manitoba South-Western Colonization Railway, qui avait négocié avec la ville de Winnipeg la permission de traverser la rivière Rouge, ainsi que d’autres autorisations. Par conséquent, certains citoyens exprimèrent leur préoccupation quand, en janvier 1880, Wood obtint le poste de procureur de la ville. Un commentateur anonyme souligna dans le Daily Tribune que Wood était « un jeune homme digne d’estime », mais donna à entendre qu’il était l’« homme de main » du chemin de fer. Même si les hommes politiques d’Ottawa et de Winnipeg avaient réglé le problème de la traversée du chemin de fer au printemps de 1879, les lecteurs s’inquiétaient sans aucun doute de l’influence qu’il pourrait exercer dans le futur. En tant que procureur, Wood devait rédiger des règlements administratifs, écrire des contrats et s’occuper des questions juridiques de la ville.

De 1880 à 1882, Winnipeg connut un important essor foncier avec l’arrivée du chemin de fer canadien du Pacifique. La ville vit sa population tripler en trois ans et s’étendit aussi géographiquement. En 1881, Wood construisit une des premières grandes maisons dans la communauté de Fort Rouge, qui serait annexée à Winnipeg l’année suivante. La demeure, située sur près d’une acre d’espace paysager, coûtait presque 6 000 $ et était lourdement hypothéquée. En avril 1882, Wood devint conseiller municipal à Fort Rouge, juste avant son annexion. La mort de son père, au début d’octobre, laissa sa mère, ses frères et ses sœurs dans une situation précaire. Sans héritage et issu d’une famille habituée à un style de vie luxueux, Wood commença à utiliser les fonds qui lui avaient été confiés en tant que procureur.

En 1883, Wood obtint du fonds d’amortissement de la ville une deuxième hypothèque sur sa résidence de Fort Rouge. Peu de gens étaient au courant de la transaction, puisque, à titre de procureur, il s’occupait des formalités administratives. À un certain moment, il obtint une hypothèque du même fonds pour le Chateau de Glenmore, maison close connue dont il fut quelque temps propriétaire en 1882, mais qui, au moment de cette hypothèque, appartenait à son frère, Melville Burke, négociant en alcool local et débauché. En plus de ces transactions douteuses, Wood avait l’habitude de déposer dans le compte de son entreprise des sommes d’argent appartenant à la ville et liées à des transactions effectuées par son bureau ; des fonctionnaires municipaux diraient que sa tenue des comptes était « extrêmement relâchée et non professionnelle », mais ne l’accuseraient pas, au départ, de détourner des fonds. Sa conduite, qui était probablement la conséquence de son incapacité à financer son train de vie somptueux, fut exposée au grand jour en août 1884, lorsque des vérificateurs rendirent leur rapport sur les finances de Winnipeg.

La façon dont Wood tenait la comptabilité avait mené à la dissolution de Biggs and Wood en 1882 et, au moment où le scandale éclata, son cousin le dénonça publiquement. Le conseil municipal de Winnipeg vota pour qu’il soit renvoyé de son poste de procureur ; son licenciement devait entrer en vigueur le 1er septembre, mais Wood démissionna le 31 août. Des accusations de détournement furent par la suite portées contre lui et il s’enfuit aux États-Unis. En novembre, à St Paul, au Minnesota, au cours d’une entrevue qu’il accorda à un journaliste du Daily Sun de Winnipeg, Wood imputa ses actions à des « amis » qui l’avaient « bien roulé » en l’utilisant comme un « instrument » et un « pigeon ».

Wood resta aux États-Unis pendant un an et demi, allant d’une ville à l’autre. En janvier 1886, de New York, il écrivit au conseil municipal de Winnipeg et offrit, en échange du retrait des accusations, de rembourser les 15 000 $ qu’il devait. L’offre fut acceptée et, selon le Daily Manitoban, lorsqu’il revint en mars, Wood fut « chaleureusement accueilli » par ses amis. Il reprit sa carrière juridique le mois suivant, mais pour une courte durée. De toute évidence, sa réputation avait été mise à mal. En février 1887, il était radié de la Société légale de Manitoba pour avoir omis de payer sa cotisation. Dans l’impossibilité de pratiquer et forcé d’utiliser tous ses avoirs pour rembourser sa dette, Wood fut engagé comme directeur du scrutin à Kildonan durant les élections du 11 juillet 1888 ; néanmoins, à la fin de l’été, il vivait presque dans le dénuement. Il fit, sans succès, des démarches auprès du premier ministre libéral Thomas Greenway* pour qu’il l’aide à obtenir un poste au Northern Pacific and Manitoba Railway. Plus tard, évoquant les services rendus par son père au « pays et au Parti libéral », il supplia Greenway de lui trouver un « petit poste insignifiant » qui lui permettrait de « [nourrir sa] femme et [ses] enfants cet hiver [-là] ». Greenway le fit embaucher comme rédacteur aux sessions de l’Assemblée législative, où il eut, entre autres tâches, à codifier les lois provinciales. Par la suite, il lui trouva un emploi dans les bureaux du ministère des Terres provinciales et du commissaire municipal.

Le 28 octobre 1889, Wood fut nommé greffier en chef au bureau du commissaire municipal pour le Manitoba, où il travaillait depuis août. Il était sous les ordres directs du commissaire James Allan Smart*, qui était aussi ministre des Travaux publics ; le poste de Wood équivalait probablement à celui d’un sous-ministre. Il devint un bureaucrate typique, un expert laborieux que personne ne remarquait, ce qui tranchait avec l’ancien procureur de la ville au train de vie luxueux. Durant les quatre décennies suivantes, il fut connu comme une autorité en matière de législation concernant les municipalités. En 1911, le Winnipeg Tribune déclara que « sa connaissance des affaires municipales [était] si vaste et complète que son opinion sur de telles questions mérit[ait] la plus grande estime et attention ». Wood fut nommé commissaire municipal adjoint le 9 février 1904 ; il occuperait ce poste jusqu’à sa retraite. Il fut également commissaire des chemins de fer pour le Manitoba de 1900 à 1922 et secrétaire du Bureau de santé provincial de 1894 à 1927. Il rédigea au moins 13 projets de loi importants, dont ceux qui deviendraient les lois suivantes : l’Act to amend The Assessment Act (1891), l’Act respecting a sanatorium for consumptives (1904), le Motor Vehicle Act (1908), le Public Health Act (1911) et le Good Roads Act (1912). Ses mesures législatives novatrices furent souvent utilisées comme modèles pour les provinces de Saskatchewan et d’Alberta. Il joua aussi un rôle clé dans la création du sanatorium de Ninette pour le traitement de la tuberculose.

En 1900, lorsqu’il acheta une résidence de Fort Rouge qu’il habitait depuis 1896, Edmund Marter Wood s’était probablement rétabli financièrement. À cette époque, comme dans les années 1880, la propriété était au nom de sa femme. En 1909, les Wood construisirent une nouvelle maison à côté de celle de Robert Rogers, sise Roslyn Road, rue prestigieuse. Après la mort de sa femme, en 1921, Wood mit le mobilier aux enchères, vendit la propriété et s’installa au luxueux Royal Alexandra Hotel, où il resterait jusqu’à la fin de sa vie. Quand il prit sa retraite, le 31 octobre 1930, il fut honoré pour ses longues années de service. Le commissaire municipal Duncan Lloyd McLeod déclara que la relation de Wood avec les autorités municipales avait été de nature paternelle. « Les fonctionnaires des municipalités de toute la province se sont tournés vers M. Wood pour de l’aide et des conseils, [qu’il ne leur a] jamais refusés. » McLeod ajouta que Wood avait joué un rôle important dans le développement de la province. Dans une entrevue qu’il accorda à un journaliste du Manitoba Free Press lors de son dernier jour de travail, Wood réfléchit profondément aux quatre décennies qui venaient de s’écouler et durant lesquelles il avait été au service de cinq administrations différentes ; le gouvernement de sir Rodmond Palen Roblin avait été son préféré. Un mois plus tard, la Union of Manitoba Municipalities présenta ses respects à Wood au cours de sa réunion annuelle. Le « grand et mince gentleman aux cheveux blancs » quitta alors la scène publique. La santé de Wood fut mauvaise pendant les dernières années de sa vie ; il mourut le 26 janvier 1936.

Randy R. Rostecki

AM, AMLJH, P 1350 (Law Soc. of Man. files) ; Thomas Greenway fonds, 881, 15 août 1881 ; 911, 21 août 1888 ; 1158, 22 oct. 1888 ; 1268, 28 nov. 1888.— Manitoba, Ministère du Tourisme, de la Culture, du Patrimoine, du Sport et de la Protection du consommateur, Bureau de l’état civil (Winnipeg), no 1921-023051 ; no 1923-047109 ; no 1936-008114.— Ville de Winnipeg, Dir. des arch. et des doc. publics, Assessment rolls, 1897, 1901 ; City Council, communications, 1880, no 1805 ; 1886, no 27.— Daily Manitoban (Winnipeg), 2 févr., 22 mars, 22 avril 1886.— Daily Sun (Winnipeg), 8, 12, 24 sept., 13, 18 nov. 1884.— Daily Tribune (Winnipeg), 29 janv. 1880.— Manitoba Free Press, 16, 20 janv., 24 mars, 25 août, 2 oct., 12 déc. 1877 ; 8 janv., 11 févr., 20 mai 1878 ; 4 juill., 6, 9 sept. 1879 ; 27 janv., 3, 13 août 1880 ; 30 juin 1881 ; 26 avril 1882 ; 26–29 août, 1–2, 9, 11 sept. 1884 ; 22 mars 1886 ; 12 juill. 1888 ; 1er juin 1921 ; 1er, 3 nov. 1930.— Manitoba Gazette (Winnipeg), 9 nov. 1889, 17 mars 1894, 17 mars 1900, 20 févr. 1904.— Manitoba Sun (Winnipeg), 22 avril, 7 juill. 1886.— Winnipeg Evening Tribune, 24 sept. 1921, 10 nov. 1923.— Winnipeg Tribune, 10 févr. 1911, 27 janv. 1936.— Annuaire, Winnipeg, 1911–1936.— Manitoba, Treasury Dept., Public accounts of the province of Manitoba (Winnipeg), 1888, 1889, 1922.— David Spector, « The 1884 financial scandals and establishment of business government in Winnipeg », Prairie Forum (Regina), 2 (1977) : 167–177.— Vital statistics from N.B. newspapers (Johnson), 53, no 1362 ; 64, no 1074.— Western Municipal News (Winnipeg), 26 (janvier 1931) : 8, 10.— Winnipeg, Manitoba, and her industries (Chicago et Winnipeg, 1882).

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Randy R. Rostecki, « WOOD, EDMUND MARTER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wood_edmund_marter_16F.html.

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Auteur de l'article:    Randy R. Rostecki
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2015
Année de la révision:    2015
Date de consultation:    28 novembre 2024