WEYAPIERSENWAH (Weh-yah-pih-ehr-sehn-waw, Wey-a-pic-e-sen-waw, Waugh-we-ya-pe-yis-sin-ious, Wawapessenwa, Blue Jacket), chef de guerre chaouanon, né au milieu du xviiie siècle ; décédé vers 1810, probablement dans la région de la rivière de Detroit.
L’une des plus anciennes mentions de Blue Jacket dans les archives des Blancs remonte à janvier 1773, mois où le missionnaire David Jones visita « le village de Blue Jacket », près de la rivière Scioto (Ohio). L’année suivante, Blue Jacket était l’un des chefs indiens à la bataille de Point Pleasant (Virginie-Occidentale), au cours de la guerre de lord Dunmore, et il fut un allié des Britanniques pendant la Révolution américaine. Dès 1778, les habitants avaient quitté son village situé sur les bords de la Scioto pour s’installer avec lui sur l’emplacement actuel de Bellefontaine, en Ohio. Ce village fut brûlé lors de l’expédition de Benjamin Logan, pionnier de la région frontière du Kentucky, en 1786. Blue Jacket négocia avec les habitants de ce territoire à Limestone (Maysville, Kentucky) en 1787, mais il y conduisait des partis de guerre l’année suivante.
À la fin des années 1780, Blue Jacket s’était fixé dans la région de la rivière des Miamis (rivière Maumee), dans ce qui est aujourd’hui le nord-ouest de l’Ohio et le nord-est de l’Indiana. En 1788, il avait « un bel établissement bien fourni en bétail » dans les environs de l’actuel Fort Wayne, en Indiana. Il fut, avec le chef miami Little Turtle [Michikinakoua], l’un des principaux chefs indiens au cours des batailles victorieuses que livrèrent Josiah Harmar et Arthur St Clair aux armées américaines, en 1790 et 1791.
En 1792, Blue Jacket avait un village sur la rivière des Miamis, tout juste en aval de l’Auglaize. Un jeune captif américain, qui s’y trouvait à ce moment-là, disait de lui qu’il avait « la plus noble allure qu’[il eût] jamais vue chez un Indien ». L’année suivante, un quaker américain le qualifiait de « personnage brave et viril ». Richard G. England, commandant britannique de Detroit, se montra moins louangeur en affirmant : « Je n’ai pas une très haute opinion de son zèle ni de sa compétence. »
Blue Jacket fut actif le long de la rivière des Miamis durant les années 1793 et 1794, en plus de voyager au loin pour recruter des Indiens, en vue de résister aux Américains. Il voulait aller à Montréal pour conférer avec sir John Johnson*, surintendant général du département des Affaires indiennes, mais les autorités britanniques de Detroit l’en empêchèrent. Après l’échec de l’attaque indienne contre le fort Recovery (Fort Recovery, Ohio), en juin 1794, Blue Jacket assuma le commandement général des forces indiennes, exercé jusque-là par Little Turtle qui conseillait la prudence. Il dirigea les Indiens lors de la défaite de Fallen Timbers (près de Waterville, Ohio), en août 1794. Au début de 1795, Blue Jacket décida de faire la paix avec le général américain Anthony Wayne. Il signa les articles préliminaires du traité le 11 février et s’efforça par la suite de persuader les Indiens d’assister à la conférence de Greenville (Ohio), qui devait se tenir à l’été. Alexander McKee*, surintendant général adjoint du département des Affaires indiennes du Haut-Canada, le lui reprocha, dit-on, en ces termes : « Tu as bousculé, par l’imprudence de ta conduite, tous nos plans visant à protéger les Indiens [...] On doit maintenant te considérer comme l’ennemi de ton peuple. » Blue Jacket participa néanmoins au conseil de Greenville et signa le 3 août le traité par lequel les Indiens cédaient aux Américains une grande partie de ce qui est maintenant l’Ohio. Au cours du conseil, il prononça ces mots : « Vous me voyez maintenant, présent en personne, en ma qualité de chef de guerre, pour résigner cette fonction, et prendre place de moi-même derrière mes chefs de village, qui, à l’avenir, me commanderont [...] Nous ne devons plus penser à la guerre. »
Après le conseil de Greenville, Blue Jacket vécut pendant un certain temps près du fort Wayne (Fort Wayne, Indiana). Plus tard, il alla s’établir sur la rivière Auglaize près de l’actuelle ville de Wapakoneta, en Ohio, et, en 1801, il possédait une maison sur la rivière de Detroit. Sans doute visita-t-il le fort Malden (Amherstburg, Ontario) de temps en temps, car c’est à partir de ce poste qu’après 1796 les Britanniques distribuèrent les présents destinés aux Indiens vivant au sud de la frontière. Il signa, en juillet 1805, le traité du fort Industry, par lequel une partie du nord de l’Ohio fut cédée aux États-Unis. Il ne tarda pas à s’associer avec Prophet [Tenskwatawa*] et Tecumseh, une fois leur mouvement lancé ; apparemment, il vécut quelque temps avec eux à Greenville. En 1807, il visita Chillicothe en tant qu’un des émissaires indiens auprès du gouvernement de l’Ohio.
II est probable que Blue Jacket se maria au moins deux fois : il épousa une prisonnière américaine dénommée Moore, puis une des filles de sang-mêlé de Jacques Baby*, dit Dupéront. Au nombre de ses enfants se trouvent Nancy et Mary, qui épousa Jacques Lacelle, George Blue Jacket, qui servit d’interprète pour les Britanniques pendant la guerre de 1812, et Jim Blue Jacket, qui fut associé avec Tecumseh et qui, lui aussi, participa à cette guerre.
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Reginald Horsman, « WEYAPIERSENWAH (Weh-yah-pih-ehr-sehn-waw, Wey-a-pic-e-sen-waw, Waugh-we-ya-pe-yis-sin-ious, Wawapessenwa) (Blue Jacket) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/weyapiersenwah_5F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |