VINCENT, JOHN, officier, né en 1764 en Irlande, cadet des trois fils de John Vincent et de Catherine Love ; décédé célibataire le 21 janvier 1848 à Londres.
John Vincent joignit les rangs de l’armée à titre d’enseigne dans le 66th Foot en juillet 1781 et fut promu lieutenant en août de l’année suivante. Le 15 décembre 1783, il passa au 49th Foot ; en octobre 1786, il obtenait le grade de capitaine. C’est au sein de ce corps d’armée qu’il servit dans les Antilles, où il participa à la prise de Saint-Domingue (île d’Haïti) en 1793, et qu’il prit part à des expéditions dans le nord de la Hollande en 1799 et à Copenhague en 1801. On l’avait promu major en septembre 1795 et il avait reçu le grade honoraire de lieutenant-colonel en janvier 1800.
En 1802, le régiment de Vincent s’embarqua pour le Bas-Canada. L’année suivante, il se rendit dans le Haut-Canada où, pendant neuf ans, il allait tenir garnison à York (Toronto) et au fort George (Niagara-on-the-Lake). En juin 1812, la guerre éclata entre l’Angleterre et les États-Unis ; comme l’armée britannique avait besoin d’être renforcée dans le Haut-Canada, dès le mois d’août on appela Vincent à gagner Kingston avec cinq compagnies du 49th Foot. Riche de 31 ans de service, Vincent était considéré comme un officier compétent, bien que son expérience du combat ait été limitée. En novembre, il se frotta pour la première fois aux Américains quand le commodore Isaac Chauncey pourchassa le Royal George jusque dans le port de Kingston. Vincent savait que la ville était sur le point d’être attaquée, sans doute averti par les volontaires qui y avaient afflué pour se battre et qu’il ne put armer, faute de munitions. Heureusement l’attaque tourna court, car l’artillerie de terre réussit à tenir Chauncey à distance jusqu’à ce que le vent l’oblige à gagner le large. Vincent reçut les éloges du lieutenant général sir George Prevost* pour avoir été l’inspirateur de la défense de la ville.
En février 1813, Prevost nomma Vincent général de brigade et l’envoya à la frontière du Niagara remplacer le major général sir Roger Hale Sheaffe*, qui était malade. Vincent prit alors le commandement d’environ 1 900 hommes ; bon nombre d’entre eux, d’après le commentaire qu’il fit à Prevost en mai, étaient des miliciens sans enthousiasme dont « les désertions nombreuses ne [faisaient] que traduire leur indifférence [à la cause] ». Il informa Prevost que les Américains s’employaient à installer des batteries en face du fort George, sa principale garnison, ce qui laissait présager une invasion. Dans le cadre de ses préparatifs de défense, Vincent répartit ses effectifs en trois divisions ; il confia la division de droite au lieutenant-colonel John Harvey*, celle de gauche au lieutenant-colonel Christopher Myers, et se réserva celle du centre.
Tard dans la journée du 24 mai, la flotte américaine, forte de l’appui des batteries récemment érigées de l’autre côté du Niagara, commença à bombarder le fort George. Le 27, une force militaire américaine d’environ 5 000 hommes débarqua tout près, au ruisseau Two Mile. Conscient des limites de sa troupe, Vincent ordonna d’évacuer le fort, d’enclouer les canons et de détruire les munitions. Les Britanniques se replièrent ensuite vers l’ouest et prirent une position défensive le long de Burlington Heights (Hamilton). Les Américains, qui avaient réussi à s’emparer de la presqu’île, envoyèrent un détachement de 3 500 hommes d’infanterie et de 150 hommes de cavalerie à la poursuite de Vincent. Ce dernier fut promu major général le 4 juin, pendant que l’on attendait l’ennemi.
Le lendemain, Harvey, qui avait été reconnaître la position des Américains à Stoney Creek, pressa Vincent de marcher sur l’ennemi. Vincent acquiesça à sa suggestion d’attaquer de nuit pour surprendre l’ennemi. Aux premières heures du 6 juin, Harvey et quelque 700 hommes des troupes régulières fondirent sur les Américains, qui ne se doutaient de rien ; en moins de trois quarts d’heure, les Britanniques, en dépit de lourdes pertes, forcèrent l’envahisseur à quitter ses positions et à abandonner ses canons. Vincent n’avait cependant pas pris part à cette bataille : désarçonné par son cheval pendant qu’il se dirigeait seul vers les lieux de l’affrontement, il s’était perdu dans la nuit et n’avait retrouvé sa route vers les lignes d’attaque britanniques qu’une fois l’engagement terminé, à l’aube.
Les Américains se replièrent vers le ruisseau Forty Mile, dans l’espoir de pouvoir reprendre l’attaque après avoir été réapprovisionnés. Mais le 7 l’escadron de sir James Lucas Yeo* canonna leur campement avec succès et détruisit ou captura 16 chargements d’approvisionnements. Les Américains se retirèrent alors au fort George. Vincent et ses hommes prirent la direction du ruisseau Forty Mile pour appuyer l’action de Yeo et, selon les termes de Harvey, « pour encourager les membres de la milice et les francs-tenanciers du pays qui partout se dress[aient] devant les Américains en fuite, les faisaient prisonniers et refusaient de partager leurs provisions ».
Le 23 juin, le major général américain Henry Dearborn envoya une force armée composée d’environ 570 hommes attaquer le poste avancé de Vincent, que commandait le lieutenant James FitzGibbon* et qui se trouvait près de Beaver Dams (Thorold). Le matin du 24 juin, cependant, des Indiens embusqués stoppèrent la marche des Américains ; après des échanges de coups de feu qui durèrent à peine plus de trois heures, ceux-ci se rendirent à FitzGibbon, ce qui mit fin pour le reste de l’année à la menace que les États-Unis faisaient peser sur la frontière du Niagara.
Vincent demeura dans la presqu’île du Niagara jusqu’à ce que l’annonce de la défaite des Britanniques à la bataille de Moraviantown, le 5 octobre [V. Henry Procter*], l’amène à abandonner sa position au ruisseau Forty Mile par crainte de voir les Américains s’avancer depuis l’ouest jusqu’aux magasins de Burlington Heights. Cette avance ne se réalisa jamais, cependant, et en décembre le lieutenant général Gordon Drummond* chargea Vincent du commandement à Kingston ; il le remplaça à la frontière du Niagara par le major général Phineas Riall. Vincent quitta Kingston en juin 1814 pour aller assurer le commandement de la garnison de Montréal jusqu’à son départ pour l’Angleterre, en congé de maladie, le 18 juillet suivant.
En avril, John Vincent s’était vu offrir la sinécure de lieutenant-gouverneur du château de Dunbarton, en Écosse. Promu lieutenant général en mai 1825 et général en novembre 1841, il était devenu colonel du 69th Foot en février 1836. Il mourut en 1848 à Londres, à l’âge de 83 ans.
Annual reg. (Londres), 1848 : 209.— Doc. hist. of campaign upon Niagara frontier (Cruikshank).— Gentleman’s Magazine, janv.–juin 1848 : 542–543.— Select British docs. of War of 1812 (Wood).— J. B. Burke, Genealogical and heraldic history of the landed gentry of Ireland, L. G. Pine, édit. (4e éd., Londres, 1958).— Hart’s army list, 1846.— Officers of British forces in Canada (Irving).— « State papers – L. C. », APC Report, 1893 : 99–100.— J. M. Hitsman, The incredible War of 1812 : a military history (Toronto, 1965).— J. K. Mahon, The War of 1812 (Gainesville, Fla., 1972).— Frederick Myatt, The Royal Berkshire Regiment (the 49th/66th Regiment of Foot) (Londres, 1968).
Otte A. Rosenkrantz, « VINCENT, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/vincent_john_7F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
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