SUTHERLAND, JAMES, trafiquant de fourrures et chef de poste de la Hudson’s Bay Company, né probablement dans les Orcades (Royaume-Uni) vers 1751, décédé à Brandon House (Manitoba) le 29 avril 1797.

C’est à l’été de 1770, dans les Orcades, semble-t-il, que James Sutherland fut engagé par la Hudson’s Bay Company en vue de travailler au fort Prince of Wales (Churchill, Manitoba) durant cinq ans au salaire de £8 par année. Il y œuvra sous la direction de Moses Norton et rencontra probablement Samuel Hearne. À l’expiration de son contrat, en 1775, il refusa de signer un nouvel engagement au même salaire, et le comité de Londres le rappela en Angleterre. Mais la compagnie, dans les années 1770, s’occupait activement d’élargir ses activités à l’intérieur des terres et elle avait un urgent besoin de trafiquants. Sutherland, qui s’était installé à Londres dans la paroisse St Martin-in-the-Fields, fut donc réengagé le 5 février 1777 au salaire annuel de £12 « afin de voyager entre [Albany] Factory [Ontario] et toute région de l’intérieur pour faire avancer la découverte du pays et pour améliorer le commerce ».

À partir de ce moment, Sutherland travailla sans interruption pour la compagnie et il obtint régulièrement de l’avancement. Après avoir passé neuf mois au fort Albany, il fut affecté en 1778 à Gloucester House (lac Washi, Ontario), un poste que commandait John Kipling et que la compagnie avait ouvert l’été précédent dans le cadre de son programme d’expansion. En 1784, devenu chef de poste en second, il explora la route menant au lac Nipigon et au lac Pishocoggan (lac St Joseph). Deux ans plus tard, il quitta Gloucester House avec John Richards et quelques Indiens pour se rendre au lac Seul, d’où il revint le 3 août 1786 après un pénible voyage de 53 jours. En 1789, il fut nommé chef de poste en second à Osnaburgh House (Ontario) et, en août 1790, il contribua au progrès de la compagnie vers l’ouest en allant établir un poste sur le lac Red (Ontario). Un compétiteur montréalais, Duncan (?) Cameron, arriva en octobre et construisit un poste à moins de 100 verges de celui de Sutherland. L’hiver fut agréable pour les deux trafiquants qui se visitèrent à tour de rôle et fêtèrent ensemble divers anniversaires. Quittant le lac Red au printemps de 1791, Sutherland rapporta à Osnaburgh un lot de fourrures équivalant à 2 400 peaux de castor, ce qui était un bon résultat pour un poste nouvellement ouvert et soumis à la concurrence.

Les efforts des trafiquants étaient soigneusement notés par le comité de Londres. En 1792, le comité fit savoir à l’agent principal au fort Albany qu’il était particulièrement satisfait de « la conduite et [de] l’assiduité » de Sutherland et qu’il le nommait membre du conseil de ce poste. Cette année-là, Sutherland touchait un salaire de £40 et une gratification de £10 ; il construisit Eschabitchewan House sur le lac Burdingno (lac Ball, Ontario). L’année suivante, il fonda Portage de l’Isle sur la rivière Winnipeg, près de l’embouchure de la rivière English (Ontario). Il assuma la direction d’Osnaburgh House en octobre 1794, recevant un salaire annuel de £70. Malgré la forte concurrence que lui livraient les trafiquants de Montréal (rattachés à une compagnie de Montréal), il parvint à obtenir une grande part de la traite. En 1796, il fut nommé chef de poste à Brandon House et il s’y rendit le 13 septembre. En avril de l’année suivante, toutefois, on signala qu’il était « très malade », et il mourut au cours de ce mois. Ses biens, sous la forme de rentes consolidées de la Bank of England, s’élevaient à £1 050.

James Sutherland fut à l’emploi de la compagnie durant une période où celle-ci, en concurrence avec les Nor’Westers, avait besoin de son adresse à diriger les canots, de sa débrouillardise à subsister avec les moyens du bord, de sa diplomatie dans ses relations avec les Indiens et de son abnégation quand il fallait se soumettre à des privations. Religieux, tolérant et sans préjugés, Sutherland pouvait donc vivre en paix avec des trafiquants rivaux. Il était tout à fait apte à travailler pour la compagnie durant la période de forte concurrence que celle-ci traversait.

Shirlee Anne Smith

HBC Arch., A.1/45, ff.34d–35 ; A.5/4, f.27 ; A.6/11, f. 101d ; A.6/12, f.32d ; A.6/15, ff.14, 16d, 17, 52d ; A.11/4, f.68 ; A.11/14, f.136d ; A.11/15, ff.6, 16 ; A.16/6, p.58 ; A.16/11, ff.76d–77 ; A.30/2, f.21d ; A.32/3, f.14 ; B.3/a/74, ff.ld, 26 ; B.3/a/97, ff.46d–49 ; B.3/b/33, f.31 ; B.22/a/4, ff.12, 36d–37d ; B.42/a/80, f.4d ; B.64/a/1 ; B.78/a/2 ; B.78/a/11 ; B.78/a/14 ; B.155/a/1 ; B.155/a/3, f.35d ; B.155/a/10, ff.14, 15, 35 ; B.166/a/1 ; B.177/a/1.— Five fur traders of the northwest [...], C. M. Gates, édit. ([2e éd.], Saint-Paul, Minn., 1965).— Journals of Hearne and Turnor (Tyrrell).— Morton, History of Canadian west.— Rich, History of HBC.

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Shirlee Anne Smith, « SUTHERLAND, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sutherland_james_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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