MACKAY, DONALD, trafiquant de fourrures et fonctionnaire, né en 1753 à Gordonbush, Écosse ; décédé le 26 juin 1833 à Barney’s River, Nouvelle-Écosse.

Les premières campagnes de la Révolution américaine avaient donné à Donald Mackay l’occasion de démontrer son esprit combatif au sein de l’armée britannique avant qu’il ne s’engage dans la traite des fourrures du Nord-Ouest au printemps de 1779. Il quitta Montréal à titre de commis de John Ross et, après que plusieurs trafiquants indépendants se furent réunis à Grand Portage (près de Grand Portage, Minnesota) pour former la North West Company [V. Simon McTavish*], il devint commis dans cette nouvelle société. En septembre 1780, Ross et Mackay faisaient de la traite dans un poste de la rivière Assiniboine, au nord de Portage-la-Prairie (Manitoba). Ce fut à partir de ce poste que Mackay entreprit par voie de terre, avec quatre compagnons, une expédition qui le mena dans les villages hidatsas du haut Missouri.

Mackay retourna à Montréal à la fin de 1781 pour occuper un poste de commis au département des Affaires indiennes sous les ordres du lieutenant-colonel John Campbell*. Au printemps de 1785, ayant convaincu Campbell de financer une expédition de traite qui se rendrait jusque dans le haut de la rivière Saskatchewan, il reprit son métier de trafiquant de fourrures. Comme il agissait à titre indépendant, la North West Company, qui tentait de monopoliser la traite, lui opposa une résistance implacable et l’intimida constamment, allant même jusqu’à user de violence physique. Après avoir failli mourir de faim à Nepawi (Nipawin, Saskatchewan) au cours de l’hiver, Mackay remonta la rivière à l’été de 1786 et construisit un établissement à l’île Pine (près de Standard Hill), voisin de l’endroit où la Hudson’s Bay Company bâtirait un poste appelé Manchester House à l’automne. Par la suite, il érigea un poste encore plus haut sur la Saskatchewan-du-Nord pour rivaliser avec les Nor’Westers d’Edward Umfreville*. Mais une concurrence intense fit échec à ses efforts pour s’établir dans la région et, ses fournisseurs montréalais lui ayant fait défaut, il dut revenir à Montréal en 1787. Ses nouveaux bailleurs de fonds londoniens se révélèrent encore moins déterminés et, en 1789–1790, Mackay fut forcé de travailler à titre de trafiquant pour Alexander Shaw, dans la région du lac Nipigon. À l’automne de 1790, avec un autre membre de son clan, John McKay*, il se rendit à Osnaburgh House (Ontario), sur la rivière Albany, pour se joindre à la Hudson’s Bay Company.

Cette société tentait de pénétrer plus avant à l’intérieur des terres afin de rivaliser avec la North West Company. Mackay lui présenta une proposition remarquable : partant de fort Albany (Fort Albany), il s’agissait de pousser les activités de traite jusqu’au portage de l’Isle (près du confluent de la rivière Winnipeg et de la rivière English), puis jusqu’au lac Winnipeg, atteignant ainsi le cœur de la principale route d’approvisionnement de la North West Company. En 1791, à la suite de plusieurs expéditions sur la rivière Albany, Mackay dressa une carte dont se servit probablement le cartographe britannique Aaron Arrowsmith. Sa plus grande réalisation fut l’établissement de Brandon House (Manitoba) en 1793 ; à partir de là, la Hudson’s Bay Company bloqua l’approvisionnement en pemmican de la North West Company et recommença à faire de la traite avec les Mandanes. Cependant, l’esprit d’entreprise et la détermination de Mackay portaient ombrage aux fonctionnaires qui travaillaient laborieusement à l’intérieur des terres pour la Hudson’s Bay Company : irrités, ils conspirèrent pour faire échec à ses projets. Pris par de fréquents voyages entre Rupert’s Land et Londres, il ne put continuer à surveiller personnellement l’expansion de la traite. Des collègues jaloux parvinrent à le priver des approvisionnements, des hommes et de l’équipement dont il avait besoin pour se rendre à l’intérieur des terres à partir d’Osnaburgh House, et ils interceptèrent ses lettres adressées au comité de Londres de la Hudson’s Bay Company. Accompagné de sa famille, Mackay se retira du poste et vécut de pêche pendant l’hiver de 1796–1797. Au printemps, il entreprit un difficile voyage en canot pour se rendre à York Factory (Manitoba), accompagné seulement de sa femme qu’il avait épousée à la façon du pays, de leur tout jeune fils et de sa belle-sœur. Mais là-bas aussi on l’accueillit froidement, le trouvant trop caustique, et il fut de nouveau mis à l’écart, sans pouvoir communiquer avec ceux qui, au comité de Londres, l’appuyaient. Des Nor’Westers qui le trouvaient fou de s’opposer à leur toute-puissante organisation le surnommaient Mad Mackay et le Malin. Dans les marécages qui entouraient York Factory, il frôla dangereusement la dépression nerveuse et le suicide.

En 1799, Mackay retourna dans sa ville natale, Gordonbush. Deux ou trois ans plus tard, il rédigea, à partir de ses notes de voyage, des mémoires qui relevaient des faits d’un intérêt historique considérable. En 1806–1807, il tenta de refaire de la traite dans le Nord-Ouest mais, incapable de s’adapter aux conditions, il reprit le chemin de l’Écosse. Selon ce que rapporte la tradition familiale, sa femme, fille de James Sutherland*, fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company, fut tuée par des Indiens en colère. Elle lui laissait deux fils, William et Donald. Il eut également plusieurs enfants avec sa femme d’origine écossaise, Mary McKenzie. En 1813, il aida lord Selkirk [Douglas*] à recruter des colons pour l’établissement de la rivière Rouge (Manitoba), ce qui était une manière de participer à la mise en œuvre de son propre plan en vue d’intercepter les Nor’Westers dans cette région.

Donald Mackay immigra en Nouvelle-Écosse en 1822, accompagné de sa femme et de sa famille, et s’établit dans ce qui est aujourd’hui le comté de Pictou. Personnage haut en couleur, il était déjà entré dans la légende locale lorsqu’il mourut en 1833. Pendant qu’il était à l’emploi de la Hudson’s Bay Company, il avait fait entrer ses neveux Donald Sutherland et Donald McDonald dans le milieu des trafiquants de fourrures. Selon un relevé incomplet, il y eut, en 130 ans, 22 hommes du nom de Mackay qui firent preuve d’esprit combatif dans le secteur de la traite des fourrures.

John C. Jackson

APC, MG 19, E1 (copies) ; RG 10, A6, 474 : 170439, 170447.— Arch. privées, J. C. Jackson (Portland, Oreg.), J. C. Jackson, « The voyages of Mad Donald Mackay and the fight for the northwest fur trade, 1779 to 1807 » ; Kenneth Mackay (Barney’s River, N.-É.), Journal et autres papiers de Donald Mackay.— PAM, HBCA, A.1/46 : fos 146, 151 ; A.5/3 : fos 109, 133d–134, 145, 149, 154 ; A.5/4 : fos 80, 88d, 135, 153d, 158d ; A.6/4 : fo 145 ; A.6/14 : fo 95 ; A.6/16 : fo 27 ; A.6/17 : fo 86 ; A.32/19 : fo 117 ; B.3/a/93b ; B.3/a/100 ; B.3/b/28 : fos 7d, 9, 13–14, 18, 23–23d, 32d ; B.3/b/33 : fos 17–19, 24d–27, 33–34 ; B.3/b/34 : fos 13, 16–17d, 29d–31, 37d–38 ; B.22/a/1 ; B.42/a/132 : fo 7d ; B.42/b/150 : fos 1, 10, 15d, 17 ; B.49/a/16 : fo 109 ; B.121/a/1 : fos 10, 50 ; B.121/a/2 : fos 34, 38 ; B.155/a/4 : fo 30 ; B.155/a/7 ; B.155/a/12 : fos 37d–40 ; B.239/a/101 : fos 3, 8d, 21 d, 60–61, 81 ; B.239/a/102 : fos 60, 79 ; C.1/417 : fo 3 ; G.1/13 : fos 1–28.— PRO, WO 12/4250 ; 12/5637.— [S. H. Wilcocke], A narrative of occurrences in the Indian countries of North America [...] (Londres, 1817 ; réimpr., East Ardsley, Angl., et New York, 1968).— La Gazette de Québec, 5 juin, 17 oct. 1788.— Eastern Chronicle (New Glasgow, N.-É.), 23 avril, 9 juill. 1885, 9 févr. 1886.

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John C. Jackson, « MACKAY, DONALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mackay_donald_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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