ZHEEWEGONAB (Shewaquonap, Sheawaquanep, qui signifie plume de canard), chef de bande chez les Sauteux du Nord, qui appartenait probablement au clan de l’Esturgeon ; circa 1780–1805.
De 1761 à 1771, le père de Zheewegonab, Nonosecash (connu sous le nom d’Assakis avant le début des années 1760), trafiqua régulièrement au fort Albany (Fort Albany, Ontario) de la Hudson’s Bay Company. En 1766, sa bande, nombreuse, comptait 12 canots – soit 30 personnes environ. Il fut assassiné, semble-t-il, en 1772 ou 1773, et son frère Shuwescome fut tué en 1774. C’est à cette époque, probablement, que Zheewegonab devint le chef de la bande.
John Kipling, chef de poste à Gloucester House (sur le lac Washi, Ontario), est le premier à faire mention de Zheewegonab : il annonçait, en 1780, que celui-ci était en route pour le fort Albany avec trois canots. Une remarque ultérieure de Kipling, selon laquelle l’Indien était satisfait du traitement qu’il recevait au fort, indique peut-être que Zheewegonab avait fait affaire avec les trafiquants de Montréal pendant les années 1770. En 1781, ce dernier alla trafiquer à Gloucester House, mais il n’y revint pas avant 1783 ; cette année-là, il signala que l’épidémie de petite vérole de 1781–1782 avait emporté un certain nombre de membres de sa bande, de même que beaucoup d’Indiens au sud-ouest du lac Saint-Joseph.
Au cours de l’été de 1784, James Sutherland*, de la Hudson’s Bay Company, qui faisait de l’exploration à l’ouest de Gloucester House, rencontra les capitaines Zheewegonab et Cannematchie (peut-être le frère de Zheewegonab) et leurs bandes, soit 15 hommes, plus les femmes et les enfants, qui campaient au lac Pashkokogan, tout juste au sud-est du lac Saint-Joseph. Zheewegonab raconta à Sutherland qu’à la fin de l’été de 1783, ayant trouvé Gloucester House désert, il avait jeté ses fourrures. Cet hiver-là, il céda apparemment ses prises aux trafiquants de Montréal. Sutherland fit un discours aux Indiens pour les attirer de nouveau à Gloucester House, puis fuma avec eux le calumet sacré, bien conscient que « quiconque n’[était] pas véritablement [leur] i, ou n’a[vait] pas l’intention de le devenir, ne [pouvait] fumer la grande pipe ». Les Indiens organisèrent une danse et un festin, avec un chien au menu. Le guide de Sutherland et Zheewegonab échangèrent alors des fusils – les échanges de présents étant un rite important quand il s’agissait de conclure une alliance.
La bande de Zheewegonab semble avoir chassé dans les environs du lac Saint-Joseph, et, en particulier, près de l’extrémité nord-ouest du lac. Leur rencontre avec Sutherland, en 1786, se produisit près de la rivière Crownest (probablement l’actuelle rivière Cat). Après l’établissement d’Osnaburgh House, non loin de l’extrémité est du lac Saint-Joseph, au cours de l’été de 1786, et du poste avancé du lac Cat, deux ans plus tard, Zheewegonab trafiqua à ces deux endroits, et plus particulièrement à Osnaburgh House. Cela ne l’empêchait pas de traiter avec les gens de la North West Company, quand leurs conditions étaient meilleures. Parce qu’il avait une grande influence sur les Indiens des abords du lac Saint-Joseph, son commerce était avidement recherché. Il appelait le lac Saint-Joseph son lac, laissant entendre que, grâce à son influence, il décidait où les Indiens de la région iraient faire la traite. En 1790, il demanda qu’un avant-poste de la Hudson’s Bay Company fût établi à 90 milles environ à l’ouest d’Osnaburgh House, pour y combattre la concurrence des Nor’Westers. On ne donna point suite à sa demande et, l’année suivante, Robert Goodwin, chef de poste à Osnaburgh House, reconnaissait qu’« ils ne viendr[aient] évidemment pas à [eux] quand ils [pouvaient] obtenir davantage des Canadiens ».
Tout au long des années 1790, la bande de Zheewegonab opposa la Hudson’s Bay Company à la North West Company. En 1800, John McKay, d’Osnaburgh House, faisait le commentaire suivant : « [Zheewegonab] de même que toute sa famille ignoble d’Indiens nous coûtent si cher que, j’en suis sûr, ils n’ont jamais apporté une peau dans ce poste, depuis sa fondation, qui ait été vendue avec profit en Angleterre. » Néanmoins, Zheewegonab arrivait chaque année à Osnaburgh House avec de 6 à 14 canots, et, en 1805 encore, on le considérait comme « le principal capitaine à Osnaburgh ».
Les archives d’Osnaburgh House ne font plus mention de Zheewegonab après 1805, et l’on peut supposer qu’il mourut ou qu’il fut remplacé, comme chef, à cette époque. Sa bande semble avoir compté, pendant qu’il la dirigeait, de 30 à 35 membres. Certains de ses descendants appartiennent maintenant à la bande d’Osnaburgh House.
PAM, HBCA, B.3/a/50–67 ; B.30/a/1–6 ; B.78/a/1–14 ; B.86/a/1–18 ; B.155/a/1–36 ; B.155/e/1–6.— C. A. Bishop, The Northern Ojibwa and the fur trade : an historical and ecological study (Toronto et Montréal, 1974).
Charles A. Bishop, « ZHEEWEGONAB (Shewaquonap, Sheawaquanep) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/zheewegonab_5F.html.
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Auteur de l'article: | Charles A. Bishop |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |