AIRD, JAMES, trafiquant de fourrures, né dans l’Ayrshire (maintenant partie de la région de Strathclyde, Écosse) ; décédé le 27 février 1819 à Prairie du Chien (Wisconsin).
On connaît peu de chose des premières années de James Aird. Il paraît avoir commencé sa carrière dans la traite avec les Indiens à l’ouest de Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan) vers 1778 ou 1779. Il est certain qu’il était à Québec en 1779, car Arent Schuyler DePeyster*, commandant à Michillimakinac, écrivit au gouverneur Haldimand, le 14 juin : « Le porteur de cette lettre, le jeune monsieur Aird, s’est conduit comme un bon sujet dans le pays. Je crois qu’il est désireux de revenir avec une cargaison. » Aird était à Montréal en 1784, mais en 1786 il vivait principalement à Prairie du Chien ; il était alors associé avec Charles Paterson et Étienne-Charles Campion*, entre autres, dans une entreprise éphémère connue sous le nom de General Company of Lake Superior and the South, ou encore de General Society [V. John Sayer]. Ce groupe déposa une plainte contre les représentants du département des Affaires indiennes, Joseph-Louis Ainsse et John Dease, les accusant de trafiquer avec les fournitures du gouvernement. À ce sujet, Aird témoigna devant un conseil d’enquête, à Michillimakinac (Mackinac Island, Michigan), en juin 1788. Dès l’année précédente, il avait trafiqué avec les Sioux sur la rivière St Peters (Minnesota), et il semble avoir continué de le faire bien à l’intérieur des territoires espagnols, à l’ouest du Mississippi, jusqu’au début des années 1800. Il étendit probablement son activité, en direction ouest, des sources de la St Peters aux affluents du haut Missouri.
Le 16 août 1804, Aird signa un contrat d’association avec Robert Dickson* et Allen C. Wilmot, de Prairie du Chien, et Jacob Franks, de Green Bay (Wisconsin). Cette entente fut à l’origine de la mise sur pied à Michillimakinac, en 1805, de la Robert Dickson and Company, regroupement de trafiquants canadiens qui, en agissant de concert, espéraient protéger leurs intérêts sur le territoire de la Louisiane, lequel, de façon inattendue, était devenu américain en 1803. La première année, la compagnie désigna Aird pour commander une expédition de traite sur le haut Missouri, à partir de St Louis (Missouri). Comme son convoi descendait le Mississippi faisant route vers St Louis, Aird rencontra une expédition formée d’explorateurs américains sous la direction de Zebulon Montgomery Pike. Le trafiquant fit sur Pike une impression si favorable que ce dernier le recommanda à James Wilkinson, gouverneur de cette partie de la Louisiane entre le 33e et le 49e parallèle, comme « un gentilhomme à qui [il était] très redevable pour son humanité et sa politesse ».
Aird hiverna sur le Missouri de 1805 à 1808. Wilkinson tenta d’empêcher les trafiquants canadiens de pénétrer dans la région, mais Aird avait résidé sur le territoire des États-Unis avant 1796, année où les Britanniques abandonnèrent aux Américains les postes qu’ils avaient continué d’occuper depuis le traité de paix de 1783 ; ne s’étant jamais déclaré citoyen britannique, Aird était légalement américain. Néanmoins, il eut à subir des tracasseries et obtint peu de succès dans ses entreprises sur le Missouri. Le 3 septembre 1806, l’expédition américaine dirigée par Meriwether Lewis et William Clark, qui revenait du Pacifique, rencontra Aird près de l’embouchure de la Big Sioux (Dakota du Sud). Un membre de l’expédition nota ce qui suit : « Après une si longue période, la vue de quiconque pouvait nous fournir des renseignements sur notre pays était particulièrement agréable, et une grande partie de la nuit fut consacrée à s’informer de ce qui était arrivé en notre absence. » Amical et serviable comme il l’avait été avec Pike, Aird ravitailla l’expédition en tabac et en farine, et donna toutes les nouvelles qu’ « il avait pu recueillir au [pays des] Illinois ».
En 1810 encore, Aird continuait d’engager, à Michillimakinac, des hommes destinés au Missouri ; c’est à cette époque, toutefois, que lui-même retourna sur le haut Mississippi. Depuis 1807, la Robert Dickson and Company faisait partie de la Michilimackinac Company, récemment mise sur pied, et Aird trafiqua pour cette entreprise élargie pendant l’hiver de 1810–1811, en amont de la chute St Anthony (Minneapolis, Minnesota), en compagnie de son frère George et de Dickson. Sa longue association avec ce dernier l’amena à aider les forces britanniques pendant la guerre de 1812, en dépit de ses déclarations antérieures relatives à sa citoyenneté américaine. Il ne semble pas, cependant, avoir participé directement à une quelconque action militaire. En 1814–1815, il hiverna de nouveau sur la St Peters ; on s’attendait d’abord qu’il allait réussir mais, en mars, on rapporta qu’il manquait du nécessaire. De 1815 à sa mort, utilisant toujours Prairie du Chien comme quartier général, il continua de trafiquer dans la région actuelle du Minnesota et du Wisconsin. De 1816 à 1819, il travailla surtout pour le compte de l’American Fur Company.
Au cours des quatre décennies qu’il consacra à la traite des fourrures, et même si apparemment il ne fut jamais très prospère, James Aird s’acquit un grand respect de la part de ceux qui traitèrent avec lui. Il eut, avec Mar-pi-ya-ro-to-win (Grey Cloud), fille du chef sioux Wahpasha, une fille prénommée Margaret. Cette dernière eut trois enfants de Thomas Gummersall Anderson*, dont un, dit-on, était présent au moment de la mort d’Aird.
La documentation concernant James Aird est extrêmement fragmentaire et dispersée. L’ouvrage de David S. Lavender, The fist in the wilderness (Garden City, N.Y., 1964), constitue la meilleure source d’information. Les renseignements qu’il contient, bien qu’incomplets, sont en général exacts et l’auteur y fait preuve d’un remarquable sens de la recherche. [r. r. g.]
Baylis Public Library (Sault Ste Marie, Mich.), Mackinac notarial records (photocopies à la DPL, Burton Hist. Coll.).— Arch. privées, Mme Joseph R. Ramee (New York), Ramsay Crooks papers, partnership agreement with James Aird, 16 août 1804 (photocopie à la DPL, Burton Hist. Coll.).— History of the expedition under the command of captains Lewis and Clark, to the sources of the Missouri, thence across the Rocky Mountains and down the river Columbia to the Pacifie Ocean [...], introd. d’Elliott Coues, édit. (4 vol., New York, 1893), 3 : 1203.— Mich. Pioneer Coll., 9 (1886) : 383–386 ; 11 (1887) : 521, 539, 552–555 ; 20 (1892) : 518.— Z. M. Pike, The expeditions of Zebulon Montgomery Pike, to headwaters of the Mississippi River, through Louisiana Territory, and in New Spain, during the years 1805–6–7 (nouv. éd., introd. d’Elliott Coues, édit., 3 vol., New York, 1895 ; réimpr., 3 vol. en 2, Minneapolis, Minn., 1965), 1 : 24, 32, 225.— Wis., State Hist. Soc., Coll., 2 (1856) : 226 ; 9 (1882) : 178, 248, 294 ; 10 (1888) : 129 ; 19 (1910) : 316.— J. H. Case, « Historical notes of Grey Cloud Island and its vicinity », Minn. Hist. Soc., Coll. (St Paul), 15 (1915) : 371s.
Rhoda R. Gilman, « AIRD, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/aird_james_5F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
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