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ROBSON, JOHN, homme d’affaires, journaliste et homme politique, né le 14 mars 1824 à Perth, Haut-Canada, cinquième des 16 enfants de John Robson et d’Euphemia Richardson, originaires de Roxburgh, Écosse ; le 5 avril 1854, il épousa à Goderich, Haut-Canada, Susan Longworth ; décédé le 29 juin 1892 à Londres.
John Robson fit ses études à l’école publique et à la grammar school de Perth, et c’est dans cette ville qu’il entreprit sa carrière de marchand. Par la suite, il vécut à Montréal, puis à Hamilton et à Brantford. En 1854, il tenait un grand magasin de marchandises sèches à London avec son frère Robert mais, comme les affaires n’étaient pas bonnes, tous deux se fixèrent à Bayfield. En avril de la même année, John épousa Susan Longworth à Goderich, non loin de là. L’association avec Robert fut rompue le 1er avril 1859 et John partit pour la Colombie-Britannique où un autre de ses frères, Ebenezer, était ministre méthodiste. Sa femme et leurs deux jeunes enfants, qu’il laissa à Goderich, ne le rejoignirent qu’en février 1864.
« Durement frappé par la fièvre de l’or », Robson passa deux mois à laver des graviers et des sables à la batée, sans succès, puis pour gagner sa croûte il dut faire du nivellement et du défrichage, fendre du petit bois, fabriquer des bardeaux et scier du bois d’œuvre pour le temple qu’Ebenezer construisait dans la capitale de la colonie de la Colombie-Britannique, New Westminster. En attendant que l’on installe la cloche de l’église, il convoqua les fidèles aux offices méthodistes (il était lui-même un « fils dévoué de l’Église » d’Écosse) en soufflant dans une imposante trompe de fer-blanc, ce qui lui valut le sobriquet d’« Ange Gabriel ».
Robson fut remarqué par un groupe de citoyens influents qui venaient d’acheter l’imprimerie du seul journal de la colonie, le New Westminster Times de Leonard McClure*. Les nouveaux propriétaires, qui soutenaient les réformistes locaux et dont la conception de l’avenir politique de la colonie était différente de celle de McClure, le nommèrent rédacteur en chef d’un nouveau journal, le British Columbian. Dans l’éditorial du premier numéro, le 13 février 1861, il énonça ses principaux objectifs : « Responsabilité ministérielle, institutions libérales, redressement de tous nos griefs, avancement moral et intellectuel du peuple. » Ses patrons furent si enchantés de son travail qu’au bout d’un an ils en firent « le propriétaire unique et absolu, en même temps que le rédacteur en chef », du journal.
Robson voulait des institutions libérales pour préparer la Colombie-Britannique au gouvernement responsable. En créant la colonie de l’or, en 1858, le gouvernement britannique lui avait refusé tout ce qui pouvait ressembler à des institutions représentatives. Non seulement le gouverneur James Douglas* avait-il des « pouvoirs absolus », mais il était aussi gouverneur de l’île de Vancouver, et la plupart de ses fonctionnaires dirigeaient la colonie continentale à partir de Victoria. À l’instar de ses amis de New Westminster, Robson s’en plaignait. Il s’opposait à la politique tarifaire, qui exigeait que « tout le commerce » de la Colombie-Britannique passe par Victoria. Il réclamait l’amélioration de la navigation sur le cours inférieur du Fraser, la construction de routes, l’abolition des droits de tonnage sur les marchandises qui remontaient le fleuve et la désignation de New Westminster comme terminus du transport océanique. Selon lui, c’est à cause de sa campagne contre le gouvernement colonial qu’il perdit le droit, après décembre 1862, d’imprimer la Government Gazette sur la dernière page du British Columbian.
Plus tôt ce mois-là, Robson était devenu une sorte de héros politique dans la colonie. En effet, il avait publié une lettre anonyme qui sous-entendait que le juge Matthew Baillie Begbie avait reçu un pot-de-vin pour délivrer un certificat de mise en valeur à une terre assortie d’un droit de préemption, et le juge l’avait fait emprisonner un moment pour cela. Dans son éditorial suivant (intitulé « A Voice from the Dungeon ! »), Robson déclara que la presse coloniale était « pour ainsi dire une esclave ». L’incident avait renforcé son opinion que Begbie était « tout à fait inapte à administrer, seul et sans assistance, l’appareil judiciaire de la colonie ». Peu à peu, il cessa cependant d’attaquer le juge lui-même pour exiger plutôt une réforme globale du système judiciaire. Robson participait aussi à la vie politique de New Westminster. Élu au conseil municipal en 1863, il allait en être le président en 1866–1867. Cependant, l’administration municipale ne fut jamais sa préoccupation première.
Au début, les récriminations de Robson à propos de la situation coloniale visaient surtout le gouverneur Douglas. En 1864, il accueillit donc favorablement la nomination d’un nouveau gouverneur sur le continent, Frederick Seymour*, qui avait pour mandat de former un conseil législatif dont le tiers des membres seraient élus. Dans l’ensemble, l’administration « compétente et libérale » de Seymour lui convint mais, en septembre 1865, au moment où le gouverneur se préparait à aller passer un congé en Angleterre, il lui dit en public : « Nous avons à subir encore presque complètement l’humiliation de la « taxation sans représentation. » Pourtant, l’année suivante, il admit à contrecœur que la colonie n’était peut-être « pas encore mûre » pour des institutions pleinement représentatives. Il avait été consterné de voir le district de Quesnel autoriser les Chinois à voter aux élections de novembre 1865, puis les gens du district montrer leur mépris du gouvernement en élisant un « petit fonctionnaire ». En outre, il se préoccupait des conséquences possibles du projet d’union de la Colombie-Britannique et de l’île de Vancouver, colonie, disait-il, aux « institutions pourries », aux « finances en déroute », aux hommes politiques « rusés et sans scrupules » et qui avait « pour règle de se calomnier elle-même ». Robson ne pouvait pas vraiment admettre que l’union était une solution sensée du point de vue financier car, malgré la diminution de la population et des revenus des deux colonies, le service de la dette et le maintien de fonctions publiques assez imposantes coûtaient toujours aussi cher. En 1865, la dette combinée des deux colonies s’élevait à 1 389 830 $, et leur population, Indiens exclus, était de 10 700 habitants environ. Si Robson accepta – à contrecœur – l’union de 1866, dont Seymour avait été l’artisan, c’est qu’elle faisait de l’île de Vancouver une partie intégrante de la Colombie-Britannique.
Malgré l’opposition de certains fonctionnaires du gouvernement, Robson fut élu en octobre 1866 représentant de la municipalité et du district de New Westminster au Conseil législatif de la colonie unie. Pendant la campagne, il n’avait pas parlé de gouvernement représentatif ou responsable, mais il fut mécontent du refus de Seymour d’augmenter le nombre de conseillers élus, de l’ingérence du ministère des Colonies dans les affaires de la Colombie-Britannique et de la lourdeur persistante de la liste civile. Il recommença donc à militer en faveur du gouvernement responsable, qu’il définissait comme « un système par lequel les fonctionnaires constituant le gouvernement sont choisis par le peuple et sont directement comptables au peuple qui paie le revenu de sa poche ».
Au conseil législatif, Robson avait été « le grand défenseur de Westminster », mais il ne parvint pas à lui faire conserver son statut de capitale. Quand Victoria devint la capitale de la Colombie-Britannique en mai 1868, New Westminster, déjà atteint par une dépression commerciale, cessa d’être « une bonne base » à partir de laquelle Robson pouvait « traiter des grandes questions politiques du jour ». Au début de 1869, il réinstalla donc le British Columbian à Victoria. Toutefois, comme la ville ne pouvait pas faire vivre deux quotidiens, le journal cessa de paraître après le 25 juillet. Quelques jours plus tard, on engageait Robson, à 250 $ par mois, à titre de rédacteur en chef du Daily British Colonist and Victoria Chronicle, que publiait depuis 1866 un fervent partisan de la responsabilité ministérielle et de la Confédération, David William Higgins.
Robson avait annoncé dès 1862 que les colonies d’Amérique du Nord britannique, « dispersées et séparées », devraient se réunir en « une fédération qui s’étendra[it] d’un océan à l’autre ». La Confédération secouerait le « joug » du ministère des Colonies ; c’était là l’un de ses principaux arguments. L’amélioration des communications terrestres en était un autre. Cependant, il pressait les habitants de la Colombie-Britannique de ne pas entrer dans la Confédération si les conditions qu’on leur offrait ne leur garantissaient pas « tous les avantages équitables et légitimes ». Au cours d’une assemblée publique tenue à New Westminster en avril 1868, il proposa donc « l’admission immédiate [de la Colombie-Britannique] dans le dominion du Canada, à des conditions justes et équitables ». À l’automne, il fut l’un des représentants de New Westminster au congrès de Yale [V. Amor De Cosmos], où l’on adopta des propositions en faveur de la Confédération et du gouvernement responsable. La même année, il fut réélu sans opposition au Conseil législatif. Quand le nouveau conseil déclara que, « dans les circonstances, la confédération de la colonie avec le dominion du Canada ne serait pas souhaitable, même si [elle était] réalisable », Robson exprima officiellement sa dissidence en disant que le conseil « ne refl[était] pas fidèlement l’opinion publique ».
Robson continua d’exhorter ses concitoyens à soutenir la Confédération. Installé au début de 1869 à Victoria, où le projet suscitait énormément d’opposition ou d’indifférence, il en fit valoir les avantages économiques possibles pour l’île de Vancouver : baisse des tarifs douaniers, restauration du statut de port franc de Victoria, amélioration des communications, service postal efficace, augmentation de la population, réduction des frais gouvernementaux, transfert à Esquimalt de la principale base navale britannique du Pacifique, étude géologique complète et même baisse du taux d’intérêt à payer pour l’amélioration des systèmes de drainage, d’égout et d’approvisionnement en eau de Victoria.
À la réunion du Conseil législatif, en février 1870, la situation n’était plus du tout la même. Le gouverneur Seymour, adversaire de la Confédération, était mort ; son successeur, Anthony Musgrave*, désigné sur la recommandation de sir John Alexander Macdonald lui-même, était arrivé muni du mandat de promouvoir la Confédération. Désormais, selon Robson, l’union avec le Canada n’était plus qu’« une question de temps ». Satisfait, dans l’ensemble, des conditions proposées en vue de l’union, il s’éleva néanmoins contre l’assertion du secrétaire d’État aux Colonies, selon qui la Colombie-Britannique n’était pas prête pour le gouvernement responsable. Aux yeux de Robson, elle y avait bien plus droit que les rebelles de la Rivière-Rouge. « Aucune union, expliquait-il, ne peut être équitable et juste si elle ne donne pas à la colonie un pouvoir politique égal – une autorité sur ses propres affaires égale à celle que détient la population des provinces avec lesquelles elle va s’unir. »
Apparemment, le gouverneur Musgrave invita Robson à faire partie de la délégation qui irait négocier les conditions de l’union à Ottawa en mai 1870 mais, par la suite, il lui demanda de céder sa place à John Sebastian Helmcken*. Longtemps après, Robson prétendit avoir décliné l’invitation « pour affaires ». Il n’était pas content du choix de Helmcken, Joseph William Trutch* et Robert William Weir Carrall* comme délégués, car ils s’opposaient tous au principe de la responsabilité ministérielle. David Higgins était d’accord avec lui et, ensemble, ils garantirent les dépenses d’un lobbyist, Henry E. Seelye, qui irait informer le gouvernement fédéral que la population de la Colombie-Britannique n’accepterait aucune convention qui exclurait le gouvernement responsable. Même si la solution de compromis, qui autorisait la province à adopter cette forme de gouvernement si elle le souhaitait, ne le satisfaisait pas pleinement, Robson accepta la nouvelle constitution. La Colombie-Britannique entra dans la Confédération le 20 juillet 1871.
Robson n’avait pas siégé au dernier Conseil législatif de la Colombie-Britannique. Malgré l’appui du grand propriétaire minier Robert Dunsmuir*, il avait été défait en novembre 1870 dans sa nouvelle circonscription, Nanaimo, centre charbonnier de l’île de Vancouver. Par contre, il fut élu en octobre 1871 à la première chambre d’Assemblée provinciale, et il continua de représenter Nanaimo jusqu’au printemps de 1875. Son programme, dans lequel la responsabilité ministérielle allait de soi, insistait sur d’autres questions importantes : politique tarifaire, gratuité scolaire, subventions aux agriculteurs, réduction des dépenses, prudence dans la gestion des fonds publics.
Robson était tellement certain d’entrer au premier cabinet de la province qu’il accepta de travailler au Daily British Colonist pour un salaire symbolique de 100 $ par mois. Il reprocha cependant au premier ministre John Foster McCreight* d’avoir formé un cabinet « extrêmement faible », dont les membres ne croyaient pas vraiment au gouvernement responsable ni en la Confédération. Malgré cette critique, ou peut-être à cause d’elle, Robson se vit offrir un siège au cabinet, mais il le refusa en invoquant le fait que les dépenses gouvernementales étaient déjà trop élevées. Pendant un moment, il se montra moins dur envers le gouvernement McCreight, mais il se tint clairement dans l’opposition durant toute la première session législative. La Colombie-Britannique ne comptait pas encore de partis politiques provinciaux, et il en était heureux : selon lui, la formation de groupes ennemis était une manière d’abuser du gouvernement responsable, et « réclamer un « gouvernement de parti », c’[était] simplement [réclamer] le pouvoir ». Au fédéral, il soutenait les conservateurs ou les libéraux, selon les circonstances. En 1889, le Colonist allait noter que, comme il ne faisait « jamais appel aux sentiments partisans, on aurait [eu] du mal à deviner, à partir de ses commentaires, qu’il y a[vait] deux partis dans la province ».
Comme il s’intéressait aux questions fédérales, Robson avait espéré en 1870 que sir John Alexander Macdonald lui ferait la faveur d’une nomination mais, même s’il appréciait ce que Robson avait fait pour la Confédération, le premier ministre n’avait pas de poste convenable à lui offrir. Robson appuyait quand même le gouvernement Macdonald, tout en notant de manière prophétique que le Colonist entendait maintenir « une stricte neutralité afin de pouvoir être en bons termes avec les grits s’ils étaient le parti victorieux ». Quand le scandale du Pacifique éclata en avril 1873 [V. Lucius Seth Huntington*], Robson y vit un « geste ultime de malveillance des grits » mais, à mesure que les faits étaient dévoilés, son journal appuya le parti libéral d’Alexander Mackenzie. Après que l’on eut confié à Mackenzie la responsabilité de former un nouveau gouvernement, en novembre, Robson laissa entendre, que si le premier ministre montrait « une disposition honnête et sincère » à respecter les conditions de l’union, la Colombie-Britannique oublierait les remarques désobligeantes qu’il avait faites sur le chemin de fer. Cependant, il soulignait que l’obligation de terminer la ligne transcontinentale au plus tard en 1881 était « d’airain », et il pressait ses lecteurs de protester contre tout retard de construction.
À l’évidence, Robson avait fait bonne impression sur le nouveau gouvernement, qui comptait peu d’amis en Colombie-Britannique. En avril 1875, on le nomma trésorier et fournisseur des équipes techniques qui faisaient le levé du chemin de fer canadien du Pacifique en Colombie-Britannique, fonctions qui lui assuraient un salaire annuel de 3 000 $. Il fut reconnaissant à Mackenzie de lui avoir confié ce poste, qui le libérait de l’« esclavage de la politique et des tâches éditoriales ». Par la suite cependant, Amor De Cosmos l’accusa de favoriser ses amis dans l’assignation des contrats. En retour de la faveur qu’il avait obtenue de Mackenzie, Robson le renseignait officieusement sur ce qui se passait en Colombie-Britannique. Même si certains conservateurs le tenaient pour un grit, il collaborait facilement avec d’autres, tels William Smithe* et John Andrew Mara. Néanmoins, quand Macdonald reprit le pouvoir en 1878, Robson « sentit la perte d’influence et de confiance » ; au début de l’année suivante, le gouvernement abolissait son poste.
Pendant un an et demi, Robson n’eut pas d’emploi régulier, mais il devint représentant exclusif de la Confederation Life Association dans la province. Sa situation financière était tout de même bonne : en 1876, il finissait d’acquitter ses dettes familiales et contribuait à la subsistance de son père. En outre, il investissait dans des terres et dans des entreprises comme la B. C. Gold and Silver Mills and Mining Company.
En octobre 1880, Robson acheta le Dominion Pacific Herald de New Westminster. Au lieu de présenter un programme détaillé, comme il l’avait fait en 1861 dans son premier éditorial pour le British Columbian, il se borna à promettre « un journal tout à fait indépendant » qui accorderait la priorité au pays sur les partis et prônerait l’« unité d’action » dans la province. En janvier 1882, il rebaptisa son journal British Columbian. Dans les mois suivants, il retourna à l’Assemblée à titre de député du district de New Westminster. En février 1883, il devint secrétaire de la province (portefeuille qui incluait l’Éducation), ministre des Finances et de l’Agriculture, et ministre des Mines. Après la mort de William Smithe en 1887, le nouveau premier ministre, Alexander Edmund Batson Davie*, le garda au cabinet mais confia les Finances et l’Agriculture à Simeon Duck. Robson suppléa même le premier ministre Davie durant sa longue maladie, et à la mort de celui-ci, le 1er août 1889, le lieutenant-gouverneur lui demanda de former un gouvernement, ce qu’il fit le 3 août.
Tout comme Smithe et Davie, Robson souhaitait coopérer avec le gouvernement fédéral. Dans le Herald, il avait souvent reproché au premier ministre George Anthony Walkem* son hostilité envers Ottawa, et en mai 1883 il avait déclaré à l’Assemblée que la province avait « combattu le Canada pendant des années et des années » et qu’elle était devenue « de plus en plus pauvre ». Le gouvernement Smithe avait cru en une « paix honorable ». Par exemple, en octobre 1887, il n’avait pas envoyé de représentant à la conférence interprovinciale de Québec, qui avait réclamé une augmentation des pouvoirs et des revenus provinciaux [V. Honoré Mercier], même si à ce moment-là Robson était à Ottawa en mission gouvernementale. À titre de ministre et de premier ministre, Robson se rendit d’ailleurs plusieurs fois dans la capitale fédérale. En public, il disait que ses discussions là-bas étaient « fructueuses » et « satisfaisantes ». Cependant, en 1892, à cause de divers problèmes, et notamment parce que le gouvernement fédéral tardait à faire ses paiements pour le bassin de radoub d’Esquimalt, il en vint à se demander s’il n’adopterait pas « la politique « anti-Ottawa » de Walkem ».
Robson s’était toujours préoccupé des affaires de sa province avant tout, et il continuait de le faire. Les problèmes et les solutions pouvaient varier avec le temps, mais il s’en tint à certains principes tout au long de sa carrière. Ainsi il ne cessa jamais de prôner la réforme politique, et il se souciait de la colonisation et du développement de la Colombie-Britannique. Dans son manifeste électoral de 1882, il s’était plaint que sa province ne jouissait pas d’une représentation proportionnelle puisque 15 électeurs de la région de Kootenay avaient droit à autant de représentants à Victoria que 800 électeurs de la vallée du Fraser. La reprise des activités minières dans Kootenay corrigea bientôt cette anomalie, mais la croissance soudaine de Vancouver après l’achèvement du chemin de fer rendit impérative une nouvelle répartition des sièges. En 1890, Robson tenta de faire procéder à une réforme majeure dans ce sens, mais d’autres membres du cabinet, craignant de modifier l’« équilibre du pouvoir » entre l’île de Vancouver et la partie continentale de la province, s’y opposèrent. Robson, expliquant qu’il était « premier ministre de toute la province, et non seulement de son propre district », se résigna alors à un rajustement mineur en attendant les résultats du recensement de 1891. Cette décision, qui niait une juste représentation à ses électeurs de New Westminster, laisse par ailleurs supposer qu’il ne tenait pas le cabinet bien en main.
De même, Robson allait à l’encontre de la plupart de ses contemporains en prônant le suffrage féminin. Certes, il avait affirmé en 1873 que « les femmes respectables ne voulaient pas du droit » de vote, mais il changea d’avis par la suite et, dès 1885, il prônait le vote des femmes parce que selon lui elles se montraient judicieuses dans l’élection des administrateurs scolaires et défendaient la morale. Dès lors, presque chaque année, il présenta un projet de loi privé en faveur du suffrage féminin, que l’Assemblée rejeta chaque fois.
Par contre, Robson était convaincu que certains groupes ethniques ne devaient pas participer au processus politique, et en cela il rejoignait la plupart de ses concitoyens. En 1872, il avait présenté une modification à la loi électorale de la province, qui retirait le droit de suffrage aux Chinois et aux Indiens. Il avait été l’un des premiers à réclamer l’imposition d’une taxe spéciale aux Chinois en affirmant qu’ils étaient « essentiellement différents de par leurs habitudes et leur destination », ne versaient pas une part équitable au trésor provincial et faisaient concurrence à la « main-d’œuvre civilisée ». Même s’il appuya la législation antichinoise du gouvernement Smithe, il défendit pourtant le droit des employeurs d’embaucher des Chinois.
À l’égard des Indiens, qui jusque dans les années 1880 formèrent la majorité de la population de la Colombie-Britannique, Robson était paternaliste. Convaincu que les peuples autochtones finiraient par « disparaître tout à fait », il affirmait néanmoins qu’entre-temps le gouvernement avait le devoir de les civiliser et de les évangéliser. Aussi fallait-il les soustraire à l’immoralité des villages et des villes, les protéger contre les trafiquants de whisky et leur faire prendre conscience de la puissance de la loi. Il reconnaissait que les Indiens avaient des droits à titre de « premiers maîtres du sol », mais il réclamait que l’on négocie des traités et que l’on établisse des réserves afin qu’ils n’aient pas plus de terres qu’ils n’en pouvaient utiliser à bon escient.
Soucieux d’assurer le développement de la Colombie-Britannique, Robson voulait rendre les terres plus faciles d’accès aux colons blancs ; c’est pourquoi il prônait l’amélioration des transports, la libéralisation de la politique commerciale, une saine politique foncière et la promotion de l’immigration. Pendant longtemps, il critiqua la pratique qui consistait à construire de belles routes vers la région de Cariboo au lieu d’aménager des chemins et des pistes rudimentaires vers les districts agricoles de la vallée du Fraser, les mines de la région de Kootenay et les ranchs de l’arrière-pays. En 1881, il rappelait encore à ses lecteurs de la côte que la prospérité de la province dépendait de celle des terres de l’intérieur. Ironiquement, une fois qu’il fut entré au cabinet, en 1883, on l’accusa de dépenser une trop grande partie du budget des travaux publics pour ses électeurs du district de New Westminster. La cause qu’il défendait avec le plus de persistance était l’instauration d’un « régime foncier éclairé et libéral » qui éloignerait les spéculateurs et assurerait « une exploitation agricole gratuite à tout colon de bonne foi ». Il se plaignait des explorations et des levés inadéquats, de la complexité inutile des lois et de ces « accapareurs du sol » qui monopolisaient les bonnes terres. Pendant qu’il était au cabinet, le gouvernement révisa graduellement la loi afin de préserver les rares terres agricoles pour les vrais colons. Cependant, Robson était prêt à utiliser des terres pour aider les compagnies ferroviaires. De 1883 à 1892, le gouvernement réserva près de six millions d’acres aux chemins de fer en guise de subventions. Les détracteurs de Robson l’accusaient même d’être le jouet de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, mais les indices fragmentaires dont on dispose montrent qu’il aidait aussi ses rivales, la Nelson and Fort Sheppard Railway Company par exemple.
Robson attaquait les spéculateurs, et pourtant en 1892 John Grant, député provincial de la ville de Victoria, déclara qu’il était « le spéculateur foncier le plus prospère de la province ». Pendant qu’il était au service du gouvernement fédéral, dans les années 1870, Robson avait en effet commencé à acquérir des terres pour aussi peu que 30 $ l’acre, à la baie English et à Coal Harbour, à son avis « le seul vrai terminus convenable » pour le chemin de fer canadien du Pacifique. Par la suite, il joua un rôle important dans les négociations qui amenèrent le gouvernement provincial à donner environ 6 000 acres à cette compagnie et des intérêts privés à lui céder le tiers de leurs propriétés pour qu’elle prolonge de 12 milles, jusqu’à Granville, la ligne qui se terminait à Port Moody [V. David Oppenheimer]. Robson encouragea les résidents de Granville à réclamer l’érection de leur ville en municipalité en 1886 ; quand la question fut débattue en chambre [V. Malcolm Alexander Maclean], il opta pour le nom de Vancouver, même s’il l’avait déjà qualifié d’« indésirable et [de] déroutant ». Sans nier jamais sa participation au marché foncier de Vancouver, il prenait bien soin de préciser que jamais, ni directement ni indirectement, il n’avait acquis des terres de la couronne. Même si en 1886 il se disait « pauvre en terres », dès 1888 il réalisait un profit sur la vente de certaines de ses propriétés foncières. Malheureusement, les registres d’enregistrement et d’examen des testaments qui subsistent ne révèlent pas la valeur de sa succession. On a dit que ses biens totalisaient 500 000 $ ; on ne peut vérifier cette allégation, mais assurément il était riche.
Il ne suffisait pas de rendre les terres de la province accessibles, encore fallait-il des colons pour les exploiter. Selon Robson, la Colombie-Britannique devait avant tout répertorier ses ressources agricoles. Dès 1864, il avait réclamé des expéditions d’exploration ; à titre de ministre de l’Agriculture, il envoya des équipes dans des régions relativement inconnues, comme celle de Chilcotin. En outre, il jugea opportun de faire connaître la province en produisant des brochures et autres documents de promotion, et en nommant des représentants à San Francisco, en Angleterre et peut-être à Toronto. La province désigna un agent général à Londres en 1872. Malgré ses réserves sur l’immigration subventionnée, Robson présida en 1869 un comité spécial du Conseil législatif qui recommanda de favoriser l’immigration de travailleuses domestiques. On accorda donc des crédits de 5 000 $ à cette fin, mais 22 femmes seulement se prévalurent de l’offre. Cette expérience lui confirma peut-être qu’il avait eu raison de se méfier des programmes de ce genre, ce qui ne l’empêcha pas en 1890 de s’enthousiasmer pour un projet d’Alexander Begg*, qui consistait à aider des petits fermiers écossais à exploiter les zones de pêche hauturières de la Colombie-Britannique. Sa mort, en 1892, priva cependant le projet de son partisan le plus influent et contribua à le faire échouer.
Tout au long de sa carrière, Robson travailla pour l’« avancement moral et intellectuel du peuple ». Il prônait ardemment l’observance du dimanche et favorisait des mesures de tempérance comme la restriction du nombre de permis d’alcool et l’adoption de la prohibition locale (même s’il n’approuvait pas la prohibition en soi). En effet, il défendit les brasseurs contre une loi fédérale qui aurait confiné l’industrie provinciale de la bière à New Westminster et à Victoria. Ses convictions morales s’enracinaient dans sa foi presbytérienne. Longtemps conseiller presbytéral de sa congrégation, il fut par la suite l’un des plus généreux donateurs du fonds provincial de construction établi par sa confession. Toutefois, il n’était pas sectaire. En évoquant les problèmes que les réserves du clergé causaient dans le Haut-Canada, il avait rappelé en 1864 au gouverneur Douglas que, « dans la colonie, les chrétiens de toute confession [étaient] absolument égaux ».
C’est en faisant campagne pour l’instruction publique que Robson manifesta le plus clairement son souci de l’égalité religieuse et de l’« avancement intellectuel ». Déclarant dans le Colonist en 1869 que la Colombie-Britannique n’avait « pas de système d’enseignement », il réclama que le gouvernement subventionne des écoles publiques dans chaque village et ouvre un pensionnat pour les enfants des régions à population clairsemée. Comme l’instruction était « le meilleur rempart contre le crime, l’indolence, la pauvreté [et] l’intempérance », « tout homme, qu’il [eût] ou non des enfants à éduquer », devait « aider à mettre à la portée de chaque enfant de la collectivité une instruction libérale et saine », et c’était dans son intérêt de le faire.
Dans les années 1860, Robson préconisa l’instauration d’un système d’enseignement semblable à celui de l’Ontario, « le plus parfait » au monde selon lui, dans l’espoir de rapprocher la Colombie-Britannique du Canada et d’encourager l’immigration. Cependant, il insistait pour que ce système soit non confessionnel afin de faire échec à l’intolérance et de cimenter « socialement, politiquement et religieusement la population hétérogène de la jeune colonie ». La formation religieuse, affirmait-il, devait se donner à la maison et à l’école du dimanche. Il ne voulait pas pour autant des écoles « impies ». On devait continuer à réciter le Pater dans les écoles provinciales et à doter les principales confessions protestantes de représentants dans les conseils scolaires locaux et les bureaux d’examinateurs.
En Colombie-Britannique, les parents avaient l’habitude de soutenir des écoles privées ou d’envoyer leurs enfants faire des études avancées à l’extérieur. Pour encourager les établissements de la province, Robson réclamait assidûment la création d’écoles secondaires. En 1876, on en ouvrit une à Victoria mais, quand Robson retourna à New Westminster au début des années 1880, il exprima l’avis que c’était injuste de taxer toute la province pour une école secondaire gratuite dont les habitants de Victoria étaient les seuls à bénéficier. L’école secondaire de New Westminster, établissement privé durant plusieurs années, devint gratuite en 1884. À la mort de Robson, seulement deux autres villes, Nanaimo et Vancouver, avaient une école secondaire. Pourtant, dès 1886, Robson parlait d’une université provinciale et, en 1890, son gouvernement adopta un projet de loi qui visait à en fonder une. Toutefois, le projet resterait lettre morte à cause de la rivalité qui opposait Victoria et Vancouver, et la University of British Columbia n’ouvrirait ses portes qu’en 1915. En 1891–1892, 10 733 élèves étaient inscrits dans les écoles publiques, alors qu’en 1882–1883, soit au moment où Robson était devenu ministre de l’Éducation, il n’y en avait que 2 693. Néanmoins, peu d’habitants de la Colombie-Britannique partageaient l’enthousiasme de Robson pour l’instruction. Peut-être est-ce en raison de cette apathie qu’il put centraliser le système scolaire à tel point que des contemporains l’accusèrent de le diriger comme une organisation politique.
Une fois premier ministre, Robson continua d’assister aux examens des écoles publiques et à leurs cérémonies de fin d’année. C’est que – il l’admettait – il avait la mauvaise habitude de « faire le travail de deux ou trois, convaincu que personne d’autre ne [pouvait] le faire ». Ses adversaires s’entendaient avec lui sur ce point. Le 4 novembre 1890, le Victoria Daily Times laissa entendre que ses ministres étaient trop pris par leurs propres affaires et leurs intérêts professionnels pour porter plus qu’une attention de pure forme à leur portefeuille. Même des journalistes qui avaient de l’amitié pour lui laissaient entendre qu’il ne pouvait pas « dominer ses collègues », ce à quoi ses adversaires rétorquaient qu’en effet il n’était qu’une marionnette. Pendant son mandat de premier ministre, il eut des problèmes de santé, mais n’arriva pas à déléguer les responsabilités et se révéla incapable d’obtenir un soutien cohérent de la part des membres du cabinet et des députés, ses alliés supposés. Robson s’opposait au système des partis, mais sa tâche aurait été beaucoup plus facile s’il avait eu un whip.
Depuis quelques années, Robson souhaitait prendre du repos pour ménager sa santé. En 1890, après avoir remporté la victoire dans deux districts électoraux, soit celui de New Westminster, encore une fois, et un autre, celui de Cariboo, où il s’était présenté par mesure de précaution, il renonça au premier de ces deux sièges en expliquant qu’il ne pourrait pas en même temps s’occuper d’une circonscription aussi vaste et importante, s’acquitter de ses autres responsabilités et se maintenir en santé. La longue maladie puis la mort, en avril 1891, de son fils cadet, Frederick William, lui portèrent aussi un dur coup. Au printemps de 1892, son médecin lui prescrivit donc de prendre un an de « repos complet », loin du « travail et des soucis » d’un premier ministre. Robson tenta de se libérer de ses responsabilités administratives, mais des citoyens qui avaient des griefs réels ou imaginaires contre le gouvernement continuaient de s’adresser directement à lui. En mai, il nomma le colonel James Baker ministre de l’Éducation et de l’Immigration, puis fit pression pour obtenir le poste de lieutenant-gouverneur. Espérant peut-être qu’un changement d’air lui ferait du bien, il s’embarqua ensuite pour Londres afin d’aller discuter d’un emprunt impérial et du plan d’immigration des fermiers écossais. Le 20 juin, il s’écrasa le bout du petit doigt dans la porte d’un cabriolet. Il mourut neuf jours plus tard d’un empoisonnement du sang.
Les portraits de Robson donnent l’impression qu’il était plutôt revêche. Bien qu’il ait appartenu à nombre d’organismes, par exemple la Home Guard Volunteer Rifle Company, la St Andrew’s and Caledonian Society et l’Upper Canada Bible Society, il avait, semble-t-il, peu d’amis personnels. Dans ses dernières années, il paraissait sobre et sérieux, mais un contemporain notait que « sous des dehors assez froids se cachaient un bon cœur et un caractère aimable ». Du temps qu’il était journaliste, il avait parfois été caustique. Ses attaques contre Victoria lui gagnèrent des partisans à New Westminster ; ses querelles avec des journalistes rivaux, surtout Amor De Cosmos et James K. Suter, contribuèrent probablement à faire vendre les journaux, et certainement à animer les débats politiques. Durant les 31 ans qu’il passa au service de l’État, il promut les institutions libérales, le progrès social et moral ainsi que la colonisation avec une constance remarquable. Pourtant, dans d’autres domaines, il paraissait parfois contradictoire. Ainsi il se présentait comme un homme du peuple, mais il évoluait aisément parmi les grands hommes d’affaires et les directeurs de compagnies ferroviaires, et il avait peu de sympathie pour les mineurs en grève de la houillère de Robert Dunsmuir à Wellington ou pour les cheminots du chemin de fer canadien du Pacifique. Tout en proclamant les avantages des institutions libres, il n’entendait pas en faire bénéficier les Indiens et les Chinois. Il croyait que les écoles publiques devaient être faciles d’accès mais estimait que les élèves devaient payer leurs études secondaires. Il prônait la libéralisation du commerce mais voulait protéger les industries de la province. Même s’il fut un ardent propagandiste de New Westminster au moment où il y vivait, il ne montrait pas le moindre esprit de clocher quand il s’agissait de réclamer l’extension de services gouvernementaux, comme les routes ou les écoles, à toutes les parties de la Colombie-Britannique. Il critiquait sans arrêt la spéculation foncière mais en faisait ouvertement lui-même, et il usait généreusement des terres de la couronne au bénéfice des chemins de fer. En fait, une bonne partie de ces contradictions apparentes laissent croire que c’était un journaliste et un homme politique à l’esprit pratique qui, sauf en matière de réforme morale, était généralement d’accord avec ses concitoyens et partageait leur désir de progrès économique.
John Robson n’était pas un penseur original. Ses principales idées réformistes – la responsabilité ministérielle et l’enseignement public non confessionnel – venaient des provinces centrales du Canada, où il avait vécu. Son appui à la Confédération et sa volonté de collaborer avec le gouvernement fédéral avaient la même origine. Bien sûr, il n’était pas le seul en Colombie-Britannique à défendre ces lignes de conduite mais, à titre de journaliste et d’homme politique, il eut un auditoire exceptionnellement vaste. Aussi devint-il l’un des citoyens les plus influents de la Colombie-Britannique de son époque et contribua-t-il de façon majeure au resserrement des liens entre le Canada et sa province d’adoption.
PABC, Add. mss 525 ; H D R57 ; W A R57R.— Journals of the colonial legislatures of the colonies of Vancouver Island and British Columbia, 1851–1871, J. E. Hendrickson, édit. (5 vol., Victoria, 1980).— British Columbian, 1862–1869, particulièrement 6 déc. 1862, 2 sept. 1865, 18 août 1866, 1882–1886.— British Colonist, 1872–1886.— Daily British Colonist and Victoria Chronicle, 1866–1872.— Daily British Colonist, 1887–1890, 4 févr. 1892, 11 mai 1893.— Daily Columbian, 1886–1892.— Daily Telegram (Vancouver), 1890.— Dominion Pacific Herald (New Westminster, C.-B.), 16 oct. 1880, 29 juill. 1881.— I. E. M. Antak, « John Robson : British Columbian » (thèse de
Patricia E. Roy, « ROBSON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/robson_john_12F.html.
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Auteur de l'article: | Patricia E. Roy |
Titre de l'article: | ROBSON, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
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