HIGGINS, DAVID WILLIAMS, journaliste, homme politique et auteur, né le 30 novembre 1834 à Halifax, fils de William B. Higgins, marchand, et de Mary Anne Williams ; le 12 mars 1863, il épousa à Victoria Mary Jane Pidwell (décédée en 1900), et ils eurent deux fils et deux filles qui lui survécurent ; décédé dans cette ville le 30 novembre 1917.

David Williams Higgins avait deux ans quand sa famille partit de Halifax pour s’établir aux États-Unis ; il fit ses études à Brooklyn (New York). Apprenti dans les métiers de l’imprimerie dès l’âge de 13 ans, il fut par la suite compagnon typographe. En 1856, il quitta New York pour la Californie. Peu après son arrivée à San Francisco, il contribua à la fondation du Morning Call. Ce journal s’avéra un succès, mais Higgins vendit sa part en 1858 et partit pour ce qui deviendrait bientôt la Colombie-Britannique. La ruée vers l’or battait son plein dans la région du Fraser. Higgins passa un an et demi à Yale, où il tint un magasin et tâta de l’exploration minière. Cette période riche en événements lui inspirerait un jour deux livres de souvenirs.

Higgins quitta Yale au début de 1860 en vue de rentrer en Californie, mais il rencontra par hasard Amor De Cosmos*, propriétaire du British Colonist de Victoria, qui l’invita à se joindre à l’équipe de son journal. Higgins et De Cosmos avaient des points communs : tous deux nés en Nouvelle-Écosse, ils avaient vécu en Californie et s’opposaient à la structure antidémocratique du gouvernement de l’île de Vancouver. Néanmoins, un froid finit par s’installer entre eux. À l’automne de 1862, Higgins quitta le Colonist pour lancer un journal rival, le Victoria Daily Chronicle. De Cosmos vendit le Colonist l’année suivante, mais comme les nouveaux propriétaires étaient incapables d’en tirer profit, Higgins l’acheta en 1866 et le fusionna avec son autre journal pour en faire le Daily British Colonist and Victoria Chronicle.

En tant que rédacteur en chef du Colonist, Higgins promut sans relâche la Confédération ; pendant l’été de 1868, il se rendit même à Ottawa pour rencontrer personnellement les membres du cabinet fédéral. En 1869, il engagea John Robson* comme rédacteur en chef. Les deux hommes travaillèrent dur pour qu’une réforme démocratique accompagne l’admission de la Colombie-Britannique dans le dominion. Higgins alla jusqu’à payer les frais d’un « délégué du peuple », Henry E. Seelye, qui accompagna Joseph William Trutch*, John Sebastian Helmcken et Robert William Weir Carrall*, les représentants officiels envoyés par la colonie à Ottawa au printemps de 1870 pour négocier ses conditions d’entrée dans la Confédération.

Higgins reprit la fonction de rédacteur en chef après le départ de Robson en 1875 et l’exerça jusqu’à la vente du journal en 1886. Le Colonist était le principal journal de la ville, et Higgins avait beaucoup d’influence sur l’opinion publique à Victoria. Selon un adversaire politique, il dirigeait l’opposition au gouvernement de George Anthony Walkem*. Ce rôle comportait des risques. Walkem remporta une poursuite en diffamation contre Higgins, qui l’avait associé trop étroitement à la mauvaise gestion des travaux dans le bassin de radoub d’Esquimalt.

Higgins participa aussi aux affaires municipales tout au long de son séjour à Victoria. Il organisa le premier service des incendies de la ville, appartint au conseil municipal, au conseil scolaire et au bureau provincial d’Éducation et se présenta (sans succès) à la mairie. Fervent promoteur des tramways, il était à la tête de la compagnie qui obtint la franchise pour la ville, mais l’entreprise se révéla un échec commercial et un fardeau financier personnel. Finalement, trop attiré par la politique provinciale pour résister, il se porta candidat en 1886 et remporta l’un des deux sièges d’Esquimalt à l’Assemblée législative. En janvier 1890, il devint président de l’Assemblée.

Higgins occupa cette fonction durant plus de huit ans et fut associé aux divers ministères qui détinrent le pouvoir pendant cette période. Il s’agissait d’un groupe sans affiliation partisane bien définie et sans guère d’autre cohérence idéologique qu’un engagement à favoriser le développement économique. Cependant, vers la fin de cette période, Higgins commença à se distancer du gouvernement et, en mars 1898, dans un geste spectaculaire, il démissionna de la présidence. Ses motifs ne sont pas clairs ; plusieurs de ses anciens collègues attribuèrent cette démission à des ambitions politiques frustrées. Pour se justifier, Higgins s’en prit à deux aspects de la politique gouvernementale, le budget déficitaire et les généreuses subventions aux chemins de fer. « Le bien de la province, insista-t-il, réclam[e] la chute de l’oligarchie actuelle et du règne des consortiums. » Malgré sa victoire aux élections provinciales de 1898, il ne joua pas de rôle majeur dans le nouveau ministère. Après une défaite électorale en 1900, il quitta la politique.

Higgins se lança alors dans une carrière d’auteur et composa deux volumes de souvenirs quelque peu romancés : The mystic spring and other tales of western life et The passing of a race and more tales of western life. Ces livres, parus à Toronto en 1904 et 1905 respectivement, reçurent bon accueil. Un influent périodique déclara : « M. Higgins a accompli pour Victoria et la Colombie-Britannique ce que Bret Harte [Francis Brett Harte] a fait pour les districts miniers de l’Ouest américain. » Un éditeur new-yorkais publia une édition remaniée de The mystic spring en 1908 et, peu avant de mourir en 1917, Higgins assista à la projection d’un film inspiré de l’une de ses histoires. Il rédigea un chapitre sur la politique pour un ouvrage de R. Edward Gosnell*, A history o[f] British Columbia (s.l., 1906). En outre, il continua d’écrire des articles pour la presse et fut rédacteur en chef du Vancouver Daily World en 1906–1907. Pendant une courte période, il résida à Port Angeles, dans l’État de Washington, où il avait déjà fait de gros investissements. Il fut nommé consul de Grande-Bretagne dans cette ville en 1916. Dans sa dernière année, sa santé se détériora et il retourna à Victoria.

David Williams Higgins avait appartenu à un groupe restreint mais influent qui prit une part importante aux affaires coloniales dans les années 1860 et détint par la suite un pouvoir politique considérable dans la province. Bien qu’il n’ait pas laissé un souvenir aussi vivace que De Cosmos et Robson, il fut comme eux un éminent journaliste et partisan de la Confédération. Il se distingua moins en tant qu’homme politique, mais un magazine torontois notait que, des années après sa démission, « bien des gens l’app[elaient] encore, par habitude, M. l’orateur Higgins ». Grâce à sa longévité et à son œuvre littéraire, il se tailla une place à part dans l’esprit de beaucoup de gens. À sa mort, le Colonist écrivit : « son décès signifie la disparition de la race des pionniers de la Colombie-Britannique ».

Jeremy Mouat

Daily Colonist (Victoria), 10 mars, 12, 15 nov. 1898, 1er déc. 1917.— Victoria Daily Times, 11–12 nov. 1898, 5 mai, 30 nov. 1917.— C.-B., Legislative Assembly, Journals, 1899 : xxxi–lix.— British Columbia & confederation, W. G. Shelton, édit. (Victoria, 1967).— Canada, Parl., Doc. de la session, 1893, no 10c (commission sur les pêches de la Colombie-Britannique, rapport), comprend un rapport soumis par un groupe minoritaire et rédigé par Higgins, 431–433.— R. E. Gosnell, The story of confederation, with postscript on Quebec situation ([Victoria, 1918]), comprend des extraits du journal personnel de Higgins de 1868.— In the Supreme Court of British Columbia, on appeal to the full court ; between the Honorable George Anthony Walkem, plaintiff, and David Williams Higgins, defendant [...] (Victoria, 1887).— In the Supreme Court of Canada, on appeal from the Supreme Court of British Columbia ; between David Williams Higgins (defendant) appellant, and the Honorable George Anthony Walkem (plaintiff) respondent [...] (Victoria, 1887).— D. V. Parker, No horsecars in paradise : a history of the street railways and public utilities in Victoria, British Columbia, before 1897 (Vancouver, 1981).— George Woodcock, Amor De Cosmos, journalist and reformer (Toronto, 1975).

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Jeremy Mouat, « HIGGINS, DAVID WILLIAMS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/higgins_david_williams_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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