LANGFORD, JAMES J. (ou James I.), orfèvre-bijoutier, né en 1815 ou 1816, fils probablement adoptif de John et de Grace Langford ; le 12 octobre 1843, il épousa à Halifax Jane Grant, mais aucun enfant ne leur survécut ; décédé le 6 février 1847 dans la même ville.
Les documents relatifs aux antécédents familiaux de James J. Langford se contredisent. Dans une requête à la Cour d’enregistrement et d’examen des testaments du comté de Halifax, le second mari de Grace Langford, l’orfèvre Peter Nordbeck*, déclara que Grace était la mère de James Langford. Toutefois, il est impossible qu’elle ait été sa mère naturelle. James, qui mourut à l’âge de 31 ans, devait être né en 1815 ou au début de 1816. Or, aucun registre n’atteste la naissance d’un James Langford dans ce laps de temps ; bien plus, durant cette même période, soit le 1er septembre 1815, John et Grace Langford eurent un fils prénommé William Payne. Il semble donc probable qu’ils adoptèrent James.
L’orfèvre-bijoutier John Langford était arrivé à Halifax venant de Londres peu avant septembre 1809. Il se peut que James ait hérité de lui une riche tradition familiale de travail des métaux. En effet, deux Langford avaient été potiers d’étain en Angleterre à la fin des années 1670, comme le fut en 1751 et dans les années subséquentes Thomas Langford de Londres. De 1719 à 1757, il y eut, également à Londres, un John Langford qui pratiqua aussi ce métier et, en 1780, un second John Langford y travaillait l’étain ; tous deux utilisaient un poinçon qui représentait un avant-bras tenant un marteau au-dessus d’un petit baril couché. En plus de ces cinq potiers d’étain, un John Langford et un Thomas Langford pratiquèrent le métier d’orfèvre en Angleterre entre 1766 et 1776. Ces artisans étaient-ils parents entre eux et avec James Langford et son père ? Le poinçon de James, un bras plié tenant un marteau prêt à frapper, peut le laisser croire.
James Langford était en contact étroit avec d’autres orfèvres de Halifax. Son père avait été associé à Lewis (Ludovic) Hulsman de 1809 jusqu’à 1811 au moins, et James grandit rue Granville, où travaillaient les orfèvres Richard Upham Marsters, Gustave La Baume, Peter Nordbeck et Henry Mignowitz. Nordbeck, qui devint son beau-père en 1833, allait s’avérer l’orfèvre le plus prospère du temps en Nouvelle-Écosse. Langford fit peut-être son apprentissage chez Nordbeck ou chez Mignowitz, qui s’associèrent au moins deux fois entre 1824 et 1831. Le 14 juillet 1838, lorsqu’il annonça l’ouverture de son commerce, il se présenta comme « orfèvre travaillant l’or et l’argent, bijoutier, etc. » dans un établissement « adjacent à l’immeuble en pierre de M. Mignowitz ».
Langford, à titre d’orfèvre, se fit une clientèle considérable. Au bout de deux ans, il offrait déjà des pièces creuses ; on a conservé d’ailleurs plusieurs de ses calices, dont un qu’il réalisa en collaboration avec Nordbeck. Les calices fabriqués en Nouvelle-Écosse sont relativement rares, peut-être parce que les commandes de l’Église étaient moins importantes dans cette province en majorité protestante que dans le Bas-Canada, par exemple. En juillet 1841, on offrit une chope à bière commémorative fabriquée par Langford au secrétaire de la Halifax Agricultural Society. Dès avril 1840, il avait pris Franz F. Meyer comme assistant et, le 1er novembre 1841, il en fit son associé. En plus de fabriquer des articles en or et en argent, ils importaient « des bijoux, des articles en plaqué et des nouveautés en général ». Leur association, comme bien d’autres parmi les orfèvres de Halifax, ne dura pas longtemps : elle fut dissoute après 15 mois. À compter de ce moment jusqu’à sa mort, en 1847, Langford semble s’être consacré au travail sur l’argent. Les réclames qu’il faisait alors dans les journaux insistaient sur la variété de ses assiettes et plats de service et précisaient qu’il en fabriquait de tous les modèles.
Langford mourut intestat. Nordbeck et Jane Langford demandèrent alors à la Cour d’enregistrement et d’examen des testaments de nommer Daniel Grant, le père de Jane, et Nordbeck, qui étaient tous deux ses créanciers, administrateurs de la succession. Les orfèvres-bijoutiers Alexander Troup et Charles D. Witham répondirent tous deux de cette nomination. Le bien le plus important de Langford était son commerce et il fut rapidement vendu à William James Veith et à George Witham. Ils reprirent sa marque au bras plié tenant un marteau et, dans leurs réclames, annoncèrent les mêmes produits et les mêmes modèles que Langford. Après la dissolution de leur association, deux ans plus tard, Veith continua seul jusqu’en 1860.
Bien que la carrière de James J. Langford ait été brève, une quantité relativement importante de ses pièces d’argenterie existe encore. Ses meilleures créations, comme les pinces à sucre conservées aux Public Archives of Nova Scotia, sont d’une facture aisée et sûre. L’ensemble de six couteaux qui figurent dans la collection Henry-Birks au Musée des beaux-arts du Canada sont remarquables autant par la délicatesse des feuilles gravées à la base de la lame que par leur rareté, puisque les couteaux sont à peu près inexistants dans l’argenterie canadienne. Langford innovait et expérimentait dans la conception comme dans la réalisation de ses modèles, d’où l’étonnante diversité de son œuvre. Sa mort prématurée priva l’orfèvrerie de Halifax de l’un de ses représentants les plus énergiques, compétents et prometteurs.
On trouve les plus beaux spécimens de l’œuvre de James Langford dans la coll. Henry-Birks du Musée des beaux-arts du Canada (Ottawa) et, dans une moindre importance, au N.S. Museum (Halifax). De plus, chacun des établissements suivants possède une de ses cuillères : le Musée des beaux-arts de Montréal, le musée McCord et le Royal Ontario Museum, Sigmund Samuel Canadiana Building (Toronto).
Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, no 205 (James J. Langford) (mfm aux PANS).— PANS, RG 35A, 1–3.— St Paul’s Anglican Church (Halifax), Reg. of baptisms.— Acadian Recorder, 14 sept. 1833, 14 juill. 1838, 8 févr. 1840, 6 nov. 1841, 5 juill. 1845, 6 févr., 27 mars, 17, 24 avril, 1er, 8 mai 1847.— Halifax Morning Post & Parliamentary Reporter, 4 nov. 1841, 25, 27, 29 janv., 1er, 3 févr. 1842.— Novascotian, 12 sept. 1833, 9, 16 avril, 9 juill. 1840, 1er sept. 1842, 30 janv., 20, 27 févr. 1843, 8 févr. 1847.— Times (Halifax), 27 juill. 1841, 17 oct. 1843.— H. H. Cotterell, Old pewter, its makers and marks in England, Scotland, and Ireland [...] (Londres, 1929 ; réimpr., 1963).— C. J. Jackson, English goldsmiths and their marks [...] (2e éd., Londres, 1921 ; réimpr., New York, 1964).— J. E. Langdon, Canadian silversmiths, 1700–1900 (Toronto, 1966).— D. C. Mackay, Silversmiths and related craftsmen of the Atlantic provinces (Halifax, 1973).— Harry Piers et D. C. Mackay, Master goldsmiths and silversmiths of Nova Scotia and their marks, U. B. Thomson et A. M. Strachan, édit. (Halifax, 1948).— D. [C.] Mackay, « Goldsmiths and silversmiths », Canadian Antiques Collector (Toronto), 7 (1972), no 1 : 22–26.
Brian Dunstone Murphy, « LANGFORD, JAMES J. (James I.) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/langford_james_j_7F.html.
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