MILLIDGE, THOMAS, homme d’affaires, homme politique, juge de paix et juge, né le 12 août 1776 dans le New Jersey, fils de Thomas Millidge* et de Mercy Berker (Barker) ; le 10 septembre 1801, il épousa Sarah Simonds, et ils eurent 12 enfants ; décédé le 21 août 1838 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick.

Thomas Millidge avait sept ans quand il arriva en Nouvelle-Écosse avec ses parents ; c’était en 1783, et la colonie recevait alors un grand nombre d’immigrants loyalistes. Son père, major dans les New Jersey Volunteers, devint l’un des arpenteurs adjoints de la Nouvelle-Écosse, siégea à la chambre d’Assemblée, fut nommé à la magistrature et servit à titre de colonel dans la milice. Il était donc un modèle de réussite pour son fils.

Parvenu à l’âge adulte, Thomas Millidge franchit la baie de Fundy pour gagner Saint-Jean et se fit constructeur de navires sur la Kennebecasis. L’emplacement de son chantier, intégré à la municipalité de Saint-Jean en 1889, allait être baptisé Millidgeville. En 1801, Millidge épousa Sarah Simonds, fille de James Simonds*, membre fondateur d’une compagnie créée à Saint-Jean avant la période loyaliste, la Simonds, Hazen and White. Huit de leurs 12 enfants vécurent jusqu’à l’âge adulte ; de ce nombre, sept s’allièrent par mariage à de grandes familles de loyalistes ou de préloyalistes. Ce faisant, ils contribuèrent au renforcement de l’élite néo-brunswickoise du xixe siècle, anglicane et en grande partie loyaliste.

En septembre 1816, on élut Millidge député du comté et de la ville de Saint-Jean. Cette année-là, la colonie connut des récoltes désastreuses, ce qui paralysa temporairement son agriculture, déjà loin derrière l’exploitation forestière et la construction navale comme source apparente et réelle de richesse. Millidge était membre du comité de l’Assemblée chargé d’étudier les ravages immédiats de cette crise et ses effets à long terme sur le développement de la province. Le comité recommanda, comme mesure d’urgence, de libérer des crédits pour « l’aide aux pauvres et les besoins essentiels de la province ». En outre, et cela comptait davantage, Millidge et ses collègues présentèrent un projet de loi en faveur du développement agricole. Il conserva son siège aux élections d’octobre 1819.

Au fil des ans, Millidge devint un gros marchand et se hissa à la tête de sa famille, qui se tailla une place de choix parmi les propriétaires de navires. Dans les années 1820, il possédait plusieurs bateaux, dont deux au moins avaient été construits pour lui par John Haws* ; son associé dans la construction navale était Simeon Lee Lugrin, lui aussi d’ascendance loyaliste. Comme d’autres contemporains, Millidge connut les risques inhérents au transport par eau, surtout dans les anses rocheuses de la baie de Fundy. En 1787, son père avait survécu à un naufrage au large de l’anse Musquash (port de Musquash). Des années plus tard, en 1836, une baleinière construite par Millidge, la Thomas Millidge, s’échoua près de la même anse, à quelques milles de Saint-Jean.

Millidge fut actif dans de nombreuses sphères de la vie urbaine et commerciale. Il appartint au premier club social de Saint-Jean, la Subscription Room, qui avait son siège à l’Exchange Coffee House et se réunissait souvent pour évaluer les moyens de renforcer et de développer le commerce dans la ville. La croissance démographique et l’expansion commerciale poussèrent Millidge et d’autres à fonder, en 1819, la Saint John Chamber of Commerce. Les mêmes facteurs favorisèrent la création, en 1820, de la première banque à charte d’Amérique du Nord britannique, la Bank of New Brunswick ; Millidge fit partie de son prestigieux conseil d’administration aux côtés d’hommes d’affaires aussi influents que John Robinson*, William Black* et Nehemiah Merritt. Alors parvenu au milieu de la quarantaine, Millidge était au sommet de sa carrière : marchand, constructeur de navires, député, juge de paix et juge à la Cour des plaids communs du comté de Saint-Jean, il s’illustrait à tous ces titres. Par la suite, il fut président de la Saint John Chamber of Commerce (1828), puis administrateur fondateur de la New Brunswick Fire Insurance Company (1831) et de la Saint John Water Company (1832).

Thomas Millidge était membre de l’Église d’Angleterre. Décédé en 1838, il fut inhumé au cimetière Fernhill à Saint-Jean. Son fils Thomas Edward veilla aux intérêts commerciaux de la famille pendant la seconde moitié du xixe siècle, période de transformations économiques où le commerce déclina à Saint-Jean. Le contraste avec le passé était net, car la génération de son grand-père avait vécu des années d’espoir et celle de son père, des années de promesses.

Elizabeth W. McGahan

APNB, MC 1156 (copie au Musée du N.-B.).— N.-B., House of Assembly, Journal, 1817, 1831.— Royal Gazette (Fredericton), 27 avril 1831.— Elections in N.B.— Millidge ancestors, E. de B. [Millidgel Crossman, compil. (Winnipeg, 1980).— N.B. vital statistics, 1784–1815 (Johnson et al.).— Esther Clark Wright, The loyalists of New Brunswick (Fredericton, 1955 ; réimpr., Hantsport, N.-É., 1981) ; Saint John ships and their builders (Wolfville, N.-É., [1975]).— I. L. Hill, Some loyalists and others (éd. rév., Fredericton, 1977).— Historical essays on the Atlantic provinces, G. A. Rawlyk, édit. (Toronto, 1967 ; réimpr., 1971).— D. R. Jack, Centennial prize essay on the history of the city and county of St. John (Saint-Jean, N.-B., 1883), 114.— Graeme Wynn, Timber colony : a historical geography of early nineteenth century New Brunswick (Toronto et Buffalo, N.Y., 1981).— T. W. Acheson, « The great merchant and economic development in St. John, 1820–1850 », Acadiensis (Fredericton), 8 (1978–1979), no 2 : 3–27.— J. R. Armstrong, « The Exchange Coffee House and St. John’s first club », N.B. Hist. Soc., Coll., 3 (1907–1914), no 7 : 60–78.— « Board of Trade ; the first St. John Chamber of Commerce : a sketch of the institution from its earliest days down to the present time », Daily Sun (Saint-Jean), 3 avril 1889 : 14.

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Elizabeth W. McGahan, « MILLIDGE, THOMAS (1776-1838) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/millidge_thomas_1776_1838_7F.html.

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Année de la publication:    1988
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