MILLIDGE (Millage, Milledge), THOMAS, arpenteur, fonctionnaire, homme politique, juge et officier de milice, né vers 1735 à Hanover, New Jersey, fils de John Millidge ; décédé le 8 septembre 1816 à Granville, Nouvelle-Écosse.

On connaît malheureusement peu de chose des premières années de Thomas Millidge. Le premier document le concernant est son acte de mariage avec Mercy Berker (Barker), le 3 décembre 1758, dans l’église presbytérienne de Hanover. Il fut baptisé, mais seulement à titre de membre à l’essai de l’Église, le 15 janvier 1764. Le couple eut six enfants, et les registres de l’église mentionnent les dates de baptême de quatre d’entre eux, nés entre 1769 et 1776, dont John et Thomas*. Ayant commencé à travailler comme arpenteur, Millidge fut nommé par les East Jersey Proprietors, le 23 mars 1767, au poste lucratif d’arpenteur adjoint des comtés de Morris, de Sussex, de Bergen et d’Essex. Il fut aussi nommé juge de paix du comté de Morris le 27 avril 1775.

Les renseignements sur le comportement de Millidge pendant la Révolution américaine sont rares. Selon son propre témoignage, il essaya d’abord d’empêcher le « recours à la violence » et prôna la présentation des griefs par les canaux officiels ; mais, dès novembre 1776, il s’était déclaré pour la cause loyaliste et avait rejoint l’armée britannique. Modéré, Millidge s’attira probablement l’hostilité de ceux qui s’opposaient plus vigoureusement que lui au statu quo, et, placé sur la défensive, il en vint à adopter la thèse loyaliste. Il reçut une commission de major du 5e bataillon des New Jersey Volunteers le 11 décembre 1776 et servit dans ce régiment, avec ce grade, durant toute la guerre. En août 1778, les autorités du New Jersey intentèrent une action en justice contre lui, et, en décembre, on annonçait la mise aux enchères de sa propriété. Millidge obtint plus tard des commissaires chargés d’examiner les réclamations des Loyalistes £1 131 des £2 777 6 shillings qu’il avait réclamées, plus une pension annuelle de £50 pour la perte de son revenu comme fonctionnaire.

Millidge fut l’un des plus chanceux parmi ceux qui durent émigrer à la fin de la révolution. Ayant reçu des concessions de terre dans la vallée fertile d’Annapolis, en Nouvelle-Écosse, il s’établit d’abord à Digby, puis à Granville, et devint un important propriétaire terrien, grâce aux 900 acres qu’il accumula dans les cantons de Wilmot et de Digby. Il devint aussi arpenteur adjoint pour le gouvernement de la province, et, à ce titre, prépara le tracé des terres pour les Loyalistes noirs, dans le comté d’Annapolis, en 1785 [V. Thomas Peters*]. L’arpenteur général Charles Morris le tenait en haute estime et le loua souvent. En 1785, Millidge entreprit une longue et active carrière publique, grâce à son élection à la chambre d’Assemblée comme premier député du canton de Digby, qu’il allait représenter jusqu’en 1793. Puis il représenta la circonscription d’Annapolis de 1793 à 1806. Cette dernière année, il se porta candidat dans le canton de Granville, mais fut défait par Isaiah Shaw après une chaude lutte. On nomma Millidge à plusieurs charges publiques dont celles de juge de paix le 9 février 1784, de juge de la Cour inférieure des plaids communs le 26 avril 1793, de colonel dans la milice le 5 juin 1793, et de custos rotulorum le 3 octobre 1803. L’un des membres les plus actifs et les plus éloquents de l’Assemblée, sa force oratoire était connue, et on le proposait souvent comme membre de commissions d’enquête ou on lui demandait de présider des comités pléniers de la chambre. Millidge s’intéressa à la plupart des questions qui étaient de la responsabilité du gouvernement à cette époque, et il fut à l’origine d’une forte proportion des lois de l’Assemblée relatives au système judiciaire. À cet égard, il se démena pour obtenir, en 1787, une enquête sur la conduite des juges de la Cour suprême [V. James Brenton ; Isaac Deschamps]. Il s’intéressait aussi à l’éducation, aux problèmes sociaux, aux finances et à la liberté de l’Assemblée. Par rapport aux normes du xviiie siècle, ses prises de position en ces domaines étaient progressistes.

Thomas Millidge ne retourna qu’une fois dans son pays natal, en 1800. Un extrait d’une lettre à l’un de ses amis américains met en lumière l’accueil peu agréable qu’on lui réserva : « Je considère que les mauvais traitements que j’ai subis quand j’étais chez vous proviennent de [mauvais ?] motifs. Je pardonne toutefois à ces malheureux tout [?] ce qu’ils ont compté faire contre moi, et j’espère que Dieu leur pardonnera aussi [...] Je ne suis l’ennemi de personne en ce monde, et j’aimerais retourner dans votre pays. » Ces phrases révèlent une sérénité et une modération remarquables, et rendent la tonalité générale de toute la vie de Millidge.

Carol Anne Janzen

Annapolis County Registry of Deeds (Bridgetown, N.-É.), 7–8 ; 11.— Arch. privées, M. et Mme Donald Kitchell (Whippany, N.J.), Kitchell papers, lettres de Thomas Millidge à Uzal Kitchel.— PANS, RG 1, 171–172 ; 213, 10 oct. 1783–24 déc. 1798.— Documents relating to the colonial, revolutionary and post-revolutionary history of the state of New Jersey, W. A. Whitehead et al., édit. (42 vol. et index, Newark, N.J., 1880–1949), 18 : 25.— Documents relating to the revolutionary history of the state of New Jersey, W. S. Stryker et al., édit. (5 vol., Trenton, N.J., 1901–1917), 2 : 387, 593.— N.-É., House of Assembly, Journal and proc., 1786–1806.— « United Empire Loyalists : enquiry into losses and services », AO Report, 1904 : 67–70.— Nova Scotia Royal Gazette, 18 sept. 1806.— Church members, marriages and baptisms, at Hanover, Morris Co., N.J. [...] 1746–1796 ([Morristown, N.J., 1893] ; réimpr., 1968).— Directory of N.S. MLAs.— E. A. Jones, The loyalists of New Jersey : their memorials, petitions, claims, etc., from English records (Newark, 1927 ; réimpr., Boston, 1972).— Loyalists and land settlement in Nova Scotia, Marion Gilroy, compil. (Halifax, 1937).— Calnek, Hist. of Annapolis (Savary).

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Carol Anne Janzen, « MILLIDGE, THOMAS (mort en 1816) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/millidge_thomas_1816_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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