Provenance : Avec la permission de Wikimedia Commons
MACDONELL, sir JAMES, officier et homme politique, né dans l’Inverness-shire, Écosse, troisième fils de Duncan Macdonell, quatorzième chef du clan des Macdonell of Glengarry, et de Marjory Grant, fille de sir Ludovic Grant ; décédé le 15 mai 1857 à Londres.
Né dans un clan ancien des Highlands, James Macdonell fit probablement ses études à Douai, en France, où la plupart des gens de la gentry catholique des Highlands envoyaient leurs fils. En 1793, il entreprit sa carrière militaire comme enseigne dans une compagnie indépendante. Un an plus tard, il fut promu lieutenant dans le 78e d’infanterie, et, le 1er décembre 1795, on le nomma capitaine dans les 17th Light Dragoons, où il commanda une unité pendant neuf ans.
Macdonell fut nommé major du 2e bataillon du 78e d’infanterie lors de la formation de ce bataillon en 1804, et il servit dans le royaume de Naples et en Sicile. Il fit partie du régiment jusqu’en 1809, se distinguant à la bataille de Maida (Italie) et lors de la campagne d’Égypte. Après avoir servi au Portugal pendant deux ans, dans l’état-major d’Arthur Wellesley (le futur duc de Wellington), il passa dans les Coldstream Foot Guards à l’occasion d’une permutation ; à titre de capitaine (avec le grade de lieutenant-colonel dans l’armée), il fit campagne avec ce régiment tout au long de la guerre d’Espagne, et servit également en Hollande-Septentrionale, dans les Pays-Bas, en 1814.
La nuit précédant la bataille de Waterloo, Wellington envoya Macdonell occuper le château de Hougoumont avec les Coldstream Foot Guards. Durant la première partie de la bataille, Macdonell réussit à tenir cette position clé, malgré les durs assauts de l’ennemi. Pendant que les troupes françaises tentaient de pénétrer de force dans la cour du château, Macdonell, aidé d’un sergent, ferma les portes et les maintint dans cette position par la seule force physique. Choisi par Wellington pour recevoir la récompense de £1 000 attribuée à l’« homme le plus brave de l’armée britannique », Macdonell insista pour partager la somme avec son sergent.
Macdonell servit avec les Coldstream Guards jusqu’à ce qu’il soit envoyé en Irlande en 1830, à la suite de sa promotion au grade de major général. Créé chevalier en 1837, il garda le commandement du district militaire d’Armagh (Irlande du Nord), en proie à de nombreux troubles, jusqu’en 1838. Après avoir été reçu chevalier commandeur de l’ordre du Bain en avril, il fut affecté au Bas-Canada à titre de responsable de la brigade formée de Guards envoyée avec lord Durham [Lambton*] en mai 1838.
Si Macdonell fut envoyé au Canada à une époque d’agitation civile, ce fut peut-être, du moins en partie, à cause de ses relations de clan, de sa religion et de son expérience en Irlande au cours des années 1830. Il avait des liens de parenté et des rapports personnels étroits avec un grand nombre des Highlanders qui habitaient le comté de Glengarry, dans le Haut-Canada, dont quelques-uns avaient été recrutés en 1794 par son frère Alexander Ranaldson, chef du clan, pour faire partie des Glengarry Light Infantry Fencibles, premier corps d’armée catholique levé au Royaume-Uni après la Réforme.
Le 28 juin 1838, moins d’un mois après son débarquement à Québec, Macdonell fut nommé par Durham au Conseil spécial en sa qualité de commandant de la région militaire de Québec, en même temps que d’autres officiers de l’armée et de la marine. Ce conseil devait s’occuper de l’ordonnance qui exilait aux Bermudes Wolfred Nelson* ainsi que sept autres chefs patriotes qui avaient participé à la première rébellion. Il resta membre du conseil jusqu’après le départ de Durham, le 2 novembre 1838. Dès son arrivée, Macdonell s’était hâté de se mettre en contact avec son parent, l’évêque Alexander McDonell*, de Kingston, qui vint lui rendre visite à Montréal à la fin de juin. Sir James reçut l’évêque à l’île Sainte-Hélène et le présenta à l’élite de l’armée. En retour, Macdonell et d’autres officiers britanniques visitèrent, avec l’évêque, différents établissements catholiques et dînèrent avec Joseph-Vincent Quiblier et d’autres prêtres du séminaire de Saint-Sulpice à Montréal. En juillet, Mgr McDonell accompagna sir James dans le comté de Glengarry, où le général passa en revue les quatre régiments composés de Highlanders du comté et s’adressa à eux dans leur langue maternelle, le gaélique.
Au moment où éclata la deuxième insurrection dans le Bas-Canada, au début de novembre 1838, sir John Colborne* ordonna à Macdonell de se rendre à Montréal avec les Grenadier Guards pour se joindre à l’armée qui devait marcher sur le quartier général des insurgés, dirigé par Robert Nelson*, à Napierville, au sud du Saint-Laurent. Macdonell commandait l’aile droite composée des Grenadier Guards, du 7th Hussars et du 71e d’infanterie, tandis que le major général John Clitherow commandait l’aile gauche. Après que Napierville fut investi, la division de Macdonell parcourut la région avoisinante, capturant les insurgés et brûlant les maisons de chefs rebelles connus, tels que les frères Boyer, de Douglasburg (Coin-Douglas). Macdonell désignait habituellement des soldats de la Royal Montréal Cavalry pour mettre le feu, au moyen de torches, aux maisons que l’on avait décidé d’incendier. Il a été critiqué par des gens de son époque et, plus tard, par des historiens, pour avoir laissé trop de liberté d’action à ses troupes. Incendier les maisons des chefs rebelles était une action délibérée des autorités militaires qui visait à intimider ceux qui songeaient à une autre insurrection. Le pillage auquel se livrèrent les troupes commandées par Macdonell échappa à toute autorité, en raison des ordres donnés par Colborne au début pour que les soldats logent chez l’habitant, ce qui constituait une invitation au pillage. Ce fut seulement après que le lieutenant-colonel George Cathcart eut dit à Macdonell qu’il ne pouvait « sacrifier la discipline de [ses] hommes » en leur permettant de s’approvisionner sur place, que Macdonell, qui partageait l’avis du lieutenant-colonel, interdit cette pratique. Il s’écoula un certain temps, cependant, avant que le pillage ne cesse.
Macdonell resta jusqu’en février 1839 à la tête des troupes cantonnées au sud du Saint-Laurent ; il regagna alors son affectation dans le district militaire de Québec. On lui offrit le commandement du Haut-Canada qu’abandonna sir George Arthur en 1841, mais il refusa, préférant demeurer à Québec avec les Guards. Il servit au Canada jusqu’en 1842, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il soit promu lieutenant général. Il retourna alors en Angleterre où, par la suite, il devint colonel des 79e et 71e d’infanterie.
Sir James Macdonell était plus qu’un remarquable officier renommé pour sa bravoure et sa fermeté. Il constituait une exception : un catholique qui était parvenu au rang d’officier général. Sa religion et ses liens de parenté, autant que sa compétence exceptionnelle, furent pour beaucoup dans ses affectations en Irlande et au Canada.
APC, MG 24, A40 : 5554, 5581 ; B25 ; II : 136 ; J13 ; MG 27, I, E30, 5 : 57.— PRO, WO 17/1547 : 102.— Arthur papers (Sanderson), 2–3.— Gentleman’s Magazine, janv.–juin 1857 : 733.— [Charles] Grey, Crisis in the Canadas : 1838–1839, the Grey journals and letters, W. G. Ormsby, édit. (Toronto, 1964).— Montréal Gazette, 13 nov. 1838, 28 sept. 1841.— Montreal Transcript, 17 mars, 7 août 1838.— Boase, Modern English biog., 2 : 587–588.— Desjardins, Guide parl.— DNB.— G.-B., WO, Army list, 1838 ; 1850.— Filteau, Hist. des patriotes (1938–1942).— Elinor Kyte Senior, British regulars in Montreal an imperial garrison, 1832–1854 (Montréal, 1981).
Elinor Kyte Senior, « MACDONELL, sir JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/macdonell_james_8F.html.
Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:
Permalien: | http://www.biographi.ca/fr/bio/macdonell_james_8F.html |
Auteur de l'article: | Elinor Kyte Senior |
Titre de l'article: | MACDONELL, sir JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |